-
Selon les historiens, jusqu’à 200 000 femmes, originaires pour la plupart de Corée, ont été contraintes de servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais jusqu’en 1945.
Un tribunal sud-coréen a ordonné jeudi 23 novembre 2023 au Japon d’indemniser seize femmes victimes d’esclavage sexuel pendant la seconde guerre mondiale, annulant ainsi une décision d’une juridiction inférieure qui les avait déboutées deux ans plus tôt.
En 2021, ce premier dossier civil avait été présenté à la justice en Corée du Sud contre Tokyo par celles qui étaient appelées dans un euphémisme « femmes de réconfort », des personnes réduites à l’esclavage dans les bordels de l’armée impériale pendant le conflit mondial. Un tribunal du district central de Séoul avait alors mis en avant l’« immunité souveraine » de Tokyo pour débouter ces femmes, le 21 avril 2021, estimant, en outre, que l’acceptation des demandes des victimes pourrait provoquer un incident diplomatique.
Mais la Haute Cour de Séoul a jugé qu’il était « raisonnable de dire que l’immunité souveraine ne devrait pas être respectée (…) en cas de conduite illégale », selon un document judiciaire consulté par l’Agence France-Presse. Elle a ordonné qu’environ 200 millions de wons (quelque 141 000 euros) soient versés à chacune des plaignantes.
Le tribunal a déclaré que les victimes avaient été « enlevées de force ou entraînées dans l’esclavage sexuel » et jugé qu’en conséquence, elles avaient subi des « dommages » et « n’avaient pas pu mener une vie normale après la guerre ».
Lee Young-soo, l’une des 16 plaignantes aujourd’hui âgée de 95 ans, a levé les bras au ciel en signe de joie à sa sortie du tribunal, déclarant aux journalistes : « Je suis très reconnaissante […]. Je remercie les victimes qui sont mortes. »
Rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon
Selon les historiens, jusqu’à 200 000 femmes, originaires pour la plupart de Corée, mais aussi d’autres régions d’Asie, dont la Chine, ont été contraintes de devenir des esclaves sexuelles pour les soldats japonais pendant la seconde guerre mondiale.
Cette question a longtemps pesé dans les relations bilatérales entre Séoul et Tokyo, qui a colonisé la péninsule coréenne entre 1910 et 1945. Mais cette décision survient au moment où le gouvernement conservateur sud-coréen du président Yoon Suk Yeol cherche à enterrer cette hache de guerre historique et resserrer les liens avec Tokyo afin que les deux pays puissent faire face ensemble à une Corée du Nord dont les menaces militaires s’intensifient.Le gouvernement japonais nie être directement responsable des abus commis pendant la guerre, affirmant que les victimes ont été recrutées par des civils et que les maisons de prostitution militaires étaient exploitées commercialement. Tokyo a, en outre, toujours refusé de comparaître devant les tribunaux sud-coréens, soutenant que le contentieux avait été vidé par le traité de 1965 qui impliquait le versement de réparations.
votre commentaire -
De nombreux pays se sont émus, mardi 18 septembre 2023, de la reprise des hostilités au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan. La Russie a appelé à «cesser immédiatement l’effusion de sang».
Les combats initiés mardi 18/09/23 au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan, trois ans après une guerre qui avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie, ont déjà fait 29 morts et suscitent l’inquiétude de la communauté internationale.
La reprise du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’est invitée mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou au Nagorny-Karabakh. Cette réunion pourrait avoir lieu «dans les prochains jours», ont indiqué à l’AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.
La Russie a elle appelé mercredi matin à «cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles», dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le chef de l’ONU a appelé «dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire», selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.
Mardi soir, la présidence azerbaïdjanaise a appelé les troupes du Nagorny Karabakh – territoire sécessionniste d’Azerbaïdjan majoritairement peuplé d’Arménien – à déposer les armes, condition sine qua non pour le début de négociations. «Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement, les opérations antiterroristes continueront jusqu’au bout», a-t-elle déclaré.
La présidence a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers «avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh», une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Avant cela, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
Au moins 29 morts
Depuis mardi, les combats ont fait au moins 29 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu’environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués.
L’Azerbaïdjan a de son côté rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle. Dans la ville de Choucha, un ouvrier du bâtiment est décédé à la suite d’éclats d’obus, et un autre civil est mort dans le district d’Agdam.
Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des «tirs intensifs», qui visent aussi des infrastructures civiles. Les affrontements ont lieu «sur toute la ligne de contact» de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l’«artillerie», à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions, ont-ils dit. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé dans la soirée Bakou.
Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une «agression de grande ampleur» à des fins de «nettoyage ethnique», elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.
L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour «stopper l’agression azerbaïdjanaise». Le conflit de 2020 avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny Karabakh.
«Saboteurs»
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense avait annoncé mardi matin le déclenchement d’«opérations antiterroristes» après la mort de six Azerbaïdjanais dans l’explosion de mines sur le site d’un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny-Karabakh sous contrôle de l’Azerbaïdjan. C’est un groupe de «saboteurs» séparatistes qui a posé ces engins explosifs, d’après ses services de sécurité.
«L’échec de la communauté internationale à agir est à l’origine de l’offensive azerbaïdjanaise», ont dénoncé les Arméniens du Nagorny Karabakh.
Les tensions s’aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l’automne 2020 s’était arrêtée au bout de six semaines.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé les Azerbaïdjanais de vouloir «entraîner l’Arménie dans les hostilités». Nikol Pachinian, auquel l’opposition reproche d’avoir été responsable de la défaite d’il y a trois ans, a dans le même temps dénoncé des appels à un «coup d’État» dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de «traître» et exigeant sa démission aux policiers devant le siège du gouvernement.
