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    Parmi les enseignements tirés du conflit (artillerie, drones, effet de masse…), peu s’attardent sur l’organisation des armées. Or, c’est un point qui explique, aussi, la relative bonne résistance ukrainienne face à l’armada russe, même si désinformation oblige, on est assez mal renseigné sur ce qu'il se passe sur le terrain.

     

    Une logistique largement décentralisée

    Pour autant qu’on puisse le savoir, le fonctionnement des forces ukrainiennes est plutôt décentralisé. La logistique d’une unité des forces armées ukrainiennes est en partie assurée sur le terrain par les gouverneurs de province (ou les municipalités). Ce sont eux qui fournissent la logistique “vie” nécessaire : hébergement, nourriture, jusqu’aux services de soins. Cela permet à l’armée d’avoir un fonctionnement central plutôt léger, concentré sur le commandement opérationnel. À l’inverse du dispositif russe, plus lourd, moins mobile, plus centralisé.

    Une logique de mouvement partisan

    L’ organisation ukrainienne associe d’un côté une logique d’armée centralisée, avec un commandement du haut vers le bas, et une logique de la guerre de partisans issue de la Seconde guerre mondiale, avec une large autonomie des forces sur place. Une tactique qui est aussi issue d’une histoire plus récente. Au début de la guerre en 2014, l’inorganisation de l’armée ukrainienne face aux troupes séparatistes et russes aboutit à la création de bataillons de volontaires. Des bataillons — soutenus par la population qui les ravitaillait, leur envoyait des vêtements, ou leur achetait des équipements (1).

    Une maintenance et technologie confiée aux civils

    Idem du côté de la maintenance ou de l’innovation technologique. On fait appel aux structures civiles. Des centaines d’ateliers se sont développés dans tout le pays pour transformer les drones avec l’aide de volontaires (2). L’entretien primaire des canons Caesar français — ce que les militaires appellent le « MCO terrain » — est ainsi assuré par des entreprises agricoles. « Car quand on fait de l’hydraulique agricole, on peut faire de la maintenance Caesar » comme le confirme à B2 un responsable militaire français.

    Du renseignement humain puisé dans la population

    Quant au renseignement, s’il dispose de capteurs modernes type drones, du renseignement satellite et de l’analyse fournis par les Alliés de l’OTAN, il puise aussi ses ressorts dans un système à l’ancienne : le réseau des “babas”, ces grands-mères ou papis inoffensifs, qui peuvent renseigner l’armée ukrainienne sur tous les mouvements. Une technique héritée là encore de l’histoire de l’Ukraine.

    Assez peu mis en valeur

    Tous ces enseignements ne se trouvent souvent peu mis en avant par les états-majors, du moins publiquement. Le récent rapport du Sénat français sur les enseignements à tirer du conflit en Ukraine (3), en témoigne. Documenté, mais décevant dans son approche, il concentre son analyse sur quelques points assez conformistes : la haute intensité, l’effet de masse, la dissuasion nucléaire, les drones, etc. Un point de vue davantage destiné semble-t-il à justifier des inflexions déjà prises dans les états-majors qu’à vraiment envisager l’avenir.

     

    1. Alain Guillemoles, « Ukraine, réveil d’une Nation », éditions les Petits matins, février 2015, p. 107.
    2. Boris Mabillard, « Avec les dronistes de l’unité d’élite Skala », Le Point, 16 février 2023. (vidéo)
    3. « Ukraine : un an de guerre. Quels enseignements pour la France », 8 février 2023, Cédric Perrin et Jean-Marc Todeschini (Ce dernier ayant décidé de se retirer du rapport, en désaccord avec son corapporteur).

     


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  • Conférence sur les armes biologiques

    Malgré certaines tensions géopolitiques actuelles, le multilatéralisme et la diplomatie sont essentiels pour faire avancer des dossiers mondiaux, a estimé une responsable onusienne à l’ouverture à Genève de la neuvième conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques.

    « Les 50 ans d’histoire de la Convention démontrent que même en période de défis géopolitiques, les États parties peuvent coopérer et des progrès significatifs peuvent être réalisés », a déclaré Izumi Nakamitsu, Haute Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, relevant que malgré les défis actuels, elle continue de croire que cette conférence d’examen offre la meilleure chance de réaliser des progrès substantiels et significatifs.

    Selon la diplomate onusienne, les tensions croissantes dans le monde provoquent une crise géopolitique qui met le désarmement multilatéral à rude épreuve.

    « Les processus multilatéraux ont été bloqués ou réduits », a rappelé Mme Nakamitsu, exhortant la communauté internationale à « rester vigilante ». D’autant que « nous avons vu les normes contre d’autres armes précédemment interdites s’éroder ces dernières années ».

    « Aucun pays ne professe aujourd’hui le désir d’acquérir des armes biologiques »

    « Heureusement, aucun pays ne professe aujourd’hui le désir d’acquérir des armes biologiques, ni le besoin de telles armes pour des raisons de sécurité nationale », a insisté la Haute Représentante de l’ONU.  Mais pour faire de ce rendez-vous de Genève un succès, il faudra aller au-delà du statu quo qui prévaut depuis de nombreuses années.

    Pour Mme Nakamitsu, toutes les délégations doivent faire « preuve de souplesse à l’égard des positions défendues de longue date, d’un engagement renouvelé et de négociations honnêtes et de bonne foi ». Et il faudra que toutes les parties écoutent, fassent des compromis et gardent en permanence à l’esprit l’objectif principal, à savoir, « empêcher l’exploitation hostile de la biologie ».

    La neuvième conférence d’examen de la convention sur les armes biologiques a débuté ce lundi à Genève après avoir été retardée d’un an par la pandémie de Covid-19. Six ans après la dernière conférence, les travaux pourrait porter sur la manière de moderniser le traité.

    Il s’agit ainsi de suivre l’évolution rapide de la science, qui peut offrir des possibilités intéressantes dans le domaine de la santé et des vaccins, par exemple, mais aussi des risques en ce qui concerne les armes biologiques.

    D’autres questions clés comprennent les développements récents dans le domaine de la science et de la technologie qui peuvent avoir un impact sérieux sur la mise en œuvre future de la Convention.

    Aucun sujet ne doit être écarté

    Sous la présidence italienne, la conférence pourrait également se pencher sur l’examen des allégations de la Russie concernant le développement et la production d’armes biologiques en Ukraine. Et pour l’ONU, cette conférence d’examen représente donc une occasion cruciale pour les États de s’unir pour renforcer cette convention vitale.

    Pour la Haute Représentante des Nations Unies pour les affaires de désarmement, aucun sujet ne doit être écarté dans la quête de renforcement de la Convention. Les États parties pourraient envisager une série d’options différentes.

    Dans ces conditions, les États devraient « opérationnaliser » la Convention en donnant corps à ses dispositions visant à soutenir la coopération scientifique pacifique, à renforcer la transparence de la recherche et à promouvoir les applications bénéfiques des technologies émergentes.

    Il s’agit aussi pour les États d’étudier comment vérifier le respect des obligations de la Convention. Cette question a été examinée pour la dernière fois il y a plus de 20 ans, et beaucoup de choses ont changé depuis, tant les menaces auxquelles nous sommes confrontés que les technologies permettant de vérifier le respect des règles.

    « Nous devons faire appel à la prochaine génération de professionnels de la biosécurité pour trouver des idées novatrices sur la façon de tirer parti des outils de la science moderne pour élaborer un protocole de vérification politiquement acceptable », a fait valoir Mme Nakamitsu.

     


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  • Le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) entrera en vigueur en 2021,

    Cette sculpture "Le Bien défait le Mal", installée au siège de l’ONU, représente St. George terrassant le dragon. Le dragon a été créé à partir de fragments de missiles nucléaires soviétiques SS-20 et américains Pershing qui ont été détruits en vertu du traité FNI.

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    Avec une cinquantième ratification, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) vient de franchir une nouvelle étape permettant son entrée en vigueur en 2021.

    « Aujourd'hui, les conditions de l'entrée en vigueur du Traité sur l'interdiction des armes nucléaires sont réunies suite au dépôt auprès du Secrétaire général du 50e instrument de ratification ou d'adhésion au traité. Conformément à son article 15, paragraphe 1, le Traité entrera en vigueur le 22 janvier 2021 », a annoncé le porte-parole du Secrétaire général dans une déclaration publiée dimanche 25 octobre 2020.  

    « Le Secrétaire général se réjouit de pouvoir remplir les fonctions qui lui sont assignées par le traité », ajoute la déclaration. 

    L’objectif de créer un instrument juridiquement contraignant d’interdiction des armes nucléaires conduisant à leur élimination totale a été voté à l’ONU par les Etats lors de l’Assemblée générale de décembre 2016. Une majorité s’est alors exprimée en faveur de la négociation d’un tel instrument. Les négociations se sont déroulées au printemps et à l’été 2017.

    Par une nouvelle écrasante majorité (122 pour, un contre, une abstention), le 7 juillet 2017, le traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) est adopté et ouvert le 20 septembre 2017 à la signature.

    Ce 24 octobre 2020, le Honduras – après les ratifications de la Jamaïque et de Nauru la veille – a permis d’atteindre le seuil minimal des cinquante ratifications permettant son entrée en vigueur, comme le stipule son article 15, « 90 jours après ». Ainsi, le 22 janvier 2021, nous entamerons une nouvelle décennie où les armes nucléaires seront illégales au regard du droit international.

    Né d’une mobilisation mondiale d’ONG, le TIAN a été adopté, le 7 juillet 2017, par 122 pays sur 192. Il n’aura, dans l’immédiat, de force que symbolique, car aucun des Etats nucléaires (avec leurs alliés) ne le soutient, qu’ils soient juridiquement dotés de l’arme atomique au sens du traité sur la non-prolifération (TNP) de 1970 (Etats-Unis, Royaume-Uni, Russie, France, Chine), qu’ils en soient possesseurs reconnus (Inde, Pakistan, Corée du Nord) ou non (Israël).

    En trois ans — et malgré la crise du Covid-19 —, le nombre d’Etats qui a signé et ratifié cette nouvelle norme internationale n’a cessé d’augmenter, pour rassembler contre les armes nucléaires des anciennes puissances nucléaires (Afrique du Sud et Kazakhstan), des Etats à la diplomatie très active (Brésil, Costa Rica, Nouvelle-Zélande, Mexique, Malaisie…), des Etats européens (Autriche, Irlande, Malte, Liechtenstein), des Etats densément peuplés (Bangladesh, Nigeria, Thaïlande, Vietnam…), des Etats insulaires (Sainte-Lucie, Tuvalu…), des Etats tout simplement engagés dans la protection de leur société (Uruguay, Namibie, Gambie, Indonésie…) et même un Etat (Saint-Siège) dont l’autorité religieuse s’exerce sur des centaines de millions de personnes…

    Selon le droit international, l'entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires le 22 janvier 2021 va rendre les armes nucléaires illégales. Le Secrétaire général des Nations unies s'en est félicité , de même que la campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), prix Nobel de la paix en 2017.

    Le TIAN interdit, dans son article 1, l’utilisation, le développement, la production, les essais, le stationnement, le stockage et la menace d’utilisation des armes nucléaires(nouvelle fenêtre). L'article 4 fixe comme objectif l'élimination complète des armes nucléaires. Les États adhérant au traité désignent une ou des autorités internationales compétentes pour négocier et vérifier l’abandon irréversible des programmes d’armement nucléaire, y compris l’élimination ou la reconversion irréversible de toutes les installations liées aux armes nucléaires. L'article 9 prévoit que les coûts associés à la mise en œuvre des mesures de vérification et à la destruction des armes nucléaires "devraient être pris en charge par les États Parties auxquels ils sont imputables".

    La stratégie de défense et de dissuasion traditionnelle de la France a été réaffirmée par le président de la République le 7 février 2020. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et en tant qu'État doté d’armes nucléaires, la France estime avoir des responsabilités particulières pour la préservation et le renforcement de la paix et de la sécurité internationales. Elle souligne que, si le désarmement a pour fin la sécurité collective, "il ne saurait se faire sans la prise en compte des intérêts de sécurité de ceux qui le mettent effectivement en œuvre. Et c'est particulièrement vrai s'agissant du désarmement nucléaire qui se construit peu à peu sur la base du principe de sécurité non diminuée pour tous."

    Les raisons pour lesquelles la France n'adhère pas au TIAN  sont au nombre de trois : 

    • Le TIAN est un texte jugé "inadapté" au contexte sécuritaire international marqué par la résurgence des menaces d’emploi de la force ;
    • Le TIAN s’adresse exclusivement aux démocraties occidentales et "ne servira donc pas la cause du désarmement, puisqu’aucun État disposant de l’arme nucléaire ne le signera" ;
    • Le TIAN "fragilise une approche réaliste d’un désarmement s’effectuant étape par étape."

     

     


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  • "Protection des civils dans les guerres urbaines"

    Les conflits armés se livrent de plus en plus en zones peuplées. Selon «Action on Armed Violence», 20 384 civils ont été directement tués ou blessés par des armes explosives dans des zones peuplées en 2018. Lorsque des armes explosives sont utilisées dans des zones peuplées, 90% des victimes étaient des civils.

    Au-delà des morts et des blessés immédiats, l'utilisation d'armes explosives dans des zones peuplées entraîne la destruction d'infrastructures essentielles telles que des maisons, des hôpitaux, des écoles, des systèmes d'approvisionnement en eau et en électricité, et constitue un facteur clé des déplacements de population par-delà et à l'intérieur des frontières.

    La protection des civils contre l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées peut être considérablement renforcée. Le Comité international de la Croix-Rouge et le Secrétaire général des Nations Unies ont indépendamment appelé les parties aux conflits armés à éviter l'utilisation, dans les zones peuplées, d'armes explosives ayant un impact important sur la région.

    Alors que le droit international en vigueur fournit une base solide pour la protection des civils contre les dommages causés par les armes explosives dans les zones peuplées, un nombre croissant de gouvernements se sont déclarés préoccupés par la nécessité de renforcer cette protection et de renforcer l'application du droit international humanitaire. L’amélioration des politiques et des pratiques des parties utilisant des armes explosives contribuerait à prévenir ou à réduire au minimum les dommages causés aux civils.

    Le Secrétaire général de l'ONU a appelé les États à s'engager de manière constructive dans les efforts visant à élaborer une déclaration politique pour lutter contre les dommages causés par l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées.

    La Conférence de Vienne a favorisé une compréhension commune en examinant les différentes formes de dommages causés par l'utilisation d'armes explosives dans des zones peuplées, le contexte juridique et de bons exemples de pratiques militaires. En outre, la Conférence de Vienne a offert un espace pour un échange de vues sur des questions pertinentes concernant la proposition du Secrétaire général d’élaborer une déclaration politique.

    La Conférence de Vienne, qui s’est tenue les 1er et 2 octobre, a réuni des délégations de 133 États pour lutter contre l’utilisation des armes explosives dans les zones peuplées.

    La majorité  d’entre eux ont déclaré être prêts à travailler à une déclaration politique visant à mettre fin aux souffrances humaines causées par l'utilisation des armes explosives dans les zones peuplées. Les discussions qui se tiendront pendant six mois seront décisives pour protéger des millions de civils vivant dans les zones de guerre.

    Les États ont répondu à l'invitation de l'Autriche pour entendre les souffrances humaines causées aux civils par les bombardements dans les zones urbaines et pour discuter des aspects techniques, juridiques et militaires des guerres urbaines.

