• La Chine suspend l'importation d'ivoire sculpté

    Voici la sculpture en ivoire du siège de l'onu (quelle honte!)

    Face aux reproches internationaux accusant la Chine d'encourager par une forte demande le massacre des éléphants, Pékin a imposé une interdiction d'un an à l'importation d'ivoire ouvragé.

    La Chine a imposé une interdiction d'un an à l'importation d'ivoire ouvragé, en réponse aux critiques internationales accusant la demande croissante du marché chinois d'encourager le massacre des éléphants, menacés d'extinction d'ici à une génération.

    La décision, entrée en vigueur jeudi, a été annoncée dans un communiqué posté sur le site de l'Administration des Forêts.

    Elle survient à la veille de la visite en Chine du prince William, duc de Cambridge, qui mène activement campagne contre la contrebande internationale liée au braconnage des animaux sauvages --sujet qu'il doit aborder mercredi lors d'une conférence dans la province du Yunnan (sud).

    Pékin est signataire de la Convention sur la protection des espèces en danger (CITES) --qui interdit presque toutes les formes de négoce international sur les défenses d'éléphants à l'exception d'enchères exceptionnelles sur des stocks africains--.

    Mais la Chine reste le principal consommateur mondial d'ivoire de contrebande. Les ventes d'ivoire ouvragé sont légales dans le pays, dont la demande alimente le massacre de dizaines de milliers de pachydermes par an.

    La sculpture sur ivoire est un art ancien en Chine et ces objets finement ouvragés --souvent des scènes tirées de la tradition bouddhiste, mais aussi des sceaux ou de simples baguettes-- sont prisés des collectionneurs, qui y voient un investissement de valeur.

    L'interdiction prononcée jeudi a toutes les chances de rester symbolique: la contrebande internationale concerne en effet essentiellement les défenses ou de l'ivoire brut, qui représentent 90% de saisies, selon une base de données liée à la CITES.

    Certes, Pékin a déjà fermé au moins dix ateliers d'ivoire légalement enregistrés et jeté en prison des centaines de trafiquants, mais ces mesures --de l'avis des ONG-- apparaissent très timides face à l'ampleur du secteur.

    Un responsable de l'Administration des Forêts faisait état en mai 2013 de 37 entreprises spécialisées dans l'artisanat de l'ivoire et 145 firmes de négoce.

    Entre 800 et 900 affaires de contrebande d'ivoire sont mises au jour en Chine chaque année, selon les statistiques des douanes. Et plus de la moitié des entreprises engagées dans le commerce légal de l'ivoire sont aussi impliquées dans des transactions illégales.

    En décembre, un rapport de l'ONG environnementale Save the Elephants et de la fondation Aspinall a évalué à plus de 100.000 le nombre d'éléphants abattus entre 2010 et 2012, en raison d'un commerce chinois croissant dans des proportions «hors de contrôle».

    Le prix de l'ivoire brut en Chine a bondi de 550 euros le kilo en 2010 à 1.540 euros en 2014.

    «Tous les chiffres ont explosé ces dernières années: prix de l'ivoire brut et ouvragé, ateliers enregistrés, échoppes légales ou clandestines, objets mis en vente», s'alarmait ce rapport.

    Face à une pression internationale très médiatisée, Pékin cherche à donner des gages.

    Meng Xianlin, directeur de l'administration gérant le commerce des «espèces menacées», a indiqué au journal officiel China Daily que «le volume de la production illégale d'ivoire est bien plus restreint que la production légale».

    Le nombre d'affaires de contrebande d'espèces sauvages en Chine a chuté de 70% l'an dernier, a d'ailleurs assuré le quotidien.

    La dernière grosse acquisition légale d'ivoire importée en Chine remonte à 2008 (62 tonnes), et «il n'y a pas eu d'importation significative depuis», a affirmé à l'AFP un responsable de l'Administration des Forêts.

    Pékin rappelle néanmoins qu'il n'est pas seul responsable: «Stopper le braconnage et la contrebande exige les efforts conjoints de toutes les parties impliquées», a martelé jeudi Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

    En novembre, l'ONG Agence d'investigation environnementale (EIA) n'en avait pas moins épinglé de hauts responsables gouvernementaux et militaires du régime, pris d'une «frénésie d'achats» illégaux d'ivoire, lors d'une visite présidentielle en Tanzanie début 2013. Le rapport a été qualifié de «balivernes» par Pékin.

    Sur l'année 2013, la Tanzanie --première source mondiale d'ivoire issu de l'abattage illégal-- a perdu 10.000 éléphants, et le braconnage y atteint des niveaux si alarmants que les pachydermes pourraient disparaître du pays d'ici à 2020, a prévenu la Société de protection des éléphants de Tanzanie (Teps).

     


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    Après la Pologne et la Lituanie, Chevron abandonne sa quête de gaz de schiste en Roumanie

    Le groupe pétrolier américain Chevron a abandonné ses efforts de prospection de gaz de schiste en Roumanie, le dernier pays européen où il était encore actif dans ce domaine.

    Après l'arrêt de ses projets en Pologne, Ukraine et Lituanie, cela nous laissait la Roumanie où nous sommes en passe d'abandonner nos intérêts dans les concessions accordées par le gouvernement local, a indiqué un porte-parole de l'entreprise au Wall Street Journal.

    Ce responsable n'a pas précisé les raison de cette décision.

    Fin janvier, Chevron, qui est le deuxième groupe énergétique américain, avait annoncé qu'il n'investirait que 35 milliards de dollars dans ses projets d'exploration pétrolière en 2015, soit une baisse de 13% par rapport à 2014, et qu'il privilégierait les projets offrant les opportunités les plus lucratives.


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  • Un nouveau logiciel de la FAO permet de sauver les requins grâce à leurs nageoires

    19 février 2015 – Les requins peuvent désormais se mouvoir plus sereinement dans les océans et les mers grâce à un nouveau logiciel élaboré par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour l'identification rapide des différentes espèces en fonction de leurs nageoires.

    Le nouveau logiciel appelé « iSharkFin » sert à protéger les espèces de requins menacées et à lutter contre le commerce illégal des ailerons de requin. Il constitue un outil pratique pour les douaniers et les inspecteurs sur les marchés de poissons ainsi que pour les pêcheurs qui répugnent à capturer les espèces protégées, indique Mme Monica Barone, qui a dirigé l'équipe du Département des pêches et de l'aquaculture de la FAO chargée du développement du logiciel.

    Les estimations sur le nombre de requins tués varient énormément. Une nouvelle étude suggère un chiffre probablement supérieur à 73 millions, soit plus de 6% du stock total chaque année. Ce nombre dépasse le taux considéré comme soutenable pour une espèce peu prolifique et qui tarde à arriver à maturité.

    Le travail sur le projet de logiciel a débuté en 2013, après que cinq espèces de requins ont été ajoutées à l'annexe de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Le logiciel a été développé par la FAO en collaboration avec l'Université de Vigo en Espagne.

    Le système est basé sur des techniques d'apprentissage automatique et offre une expertise aux inspecteurs portuaires, aux agents des douanes, aux inspecteurs des marchés et aux commerçants de poissons qui n'ont pas la formation requise en taxonomie.

    Une fois la photo du requin téléchargée, l'utilisateur choisit quelques caractéristiques de la forme de la nageoire et identifie un certain nombre d'autres caractéristiques. Un algorithme compare alors les informations aux données insérées dans la banque de mémoire et permet ainsi l'identification de l'espèce du requin. Le processus prend environ cinq minutes.

    Jusqu'à présent, iSharkFin peut identifier 35 espèces de requins en fonction de leur nageoire dorsale respective (il s'agit de la nageoire emblématique située au sommet de la colonne vertébrale du requin) et de sept nageoires pectorales inférieures.

    Plusieurs types de nageoires ont été répertoriés dans le cadre du commerce international. D'autres types seront ajoutés dans la banque de données au fur et à mesure, mais vu que certaines espèces deviennent assez rares, il faut un certain temps pour recueillir un ensemble de données suffisamment complètes.


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  • Berne ébauche un plan d'action pour la biodiversité

    Les premières dispositions de la Stratégie Biodiversité Suisse devraient être mises en oeuvre d'ici 2025.