Mardi, la Russie s’était dite «préoccupée» par «l’escalade brutale» de la situation au Nagorny Karabakh, et annoncer s’efforcer de faire revenir Erevan et Bakou «à la table des négociations» pour «éviter les pertes humaines», par la voix du porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov.
Quant à la Turquie, qui a qualifié de «légitimes» les préoccupations ayant amené les Azerbaïdjanais à se lancer dans une action militaire, elle a également exhorté à la «poursuite du processus de négociations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie».
Nikol Pachinian, qui n’a pas fait état de discussions avec Vladimir Poutine, a eu deux entretiens téléphoniques avec Emmanuel Macron et Antony Blinken.
votre commentaire -
Les séparatistes arméniens du Karabakh ont annoncé un cessez-le-feu et négocieront dès jeudi la réintégration de cette région à l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan a lancé mardi une offensive militaire au Nagorny-Karabakh, trois ans après la précédente guerre, demandant la reddition de son adversaire arménien dans cette région disputée depuis des décennies avec l’Arménie.
L’offensive de l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh cessera si les séparatistes arméniens «déposent les armes», a prévenu mercredi le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, alors que les opérations lancées la veille ont fait au moins 32 morts.
Au moins 200 personnes ont été tuées et 400 blessées dans l’opération militaire azerbaïdjanaise au Nagorny Karabakh, selon un nouveau bilan communiqué par les séparatistes arméniens de cette enclave disputée.
«On dénombre au moins 200 morts et plus de 400 blessés», a affirmé sur les réseaux sociaux le défenseur des droits du Nagorny Karabakh, Gegham Stepanian.
L’Azerbaïdjan a affirmé mercredi vouloir une «réintégration pacifique» de l’enclave du Nagorny Karabakh au sein de son territoire et une «normalisation» des relations avec l’Arménie, après la capitulation des séparatistes arméniens à l’issue d’une offensive de 24 heures.
«L’Azerbaïdjan a pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh et soutient également le processus de normalisation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan», a déclaré lors d’une conférence de presse Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Cessez-le-feu
Les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh ont annoncé qu’ils déposeront les armes mercredi dans le cadre d’un cessez-le-feu et négocieront dès jeudi la réintégration de cette région disputée à l’Azerbaïdjan, un accord trouvé après une médiation des forces russes de maintien de la paix.
«Un accord a été conclu sur le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l’Arménie (...) et sur la dissolution et le désarmement complet des formations armées de l’Armée de défense du Nagorny Karabakh», a indiqué la présidence séparatiste, annonçant en outre de premiers pourparlers concernant «la réintégration» du territoire à l’Azerbaïdjan jeudi dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh.
La crise au Nagorny-Karabakh, théâtre d’une offensive éclair de l’Azerbaïdjan qui s’est soldée par une capitulation des séparatistes arméniens, est une «affaire intérieure» pour Bakou, a estimé mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
«Il ne fait aucun doute que le Karabakh est une affaire intérieure de l’Azerbaïdjan», a-t-il dit, selon l’agence Interfax. «L’Azerbaïdjan agit sur son propre territoire, ce qui est reconnu par les dirigeants arméniens.»
Des soldats du contingent russe de maintien de la paix ont été tués mercredi au Nagorny Karabakh lorsque leur voiture a été visée par des tirs, a annoncé le ministère russe de la Défense.
«Tandis qu’ils revenaient du poste d’observation du contingent russe de maintien de la paix dans la région du village de Djanyatag, des militaires russes à bord d’une voiture ont essuyé des tirs d’armes légères. Les militaires russes qui se trouvaient dans la voiture ont été tués», a expliqué le ministère.
Communauté internationale inquiète
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé, dans la foulée des séparatistes, que les forces du Karabakh seront désarmées et qu’une trêve devait entrer en vigueur à 09H00 GMT. La présidence a, elle, confirmé la tenue de négociations jeudi dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, moins de 24 heures après avoir lancé une opération militaire d’envergure pour reprendre cette région qui échappait à son contrôle depuis plus de trente ans.
Le président français Emmanuel Macron a demandé mercredi au président azerbaïdjanais Ilham Aliev «de donner des garanties sur les droits et la sécurité des habitants du Karabakh», visé par une offensive des forces de Bakou, a fait savoir l’Elysée.
Lors d’un entretien téléphonique, M. Macron «a condamné le choix fait par l’Azerbaïdjan de recourir, hier (mardi), à la force, au risque d’aggraver la crise humanitaire au Haut Karabakh et de compromettre les efforts en cours pour la recherche d’une paix juste et durable», a-t-on indiqué de même source, alors que l’Azerbaïdjan vient de remporter une victoire éclair dans ce territoire sécessionniste majoritairement peuplé d’Arméniens.
La reprise des hostilités dans cette région, trois ans après la dernière guerre, inquiète la communauté internationale et s’est invitée dans les discussions à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, qui a appelé à un «arrêt immédiat des combats».
Le dernier conflit au Nagorny-Karabakh, région sécessionniste d’Azerbaïdjan en majorité peuplée d’Arméniens et disputée avec Erevan depuis des décennies, avait duré six semaines à l’automne 2020. Il s’était soldé par une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny-Karabakh.
«Déposer les armes»
Au lendemain du déclenchement de l’offensive par ses forces militaires, Ilham Aliev s’est exprimé pour la première fois, avec fermeté, dans un communiqué publié mercredi par ses services relatant un entretien téléphonique qu’il a eu la veille avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
«Le chef de l’État (azerbaïdjanais) a affirmé que les mesures antiterroristes seront interrompues si (les séparatistes arméniens) déposent les armes et sont désarmés», selon le communiqué. «La population civile et les infrastructures ne sont pas ciblées, seules les cibles militaires légitimes sont détruites», a-t-il assuré.
Selon lui, des représentants des Arméniens vivant au Nagorny-Karabakh ont été invités au dialogue «plusieurs fois» par la présidence azerbaïdjanaise pour «discuter de la question de (leur) réintégration» à l’Azerbaïdjan, «mais ils ont refusé».
Ilham Aliev souligne que l’armée azerbaïdjanaise avait lancé cette opération après la mort mardi dans cette région de «civils et policiers» dans l’explosion de mines, accusant des «saboteurs» arméniens d’avoir posé ces engins explosifs.
Il a aussi affirmé que les «soi-disant élections présidentielles» organisées le 9 septembre par les séparatistes arméniens étaient «la continuation de provocations délibérées contre la souveraineté de l’Azerbaïdjan» et avaient également contribué au lancement de l’offensive.
«Tirs intensifs»
Depuis mardi, les combats ont fait au moins 32 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu’environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués. L’Azerbaïdjan a rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle.
Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des «tirs intensifs», qui visent aussi des infrastructures civiles.
Les affrontements ont lieu «sur toute la ligne de contact» de ce territoire et les Azerbaïdjanais disent avoir eu recours à l’«artillerie», à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé Bakou.
À New York, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé «dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire», selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.
En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France a de son côté réclamé une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte de l’offensive selon elle «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou. Cette réunion pourrait avoir lieu «dans les prochains jours», ont indiqué à l’AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.
La Russie a également exhorté mercredi matin à «cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles», dans un communiqué de son Ministère des affaires étrangères.
La présidence azerbaïdjanaise avait déjà appelé mardi soir les troupes sécessionnistes du Nagorny-Karabakh à déposer les armes. Elle a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers «avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh», une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Auparavant, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
«Nettoyage ethnique»
Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une «agression de grande ampleur» à des fins de «nettoyage ethnique», elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny-Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.
L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour «stopper l’agression azerbaïdjanaise».
Les tensions s’aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l’automne 2020 s’était arrêtée au bout de six semaines.
Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé les Azerbaïdjanais de vouloir «entraîner l’Arménie dans les hostilités». Nikol Pachinian, auquel l’opposition reproche d’avoir été responsable de la défaite de 2020, a dénoncé des appels à un «coup d’État» dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de «traître» et exigeant sa démission.
Le contingent de la paix russe présent au Nagorny-Karabakh a évacué plus de 2000 civils des zones les plus dangereuses de la région séparatiste, a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense.
«Au total, plus de 2000 civils ont été évacués, dont 1049 enfants», a indiqué le ministère russe dans un communiqué. Dans une vidéo diffusée sur Telegram, on pouvait voir des familles avec des enfants descendre de plusieurs bus, accueillis par des militaires russes, avec juste quelques affaires sous les bras. Ces déplacés restent néanmoins au Karabakh, dans des zones moins exposées.
Appel à «faire taire les armes»
Le pape François a appelé mercredi à «faire taire les armes» au Karabakh. «Je lance un appel à toutes les parties impliquées et à la communauté internationale pour faire taire les armes et que tous les efforts nécessaires soient faits pour trouver des solutions pacifiques (...)", a déclaré Jorge Bergoglio à la fin de son audience générale hebdomadaire au Vatican.
«Je lance un appel à toutes les parties impliquées et à la communauté internationale pour faire taire les armes et que tous les efforts nécessaires soient faits pour trouver des solutions pacifiques pour le bien des personnes et le respect de la dignité humaine», a ajouté le pape de 86 ans.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputent le contrôle du Nagorny Karabakh depuis plus de trente ans et se sont affrontés à l’automne 2020 dans une guerre qui s’était soldée par une déroute militaire arménienne et le déploiement de soldats de maintien de la paix russes dans la région.
Le pape s’était rendu en 2016 en Arménie puis en Azerbaïdjan, et avait appelé les pays du Sud-Caucase à «la ténacité et à des pas continuels» vers le règlement de leurs conflits. Il avait renouvelé cet appel en 2020, déplorant une «trêve trop fragile» dans les combats.
votre commentaire -
En marge de l’Assemblée général des Nations Unies, qui se déroule cette semaine à New York, l’offensive de l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh occupe toutes les discussions.
Les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont invitées mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou au Nagorny-Karabakh.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens mais reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Trois ans après la précédente guerre, l’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition de son adversaire arménien. Les combats initiés ont fait au moins 29 morts, selon un bilan provisoire.
La réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour le Haut Karabakh aura lieu jeudi après-midi, a annoncé la présidence albanaise du Conseil mardi soir. Paris espère obtenir une condamnation aussi unanime que possible.
Cette offensive était redoutée depuis des semaines dans les capitales occidentales qui dénonçaient la persistance du blocus du corridor de Latchine, seule route reliant l’Arménie au Haut-Karabakh, malgré la condamnation, en février dernier, de la Cour de justice internationale. Plus récemment, elles avaient alerté sur «l’accumulation de moyens militaires» à proximité immédiate du Haut-Karabakh.
«Inacceptable» pour Washington
Alors que l’Arménie accuse depuis des mois l’Azerbaïdjan de «provocations» pouvant conduire à une nouvelle guerre, les Européens s’étaient néanmoins montrés réticents à imposer des sanctions, d’autant que Bakou bénéficie du soutien de la Turquie et a passé un accord avec l’Union européenne pour la fourniture de gaz. Alliée historique de la France, l’Arménie, sous influence de la Russie, suscitait aussi quelques méfiances.
Erevan avait remporté la première guerre en 1994, Bakou la seconde en 2020 avec un cessez-le-feu sous l’égide de la Russie qui n’a toutefois jamais abouti à un traité de paix. Jusqu’à lundi, à Washington comme à Paris ou Bruxelles, on gardait l’espoir d’une solution pacifique. Lundi, les États-Unis avaient d’ailleurs salué «un pas en avant important», Bakou ayant autorisé des convois humanitaires via Latchine mais aussi via la route d’Aghdam, une proposition de la diplomatie américaine.