    La prochaine phase de négociations, qui débutera par une première réunion le 18 novembre à Genève, devrait s'achever par une conférence prévue début 2020 à Dublin, au cours de laquelle une déclaration politique devrait être ouverte à signature.

    voir ici

     


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  • Le QG onusien, à New York (ici), accueille lundi le lancement de la discussion sur l'abandon de l'arme nucléaire.

    Comme décidé en octobre, des négociations inédites sur l'interdiction de l'arme nucléaire s' ouvrent aujourd'hui à l'ONU.

    Plus de 100 pays lancent lundi à l'ONU des négociations inédites sur un traité interdisant les armes nucléaires, convaincus qu'il réduirait le risque d'une guerre atomique malgré les objections des grandes puissances.

    Le lancement de ces négociations sur un texte légalement contraignant a été décidé en octobre, avec le soutien de 123 pays membres des Nations unies.

    La plupart des puissances nucléaires, déclarées ou non, avaient néanmoins soit voté contre ces négociations (Etats-Unis, France, Israël, Royaume-Uni, Russie), soit s'étaient abstenues (Chine, Inde, Pakistan). Même le Japon, seul pays à avoir subi, en 1945, des attaques atomiques, a voté non, inquiet de voir l'absence de consensus sur ces négociations «saper les avancées sur un désarmement nucléaire effectif».

    Mais l'opposition de ces pays n'a pas dissuadé les nations en pointe sur ce dossier - comme l'Autriche, l'Irlande, le Mexique, le Brésil, l'Afrique du Sud ou la Suède - ni les centaines d'ONG engagées à leurs côtés.

    Nombreux foyers

    Face à la multiplication des foyers de tensions, aux menaces de la Corée du Nord, et à une nouvelle administration américaine jugée imprévisible, ils ont décidé de prendre les devants, inspirés par les mouvements qui ont mené aux conventions internationales interdisant les armes à sous-munitions (signée en 2008) ou les mines anti-personnel (1997).

    «Cela va prendre du temps, ne soyons pas naïfs», déclarait la semaine dernière à l'ONU la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström. «Mais c'est très important, surtout en ce moment, quand on assiste à toutes sortes de discours ou de démonstrations de force incluant la menace d'utiliser l'arme nucléaire», a-t-elle souligné.

    «Beaucoup de pays disent que nous devons sortir de l'impasse sur cette question depuis des années. C'est aussi l'expression d'une frustration».

    «Jamais le bon moment»

    Car aucune avancée n'a été enregistrée ces dernières années en matière de désarmement nucléaire, malgré les engagements pris par les grandes puissances dans le cadre du Traité sur la non-prolifération (TNP), déplore Beatrice Fihn, directrice de l'Ican (International campaign to abolish nuclear weapons), une coalition internationale d'ONG mobilisées sur ce dossier.

    «Il y a eu beaucoup d'efforts à la fin de la Guerre froide, et puis ça s'est arrêté (...) L'administration Obama a déçu, elle avait fait des promesses mais ne les a pas tenues. Maintenant les craintes sont exacerbées avec le nouveau président» Donald Trump, dit-elle.

    Forte de l'expérience sur les armes à sous-munitions ou les mines anti-personnel, Beatrice Fihn estime qu'il y a de «bonnes chances» qu'un traité soit adopté, si ce n'est dès la première phase de négociations qui se terminera le 7 juillet, au moins d'«ici deux ans».

    De l'avant

    Peu importe que les puissances nucléaires boudent les débats, dit-elle, l'adoption d'un tel traité les obligera tôt ou tard à revoir leur politique, même si elles sont engagées aujourd'hui dans la modernisation de leur armement nucléaire.

    «Même si les principaux fabricants (d'armes nucléaires, ndlr) ne signent pas, ces traités ont un gros impact», dit-elle. «Prenez la Russie: pourquoi dément-elle utiliser des armes à sous-munitions en Syrie? Elle n'est pourtant pas signataire du traité interdisant ces armes, mais elle sait que ce n'est pas bien.»

    Aucune grande puissance n'a fait de commentaires à l'approche de ces négociations, même si l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, devait faire une déclaration en marge de leur ouverture lundi matin à New York.

    Les représentants des Etats-Unis et de la France avaient néanmoins expliqué en octobre leur opposition par la nécessité, en matière de désarmement, de «procéder par étapes», sans chambouler l'équilibre stratégique actuel ou mettre en péril la dissuasion. «C'est comme les grands fumeurs, ce n'est jamais le bon moment pour arrêter», juge Beatrice Fihn. «Mais la tendance est là: dans ce monde multipolaire, beaucoup de pays pensent qu'ils n'ont pas besoin d'attendre les grandes puissances pour agir».

     


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    Les discussions, préparées à Genève, pour un traité d'interdiction des armes nucléaires se sont ouvertes lundi 20 mars 2017 à New York sans les puissances nucléaires.

    Selon des experts, le traité pour abolir les armes nucléaires semble probable, mais il faudra des décennies pour éliminer tout cet armement.

    «Même si tous les Etats nucléaires rejoignaient d'ici trois ans un traité, il faudrait 30 à 50 ans pour détruire les armes», a dit à l'ats le directeur général de la Plateforme du désarmement de Genève (GDP) Richard Lennane. Impliqué dans une ONG depuis plusieurs années pour obtenir ces négociations, il estime la possibilité d'un traité «très probable».

