• Au Kenya, le plus grand camp au monde pourrait fermer

    Au Kenya, le plus grand camp au monde pourrait fermer

    Le Kenya accueille sur son territoire 463 000 réfugiés somaliens dans le camp de Dadaab. Nairobi menace de le fermer, notamment pour des raisons de sécurité.

    De quand date ce camp de réfugiés ?

    Le Kenya affirme depuis un mois sa volonté de fermer d’ici à novembre le camp de réfugiés de Dadaab. Il accueille des Somaliens fuyant leur pays en guerre. Dadaab, situé à une centaine de kilomètres de la Somalie, a été construit en 1992, au lendemain de la chute du président somalien Siyad Barré et de la guerre civile qui a suivi. Il était prévu pour 90 000 personnes.

    Vingt ans plus tard, ils sont 463 000, selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), à s’entasser dans ce qui est devenu le plus grand camp de réfugiés du monde. « C’est un camp où il y a toujours eu des problèmes de sécurité. Deux de nos infirmières y ont été enlevées et ont passé deux années de captivité en Somalie avant d’être libérées », souligne Samuel Hanryon, de Médecins sans frontières (MSF).

    300 salariés travaillent sur place pour l’ONG qui gère un hôpital de 100 lits et deux centres de santé.

    Pourquoi le Kenya veut-il le fermer ?

    Le gouvernement kényan invoque des « intérêts de sécurité nationale » pour motiver la fermeture du camp. Il assure, sans en fournir la preuve jusqu’à présent, que c’est à Dadaab qu’avaient été planifiées les attaques meurtrières des islamistes somaliens, chebab, contre le centre commercial Westgate à Nairobi, en 2013, et contre l’université de Garissa, en 2015. Le président Uhuru Kenyatta avait menacé de fermer le camp au lendemain de l’attaque de Garissa, qui a fait 148 morts.

    La course pour la présidentielle de 2017 peut aussi expliquer cette décision. La sécurité sur le territoire kényan est l’une des priorités de la campagne électorale. « La rhétorique populiste anti-somaliens trouve un écho dans la population », explique Laetitia Bader de Human rights watch (HRW).

    Le voisin somalien n’est toujours pas en paix. Des troupes kényanes combattent en Somalie les chebabs. Un million de personnes serait déplacé à l’intérieur du pays et vivrait dans des conditions précaires. Malgré cela, le Kenya veut accélérer le programme de retour des Somaliens dans leur pays. En 2013, un accord a été conclu entre l’ONU et les gouvernements somalien et kényan pour soutenir les départs volontaires qui sont au nombre de seulement 12 000. Certains sont revenus depuis à Dadaab, car ils n’ont trouvé aucune structure éducative ou de santé dans leur pays d’origine.

    Les autorités de Nairobi peuvent vouloir fermer le camp également pour des motivations financières. « Cette annonce intervient juste après l’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie aux sujets des réfugiés syriens. Il a montré que les Européens étaient prêts à verser quelques milliards d’euros pour qu’un pays tiers retienne des réfugiés chez lui. Le Kenya a décidé aussi de demander de l’aide », remarque Laetitia Bader.

    Quelles peuvent être les conséquences de cette annonce ?

    Ce n’est pas la première fois que le Kenya menace de fermer Dadaab. La dernière c’était en avril 2015, les États-Unis avaient ensuite promis 45 millions de dollars (39 millions d’euros) pour appuyer les efforts de Nairobi.

    La Commission nationale kényane des droits de l’homme (KNCHR) a saisi lundi dernier la justice de son pays pour contester la fermeture annoncée par le gouvernement, ainsi que le renvoi de réfugiés somaliens dans leur pays. Cet organisme officiel, instauré par la Constitution kényane, estime notamment que cette fermeture violerait « divers instruments légaux nationaux, régionaux et internationaux protégeant les réfugiés ».


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