Washington y avait vu un geste de la part de l’Azerbaïdjan. Les États-Unis ont radicalement changé de ton mardi, jugeant «inacceptable» l’offensive de Bakou qui éloigne les perspectives de paix entre les deux pays. En privé, des responsables américains ne cachaient pas leur frustration, alors que le secrétaire d’État Antony Blinken s’est personnellement fortement impliqué sur ce dossier depuis des mois.
Offensive «dangereuse»
Le chef de la diplomatie américaine, qui a été l’hôte de deux réunions de paix ces derniers mois avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, s’est entretenu mardi avec les dirigeants arménien et azerbaïdjanais et devait également avoir des contacts avec Ankara.
«L’incident dans la nuit est particulièrement choquant et particulièrement dangereux» dans une région qui compte la Russie, l’Iran et la Turquie, a indiqué un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat. L’offensive de Bakou semble avoir été préparée mais la France comme les États-Unis s’activaient mardi pour tenter de revenir à une voie diplomatique.
Les condamnations de la France sont mal passées auprès de Bakou qui a sans cesse dénoncé l’absence de neutralité de Paris dans ce dossier. «La politique islamophobe et anti-azerbaïdjanaise de la France, et son ingérence inacceptable dans nos affaires intérieures, montrent que plus la France est loin de la région, mieux (celle-ci) s’en portera», a fustigé le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères. La Turquie a, elle, jugé «légitimes» les préoccupations ayant mené à l’opération militaire de l’Azerbaïdjan.
votre commentaire -
En 2022, 27.180 violations graves ont été commises contre des enfants pris dans la guerre – le nombre le plus élevé jamais vérifié par l'ONU, a appris le Conseil de sécurité.
Présentant son dernier rapport annuel, Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a appelé à une « action audacieuse et résolue » pour protéger les garçons et les filles en danger de mort, de recrutement, de viol et d'autres horreurs.
Le rapport couvre 26 situations dans cinq régions du monde, ce qui représente un autre record.
Les pays incluent l'Éthiopie, le Mozambique et l'Ukraine, qui sont présentés pour la première fois. De nouvelles situations en Haïti et au Niger sont mentionnées et les détails apparaîtront dans l'édition de l'année prochaine.
Tués, recrutés, enlevés
L'ONU a vérifié que 18.890 enfants ont subi de graves violations en temps de guerre en 2022. Quelque 8.630 ont été tués ou mutilés ; 7.622 ont été recrutés et utilisés au combat, et 3.985 ont été enlevés.
Mme Gamba a déclaré que ces trois violations restaient celles vérifiées ayant les niveaux les plus élevés, et elles ont toutes augmenté l'année dernière.
« Des enfants ont été tués ou blessés lors de frappes aériennes, par des armes explosives, par des balles réelles, des tirs croisés ou des attaques directes. Dans de nombreux cas, ils ont été victimes de restes explosifs de guerre », a-t-elle dit.
Viols et esclavage sexuel
En outre, 1.165 enfants, principalement des filles, ont été violés, victimes de viols collectifs, forcés au mariage ou à l'esclavage sexuel, ou agressés sexuellement. Certains cas étaient si graves que les victimes sont décédées.
La haute responsable de l'ONU a souligné la nécessité de ne jamais oublier que ces chiffres représentent de vrais enfants dont les histoires individuelles ne sont pas racontées.
Elle a cité des exemples tels que le cas de trois filles au Soudan du Sud qui ont été violées collectivement pendant cinq jours, une fille de 14 ans enlevée et brûlée vive au Myanmar et des garçons tués par un engin explosif improvisé dans une école en Afghanistan.
Des visages derrière les chiffres
« C'est pourquoi nous devons nous rappeler que derrière les chiffres se cachent les visages d'enfants victimes de la violence armée dans le monde entier. Nous devons faire plus pour prévenir et protéger nos enfants des ravages des conflits armés », a-t-elle affirmé.
Mme Gamba a également noté que certains enfants victimes sont punis pour leur situation au lieu de recevoir une protection. L'année dernière, 2.496 enfants ont été privés de liberté en raison de leur association réelle ou présumée avec des parties au conflit.
« Étant particulièrement vulnérables aux mains des autorités, les enfants détenus ont été exposés à de nouvelles violations de leurs droits, notamment à la torture et à la violence sexuelle. Dans certains cas, ils ont même été condamnés à mort », a-t-elle déclaré.
Des écoles et des hôpitaux attaqués
Le rapport a en outre révélé des attaques vérifiées contre 1.163 écoles et près de 650 hôpitaux en 2022, ce qui représente une augmentation de 112% par rapport à l'année précédente. La moitié de ces attaques ont été menées par des forces gouvernementales.
Elle a souligné que l'utilisation des écoles et des hôpitaux à des fins militaires reste également une préoccupation majeure, avec une « forte augmentation » vérifiée de plus de 60% des cas l'année dernière, tant par des forces armées que par des groupes armés.
L'aide critiquée
Pendant ce temps, les humanitaires et l'aide vitale qu'ils fournissent – souvent le « seul espoir » pour les enfants et les communautés touchés par les conflits – sont de plus en plus critiqués.
L'ONU a vérifié plus de 3.930 incidents de refus d'accès humanitaire aux enfants l'année dernière. Des travailleurs humanitaires ont également été tués, agressés et enlevés, tandis que des fournitures humanitaires ont été pillées et que des biens et des infrastructures vitales ont été détruits.
Le Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Omar Abdi, a également informé le Conseil de sécurité.
Il a rappelé que le plus grand nombre de violations graves contre des enfants avaient été constatées dans des conflits prolongés, notamment dans des endroits comme la République démocratique du Congo, Israël et la Palestine, et la Somalie.
Préoccupation pour le Soudan
Bien que le conflit actuel au Soudan ait éclaté en dehors de la période considérée, l'UNICEF est également gravement préoccupé par son impact sur les 21 millions d'enfants qui y vivent.
« Plus d'un million d'enfants ont maintenant été déplacés par les combats et l'ONU a reçu des informations crédibles, en cours de vérification, selon lesquelles des centaines d'enfants ont été tués et blessés », a-t-il dit.
M. Abdi a insisté sur l'efficacité du mandat de l'ONU concernant les enfants et les conflits armés, notant que les groupes armés ont libéré au moins 180.000 garçons et filles de leurs rangs au cours des 23 dernières années.
Cependant, il a déclaré qu'à mesure que « le nombre de pays inscrits à l'agenda des enfants et des conflits armés augmente, le nombre d'enfants ayant besoin de notre protection et de notre soutien augmente également », appelant à un plus grand soutien international aux efforts de l'ONU.
votre commentaire -
L’Azerbaïdjan a repris d’importants territoires au Nagorny-Karabakh après le conflit avec l’Arménie en 2020.
Quatre soldats arméniens ont été tués mercredi par des tirs azerbaïdjanais dans le Nagorny-Karabakh, ont affirmé les autorités de cette région séparatiste que se disputent l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Des «unités des forces armées azerbaïdjanaises ont ouvert le feu sur les positions arméniennes» dans les districts de Martouni et de Martakert dans la nuit, en utilisant de l’artillerie et des drones, a indiqué le Ministère de la défense séparatiste dans un communiqué sur Twitter. «Quatre soldats ont été tués à l’issue de cette nouvelle provocation de l’Azerbaïdjan», selon la même source.
Pourparlers engagés sous l’égide des États-Unis
Cette annonce intervient alors que Washington accueille depuis mardi de nouvelles négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan visant à trouver un règlement du conflit au Nagorny-Karabakh.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a ainsi rencontré séparément mardi ses homologues arménien Ararat Mirzoïan et azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov avant de les réunir ensemble.
Les discussions se tiennent à huis clos et doivent durer jusqu’à jeudi.
«Nous continuons à penser que la paix est à portée de main et que le dialogue direct est la clé pour résoudre les questions en suspens et conclure une paix durable et digne» pour les deux parties, a assuré lundi le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.
Les États-Unis avaient déjà réuni les deux ministres à Washington début mai. Des discussions se sont également déroulées ces dernières semaines à Bruxelles et à Moscou.
La Russie a demandé la semaine dernière à l’Azerbaïdjan de rétablir l’accès via l’Arménie à l’enclave séparatiste du Nagorny-Karabakh, après le début de nouvelles pénuries dans cette région disputée du Caucase.
Depuis décembre, Erevan accuse son voisin d’entraver l’approvisionnement vers la région sécessionniste, en bloquant le corridor de Latchine.
6’500 morts en 2020
L’Azerbaïdjan et les forces séparatistes arméniennes, soutenues militairement par l’Arménie, se sont affrontés lors de deux guerres, l’une à la dislocation de l’URSS, l’autre à l’automne 2020.
Lors de la première, qui a fait 30’000 morts, les séparatistes ont pris le contrôle du Nagorny-Karabakh et de zones tampon autour de ce territoire montagneux.
Lors du deuxième conflit, qui a fait 6’500 morts, l’Azerbaïdjan a repris ces zones tampon et une bonne partie du Nagorny-Karabakh.
Un cessez-le-feu, signé sous l’égide de Moscou, a été suivi du déploiement d’un contingent de soldats de la paix russes, mais les tensions restent vives et les négociations pour la signature d’un traité de paix n’avancent pas.
votre commentaire -
Les 193 États membres de l'ONU ont adopté le 19 juin 2023 un accord juridiquement contraignant sur la biodiversité marine, après près de deux décennies de négociations acharnées sur la création d'une vague commune de conservation et de durabilité en haute mer, au-delà des frontières nationales, couvrant les deux tiers des océans de la planète.
Après deux décennies de pourparlers qui ont débuté en 2004, les 193 États membres de l'Organisation des Nations unies (ONU) ont adopté, le 19 juin 2023, l'accord sur le Traité international de protection de la haute mer, destiné à "assurer la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique marine dans les eaux internationales".
Les zones de la mer situées en dehors des zones de souveraineté et des zones économiques exclusives des États côtiers, donc ne relevant pas de la juridiction nationale, sont aussi appelées haute mer ou eaux internationales.
La haute mer représente :
- 60% de la surface des océans ;
- près de la moitié de la surface du globe.
Jusqu'à la conclusion de l'accord, le 5 mars 2023, par les délégués de la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà de la juridiction nationale (BBNJ), ces zones de haute mer ne disposaient d'aucune protection spécifique.
Adopté le 19 juin 2023 par les 193 membres de l'ONU, le traité sur la haute mer porte en particulier sur :
- la protection du milieu marin au delà des frontières ;
- la lutte contre la pollution chimique et les déchets plastiques en haute mer ;
- la gestion plus durable des stocks de poissons ;
- le problème de la hausse des températures des océans et de l'acidification des eaux marines.
Les objectifs du traité
L'enjeu du traité est d'atteindre les objectifs et les cibles liés aux océans du Programme de développement durable à l'horizon 2030 et du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, issu de la COP15.
Plus spécifiquement, les objectifs du traité sont :
- la définition d'un cadre réglementaire ;
- la reconnaissance d'un patrimoine commun de l'humanité ;
- l'internationalisation des décisions sur les études d'impact environnemental ;
- le partage juste et équitable des avantages découlant des ressources génétiques marines ;
- la création d'aires protégées marines afin de préserver, restaurer et maintenir la biodiversité ;
- la production de connaissances, d'innovations techniques et d'une compréhension scientifique.
Le traité est l'un des outils permettant d'atteindre l'objectif "30 pour 30", qui vise à protéger au moins 30% des océans de la planète d'ici à 2030 en les plaçant dans des zones protégées.
Le texte s'appuie sur l'héritage de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (Unclos).
Voici cinq points clés qui expliquent pourquoi cet accord est important pour le monde.
1. Une protection au-delà des frontières
Si les pays sont responsables de la conservation et de l'utilisation durable des cours d'eau relevant de leur juridiction nationale, la haute mer bénéficie désormais d'une protection supplémentaire contre des tendances destructrices telles que la pollution et les activités de pêche non durables.
Adopté par la Conférence intergouvernementale sur la biodiversité marine des zones situées au-delà des juridictions nationales (BBNJ), le traité sur la « haute mer » vise à assurer la gestion des océans au nom des générations actuelles et futures, conformément à la Convention sur le droit de la mer.
Le nouvel accord contient 75 articles qui visent à protéger, soigner et assurer l'utilisation responsable du milieu marin, à maintenir l'intégrité des écosystèmes océaniques et à conserver la valeur inhérente à la diversité biologique marine.
« L'océan est l'élément vital de notre planète, et aujourd'hui, vous avez insufflé une nouvelle vie et un nouvel espoir pour donner à l'océan une chance de se battre », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, aux délégués lundi 19 juin 2023.
2. Des océans plus propres
Des produits chimiques toxiques et des millions de tonnes de déchets plastiques inondent les écosystèmes côtiers, tuant ou blessant des poissons, des tortues de mer, des oiseaux de mer et des mammifères marins, et se frayant un chemin dans la chaîne alimentaire pour finir par être consommés par l'homme.
Plus de 17 millions de tonnes de plastique ont pénétré dans les océans en 2021, ce qui représente 85 % des déchets marins, et les projections devraient doubler ou tripler chaque année d'ici à 2040, selon le dernier rapport sur les Objectifs de développement durable (ODD).
Selon les estimations des Nations Unies, d'ici 2050, il pourrait y avoir plus de plastique dans la mer que de poissons si aucune mesure n'est prise.
Le Traité vise à renforcer la résilience et contient des dispositions fondées sur le principe du pollueur-payeur ainsi que des mécanismes de règlement des différends.
En vertu des dispositions du traité, les parties doivent évaluer les incidences potentielles sur l'environnement de toute activité prévue au-delà de leur juridiction.
3. Gérer durablement les stocks de poissons
Selon les Nations Unies, plus d'un tiers des stocks mondiaux de poissons sont surexploités.
Le traité souligne l'importance du renforcement des capacités et du transfert des technologies marines, y compris le développement et le renforcement des capacités institutionnelles et des cadres ou mécanismes réglementaires nationaux.
Il s'agit notamment de renforcer la collaboration entre les organisations maritimes régionales et les organisations régionales de gestion des pêches.
4. Baisse des températures
Le réchauffement planétaire fait grimper la température des océans à de nouveaux sommets, ce qui entraîne des tempêtes plus fréquentes et plus intenses, l'élévation du niveau de la mer et la salinisation des terres côtières et des nappes phréatiques.
Pour répondre à ces préoccupations urgentes, le traité propose des orientations, notamment par le biais d'une approche intégrée de la gestion des océans qui renforce la résilience des écosystèmes pour lutter contre les effets néfastes du changement climatique et de l'acidification des océans, et qui préserve et rétablit l'intégrité des écosystèmes, y compris les services liés au cycle du carbone.
Les dispositions du traité reconnaissent également les droits et les connaissances traditionnelles des peuples autochtones et des communautés locales, la liberté de la recherche scientifique et la nécessité d'un partage juste et équitable des bénéfices.
5. Vital pour la réalisation de l'Agenda 2030
Le nouvel accord « est essentiel pour faire face aux menaces qui pèsent sur l'océan, et pour le succès des objectifs et cibles liés à l'océan, y compris l'Agenda 2030 », a déclaré lundi le chef de l'ONU.
Parmi ces objectifs et cibles figurent l'Objectif de développement durable (ODD) 14, qui vise notamment à prévenir et à réduire considérablement la pollution marine sous toutes ses formes d'ici 2025, et à mettre fin à la surpêche grâce à des plans de gestion fondés sur des données scientifiques afin de reconstituer les stocks de poissons dans les plus brefs délais possibles.
Le nouvel accord permettra la mise en place d'outils de gestion par zone, notamment de zones marines protégées, afin de conserver et de gérer durablement les habitats et les espèces vitaux en haute mer et dans la zone internationale des fonds marins.
Le traité tient également compte des circonstances particulières auxquelles sont confrontées les petites îles et les pays en développement enclavés.
votre commentaire -
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a tiré à la hausse les dépenses militaires des pays européens en 2022.
Les dépenses militaires en Europe ont redépassé en 2022 leur niveau de la fin de la Guerre froide, avec une progression record depuis plus de trois décennies dopée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, selon un rapport de référence publié le 24 avril 2023.
Tous continents confondus, les dépenses militaires ont atteint l’an dernier un nouveau sommet de 2240 milliards de dollars, soit 2,2% du PIB mondial, selon les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Il s’agit, à l’échelle planétaire, de la huitième année consécutive de hausse pour les investissements dans les armées.
«Ils sont tirés par la guerre en Ukraine, qui pousse les budgets européens vers le haut, mais aussi par les tensions non résolues et croissantes en Asie de l’Est» entre la Chine d’un côté et, de l’autre, les États-Unis et leurs alliés asiatiques, souligne à l’AFP le chercheur Nan Tian, un des coauteurs de l’étude.