    Jamais un accord de ce type sur les armes nucléaires n'a été négocié, dit-il. Cette approche humanitaire portée par les pays en développement met l'ensemble des Etats, potentiellement victimes, au centre et non les seules puissances nucléaires, une première.

    Une résolution de l'Assemblée générale à New York a été votée en décembre dernier après plusieurs réunions préparatoires en 2016 à Genève. Et après le refus de la Conférence du désarmement, également à Genève, de négocier sur cette question.

    Etats nucléaires inquiets

    Des Etats estiment que le Traité de non-prolifération (TNP) suffit. Adopté en 1968, il régit actuellement toutes les questions nucléaires et interdit ces armes à ceux qui n'en disposent pas. Problème, parmi les pays qui défendent le maintien de cette approche figurent les puissances nucléaires qui vont boycotter les négociations de New York.

    Cinq parmi elles justifient leur appareil nucléaire par sa légitimité reconnue par le TNP, souligne le chercheur au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) Marc Finaud. Un traité d'interdiction doit permettre de «délégitimer» ce droit.

    Comme pour les armes à sous-munitions ou les mines antipersonnel, «la seule solution est une interdiction», estime M. Finaud. «On a vu qu'on ne pouvait pas réglementer».

    Le processus est considéré comme sérieux par les puissances nucléaires. Elles ont tenté avec leurs alliés d'empêcher les négociations, ce qui montre que la discussion est «crédible» et que le traité «aurait un effet significatif», dit M. Lennane.

    Abstention suisse

    La Russie a dit tout le mal qu'elle en pensait devant la Conférence du désarmement. La Corée du Nord est la seule à avoir été favorable au processus. La Chine, l'Inde et le Pakistan se sont abstenus au moment du vote, mais les deux premiers pourraient participer.

    Ce scénario «rendrait difficile pour les autres Etats nucléaires de continuer à défendre leur boycott», explique M. Lennane. Leur participation affaiblirait aussi la position des pays protégés par un Etat nucléaire ou de ceux qui se sont abstenus, comme la Suisse. M. Lennane est persuadé que le traité deviendra à long terme «le nouveau TNP». Comme pour la Convention d'interdiction des mines antipersonnel, les deux spécialistes s'attendent à ce que des Etats comme les Etats-Unis s'engagent conformément à l'accord sans pour autant l'adopter.

    Plus largement, selon M. Lennane, aucune avancée sur les différents types d'armes ne peut plus se faire à la Conférence du désarmement. L'investissement devrait être utilisé pour d'autres plates-formes.

    OTAN fortement préoccupée

    Derrière les négociations de New York, de nombreuses questions se posent, dont le coût d'un désarmement nucléaire impossible à évaluer. Celle du délai d'application aussi. Pour les armes chimiques, il a par exemple été repoussé à plusieurs reprises et cible désormais 2020, 23 ans après l'entrée en vigueur du traité.

    Mais surtout, l'impact d'un accord sur les alliances militaires reste incertain. De passage à Genève, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg aurait vigoureusement rejeté une mesure qui mettrait en péril selon lui l'organisation. Selon M. Finaud, des précédents montrent que de tels accords ne sont pas incompatibles avec une alliance.

    Certes, cinq pays européens devraient demander aux Etats-Unis de retirer leurs armes nucléaires de leur territoire, dit-il. Pour le reste, les membres de l'OTAN s'engageraient seulement à ne pas être impliqués dans une offensive conjointe avec des Etats nucléaires qui pourraient utiliser la menace de recourir à cet armement.

    Le traité devra par ailleurs interdire la production de matières fissiles pour des armes nucléaires, selon M. Finaud. Et viser les missiles, des avions ou des sous-marins qui véhiculent cet armement.


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    Un rapport sur les armes explosives en zone peuplée a été publié ce lundi 6 février 2017 à Genève. Leur usage s'est multiplié dans les conflits ces dernière années.

    L'usage d'armes explosives en zone peuplée a augmenté largement ces dernières années, notamment en Syrie, tuant ou blessant plus de 33'000 personnes en 2015. Le degré de précision de ces engins peut être «imprévisible», conclut une étude présentée lundi à Genève.

    Deux années de recherches

    Il diffère «de manière significative» selon le système d'armes, indique le rapport du Centre international de déminage humanitaire de Genève (GICHD), publié après deux ans de travaux. Le document établi par 18 spécialistes internationaux décortique les effets des mortiers aux canons d'artillerie en passant par des canons de char, des lance-roquettes ou des bombes larguées par des avions.

    Des facteurs comme la fabrication de l'arme, le niveau de la formation de l'opérateur, l'alignement, le contrôle de la qualité des munitions, la maintenance de l'arme ou l'expérience du tireur entrent en ligne de compte.

    Un lance-roquette multi-canons non guidé de 122 mm à portée maximale peut avoir un impact humain et sur les infrastructures sur près de 20 hectares au moins. Une bombe aérienne guidée peut aussi provoquer des dégâts sur une zone importante malgré sa précision.

    Plus de décès avec les mortiers et l'artillerie

    Les mortiers et les canons d'artillerie sont eux peu adaptés aux zones peuplées où leur efficacité sur des cibles petites et mouvantes est limitée. Comme la plupart des autres systèmes d'armes indirects.

