• Couper les financements de Daech s’avère difficile

     

    Pour combattre le groupe terroriste, les pays de la coalition tentent d’interrompre les flux qui lui permettent de se financer.

    C’est un travail méthodique, exigeant de la patience, et qui se révèle très compliqué.

    Pour vaincre Daech, il faut frapper cette organisation au portefeuille, pour l’asphyxier. C’est ce que recommande un nombre de plus en plus grand de responsables politiques.

    Aux Etats-Unis, Donald Trump, candidat à la primaire républicaine aux États-Unis, dans un entretien à une chaîne de télévision américaine, au lendemain des attentats de Paris, a accusé le gouvernement américain de passivité. Et il a asséné : « Il faut viser les banques et le pétrole » de l’État islamique.

    En réalité, cela fait déjà plusieurs années que les gouvernements européens et américains s’efforcent de couper les flux qui permettent à Daech de se financer. Et cela s’avère beaucoup plus difficile que prévu.

    Les dons comptent peu pour Daech

    Daech, en effet, peut compter sur d’importantes ressources. À l’intérieur du territoire que l’organisation contrôle, Daech lève un « impôt » sur les populations, et prélève sa part sur les exportations de pétrole, de coton, ou de produits agricoles.

    L’organisation prend aussi sa part sur différents trafics conduits par des groupes criminels de la région : vente d’antiquités, enlèvements contre rançons, trafic d’organes…

     « Daech a amassé une fortune sans précédent et la composition de ses revenus est bien différente de celle des autres groupes terroristes », reconnaissait David Cohen, sous-secrétaire au Trésor américain, en 2014, devant la fondation Carnegie. « Au contraire d’Al-Qaïda, par exemple, Daech tire une part relativement faible des soutiens de riches donateurs. Il ne dépend donc pas beaucoup de transferts d’argents qui traversent des frontières. » 

    L’organisation se finance surtout grâce à la vente illicite de produits pétroliers. Des milliers de transporteurs font des navettes vers les raffineries en territoire sous contrôle de Daech, et transportent de petites quantités qui vont de quelques bidons à un camion-citerne. Ils se rendent ensuite majoritairement en Turquie, mais aussi au Kurdistan irakien ou en Jordanie.

    le baril de pétrole vendu moitié prix par Daech

    Ce pétrole est revendu à moindre prix, pour 20 dollars le baril (18,5 €), soit deux fois et demie moins que le cours officiel. Il nourrit toute une économie informelle qui repose pour beaucoup sur des transactions en liquide. Il est donc très compliqué de tarir ce flux, du moins tant que la Turquie ne ferme pas sa frontière. Or ce pays se montre peu coopératif.

    Actuellement, les exportations de pétrole représentent autour de 25 000 barils par jour, générant l’équivalent de quelque 15 millions d’euros de revenus par mois.

    Lors de la réunion du G20 à Antalya, lundi 16 novembre, les participants ont inclus dans leur communiqué final une demande au Gafi (Groupe d’action financière)« de faire un rapport aux ministres des Finances du G20 lors de leur première réunion en 2016 sur les progrès faits par les États pour corriger les faiblesses en matière d’assèchement des flux de financement liés au terrorisme ».

    Le travail de coordination entre États a déjà permis des résultats. Mais il n’en est qu’à ses débuts. En mars 2015, à Rome, les ministères des finances de 26 pays se sont réunis pour mettre sur pied un groupe financier « anti-Daech ». Il est codirigé par les États-Unis, l’Italie et l’Arabie saoudite.

    Les banquiers privés du terrorisme

    Ce groupe va notamment viser les « facilitateurs », ces personnes de confiance qui jouent le rôle de banquiers privés et, grâce à leur réseau de relations, peuvent conduire des opérations de compensation, payant de l’argent dans un pays tiers pour des fonds reçus par une autre personne dans un autre pays, ou bien faisant des transactions pour le compte d’autres personnes. Repérer ces agents financiers reste toutefois un long travail de renseignement.

    Enfin, les pays du G20 soupçonnent que Daech pourrait se servir de moyens très modernes pour assurer ses transactions, notamment le Bitcoin. Cette monnaie électronique, sans existence matérielle, permet des échanges quasiment anonymes. Elle est régulièrement mise en cause comme un moyen d’assurer de nombreuses transactions illicites.

    Un groupe d’activistes de l’Internet, le « Ghost security group », qui assure combattre Daech sur les réseaux vient d’assurer avoir mis à jour deux comptes en Bitcoin, pour un total équivalent à 25 millions d’euros, et qui aurait servi à Daech. Il reste toutefois impossible de vérifier cette information.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :