• Indemnisation des victimes d’esclavage sexuel pendant la seconde guerre mondiale

    Selon les historiens, jusqu’à 200 000 femmes, originaires pour la plupart de Corée, ont été contraintes de servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais jusqu’en 1945.

    Un tribunal sud-coréen a ordonné jeudi 23 novembre 2023 au Japon d’indemniser seize femmes victimes d’esclavage sexuel pendant la seconde guerre mondiale, annulant ainsi une décision d’une juridiction inférieure qui les avait déboutées deux ans plus tôt.

    En 2021, ce premier dossier civil avait été présenté à la justice en Corée du Sud contre Tokyo par celles qui étaient appelées dans un euphémisme « femmes de réconfort », des personnes réduites à l’esclavage dans les bordels de l’armée impériale pendant le conflit mondial. Un tribunal du district central de Séoul avait alors mis en avant l’« immunité souveraine » de Tokyo pour débouter ces femmes, le 21 avril 2021, estimant, en outre, que l’acceptation des demandes des victimes pourrait provoquer un incident diplomatique.

    Mais la Haute Cour de Séoul a jugé qu’il était « raisonnable de dire que l’immunité souveraine ne devrait pas être respectée (…) en cas de conduite illégale », selon un document judiciaire consulté par l’Agence France-Presse. Elle a ordonné qu’environ 200 millions de wons (quelque 141 000 euros) soient versés à chacune des plaignantes.

    Le tribunal a déclaré que les victimes avaient été « enlevées de force ou entraînées dans l’esclavage sexuel » et jugé qu’en conséquence, elles avaient subi des « dommages » et « n’avaient pas pu mener une vie normale après la guerre ».

    Lee Young-soo, l’une des 16 plaignantes aujourd’hui âgée de 95 ans, a levé les bras au ciel en signe de joie à sa sortie du tribunal, déclarant aux journalistes : « Je suis très reconnaissante […]. Je remercie les victimes qui sont mortes. »

    Rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon

    Selon les historiens, jusqu’à 200 000 femmes, originaires pour la plupart de Corée, mais aussi d’autres régions d’Asie, dont la Chine, ont été contraintes de devenir des esclaves sexuelles pour les soldats japonais pendant la seconde guerre mondiale.

    Le gouvernement japonais nie être directement responsable des abus commis pendant la guerre, affirmant que les victimes ont été recrutées par des civils et que les maisons de prostitution militaires étaient exploitées commercialement. Tokyo a, en outre, toujours refusé de comparaître devant les tribunaux sud-coréens, soutenant que le contentieux avait été vidé par le traité de 1965 qui impliquait le versement de réparations.

     

     


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  • Au moins 29 morts

    «Saboteurs»

     

     

     


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    Cessez-le-feu

    La crise au Nagorny-Karabakh, théâtre d’une offensive éclair de l’Azerbaïdjan qui s’est soldée par une capitulation des séparatistes arméniens, est une «affaire intérieure» pour Bakou, a estimé mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

    «Il ne fait aucun doute que le Karabakh est une affaire intérieure de l’Azerbaïdjan», a-t-il dit, selon l’agence Interfax. «L’Azerbaïdjan agit sur son propre territoire, ce qui est reconnu par les dirigeants arméniens.»

    Communauté internationale inquiète

    Le président français Emmanuel Macron a demandé mercredi au président azerbaïdjanais Ilham Aliev «de donner des garanties sur les droits et la sécurité des habitants du Karabakh», visé par une offensive des forces de Bakou, a fait savoir l’Elysée.

    Lors d’un entretien téléphonique, M. Macron «a condamné le choix fait par l’Azerbaïdjan de recourir, hier (mardi), à la force, au risque d’aggraver la crise humanitaire au Haut Karabakh et de compromettre les efforts en cours pour la recherche d’une paix juste et durable», a-t-on indiqué de même source, alors que l’Azerbaïdjan vient de remporter une victoire éclair dans ce territoire sécessionniste majoritairement peuplé d’Arméniens.

    «Déposer les armes»

    «Tirs intensifs»

    «Nettoyage ethnique»

    Appel à «faire taire les armes»

     


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  • «Inacceptable» pour Washington

    Offensive «dangereuse»

     

     


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    Protéger les enfants touchés par la guerre

    En 2022, 27.180 violations graves ont été commises contre des enfants pris dans la guerre – le nombre le plus élevé jamais vérifié par l'ONU, a appris le Conseil de sécurité.

    Présentant son dernier rapport annuel, Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a appelé à une « action audacieuse et résolue » pour protéger les garçons et les filles en danger de mort, de recrutement, de viol et d'autres horreurs. 

    Le rapport couvre 26 situations dans cinq régions du monde, ce qui représente un autre record. 

    Les pays incluent l'Éthiopie, le Mozambique et l'Ukraine, qui sont présentés pour la première fois. De nouvelles situations en Haïti et au Niger sont mentionnées et les détails apparaîtront dans l'édition de l'année prochaine.

    Tués, recrutés, enlevés 

    L'ONU a vérifié que 18.890 enfants ont subi de graves violations en temps de guerre en 2022. Quelque 8.630 ont été tués ou mutilés ; 7.622 ont été recrutés et utilisés au combat, et 3.985 ont été enlevés. 

    Mme Gamba a déclaré que ces trois violations restaient celles vérifiées ayant les niveaux les plus élevés, et elles ont toutes augmenté l'année dernière. 

    « Des enfants ont été tués ou blessés lors de frappes aériennes, par des armes explosives, par des balles réelles, des tirs croisés ou des attaques directes. Dans de nombreux cas, ils ont été victimes de restes explosifs de guerre », a-t-elle dit.

    Viols et esclavage sexuel 

    En outre, 1.165 enfants, principalement des filles, ont été violés, victimes de viols collectifs, forcés au mariage ou à l'esclavage sexuel, ou agressés sexuellement. Certains cas étaient si graves que les victimes sont décédées. 

    La haute responsable de l'ONU a souligné la nécessité de ne jamais oublier que ces chiffres représentent de vrais enfants dont les histoires individuelles ne sont pas racontées. 

    Elle a cité des exemples tels que le cas de trois filles au Soudan du Sud qui ont été violées collectivement pendant cinq jours, une fille de 14 ans enlevée et brûlée vive au Myanmar et des garçons tués par un engin explosif improvisé dans une école en Afghanistan. 

    Des visages derrière les chiffres 

    « C'est pourquoi nous devons nous rappeler que derrière les chiffres se cachent les visages d'enfants victimes de la violence armée dans le monde entier. Nous devons faire plus pour prévenir et protéger nos enfants des ravages des conflits armés », a-t-elle affirmé. 

    Mme Gamba a également noté que certains enfants victimes sont punis pour leur situation au lieu de recevoir une protection. L'année dernière, 2.496 enfants ont été privés de liberté en raison de leur association réelle ou présumée avec des parties au conflit. 

    « Étant particulièrement vulnérables aux mains des autorités, les enfants détenus ont été exposés à de nouvelles violations de leurs droits, notamment à la torture et à la violence sexuelle. Dans certains cas, ils ont même été condamnés à mort », a-t-elle déclaré.

    Des écoles et des hôpitaux attaqués 

    Le rapport a en outre révélé des attaques vérifiées contre 1.163 écoles et près de 650 hôpitaux en 2022, ce qui représente une augmentation de 112% par rapport à l'année précédente. La moitié de ces attaques ont été menées par des forces gouvernementales. 

    Elle a souligné que l'utilisation des écoles et des hôpitaux à des fins militaires reste également une préoccupation majeure, avec une « forte augmentation » vérifiée de plus de 60% des cas l'année dernière, tant par des forces armées que par des groupes armés. 

    L'aide critiquée 

    Pendant ce temps, les humanitaires et l'aide vitale qu'ils fournissent – souvent le « seul espoir » pour les enfants et les communautés touchés par les conflits – sont de plus en plus critiqués. 

    L'ONU a vérifié plus de 3.930 incidents de refus d'accès humanitaire aux enfants l'année dernière. Des travailleurs humanitaires ont également été tués, agressés et enlevés, tandis que des fournitures humanitaires ont été pillées et que des biens et des infrastructures vitales ont été détruits. 

    Le Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Omar Abdi, a également informé le Conseil de sécurité. 

    Il a rappelé que le plus grand nombre de violations graves contre des enfants avaient été constatées dans des conflits prolongés, notamment dans des endroits comme la République démocratique du Congo, Israël et la Palestine, et la Somalie. 

