• Canada : l'Église catholique fait son aggiornamento sur les droits des peuples autochtones

    Canada : l'Église catholique fait son aggiornamento sur les droits des peuples autochtones

    Quatre organisations catholiques du Canada représentant les évêques, les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, les peuples autochtones et les laïcs ont répondu dans deux documents aux appels à l’action lancés par la Commission Vérité et réconciliation concernant les droits des autochtones.

    Les signataires catholiques expriment leur soutien à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Ils rejettent les concepts et les principes dénués de fondement dont se sont servis les Européens pour justifier la saisie de territoires qui appartenaient à des peuples autochtones, des contre-vérités souvent transmises par des chrétiens. Les organisations catholiques reconnaissent une fois encore que la liberté religieuse des peuples autochtones a été souvent brimée dans les pensionnats indiens. Ces pensionnats étaient financés par le gouvernement, mais 60% d’entre eux ont été administrés par des catholiques. Or, dans bien des cas, les enfants étaient enlevés de force à leur famille et on les punissait quand ils parlaient leur langue maternelle.

    Il y a eu aussi un nombre révoltant de cas d’abus sexuels et de violence physique, affective et culturelle. Plusieurs élèves autochtones ont vu leurs croyances et leurs pratiques traditionnelles méprisées. «Bien que les catholiques prônent le droit de chaque personne à choisir librement sa foi religieuse et ses pratiques spirituelles, reconnait Mgr Donald Bolen, président de la commission épiscopale Justice et Paix, nous ne vivons pas toujours à la hauteur de nos convictions, et l’expérience d’une privation de liberté religieuse fait aussi partie de cet héritage de souffrance».

    Par ailleurs, en réponse à certains groupes qui ont demandé au Pape François de révoquer les bulles pontificales employés par des Européens pour justifier la saisie de terres occupées auparavant par les peuples autochtones, l’Église canadienne rappelle que ces décrets politiques ont été abrogés il y a déjà longtemps. Plusieurs bulles papales émises à la fin du XV° siècle ont effectivement concédé à des pays européens un droit sur des territoires qui appartenaient à d’autres peuples. Il s’agissait alors d’une sorte d’arbitrage international qui cherchait à désamorcer un conflit ouvert entre l’Espagne et le Portugal.

    Ces documents politiques, qui ne font pas partie de l’enseignement de l’Église, ont été annulés dès le début du XVIe siècle par d’autres textes pontificaux, et n’avaient de toute manière rien à voir avec le Canada actuel. «La vraie cause du colonialisme, ce ne sont pas les bulles du pape, tient à préciser Mgr Bolen, mais plutôt la cupidité humaine». Selon lui, l’Église doit présenter des excuses s’il y a lieu pour sa complicité à des injustices du passé et continuer de proposer son enseignement sur l’égalité, la dignité et les droits de toutes les personnes humaines. À présent, les excuses et la reconnaissance des errements du passé doivent être suivies d’actions constructives.

    Les deux documents incitent les catholiques canadiens à établir des liens plus profonds avec les autochtones, à scruter le passé et à trouver de meilleures façons d’avancer ensemble. En clair, il faut passer à l’action et Mgr Bolen cite des cas d’application concrète au niveau local : l’organisation d’activités éducatives, des espaces de dialogue avec les traditions spirituelles autochtones et des actions de solidarité avec les fidèles des Premières Nations et du peuple métis. Une journée de réflexion sur le renouvellement des relations avec les peuples autochtones s’est déroulée le 14 mars 2016, à Ottawa.


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