    La Suisse devrait protéger les espèces menacées et réduire les comportements nuisibles. Sa population devrait aussi être sensibilisée à la biodiversité. Le Conseil fédéral a pris connaissance du plan d'action ébauché par les collectivités, et attend à présent que les cantons assument une partie de la facture.

     
     

    Ces trois premières dispositions de la Stratégie Biodiversité Suisse devraient être mises en oeuvre d'ici 2025. Puis, à l'horizon 2040, le processus piloté par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) devrait s'enrichir de la création et de l'entretien d'aires de protection, auxquelles s'ajouteraient des mises en réseau.

    La balle chez les cantons

    Les fonds nécessaires s'élèvent à 79 millions de francs par an pour la phase de préparation, prévue jusqu'en 2020. L'étape de concrétisation, devisée à 210 millions annuels, prendrait le relais jusqu'en 2040.

    Mais le gouvernement conditionne l'engagement financier de la Confédération au soutien des cantons. Il attend que ces derniers prennent en charge des dépenses dans le même volume, car la préservation de la biodiversité concerne la Confédération et les cantons au même chef, soutient-il.

    Entre 20 et 40 millions par an

    Les cantons, qui ont élaboré le plan d'action de concert avec l'OFEV et les communes, statueront sur le budget et l'application des dispositions. Sur la base de leurs réponses, le Département fédéral de l'environnement (DETEC) proposera d'ici le printemps2016 un projet à mettre en consultation.Le Conseil fédéral renvoie la balle aux cantons dans un autre domaine. Il compte prendre d'éventuelles mesures urgentes dès 2017 pour assainir et entretenir les aires protégées existantes. Le tout coûterait entre 20 et 40 millions par an. Mais Berne ne paiera que si les cantons augmentent leur contribution dans les mêmes proportions.

     

     


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  • Genève prépare le texte du futur accord sur le climat

    Les experts de 195 Etats planchent depuis dimanche sur le document qui sera présenté à la conférence de Paris en décembre.

    C’est une véritable course contre la montre pour lutter contre le réchauffement climatique qui s’est engagée dimanche à Genève. Après le sommet de Lima au Pérou et avant la grande conférence sur le climat qui doit se tenir à Paris en décembre prochain, les gouvernements essaient de s’entendre sur un texte à la hauteur du défi qui attend la planète.

     
     

    Durant toute cette semaine, 195 pays sont réunis sous l’égide de l’ONU pour négocier chaque ligne de l’accord attendu pour la fin de l’année. A chaque grande conférence, les participants s’accordent à dire que la lutte contre le réchauffement climatique doit être une priorité. Mais, quand il s’agit de coucher sur le papier les engagements que chacun devra tenir, les choses deviennent vite plus compliquées.

    Session intermédiaire

    Prudente, la responsable Climat de l’ONU, Christiana Figueres, a annoncé à l’ouverture de ces travaux qu’il ne fallait pas s’attendre à voir les participants rendre une copie propre à la fin de la semaine. La session de négociations engagée hier à Genève n’est qu’une «session intermédiaire» avant l’adoption d’un nouveau protocole prévu pour entrer en vigueur à partir de 2020. Un autre rendez-vous est fixé au mois de juin.

    Au cours des prochains jours, le texte initial de 37 pages adopté à Lima devrait être enrichi de nouvelles propositions et options. «Ensuite, des choix seront faits par séquences successives pour arriver au bon texte à la date butoir fixée en octobre», a expliqué le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, présent dimanche à Genève pour lancer ce nouveau round de négociations.

    Sauver la planète

    Décembre sera vite là et il va falloir «travailler dur». C’est ce qu’a rappelé le chef de la délégation Suisse Franz Perrez avant d’exhorter les participants à embrasser «l’esprit de Genève» pour faire progresser la rédaction du texte. Mettre la pression tout en évitant les clashs, voilà le défi à relever au cours des prochains jours. Laurent Fabius a assuré que les consultations multilatérales démarraient dans une «atmosphère positive». «C’est la survie même de la planète qui est en jeu», a-t-il rappelé en insistant sur l’impact des «dérèglements climatiques» sur la sécurité du monde.

    C’est désormais aux experts de chaque pays d’enchaîner les réunions à huis clos pour passer en revue chaque détail du futur accord. Pour ajouter à la pression qui pèse sur les épaules de ces derniers, un vent glacial s’engouffrait hier sous les lourdes portes en bronze du Palais des Nations. Peut-être pour mieux leur rappeler l’urgence et la réalité de ces chambardements climatiques faits de chaud et de froid. Le secrétaire général de l’Organisation mondiale de la météo (OMM), Michel Jarraud, vient de rappeler que la progression des températures en 2014 avait été conforme aux prévisions les plus alarmistes. Il a annoncé que le réchauffement climatique allait se poursuivre.

    Les termes de l’équation à résoudre sont connus. Au rythme actuel, la moyenne des températures aura augmenté de 4°C à 5°C d’ici à la fin du siècle si aucune mesure draconienne n’est prise. «Ce challenge, nous ne devons pas l’aborder comme si nous étions en compétition, mais unis dans une seule équipe pour le bien de la planète», a prévenu le ministre péruvien de l’Environnement, Manuel Pulgar Vidal.  

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    L'Union européenne (UE) s'est déclarée ce vendredi 13 février déçue par le manque de progrès dans les négociations sur le climat, au terme d'une session entamée dimanche à Genève en vue de conclure un accord en décembre à Paris. Sa délégation espère que la prochaine session en juin sera plus productive.

     
     

    «Nous avons manqué une occasion de négocier sur les questions de fond», a déclaré la cheffe de la délégation de l'UE Ilze Pruse (Lettonie) lors d'une conférence de presse.

    Elle a expliqué que le texte soumis aux 190 délégations, initialement de 38 pages, a plus que doublé. Le document de travail comporte désormais 86 pages et inclut un grand nombre d'options exprimant les intérêts de tous les gouvernements.

    «Il ne reste que 289 jours jusqu'à la conférence de Paris. Il est impératif de réduire les options sur la table», a affirmé Ilze Pruse. La représentante de la Commission européenne Elina Bardram a espéré que la prochaine session, à Bonn en juin, permettra de mieux entrer dans la substance.

    Confiant son «sentiment de frustration», elle a réitéré la volonté de l'UE de parvenir à Paris à un accord ambitieux au niveau de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et juridiquement contraignant. L'UE s'est fixé comme objectif à long terme une réduction de 50% des émissions de CO2 en 2050 par rapport à 1990.  


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  • Le ministère du Pétrole a offert à la prospection 57 blocs, presque tous en mer de Barents, certains dans les eaux les plus septentrionales jamais ouvertes à l’exploration par le pays scandinave.

    Un accord conclu en 2013 entre le gouvernement (minoritaire) de droite et deux alliés de centre-droit interdit d’ouvrir les zones situées en bordure de la banquise, afin de protéger leur écosystème, à la prospection et à la production d’hydrocarbures.

    Une nouvelle carte de la banquise

    Mais avec le réchauffement climatique, la banquise recule toujours plus au nord et la cartographie de ses contours fait débat.

    « Il est important de disposer de connaissances actualisées sur l’emplacement géographique des zones fragiles », a déclaré dans un communiqué la ministre de l’Environnement Tine Sundtoft. « J’ai donc demandé à l’Institut polaire norvégien de mettre à jour ses calculs ».

    La nouvelle carte s’appuie sur les données satellite collectées entre 1984 et 2013 plutôt que celles recueillies entre 1967 et 1989 utilisées dans la définition en vigueur jusqu’à présent. Résultat : la limite des glaces marines est par endroits des dizaines de kilomètres plus au nord que dans les anciens calculs.

    « Nous ne déplaçons pas la bordure de la banquise », a fait valoir le Premier ministre, Mme Erna Solberg, à la chaîne TV2 Nyhetskanalen. « C’est la nature qui déplace les limites de la banquise ».

    L’industrie pétrolière veut de nouvelles zones de prospection

    Cette mise à jour permet au gouvernement de faire valoir que les nouvelles licences pétrolières nouvellement proposées sont toutes situées à bonne distance de la banquise, alors que certains blocs auraient posé problème avec l’ancienne cartographie.