    Préoccupation pour le Soudan 

    Bien que le conflit actuel au Soudan ait éclaté en dehors de la période considérée, l'UNICEF est également gravement préoccupé par son impact sur les 21 millions d'enfants qui y vivent. 

    « Plus d'un million d'enfants ont maintenant été déplacés par les combats et l'ONU a reçu des informations crédibles, en cours de vérification, selon lesquelles des centaines d'enfants ont été tués et blessés », a-t-il dit. 

    M. Abdi a insisté sur l'efficacité du mandat de l'ONU concernant les enfants et les conflits armés, notant que les groupes armés ont libéré au moins 180.000 garçons et filles de leurs rangs au cours des 23 dernières années. 

    Cependant, il a déclaré qu'à mesure que « le nombre de pays inscrits à l'agenda des enfants et des conflits armés augmente, le nombre d'enfants ayant besoin de notre protection et de notre soutien augmente également », appelant à un plus grand soutien international aux efforts de l'ONU.

     

     

     

     


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  • Pourparlers engagés sous l’égide des États-Unis

    6’500 morts en 2020

     

     


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  • Nouveau traité sur la haute mer

    Les 193 États membres de l'ONU ont adopté le 19 juin 2023  un accord juridiquement contraignant sur la biodiversité marine, après près de deux décennies de négociations acharnées sur la création d'une vague commune de conservation et de durabilité en haute mer, au-delà des frontières nationales, couvrant les deux tiers des océans de la planète.

    Après deux décennies de pourparlers qui ont débuté en 2004, les 193 États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) ont adopté, le 19 juin 2023, l'accord sur le Traité international de protection de la haute mer, destiné à "assurer la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique marine dans les eaux internationales".

    Les zones de la mer situées en dehors des zones de souveraineté et des zones économiques exclusives des États côtiers, donc ne relevant pas de la juridiction nationale, sont aussi appelées haute mer ou eaux internationales.

    La haute mer représente :

    • 60% de la surface des océans ;
    • près de la moitié de la surface du globe.

    Jusqu'à la conclusion de l'accord, le 5 mars 2023, par les délégués de la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), ces zones de haute mer ne disposaient d'aucune protection spécifique.

    Adopté le 19 juin 2023 par les 193 membres de l'ONU, le traité sur la haute mer porte en particulier sur :

    • la protection du milieu marin au delà des frontières ;
    • la lutte contre la pollution chimique et les déchets plastiques en haute mer ;
    • la gestion plus durable des stocks de poissons ;
    • le problème de la hausse des températures des océans et de l'acidification des eaux marines.

     

    Les objectifs du traité

    L'enjeu du traité est d'atteindre les objectifs et les cibles liés aux océans du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, issu de la COP15.

    Plus spécifiquement, les objectifs du traité sont :

    • la définition d'un cadre réglementaire ;
    • la reconnaissance d'un patrimoine commun de l'humanité ;
    • l'internationalisation des décisions sur les études d'impact environnemental ;
    • le partage juste et équitable des avantages découlant des ressources génétiques marines ;
    • la création d'aires protégées marines afin de préserver, restaurer et maintenir la biodiversité ;
    • la production de connaissances, d'innovations techniques et d'une compréhension scientifique.

    Le traité est l'un des outils permettant d'atteindre l'objectif "30 pour 30", qui vise à protéger au moins 30% des océans de la planète d'ici à 2030 en les plaçant dans des zones protégées.

    Le texte s'appuie sur l'héritage de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Unclos).

    Voici cinq points clés qui expliquent pourquoi cet accord est important pour le monde.

    1. Une protection au-delà des frontières

    Si les pays sont responsables de la conservation et de l'utilisation durable des cours d'eau relevant de leur juridiction nationale, la haute mer bénéficie désormais d'une protection supplémentaire contre des tendances destructrices telles que la pollution et les activités de pêche non durables.

    Adopté par la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà des juridictions nationales (BBNJ), le traité sur la « haute mer » vise à assurer la gestion des océans au nom des générations actuelles et futures, conformément à la Convention sur le droit de la mer.