    Ces armes provoquent deux fois plus de victimes que les bombes ou les lance-roquettes qui ont pourtant un impact sur un territoire plus large. Les canons de char sont responsables de moins de décès.

    Parmi les effets des armes explosives, figurent le souffle, la chaleur et la fragmentation de la munition. S'ajoutent également les fragmentations secondaires et débris provoqués par l'impact. Les bâtiments peuvent atténuer ou renforcer ces conséquences et une salve de munitions peut combiner plusieurs effets.

    Par ailleurs, le risque de décès augmente lorsque les individus tentent de s'abriter à l'intérieur de maisons, de voitures ou d'autres sites fermés. La pression du souffle peut provoquer aussi de nombreux désagréments pour la santé des habitants.

    Explosion aérienne visée

    En revanche, une recherche plus approfondie doit être menée sur les conséquences en fonction de la structure et du matériel des bâtiments. Des différences sont observées dans plusieurs régions.

    Le rapport explique aussi que toutes les forces armées ne disposent pas des instruments pour évaluer les effets de l'utilisation d'armes explosives. Une analyse de la cible ou des vulnérabilités de l'environnement à proximité doivent notamment permettre de réduire l'impact et de choisir l'arme qui colle le plus à la situation.

    Des ajustements sont possibles mais ils sont limités par les différents types d'armes. Ils sont même parfois utilisés pour renforcer le souffle et la fragmentation. Une explosion aérienne d'une arme de ce type peut aussi augmenter son effet jusqu'à 100%. Et tuer davantage d'habitants.

    Un nouvel acteur dans le désarmement à Genève

    Arrivé en début d'année
    Les organisations actives sur le désarmement à Genève se sont étoffées d'une nouvelle entité. La Plateforme du désarmement de Genève (GDG) est entièrement opérationnelle depuis janvier dernier.

    Favoriser le dialogue
    Cette ONG souhaite réunir tous les acteurs dans ce domaine pour faciliter la collaboration entre eux. Elle veut provoquer la discussion sur les nouvelles thématiques et, de manière moins politisée et plus informelle, sur les questions difficiles. Et favoriser aussi le dialogue avec les institutions qui n'oeuvrent pas sur le désarmement.


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    Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 17 novembre 2016 qu'ils allaient proposer au Conseil de sécurité d'imposer un embargo sur les armes au Soudan du Sud pour empêcher des «atrocités de masse» mais la Russie a rejeté l'idée et la Chine s'est montrée réticente.

    Ces deux pays pourraient utiliser leur droit de veto pour bloquer l'initiative américaine, soutenue par le Royaume-Uni et la France.

    Dans les jours à venir, a indiqué l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Samantha Power, «les Etats-Unis vont soumettre une proposition pour imposer un embargo sur les armes au Soudan du Sud ainsi que des sanctions ciblées aux individus qui s'opposent le plus à une paix durable», sous forme de gel d'avoirs financiers et d'interdiction de voyager.

    «Le Soudan du Sud est une nation au bord du précipice» après trois années de guerre, a-t-elle affirmé.

    Empêcher un génocide

    Elle a souligné que les 13'000 Casques bleus de la Minuss (mission de l'ONU au Soudan du Sud) n'avaient pas les moyens d'empêcher un génocide, comme l'a reconnu le secrétaire général Ban Ki-moon dans son dernier rapport.

    De plus, le gouvernement sud-soudanais «s'oppose au déploiement» d'une force africaine de protection de 4000 hommes qui pourrait les épauler.

    «Tous ces ingrédients créent un climat propice à des atrocités de masse», a-t-elle conclu, en rappelant que l'ONU avait échoué à empêcher des massacres à Srebrenica en Bosnie et au Rwanda. «Personne ne pourra dire que nous n'avons rien vu venir» au Soudan du Sud, a-t-elle ajouté.

    Un embargo «prématuré» selon Moscou

    Le représentant adjoint russe Petr Iliichev a estimé qu'un embargo serait «prématuré». «Cela n'aiderait guère à une solution» du conflit et au contraire «compliquerait les relations» entre l'ONU et Juba.

    Quant à imposer des sanctions ciblées aux dirigeants sud-soudanais, «ce serait le comble de l'irresponsabilité en ce moment», a-t-il affirmé car les discussions avec Juba sur le déploiement de la force de protection régionale «font des progrès».

    Il a aussi fait valoir que l'embargo sur les armes imposé au pays par les Européens «ne marche pas», de l'aveu même des experts de l'ONU, et que les voisins de Juba sont trop divisés pour que des sanctions soient efficaces.

    Son homologue chinois Wu Haito n'a fait aucune allusion à un embargo mais a affirmé que le Conseil devait «se montrer prudent avec les sanctions, pour éviter de compliquer la situation». Mieux vaut «envoyer des signaux plus positifs», a-t-il préconisé.

    L'ambassadeur du Soudan du Sud auprès des Nations unies, Joseph Moum Malok, a, lui, jugé la proposition américaine «totalement inacceptable». Les autorités de Juba font face «à une rébellion armée tentant de renverser le gouvernement» et ne peuvent pas être privées des moyens de se défendre, a-t-il dit.