    Sur fond de désaccords politiques autour de cette question sensible, ce 23e cycle de concessions de la Norvège, initialement prévu avant Noël, avait dû être repoussé.

    Confrontées à l’amenuisement de leurs ressources dans les eaux largement exploitées de la mer du Nord, les compagnies pétrolières demandent avec insistance l’ouverture de nouvelles zones à la prospection.

    Plus de la moitié (34 sur 57) des blocs offerts à l’exploration sont situés dans une région totalement nouvelle, le sud-est de la mer de Barents, jusqu’à présent jamais prospecté en raison d’un long désaccord frontalier avec la Russie, finalement réglé en 2010.

    La partie n’est pas pour autant gagnée pour le gouvernement : les premières réactions des partis de centre-droit, dont l’appui est essentiel, étaient négatives mardi.

    Également critiques, les organisations de défense de l’environnement ont accusé le gouvernement de faire le jeu du secteur pétrolier. Outre les risques écologiques, elles soulignent que l’exploitation d’hydrocarbures a peu de chances d’être viable à de telles latitudes, a fortiori à la lumière de la chute du cours du baril.

     


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  • L’ONU progresse vers un traité pour protéger la biodiversité en haute mer

    Les pays membres de l’ONU se sont mis d’accord samedi 24 janvier 2015 pour lancer des négociations internationales sur un traité qui protégerait la biodiversité marine dans la profondeur des océans, après quatre jours de discussions à New York.

    Il s'agit d'élaborer une réglementation pour la haute mer, autrement dit la partie de l'océan qui se situe au-delà des zones économiques exclusives (200 miles nautiques) gérées par les États, ainsi que les fonds marins situés au-delà du plateau continental des pays, soit environ 64 % des océans. «Ces étendues recouvrent certains des écosystèmes les plus importants sur le plan environnemental mais aussi les plus gravement menacés et les moins bien protégés de la planète», souligne dans un communiqué une coalition d'ONG regroupées sous la bannière High Sea Alliance qui a aussi salué «une étape importante pour la protection des océans».

    Cependant, il faudra encore que l’Assemblée générale de l’ONU, à sa prochaine session fin septembre, entérine cet accord de principe et fixe un calendrier précis. Une minorité de pays engagés dans la pêche ou l’exploitation minière des océans ont en effet refusé des échéances rapides et contraignantes.

    Le futur traité, qui sera le premier du genre, permettra de préserver les vastes zones qui s’étendent au delà des eaux territoriales, que chaque Etat riverain gère à sa guise et qui sont menacées par la pollution, la surpêche ou le réchauffement climatique.

    Elles représentent 64% des océans et 43% de la surface de la Terre, ce qui en fait la plus grande biosphère de la planète.

    Pour Karen Sack, du Pew Charitable Trust, «c’est un grand moment pour la haute mer (...) et une vraie bonne nouvelle pour la vie dans les océans».

    »L’accord obtenu aujourd’hui peut faire beaucoup pour garantir la protection de la haute mer, qui en a terriblement besoin», a souligné Sofia Tsenikli de Greenpeace dans un communiqué. «Le temps presse».

    Les enjeux sont très importants: les océans jouent un rôle essentiel pour le climat, mais aussi en tant que réserve alimentaire pour près de 3 milliards d'habitants. Ils sont également sources de découvertes scientifiques majeures, ils regorgent de matière première… Autant d'enjeux qui nécessitent de faire entrer des règles de protection et du droit.

    La prochaine étape est prévue lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York. Celle-ci devra entériner formellement l'accord de ce week-end. Un traité ne devrait pas voir le jour avant 2018.

    Des traités et conventions internationales réglementent déjà certaines activités comme la pêche ou certaines zones précises, mais il n’existe pas pour l’instant de texte couvrant l’ensemble des dangers qui menacent les fonds marins.

    Un tel traité, qui serait négocié sous l’égide de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, permettrait par exemple de créer des aires marines protégées ou d’assurer un partage équitable de certaines ressources tirées des grands fonds.

    L’ONU en discute depuis dix ans et dans la foulée de la conférence Rio + 20, l’Assemblée générale avait été chargée de lancer le mouvement.

