• De l’Yser à la Syrie, le chlore continue à tuer

    De l’Yser à la Syrie, le chlore continue à tuer

    Le 22 avril 1915, près de Langemark-Poelkapelle en Belgique, l’armée allemande lâchait dans l’atmosphère 168 tonnes de chlore réparties dans des bonbonnes. Le vent poussa le nuage gris-vert vers les tranchées alliées. Les soldats français, originaires de Martinique, s’enfuirent. Et avec raison : le chlore, un agent irritant puissant, pouvait tuer à fortes doses. L’Entente protesta que l’utilisation du chlore allait à l’encontre des lois internationales.

    Cent ans après, tout recommence en Syrie.

    Le Conseil de sécurité de l’Onu a entendu jeudi soir à New York, à huis clos, le témoignage de deux médecins syriens. L’un deux a décrit comment ils avaient soigné les victimes d’une attaque présumée au gaz de chlore, le 16 mars, dans le village de Sarmin, au nord-est de son pays.

    Certains membres du Conseil de sécurité "pleuraient, d’autres étaient scandalisés", explique le Dr Saher Sahloul, président de l’Association médicale américano-syrienne. Une vidéo montrant les efforts désespérés des médecins pour sauver trois enfants et leurs parents a particulièrement ému, selon la BBC.

    L’attaque au gaz contre le village de Sarmin a fait six morts et intoxiqué des dizaines de personnes au bord de l’asphyxie. "Celles dans un état grave, une vingtaine, étaient agitées. Elles avaient de la mousse sanglante dans la bouche et des irritations cutanées", avait indiqué Médecins sans frontières (MSF) dès le 18 mars, en citant l’un des médecins de l’hôpital de Sarmin. "Les éléments décrits par les médecins de l’hôpital permettent d’affirmer la responsabilité du chlore dans le tableau clinique que présentaient les victimes. Il n’y a en outre pas de signes évocateurs d’une autre classe de produits toxiques", ajoutait MSF.

    Selon l’organisation Human Rights Watch (HRW), entre le 16 et le 31 mars, des hélicoptères du gouvernement syrien ont lancé à six reprises dans la région d’Idlib des barils contenant des "agents chimiques" d’après les habitants. Ces barils renfermaient des bonbonnes de gaz, avec l’agent irritant. "Toutes les attaques ont eu lieu dans des zones tenues par les rebelles et dans le contexte des combats pour la prise d’Idlib", précise HRW. La grande ville d’Idlib est finalement tombée aux mains du Front Al-Nosra le 28 mars.

    Pour la plupart des ONG et le gouvernement américain, il n’y a pas de doutes que ce sont des hélicoptères de l’armée syrienne qui ont procédé à ces largages. Les rebelles ne disposent pas d’hélicoptères ni d’avions.

    L’arme chimique, un casus belli

    Après l’attaque au gaz sarin qui avait fait plusieurs centaines de morts le 21 août 2013 à Damas, la Syrie a démantelé son arsenal chimique. Damas dément utiliser du chlore et son président, Bachar al Assad, accuse à son tour la "propagande malveillante" contre la Syrie. "Le chlore n’est pas un gaz de combat. Tout le monde peut s’en procurer partout", a dit le numéro un syrien dans une interview à la chaîne de télévision CBS. Barack Obama et David Cameron avaient failli lancer des frappes aériennes contre Damas à la suite de l’attaque au gaz sarin de l’été 2013 - avant d’y renoncer à la dernière minute.

    Les habitants d’Alep alarmés

    La chute d’Idlib , au nord-ouest de la Syrie, tombée aux mains du Front Al-Nosra le 28 mars, tétanise les habitants d’Alep, dont les chrétiens. Ils craignent que le même sort arrive à leur ville et veulent fuir avant que l’armée syrienne et les rebelles ne lancent une campagne de bombardements.

    Le patriarche gréco-melkite Grégoire III déclare que toutes les voies de fuite sont fermées, sauf une route vers le sud contrôlée par l’armée syrienne. "Un demi-million de civils sont piégés", écrit-il le 16 avril.


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