Le Vieux continent a dépensé, après déduction de l’inflation, 13% de plus pour ses armées au cours de cette année marquée par l’invasion russe de l’Ukraine, selon le rapport. C’est à la fois la plus forte croissance enregistrée depuis plus de 30 ans, et le retour – en dollars constants – au niveau des dépenses de 1989, année de la chute du mur de Berlin. «C’est du jamais vu depuis la fin de la Guerre froide», souligne Nan Tian.
Augmentation significative
À elle seule, l’Ukraine a multiplié par sept ses dépenses, qui ont bondi à 44 milliards de dollars – soit un tiers de son PIB. Et ce sans compter plusieurs dizaines de milliards de donations d’armement venues de l’étranger, précise le Sipri. Les dépenses russes ont, elles, progressé de 9,2%, selon ses estimations. «Mais même si l’on enlève les deux nations en guerre, les dépenses en Europe ont augmenté significativement», souligne Nan Tian.
Ces dépenses européennes, qui ont atteint 480 milliards de dollars en 2022, ont déjà augmenté de plus d’un tiers en dix ans, et la tendance devrait continuer à s’accélérer dans la prochaine décennie. On pourrait «potentiellement» voir des niveaux de croissance similaires à 2022 durant plusieurs années, estime le Sipri.
Après avoir considérablement baissé dans les années 1990, les dépenses militaires mondiales étaient reparties à la hausse depuis les années 2000. Elles avaient été dans un premier temps tirées par les investissements majeurs de la Chine dans son armée, puis par le regain des tensions avec la Russie après l’annexion de la Crimée en 2014.
Washington loin devant
À eux seuls, les États-Unis ont représenté 39% des dépenses mondiales l’an passé. Avec la Chine, numéro 2 (13%), ils représentent plus de la moitié des investissements militaires du globe. Les suivants, Russie (3,9%), Inde (3,6%) et Arabie saoudite (3,3%) arrivent loin derrière. Le Japon, mais aussi l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam et plus loin l’Australie, tentent de suivre la cadence.
Le Royaume-Uni est le premier européen à la sixième place (3,1% du total mondial) devant l’Allemagne (2,5%) et la France (2,4%) – des chiffres qui incluent les donations à l’Ukraine. Le Royaume-Uni, deuxième donateur derrière les États-Unis, «dépense traditionnellement plus que l’Allemagne et la France et a aussi donné plus que l’Allemagne et la France», souligne Nan Tian, accentuant son statut de première nation européenne en termes de dépenses militaires.
En Europe, des pays comme la Pologne, les Pays-Bas ou la Suède font partie de ceux qui ont le plus augmenté leurs investissements militaires au cours de la décennie écoulée. Des armements modernes mais très onéreux, comme l’avion de combat américain F-35, expliquent aussi certains bonds de dépense, comme pour la Finlande, qui a acquis l’an passé 64 appareils.
votre commentaire -
Parmi les enseignements tirés du conflit (artillerie, drones, effet de masse…), peu s’attardent sur l’organisation des armées. Or, c’est un point qui explique, aussi, la relative bonne résistance ukrainienne face à l’armada russe, même si désinformation oblige, on est assez mal renseigné sur ce qu'il se passe sur le terrain.
Une logistique largement décentralisée
Pour autant qu’on puisse le savoir, le fonctionnement des forces ukrainiennes est plutôt décentralisé. La logistique d’une unité des forces armées ukrainiennes est en partie assurée sur le terrain par les gouverneurs de province (ou les municipalités). Ce sont eux qui fournissent la logistique “vie” nécessaire : hébergement, nourriture, jusqu’aux services de soins. Cela permet à l’armée d’avoir un fonctionnement central plutôt léger, concentré sur le commandement opérationnel. À l’inverse du dispositif russe, plus lourd, moins mobile, plus centralisé.
Une logique de mouvement partisan
L’ organisation ukrainienne associe d’un côté une logique d’armée centralisée, avec un commandement du haut vers le bas, et une logique de la guerre de partisans issue de la Seconde guerre mondiale, avec une large autonomie des forces sur place. Une tactique qui est aussi issue d’une histoire plus récente. Au début de la guerre en 2014, l’inorganisation de l’armée ukrainienne face aux troupes séparatistes et russes aboutit à la création de bataillons de volontaires. Des bataillons — soutenus par la population qui les ravitaillait, leur envoyait des vêtements, ou leur achetait des équipements (1).
Une maintenance et technologie confiée aux civils
Idem du côté de la maintenance ou de l’innovation technologique. On fait appel aux structures civiles. Des centaines d’ateliers se sont développés dans tout le pays pour transformer les drones avec l’aide de volontaires (2). L’entretien primaire des canons Caesar français — ce que les militaires appellent le « MCO terrain » — est ainsi assuré par des entreprises agricoles. « Car quand on fait de l’hydraulique agricole, on peut faire de la maintenance Caesar » comme le confirme à B2 un responsable militaire français.
Du renseignement humain puisé dans la population
Quant au renseignement, s’il dispose de capteurs modernes type drones, du renseignement satellite et de l’analyse fournis par les Alliés de l’OTAN, il puise aussi ses ressorts dans un système à l’ancienne : le réseau des “babas”, ces grands-mères ou papis inoffensifs, qui peuvent renseigner l’armée ukrainienne sur tous les mouvements. Une technique héritée là encore de l’histoire de l’Ukraine.
Assez peu mis en valeur
Tous ces enseignements ne se trouvent souvent peu mis en avant par les états-majors, du moins publiquement. Le récent rapport du Sénat français sur les enseignements à tirer du conflit en Ukraine (3), en témoigne. Documenté, mais décevant dans son approche, il concentre son analyse sur quelques points assez conformistes : la haute intensité, l’effet de masse, la dissuasion nucléaire, les drones, etc. Un point de vue davantage destiné semble-t-il à justifier des inflexions déjà prises dans les états-majors qu’à vraiment envisager l’avenir.
