• Au Pérou, les avancées de la lutte contre le travail des enfants

    Au Pérou, les avancées de la lutte contre le travail des enfants

    La campagne « La rébellion du balai » fait évoluer le regard des Péruviens sur les petits domestiques, surtout des filles provenant des régions andines.

    Au Pérou, l’équipe féminine de volley, des sportifs, des acteurs et de nombreuses personnalités se sont unis à la campagne « La Rébellion du balai ». 

    Lancée par l’Organisation internationale du travail (OIT) et la branche néerlandaise de l’ONG « Terre des Hommes » pour les 25 ans de la Convention internationale des Droits de l’Enfant, cette campagne veut sensibiliser la population péruvienne aux conséquences néfastes du travail domestique des mineurs.

    Le problème est grave au Pérou. Plus de 110 000 enfants y servent comme domestiques, à Lima et dans les grandes villes de la côte. Un quart de ces enfants a entre 6 et 11 ans, alors que l’âge minimum pour commencer à travailler est de 14 ans. Seul le Brésil fait pire, le Mexique, la Colombie et Haïti se classant derrière le Pérou.

    Des risques d’abus en tout genre

    Les deux tiers de ces enfants et adolescents « sont des migrants » qui proviennent des Andes, « de la région pauvre de Huancavelica, de Cajamarca », ou des bidonvilles de Lima, indique Carmen Montes, de Terre des Hommes. Conséquence, ils sont logés chez ceux qui les emploient, ce qui les expose à de nombreux abus « comme de longues journées de travail, qui dans le pire des cas peuvent durer jusqu’à seize heures », précise Carmen Montes.

    Sans oublier les risques d’abus physiques, émotionnels et sexuels. Ces risques menacent surtout les jeunes filles (79 % des domestiques mineurs au Pérou). 

    Les conséquences sont également graves sur le plan de l’éducation. Ces enfants « ne peuvent étudier normalement », note Terre des Hommes, « ni jouer ou se faire des amis de leur âge ». S’ils reviennent ensuite à l’école, ils ont à l’adolescence trois ou quatre ans de retard scolaire en moyenne, selon l’OIT.

    Les petits employés des classes moyennes

    Conséquence inattendue d’une décennie de croissance au Pérou, ils sont employés par les familles des classes moyennes sorties de la pauvreté, qui ont aujourd’hui les moyens de payer des domestiques, mais à bas prix. 

    Pour Elena Pila, de la fondation Telefónica, qui cite une étude de l’Université Catholique de Lima, le travail domestique des mineurs a d’ailleurs tendance à augmenter légèrement dans les banlieues des grandes villes où des mères de famille sont entrées sur le marché du travail. 

    « Comme les mamans sortent travailler, elles emploient des filles de 13 à 16 ans pour s’occuper de leur ménage ou alors font travailler leurs propres enfants », ajoute Elena Pila.

    Une évolution dans les villes

    Le Pérou s’est doté d’une stratégie nationale pour prévenir et éradiquer le travail des enfants d’ici à 2021. Au-delà des petits domestiques, plus d’1,5 million d’enfants péruviens de 6 à 17 ans travaillent, dans les champs, les mines illégales, ou simplement chez eux. Beaucoup considèrent encore cette réalité comme « normale », en particulier dans le monde rural.

    Guillermo Dema, spécialiste du travail des enfants et de l’emploi des jeunes de l’OIT, souligne, cela étant, que la situation s’améliore peu à peu dans les villes. « Je me souviens de la campagne d’Alejandro Toledo en l’an 2000. Dans l’un de ces spots, il était assis sur la Place d’Armes de Lima avec un enfant cireur de chaussures. Aujourd’hui ce serait impensable… les gens seraient scandalisés. À l’époque, personne ne l’avait été. » Alejandro Toledo avait été élu président en 2001.


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