    Haine ethnique et ciblage des civils

    L'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez a lui aussi jugé que Juba «faisait des progrès» sur la force régionale et qu'il fallait «agir avec prudence».

    Le conseiller spécial de l'ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, à peine rentré d'une visite au Soudan du Sud, a en revanche exhorté les 15 pays du Conseil à «s'unir et à agir» en décrétant un embargo, pour éviter «la prolifération dévastatrice» des armes. «J'ai vu sur place tous les signes qui montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n'est fait pour l'empêcher», a-t-il déclaré.

    Certes, a admis Samantha Power, un embargo ne stoppera pas toutes les armes mais il aura «un impact important» en empêchant les belligérants «d'acquérir des armes lourdes, des avions et des véhicules militaires».

    Embargo pour un an

    Selon le projet de résolution américain, l'embargo serait mis en place pour un an «afin de prévenir la vente, directe et indirecte, ou le transfert vers le Soudan du Sud d'armes de tous types» et d'équipements militaires (véhicules, munitions, etc...).

    Les pays voisins sont invités à inspecter les cargaisons des navires et des avions dont ils soupçonnent qu'ils livrent des armes aux belligérants.

    Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 2,5 millions de déplacés.

    Un accord de paix signé en août 2015 avait fait naître de timides espoirs de pacification. Mais il est moribond depuis les combats de juillet à Juba entre les partisans du président Salva Kiir et de son ex-vice président Riek Machar.


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  • Image prétexte - un combattant du régime de Tripoli - 10 mars 2016

    L'ONU autorise l'Europe à intercepter les bateaux au large de la Libye. Le but: limiter l'apport d'armes à Daech.

    Le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé mardi 14 juin l'opération navale européenne patrouillant au large de la Libye à faire respecter l'embargo sur les armes imposé à ce pays, afin d'aider le gouvernement d'union libyen dans sa lutte contre les djihadistes.

    La résolution, mise au point par Londres et Paris, a été adoptée à l'unanimité des 15 pays membres du Conseil.

    L'ONU étend ainsi, à la demande de l'Union européenne (UE), l'opération navale Sophia. Celle-ci avait pour but initial de contrer les passeurs qui incitent des milliers de migrants à tenter la traversée vers l'Europe au péril de leur vie.

    Cette résolution «reflète le soutien unanime de la communauté internationale au travail de l'UE visant à rendre la Méditerranée plus sûre pour tout le monde, principalement les Libyens», a estimé dans un communiqué la chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini.

    Intercepter

    Désormais, et pendant douze mois, les bâtiments de guerre européens pourront intercepter et «inspecter, sans occasionner de retard indu, en haute mer au large des côtes libyennes, les navires à destination ou en provenance de Libye» qui sont soupçonnés de transporter des armes et équipements militaires.

    La résolution s'appuie sur le chapitre 7 de la charte de l'ONU qui permet l'usage de la force.

    La plupart des armes entrant en Libye ne vont pas au gouvernement légitime -- dont les forces sont engagées dans une offensive contre le groupe Etat islamique (EI) -- mais à son rival ou à divers groupes armés.

    Changer la donne

    Pour l'ambassadeur français François Delattre, qui préside le Conseil en juin, cette résolution «a la potentiel de changer la donne en Libye».

    Elle «donnera enfin les moyens de mieux lutter contre Daech (acronyme arabe du groupe EI) en stoppant le flot d'armes qui nourrit l'instabilité en Libye», a-t-il déclaré à la presse juste avant le vote.

    La résolution «va aussi renforcer le gouvernement d'union nationale et promouvoir l'unité du pays», a-t-il ajouté.

    L'ONU estime que les six millions de Libyens détiennent 20 millions de pièces d'armement de toutes sortes.

    Depuis 2011

    Après la chute du régime de Mouammar Kadhafi et en raison du chaos qui a suivi, l'ONU a imposé en 2011 un embargo. Mais ses experts ont signalé depuis lors de nombreuses livraisons d'armes à des factions libyennes, venant du Soudan, d'Egypte, de Turquie ou des Emirats arabes unis.

    «L'embargo n'est que partiellement efficace», a souligné l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft. «Il est du devoir du Conseil de stopper un tel trafic».

    Pour mener à bien les inspections, les Européens sont autorisés «à prendre toutes les mesures dictées par les circonstances», précise la résolution. Ils pourront notamment détourner le navire suspect de sa route vers un port pour rendre hors d'usage ou détruire les armements saisis.

    Concession

    Avant d'intervenir, ils devront cependant «chercher de bonne foi à obtenir le consentement de l'Etat» dont le navire bat pavillon. Cette mention est une concession à la Russie, qui avait insisté sur ce point en invoquant la souveraineté nationale.

    Renforcer l'embargo aidera le nouveau gouvernement d'union nationale (GNA) libyen à asseoir son autorité.

    D'autant qu'il est prévu des exemptions à l'embargo pour lui permettre d'acquérir certains armements afin de mieux lutter contre le groupe EI.

    Dérogations pour le gouvernement

    La résolution confirme que le GNA peut demander des exemptions, qui devront être étudiées «en toute diligence» par le Comité de l'ONU chargé de gérer l'embargo.

    Les forces soutenant le GNA mènent depuis un mois une offensive contre le fief de l'EI à Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli. Le chef du GNA Fayez al-Sarraj a appelé mardi tous ses concitoyens à soutenir cette offensive.