- Alain Guillemoles, « Ukraine, réveil d’une Nation », éditions les Petits matins, février 2015, p. 107.
- Boris Mabillard, « Avec les dronistes de l’unité d’élite Skala », Le Point, 16 février 2023. (vidéo)
- « Ukraine : un an de guerre. Quels enseignements pour la France », 8 février 2023, Cédric Perrin et Jean-Marc Todeschini (Ce dernier ayant décidé de se retirer du rapport, en désaccord avec son corapporteur).
votre commentaire -
L’ancien chef du renseignement militaire de l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsis en 1994 poursuit ce jeudi 19 janvier la journaliste Maria Malagardis pour « injure publique ». Comme d’autres cadres du régime génocidaire rwandais, il vit en France en toute impunité.
Étrange procès que celui qui s'est ouvert le jeudi 19 janvier 2023 au tribunal de Paris. Celui non de l’ancien chef du renseignement militaire de l’armée rwandaise pendant le génocide des Tutsis en 1994, Aloys Ntiwiragabo, mais de la journaliste Maria Malagardis, poursuivie par ce dernier pour « injure publique ».
D’un côté, un homme recherché pendant des années par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, retrouvé en situation irrégulière en France par un journaliste de Médiapart, objet d’une « enquête préliminaire » ouverte par le parquet français pour « crime contre l’humanité », d’une plainte pour génocide déposée par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR) en février 2022, et d’un mandat d’arrêt international émis par le parquet de Kigali. De l’autre, la spécialiste reconnue de l’Afrique du quotidien Libération qui a couvert, pour La Croix, le génocide des Tutsis en 1994. L’ancien dignitaire rwandais lui reproche de l’avoir qualifié de « nazi africain » dans un tweet où elle appelait les autorités françaises à se saisir de son cas après la découverte de Médiapart.
Cette qualification pour désigner les dignitaires du régime rwandais du temps du génocide des Tutsis n’est pourtant pas nouvelle. L’historien Jean-Pierre Chrétien évoquait dès le mois d’avril 1994, dans une tribune publiée dans Libération, un « nazisme tropical » à propos du régime en place alors à Kigali. « Les juifs d’Europe ont été victimes d’une idéologie raciste très proche de celle mise en scène au Rwanda », souligne-t-il aujourd’hui. « À l’instar des génocides précédents, celui des Tutsis a commencé par une phase de stigmatisation de la population, s’est poursuivi par la persécution qui allait déboucher sur la mise à mort », explique aussi le Mémorial de la Shoah.
Une curieuse impunité
Le plus curieux dans cette affaire, c’est l’impunité dont a bénéficié le colonel Ntiwiragabo. Il a pu en toute tranquillité devenir l’une des figures publiques des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le mouvement armé créé par des cadres du régime génocidaire exilés dans l’est de la RD-Congo, dont l’objectif est de reprendre le pouvoir à Kigali. Ce groupe, toujours violemment actif, est inscrit sur la liste des sanctions de l’ONU.
En France, Aloys Ntiwiragabo n’a jamais vraiment été inquiété alors qu’il n’est pas autorisé à y séjourner. Son visa lui a été refusé en 2011, une décision confirmée en 2014 en raison de ses anciennes responsabilités au Rwanda pendant le génocide. Et il a été débouté de sa demande d’asile en août 2020 par l’Ofpra, puis en appel en septembre 2021, car il existe « des raisons sérieuses de penser » qu’il « s’est rendu coupable d’entente en vue de planifier le génocide et rendu complice de la commission d’actes de génocide ». « Je l’ai retrouvé à la messe à l’église Saint-André de Fleury-les-Aubrais, dans la banlieue d’Orléans où il habitait depuis des années en toute impunité », se souvient le journaliste Théo Englebert.
La France terre d’accueil
Son cas n’est pas isolé en France. « Notre pays est un refuge et une base arrière pour les responsables du régime génocidaire », assurait en 2021 à La Croix Dafroza Gauthier, cofondatrice avec son époux Alain, du CPCR. En témoigne l’arrestation à Asnières, en juin 2020, de Félicien Kabuga, le financier du génocide. L’ancien ministre des services publics et de l’énergie du gouvernement génocidaire et l’un des fondateurs des FDLR, Hyacinthe Nsengiyumva Rafiki, « habite à Créteil depuis le 6 juin 2012 », confie Dafroza Gauthier.
À Paris vit Callixte Mbarushimana, soupçonné d’avoir participé au génocide alors qu’il était un agent de l’ONU, avant de devenir secrétaire exécutif des FDLR. Arrêté le 3 octobre 2010 pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » commis par les FDLR dans le Kivu en 2009, il a été transféré à La Haye le 25 janvier 2011, et libéré fin 2011. « La présidente de la Chambre avait regretté que le procureur ait si mal ficelé son dossier contre lui », se souvient le Britannique Charles Petrie, l’un de ses anciens collègues à Kigali en 1994, qui lui a consacré un livre, The Triumph of Evil en 2021 (non traduit en français).
Le cas d’Agathe Habyarimana, l’épouse du président rwandais décédé dans l’attentat contre son avion qui avait marqué le début du génocide contre les Tutsis, exfiltrée de Kigali par François Mitterrand en avril 1994, est sans doute le plus troublant. Si la justice française ne s’est toujours pas prononcée sur son rôle au Rwanda, le rapport des historiens sur la France au Rwanda remis à Emmanuel Macron le 26 mars 2021 établit qu’elle était bien le « véritable cerveau » de l’Akazu, cette structure composée d’extrémistes hutus, soupçonnée d’avoir pensé et préparé le génocide contre les Tutsis dès 1991. Elle habite en toute liberté depuis des années dans un pavillon à Courcouronnes, au sud de Paris.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles
Suivre le flux RSS des commentaires