    Le nouvel accord contient 75 articles qui visent à protéger, soigner et assurer l'utilisation responsable du milieu marin, à maintenir l'intégrité des écosystèmes océaniques et à conserver la valeur inhérente à la diversité biologique marine.

    « L'océan est l'élément vital de notre planète, et aujourd'hui, vous avez insufflé une nouvelle vie et un nouvel espoir pour donner à l'océan une chance de se battre », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, aux délégués lundi 19 juin 2023.

    2. Des océans plus propres

    Des produits chimiques toxiques et des millions de tonnes de déchets plastiques inondent les écosystèmes côtiers, tuant ou blessant des poissons, des tortues de mer, des oiseaux de mer et des mammifères marins, et se frayant un chemin dans la chaîne alimentaire pour finir par être consommés par l'homme.

    Plus de 17 millions de tonnes de plastique ont pénétré dans les océans en 2021, ce qui représente 85 % des déchets marins, et les projections devraient doubler ou tripler chaque année d'ici à 2040, selon le dernier rapport sur les Objectifs de développement durable (ODD).

    Selon les estimations des Nations Unies, d'ici 2050, il pourrait y avoir plus de plastique dans la mer que de poissons si aucune mesure n'est prise.

    Le Traité vise à renforcer la résilience et contient des dispositions fondées sur le principe du pollueur-payeur ainsi que des mécanismes de règlement des différends.

    En vertu des dispositions du traité, les parties doivent évaluer les incidences potentielles sur l'environnement de toute activité prévue au-delà de leur juridiction.

    3. Gérer durablement les stocks de poissons

    Selon les Nations Unies, plus d'un tiers des stocks mondiaux de poissons sont surexploités.

    Le traité souligne l'importance du renforcement des capacités et du transfert des technologies marines, y compris le développement et le renforcement des capacités institutionnelles et des cadres ou mécanismes réglementaires nationaux.

    Il s'agit notamment de renforcer la collaboration entre les organisations maritimes régionales et les organisations régionales de gestion des pêches.

    4. Baisse des températures

    Le réchauffement planétaire fait grimper la température des océans à de nouveaux sommets, ce qui entraîne des tempêtes plus fréquentes et plus intenses, l'élévation du niveau de la mer et la salinisation des terres côtières et des nappes phréatiques.

    Pour répondre à ces préoccupations urgentes, le traité propose des orientations, notamment par le biais d'une approche intégrée de la gestion des océans qui renforce la résilience des écosystèmes pour lutter contre les effets néfastes du changement climatique et de l'acidification des océans, et qui préserve et rétablit l'intégrité des écosystèmes, y compris les services liés au cycle du carbone.

    Les dispositions du traité reconnaissent également les droits et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones et des communautés locales, la liberté de la recherche scientifique et la nécessité d'un partage juste et équitable des bénéfices.

    5. Vital pour la réalisation de l'Agenda 2030

    Le nouvel accord « est essentiel pour faire face aux menaces qui pèsent sur l'océan, et pour le succès des objectifs et cibles liés à l'océan, y compris l'Agenda 2030 », a déclaré lundi le chef de l'ONU.

    Parmi ces objectifs et cibles figurent l'Objectif de développement durable (ODD) 14, qui vise notamment à prévenir et à réduire considérablement la pollution marine sous toutes ses formes d'ici 2025, et à mettre fin à la surpêche grâce à des plans de gestion fondés sur des données scientifiques afin de reconstituer les stocks de poissons dans les plus brefs délais possibles.

    Le nouvel accord permettra la mise en place d'outils de gestion par zone, notamment de zones marines protégées, afin de conserver et de gérer durablement les habitats et les espèces vitaux en haute mer et dans la zone internationale des fonds marins.

    Le traité tient également compte des circonstances particulières auxquelles sont confrontées les petites îles et les pays en développement enclavés.

     

     

     

     

     

     


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  • En Europe, les dépenses militaires au plus haut depuis la Guerre froide

     

    Augmentation significative

    Washington loin devant

     


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    Parmi les enseignements tirés du conflit (artillerie, drones, effet de masse…), peu s’attardent sur l’organisation des armées. Or, c’est un point qui explique, aussi, la relative bonne résistance ukrainienne face à l’armada russe, même si désinformation oblige, on est assez mal renseigné sur ce qu'il se passe sur le terrain.