    Les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont prévu de se réunir le 20 juin à Luxembourg pour prolonger l'opération navale Sophia et élargir son mandat. Les Européens prévoient aussi de former et entraîner les garde-côtes libyens mais peuvent le faire de manière bilatérale sans résolution de l'ONU.


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  • Berne, 20.04.2016 - Le 20 avril 2016, le Conseil fédéral a examiné une cinquantaine de demandes d’entreprises suisses souhaitant exporter du matériel de guerre vers l’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Egypte, les Emirats arabes unis, la Jordanie, le Liban, le Qatar et le Koweït (en particulier dans le contexte du conflit yéménite). Il a rejeté les demandes d’exportation de matériel de guerre présentant de forts risques que le matériel en question soit utilisé, de par ses caractéristiques, dans le conflit au Yémen (p. ex. grenades à main). Les demandes ayant donné lieu à une autorisation concernent pour la plupart du matériel de guerre destiné à la défense antiaérienne, c’est-à-dire du matériel pour lequel il n’y a pas de raison de supposer qu’il soit utilisé dans les hostilités au Yémen.

    Le traitement des demandes d’exportation de matériel de guerre vers des pays participant à la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite au Yémen a pris du retard depuis le 27 mars 2015. Or nous avons aujourd’hui un meilleur aperçu de la situation yéménite, et bon nombre d’affaires ont pris un caractère urgent, ce qui a incité le Conseil fédéral à se pencher sur ces demandes. Il a procédé à cette appréciation en veillant à respecter les principes de la politique étrangère et en tenant compte du risque de diminution substantielle de la capacité industrielle dans des domaines essentiels à la défense nationale.

    Aux yeux du Conseil fédéral, la question du traitement des demandes déposées par les pays participant à l’intervention militaire au Yémen était centrale.

    Le Conseil fédéral a rejeté par principe les demandes portant sur des biens qui, en raison de leurs caractéristiques et de la possibilité de les déplacer facilement, présentent de forts risques d’être utilisés dans le conflit au Yémen. Les demandes rejetées concernent des armes de petit calibre, leurs munitions, leurs pièces de rechange et leurs accessoires ainsi que des grenades à main d’une valeur totale de quelque 3 millions de francs. Certaines d’entre elles portent sur un grand nombre de pièces, par exemple plus de 8000 grenades et 25 000 grenades à main.

    Le Conseil fédéral a par ailleurs rejeté des demandes d’une valeur totale de quelque 16 millions de francs portant sur l’exportation temporaire d’un véhicule de transport de troupes, blindé et non armé, vers le Qatar à des fins de test, sur l’exportation d’une assez grande quantité de poudre propulsive destinée à être transformée par une entreprise des Emirats arabes unis, et sur l’exportation d’une assez grande quantité de munitions de petit calibre également destinées aux Emirats arabes unis.

    Dans le cadre d’une appréciation au cas par cas, le Conseil fédéral a donné son aval aux demandes pour lesquelles il n’y avait pas de raison de supposer que le matériel de guerre à exporter soit utilisé dans les hostilités au Yémen. Il s’agit notamment de matériel conçu pour la défense antiaérienne, destiné à la légitime défense militaire ou à la protection d’infrastructures civiles, par exemple des installations d’approvisionnement en eau. Etant donné la conception et la palette d’utilisation de ces armes, la probabilité qu’elles soient employées à des fins abusives pour commettre des violations graves des droits de l’homme est très faible.

    Concrètement, le Conseil fédéral a autorisé des demandes d’une valeur de quelque 178 millions de francs en vue de la livraison de pièces de rechange et de composants destinés à des système de défense antiaérienne à l’Arabie saoudite, au Bahreïn, à l’Egypte et aux Emirats arabes unis. Ce lot d’autorisations comprend des livraisons à l’Arabie saoudite de pièces de rechange destinées à des systèmes de défense antiaérienne exportés antérieurement ainsi qu’une petite quantité de munitions nécessaires à ces systèmes, pour une valeur totale avoisinant 106 millions de francs.

    Enfin, le Conseil fédéral a autorisé des demandes d’une valeur de quelque 7 millions de francs portant sur le matériel suivant:

    • des pièces de rechange et des groupes d’assemblage pour avions de combat F-5 destinés au Bahreïn ;
    • des pièces de rechange pour obusiers blindés M109 destinées aux Emirats arabes unis ;
    • des armes de petit calibre et leurs accessoires pour des particuliers et des munitions de petit calibre destinées à l’Egypte, aux Emirats arabes unis, à la Jordanie, au Koweït et au Qatar ;
    • le courtage d’armes individuelles provenant des Etats-Unis et destinées à des particuliers aux Emirats arabes unis.

    Les nouvelles demandes d’exportation de matériel de guerre à destination de pays membres de la coalition militaire au Yémen sont examinées au cas par cas par l’administration ou, le cas échéant, par le Conseil fédéral. Celui-ci suivra avec attention l’évolution de la situation dans la région du Golfe.

    Le 20 avril 2016, le Conseil fédéral a également approuvé une demande portant sur l’exportation d’un petit nombre de fusils d’assaut et de pistolets-mitrailleurs destinés à la garde d’un ministre libanais.


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