    Au cours des discussions à New York entre experts des 193 pays membres, une majorité de pays, comme ceux de l’Union européenne et du G77 (groupe de pays en développement, notamment africains) le Mexique, la Chine, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, ont poussé à agir vite. Mais d’autres comme les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l’Islande ou le Japon se sont montrés réticents à fixer des échéances rapides et contraignantes..

    Ces pays entendent préserver les immenses possibilités d’exploitation des fonds marins: non seulement la pêche en haute mer mais la prospection minière ou la génétique marine.

    L’Alliance pour la haute mer regroupe 27 ONG (dont Greenpeace et WWF) ainsi que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).


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  • France: les animaux sont «doués de sensibilité»

    L'Assemblée nationale a adopté un amendement du Code civil qui considérait jusqu'ici les animaux comme des «biens meubles».

    Les animaux de compagnie et d'élevage seront désormais considérés en France comme des «êtres vivants doués de sensibilité» et non plus comme des «biens meubles». Seule l'UMP s'est opposée à cette décision.

    L'Assemblée nationale, qui a constitutionnellement le dernier mot, a définitivement adopté mercredi un projet de loi sur la modernisation et la simplification du droit qui inclut un amendement en ce sens du député socialiste Jean Glavany.

    L'UMP vote contre, le Front de gauche s'abstient

    Tous les groupes ont voté pour, à l'exception de l'UMP qui a voté contre et du Front de gauche qui s'est abstenu. Cette mesure «fait planer des menaces graves et sérieuses sur les filières agricoles de l'élevage», a vainement plaidé le député UMP Marc Le Fur.

    Cet amendement satisfait une demande de la Fondation «30 millions d'amis». Celle-ci avait lancé il y a deux ans une pétition pour obtenir une modification du Code civil qui considérait jusqu'ici les animaux comme des «biens meubles».


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  • Les mafias du crime écologique

    Ce fut une longue traque, au fil d’enquêtes menées dans plusieurs pays : Madagascar, Etats-Unis, Vietnam, Malaisie, Inde, Belgique, Ukraine, Chine, Indonésie, France… Le Monde a publié, samedi 24 janvier 2015, le premier volet d’une série de cinq reportages qui racontent une nouvelle forme de délinquance désormais prisée par les réseaux mafieux : la criminalité environnementale.

    Ce projet éditorial bimédia, lancé voilà deux ans avec le soutien du European Journalism Centre, porte le nom d’« écocide » car tous ces trafics illicites conduisent à la destruction massive de la faune comme de la flore. Un crime contre la nature. Originalité de la démarche, les journalistes du Monde ont travaillé en étroite collaboration avec une équipe de juristes internationaux – chercheurs, juges, avocats – pilotée par Laurent Neyret, professeur de droit à l’université de Versailles, qui a théorisé le concept d’écocide.

    « Nous souhaitons construire un droit pénal efficace contre la criminalité environnementale qui est en plein essor. En échangeant avec les enquêteurs du quotidien, nous avons pu mesurer combien l’arsenal pénal en vigueur dans beaucoup de régions de la planète était inadapté pour sanctionner les éco-crimes. Au final, cet enrichissement mutuel a abouti, de notre côté, à une trentaine de propositions formalisées dans deux projets de conventions internationales destinées à faire bouger l’arsenal juridique mondial », explique Laurent Neyret.

    Il ne s’agit pas ici de pointer les dommages écologiques de telle ou telle pollution industrielle, aussi grave soit-elle. Notre objectif est tout autre. Nous avons souhaité décrire pourquoi et comment les professionnels du crime organisé se tournent maintenant vers l’environnement pour diversifier leurs sources habituelles d’enrichissement telles que la drogue et les armes. Les gisements potentiels sont infinis : bois précieux, ressources minières, animaux… Quant à la demande, elle est de plus en plus forte, portée par une classe asiatique riche, à la recherche de luxe, d’objets rares, de porte-bonheur et de remèdes soi-disant miraculeux. Les deux mondes ont tout loisir de se rencontrer grâce à Internet.

    Un exemple. Jeudi 22 janvier 2015, les autorités sud-africaines ont indiqué que 1 215 rhinocéros avaient été tués dans leur pays en 2014, soit plus de trois animaux abattus chaque jour. Un nouveau et triste record qui menace l’un des plus grands mammifères de la planète. Pour les braconniers, en revanche, c’est une chasse au trésor bien juteuse. Aux Etats-Unis, un kilo de poudre de corne de rhinocéros se vendait, en novembre 2014, 70 000 dollars (62 000 euros), selon les chiffres avancés par les enquêteurs du US Fish & Wildlife Service (USFWS), soit deux fois et demie plus cher qu’un kilo de cocaïne (28 000 dollars). Autant ? Oui, car il n’y a pas de prix à la folie humaine et celle notamment des acheteurs chinois et vietnamiens qui croient que la corne de rhinocéros, faite de kératine, une substance que l’on trouve dans nos cheveux et dans nos ongles, guérit de tout, même du cancer. Un non-sens médical.
    Résultat : la criminalité environnementale est désormais placée par les experts au quatrième rang mondial des commerces illicites après les stupéfiants, la contrefaçon et le trafic des êtres humains – même s’il est difficile d’évaluer précisément les activités clandestines. Le chiffre d’affaires du commerce illicite d’espèces sauvages s’élèverait à 19 milliards de dollars (17 milliards d’euros), selon un rapport publié fin 2013 par le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). De son côté, The Global Initiative, un réseau international d’experts du crime organisé, créé en 2013 à New York, estime que la pêche illégale rapporte aujourd’hui 23 milliards de dollars par an et que la Camorra, l’un des acteurs clés du trafic de déchets toxiques exportés vers les pays les plus pauvres comme la Somalie, en retire chaque année un butin de 27 milliards de dollars.

    Les éco-crimes ne sont pas qu’une machine à cash. Ils menacent aussi la sécurité de communautés et de régions entières. Il est ainsi établi que le trafic d’ivoire – comme celui des diamants en son temps – finance plusieurs groupes armés en Afrique, y compris, selon IFAW, la LRA (l’Armée de résistance du Seigneur, rébellion ougandaise), les Chabab de Somalie et les milices djandjawids du Darfour. Et le Programme des Nations unies pour l’environnement a annoncé début janvier que 100 000 éléphants avaient été tués en Afrique pour leurs défenses depuis trois ans. Là encore, un record.

    Comment expliquer un tel développement ? Sur le terrain, nous avons entendu des dizaines de fois cette même réponse : « High profit, low risk » (« Profit élevé, risque faible »). Le crime organisé qui a réalisé, lui aussi, son audit juridique, sait que les peines de prison encourues pour le saccage des écosystèmes sont minimes par rapport à celles infligées pour trafic de drogue, par exemple. « Si vous êtes pris avec un kilo de cocaïne aux Etats-Unis, vous pouvez écoper de dix ans. Avec un kilo de poudre de corne de rhino dont la valeur est pourtant supérieure, vous risquez un an », témoigne un agent de l’USFWS.

    Les journalistes du Monde ont remonté la piste de cinq trafics : le bois de rose à Madagascar ; les déchets électroniques d’Europe jusqu’en Chine ; les mines d’étain illégales en Indonésie ; les tigres en Inde et enfin, les pesticides contrefaits importés jusqu’en France et en Espagne. Des sujets sous haute surveillance de nombreux Etats, de grandes ONG internationales comme WWF et IFAW, ainsi que d’Interpol. La police internationale, qui s’appuie sur les forces locales de 190 pays, a depuis quelques années pris la mesure de ce nouveau danger, multipliant enquêtes et opérations multilatérales. Mais rien n’est gagné. Les trafiquants visent depuis peu les hippocampes dont la chair, selon une nouvelle lubie lancée sur Internet, guérirait du sida. La bataille est immense.

    (Le monde)

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  • Les défenseurs de l'environnement sont maltraités en Indes

    En passant le comptoir de l’émigration, ce dimanche 11 janvier, à l’aéroport de Delhi, une militante indienne de Greenpeace India était loin d’imaginer ce qui allait lui arriver. « Interdiction de sortie du territoire », lui a annoncé l’agent, un peu embarrassé de devoir refouler cette femme qui n’a pas vraiment le profil d’une criminelle. Priya Pillai s’apprêtait à prendre l’avion pour Londres, à l’invitation de parlementaires britanniques, pour évoquer le cas d’une tribu habitant Mahan, une forêt du centre de l’Inde menacée par l’ouverture d’une mine de charbon. Les services de renseignement indiens, cités par le Times of India, ont estimé que le séjour de Priya Pillai à Londres menaçait la « sécurité nationale » de l’Inde.

