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    Mercredi 29 août 2018, l’Allemagne remet à une délégation namibienne les ossements des victimes du génocide que le pays a perpétré il y a plus d’un siècle.Une cérémonie a été organisée à l’Église protestante de Berlin, mais elle peine à faire oublier l’absence d’excuses officielles de la part des autorités allemandes, demandées par les descendants de victimes héréros et namas.

    À Berlin, les ossements de victimes des tribus héréros et namas, massacrées par les forces coloniales allemandes dans ce que les historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle, sont remis symboliquement à la Namibie ce mercredi 29 août 2018.

    Dix-neuf crânes, des os et un scalp, c’est ce que la délégation namibienne, conduite par la ministre de la culture, Katrina Hanse-Himarwa, a reçu de la part des autorités allemandes lors d’une cérémonie de réconciliation. Les ossements appartiennent à des Héréros et des Namas, peuples présents en Namibie mais aussi au Botswana, qui ont subi de plein fouet la violence coloniale.

     

     

    Ces restes humains avaient été pris par les Allemands, qui ont occupé la Namibie de 1884 à 1915, et ils ont servi à établir des théories raciales pseudoscientifiques. Entre 1904 et 1908, l’Allemagne a massacré 50 % de la tribu nama, soit 10 000 personnes, et pas moins de 60 000 Héréros, donc 80 % de la tribu, dans son ancienne colonie namibienne. Les Héréros, qui constituaient 40 % de la population namibienne au début du siècle, ne sont plus aujourd’hui que 7 %.

    Un lieu pas commun

    Le lieu de la cérémonie même pose question, puisqu’elle se déroule dans un temple protestant berlinois, le Französischer Dom. L’historien Christian Kopp, de l’association allemande « Pas de prescription pour les génocides », a estimé dans un entretien à l’AFP que cet événement aurait dû se tenir « à la chambre des députés et être accompagné d’excuses officielles ».

    « L’Église protestante en Allemagne et en Namibie a œuvré pour la cérémonie et les invitations. Elle a toujours eu une influence dans les affaires liées au tiers-monde, analyse Jakob Vogel, historien allemand et chercheur à Sciences-Po. On retrouve ici les anciens liens entre missionnaires religieux et politiques coloniales. »

    Absences d’excuses officielles et de réparations financières

    Cette cérémonie symbolique, un pas de plus vers une réconciliation germano-namibienne, laisse cependant un goût amer aux descendants de victimes namibiennes et à la délégation présente sur place. Celle-ci juge l’initiative insuffisante et demande des excuses officielles de la part du gouvernement allemand depuis des années.

    Utjiua Muinjangue, présidente de la fondation Ova Herero Genocide, espérait que cette restitution soit l’occasion pour le pays de présenter officiellement des excuses, à même de « guérir les blessures émotionnelles ». Mais ces dernières ne sont pas au rendez-vous en Allemagne. Le ministère des affaires étrangères allemand n’a reconnu que récemment, le 10 juillet 2015 que l’extermination en Namibie était un « un crime de guerre et un génocide ». Les Namibiens revendiquent par ailleurs des réparations financières.

    Selon Jakob Vogel, un effort a tout de même été fait depuis octobre 2011, dernière date à laquelle des crânes avaient été restitués. « En 2011, rien n’avait été organisé lors de la remise des crânes et cela avait réellement été vécu comme une insulte. La cérémonie religieuse d’aujourd’hui est aussi une manière de se faire pardonner. »


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  • La mer Caspienne dotée désormais d'un statut

    Le document signé dimanche 12 août 2018 devrait apaiser les tensions entre les pays ayant en partage cette mer d'Asie qui recèle d'importants gisements d'hydrocarbures.

    Les responsables des cinq pays bordant la mer Caspienne ont signé dimanche au Kazakhstan une convention définissant le statut légal de cette mer stratégique. Elle recèle d'importants gisements d'hydrocarbures.

    Réunis dans le port kazakh d'Aktaou, les responsables de Russie, d'Iran, du Kazakhstan, d'Azerbaïdjan et du Turkménistan ont paraphé ce document. Il donne à la mer Caspienne un statut dont elle était privée depuis la dissolution de l'Union soviétique. «Nous pouvons dire qu'un consensus sur le statut de la mer a été difficile à atteindre et qu'il a pris du temps, les pourparlers se sont échelonnés sur 20 ans et ont nécessité des efforts importants et conjoints des parties impliquées», a dit l'hôte de la cérémonie, le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev.

    Le président russe Vladimir Poutine, puissance favorable à cet accord, a évoqué une convention dont la «signification fera époque». Il a plaidé pour une plus grande coopération militaire pour les pays de la mer Caspienne.

    Le 12 août «Journée de la mer Caspienne»

    L'accord devrait aider à apaiser les tensions existant de longue date dans la région, qui recèle de vastes réserves d'hydrocarbures. Celles-ci sont estimées à près de 50 milliards de barils de pétrole et près de 300'000 milliards de m3 de gaz naturel.

    Selon le Kremlin, l'accord préserve la plus grande partie de la Caspienne en tant que zone partagée. Mais elle partage les fonds marins et les ressources sous-marines entre les cinq pays.

    Selon le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine, la Caspienne bénéficiera d'un «statut légal spécial»: ni mer, ni lac, qui ont tous deux leur propre législation en droit international.

    Le sommet de dimanche à Aktaou au Kazakhstan est le cinquième du genre depuis 2002. Plus de 50 réunions ministérielles et techniques se sont tenus depuis la dissolution de l'URSS, qui a placé quatre nouveaux pays sur les rives de la Caspienne. Si cet accord va «étendre les possibilités de coopération» entre les cinq Etats bordant la Caspienne, certains pays risquent d'en sortir davantage gagnants que d'autres, selon Ilham Shaban, président du groupe de réflexion Caspian Barrel.

    Le Turkménistan, un des pays les plus fermés de la planète, a ainsi proclamé le 12 août «Journée de la mer Caspienne» en l'honneur du futur accord, affichant ainsi son enthousiasme.


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