     

    Une logistique largement décentralisée

    Pour autant qu’on puisse le savoir, le fonctionnement des forces ukrainiennes est plutôt décentralisé. La logistique d’une unité des forces armées ukrainiennes est en partie assurée sur le terrain par les gouverneurs de province (ou les municipalités). Ce sont eux qui fournissent la logistique “vie” nécessaire : hébergement, nourriture, jusqu’aux services de soins. Cela permet à l’armée d’avoir un fonctionnement central plutôt léger, concentré sur le commandement opérationnel. À l’inverse du dispositif russe, plus lourd, moins mobile, plus centralisé.

    Une logique de mouvement partisan

    L’ organisation ukrainienne associe d’un côté une logique d’armée centralisée, avec un commandement du haut vers le bas, et une logique de la guerre de partisans issue de la Seconde guerre mondiale, avec une large autonomie des forces sur place. Une tactique qui est aussi issue d’une histoire plus récente. Au début de la guerre en 2014, l’inorganisation de l’armée ukrainienne face aux troupes séparatistes et russes aboutit à la création de bataillons de volontaires. Des bataillons — soutenus par la population qui les ravitaillait, leur envoyait des vêtements, ou leur achetait des équipements (1).

    Une maintenance et technologie confiée aux civils

    Idem du côté de la maintenance ou de l’innovation technologique. On fait appel aux structures civiles. Des centaines d’ateliers se sont développés dans tout le pays pour transformer les drones avec l’aide de volontaires (2). L’entretien primaire des canons Caesar français — ce que les militaires appellent le « MCO terrain » — est ainsi assuré par des entreprises agricoles. « Car quand on fait de l’hydraulique agricole, on peut faire de la maintenance Caesar » comme le confirme à B2 un responsable militaire français.

    Du renseignement humain puisé dans la population

    Quant au renseignement, s’il dispose de capteurs modernes type drones, du renseignement satellite et de l’analyse fournis par les Alliés de l’OTAN, il puise aussi ses ressorts dans un système à l’ancienne : le réseau des “babas”, ces grands-mères ou papis inoffensifs, qui peuvent renseigner l’armée ukrainienne sur tous les mouvements. Une technique héritée là encore de l’histoire de l’Ukraine.

    Assez peu mis en valeur

    Tous ces enseignements ne se trouvent souvent peu mis en avant par les états-majors, du moins publiquement. Le récent rapport du Sénat français sur les enseignements à tirer du conflit en Ukraine (3), en témoigne. Documenté, mais décevant dans son approche, il concentre son analyse sur quelques points assez conformistes : la haute intensité, l’effet de masse, la dissuasion nucléaire, les drones, etc. Un point de vue davantage destiné semble-t-il à justifier des inflexions déjà prises dans les états-majors qu’à vraiment envisager l’avenir.

     

    1. Alain Guillemoles, « Ukraine, réveil d’une Nation », éditions les Petits matins, février 2015, p. 107.
    2. Boris Mabillard, « Avec les dronistes de l’unité d’élite Skala », Le Point, 16 février 2023. (vidéo)
    3. « Ukraine : un an de guerre. Quels enseignements pour la France », 8 février 2023, Cédric Perrin et Jean-Marc Todeschini (Ce dernier ayant décidé de se retirer du rapport, en désaccord avec son corapporteur).

     


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    L’ancien chef du renseignement militaire de l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsis en 1994 poursuit ce jeudi 19 janvier la journaliste Maria Malagardis pour « injure publique ». Comme d’autres cadres du régime génocidaire rwandais, il vit en France en toute impunité.

    Étrange procès que celui qui s'est ouvert le jeudi 19 janvier 2023 au tribunal de Paris. Celui non de l’ancien chef du renseignement militaire de l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsis en 1994, Aloys Ntiwiragabo, mais de la journaliste Maria Malagardis, poursuivie par ce dernier pour « injure publique ».

    D’un côté, un homme recherché pendant des années par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, retrouvé en situation irrégulière en France par un journaliste de Médiapart, objet d’une « enquête préliminaire » ouverte par le parquet français pour « crime contre l’humanité », d’une plainte pour génocide déposée par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) en février 2022, et d’un mandat d’arrêt international émis par le parquet de Kigali. De l’autre, la spécialiste reconnue de l’Afrique du quotidien Libération qui a couvert, pour La Croix, le génocide des Tutsis en 1994. L’ancien dignitaire rwandais lui reproche de l’avoir qualifié de « nazi africain » dans un tweet où elle appelait les autorités françaises à se saisir de son cas après la découverte de Médiapart.

    Cette qualification pour désigner les dignitaires du régime rwandais du temps du génocide des Tutsis n’est pourtant pas nouvelle. L’historien Jean-Pierre Chrétien évoquait dès le mois d’avril 1994, dans une tribune publiée dans Libération, un « nazisme tropical » à propos du régime en place alors à Kigali. « Les juifs d’Europe ont été victimes d’une idéologie raciste très proche de celle mise en scène au Rwanda », souligne-t-il aujourd’hui. « À l’instar des génocides précédents, celui des Tutsis a commencé par une phase de stigmatisation de la population, s’est poursuivi par la persécution qui allait déboucher sur la mise à mort », explique aussi le Mémorial de la Shoah.

    Une curieuse impunité

    Le plus curieux dans cette affaire, c’est l’impunité dont a bénéficié le colonel Ntiwiragabo. Il a pu en toute tranquillité devenir l’une des figures publiques des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le mouvement armé créé par des cadres du régime génocidaire exilés dans l’est de la RD-Congo, dont l’objectif est de reprendre le pouvoir à Kigali. Ce groupe, toujours violemment actif, est inscrit sur la liste des sanctions de l’ONU.

    En France, Aloys Ntiwiragabo n’a jamais vraiment été inquiété alors qu’il n’est pas autorisé à y séjourner. Son visa lui a été refusé en 2011, une décision confirmée en 2014 en raison de ses anciennes responsabilités au Rwanda pendant le génocide. Et il a été débouté de sa demande d’asile en août 2020 par l’Ofpra, puis en appel en septembre 2021, car il existe « des raisons sérieuses de penser » qu’il « s’est rendu coupable d’entente en vue de planifier le génocide et rendu complice de la commission d’actes de génocide ». « Je l’ai retrouvé à la messe à l’église Saint-André de Fleury-les-Aubrais, dans la banlieue d’Orléans où il habitait depuis des années en toute impunité », se souvient le journaliste Théo Englebert.

    La France terre d’accueil

    Son cas n’est pas isolé en France. « Notre pays est un refuge et une base arrière pour les responsables du régime génocidaire », assurait en 2021 à La Croix Dafroza Gauthier, cofondatrice avec son époux Alain, du CPCR. En témoigne l’arrestation à Asnières, en juin 2020, de Félicien Kabuga, le financier du génocide. L’ancien ministre des services publics et de l’énergie du gouvernement génocidaire et l’un des fondateurs des FDLR, Hyacinthe Nsengiyumva Rafiki, « habite à Créteil depuis le 6 juin 2012 », confie Dafroza Gauthier.

    À Paris vit Callixte Mbarushimana, soupçonné d’avoir participé au génocide alors qu’il était un agent de l’ONU, avant de devenir secrétaire exécutif des FDLR. Arrêté le 3 octobre 2010 pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » commis par les FDLR dans le Kivu en 2009, il a été transféré à La Haye le 25 janvier 2011, et libéré fin 2011. « La présidente de la Chambre avait regretté que le procureur ait si mal ficelé son dossier contre lui », se souvient le Britannique Charles Petrie, l’un de ses anciens collègues à Kigali en 1994, qui lui a consacré un livre, The Triumph of Evil en 2021 (non traduit en français).

    Le cas d’Agathe Habyarimana, l’épouse du président rwandais décédé dans l’attentat contre son avion qui avait marqué le début du génocide contre les Tutsis, exfiltrée de Kigali par François Mitterrand en avril 1994, est sans doute le plus troublant. Si la justice française ne s’est toujours pas prononcée sur son rôle au Rwanda, le rapport des historiens sur la France au Rwanda remis à Emmanuel Macron le 26 mars 2021 établit qu’elle était bien le « véritable cerveau » de l’Akazu, cette structure composée d’extrémistes hutus, soupçonnée d’avoir pensé et préparé le génocide contre les Tutsis dès 1991. Elle habite en toute liberté depuis des années dans un pavillon à Courcouronnes, au sud de Paris.

     

     

     


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