    Pour comprendre cette décision, il faut relire l’un des rapports des services de renseignement qui avait fuité dans les médias en juin 2014. « Greenpeace a graduellement étendu ses activités pour s’opposer aux centrales à charbon et aux mines associées », peut-on y lire. Ses efforts se concentrent sur « la création d’obstacles contrariant les plans énergétiques indiens » et à « faire pression sur l’Inde pour qu’elle n’utilise que des énergies renouvelables ». Et le rapport de conclure, estimant que l’action de Greenpeace et de ses alliés pourrait coûter au pays entre 2 à 3 points de PIB, qu’elle « représente une menace potentielle à la sécurité nationale économique ».

    Nouveau « Grand Satan »

    Le concept de « sécurité économique » mérite que l’on s’y attarde, car il est devenu le nouveau cheval de bataille du gouvernement contre les défenseurs de l’environnement. Cette expression, surtout utilisée par les chercheurs pour désigner le degré de protection économique des personnes contre les risques de perte de revenus, comme le chômage ou la maladie, a été habilement détournée et employée par l’Etat indien pour sous-entendre que la survie de la nation dépend de ses entreprises. S’attaquer aux moteurs de la croissance indienne, quels qu’ils soient, revient donc à s’attaquer à la nation. L’Inde a désormais des frontières et un PIB à défendre.

    Qui sont les adversaires de cette « sécurité économique », selon le gouvernement ? Les défenseurs de l’environnement, et particulièrement ceux qui s’opposent au nucléaire ou au charbon. En décembre 2014, le ministère de l’intérieur a demandé à la banque centrale indienne de bloquer les fonds en provenance de quatre organisations américaines qui ont toutes en commun de participer à des campagnes contre l’exploitation et la consommation de charbon. New Delhi utilise pour cela une loi, créée pendant l’état d’urgence en 1975 et modifiée en 2010, interdisant tout financement étranger d’organisations de « nature politique ». Greenpeace est le nouveau « Grand Satan » qui mettrait l’Inde en péril. Il faut reconnaître que, sans charbon, la croissance de l’Inde est compromise. Ses besoins vont vite augmenter, à la fois pour assurer son développement (le quart de sa population n’a pas accès à l’électricité), et pour accompagner le décollage de son industrie. Or, ni l’éolien ni le solaire ne pourront remplacer le charbon au cours des prochaines décennies. En 2030, ce combustible devrait couvrir 80 % de ses besoins énergétiques.

    « Opinions payées »

    La bataille avec les défenseurs de l’environnement s’annonce difficile. L’Inde doit déjà affronter dans l’arène internationale les pays qui la pressent de réduire ses émissions de gaz à effet de serre pour lutter contre le réchauffement climatique. A l’extérieur, l’Inde négocie. Mais, à l’intérieur, le pays qui se présente comme la plus grande démocratie du monde préfère réduire au silence ses adversaires.

    Le quotidien Mint a publié un éditorial surprenant où l’on peut lire que le « déni de liberté semble peut-être atroce, mais la mise en danger de la sécurité économique est une proposition bien pire ». G. V. L. Narasimha Rao, le porte-parole du BJP, le parti au pouvoir, esquive habilement le sujet en déclarant que les campagnes organisées par des ONG comme Greenpeace n’ont rien à voir avec la liberté d’expression puisqu’elles relaient des « opinions payées ».

    Les ONG qui combattent le changement climatique en Inde se retrouvent engagées, malgré elles, dans la bataille pour la liberté d’expression. « Alors que le monde est mobilisé pour défendre la liberté d’expression, pourquoi suis-je empêchée d’évoquer la situation à Mahan sur la scène internationale ? En tant que fière citoyenne d’Inde, c’est mon droit démocratique de savoir pourquoi ma liberté de mouvement et d’expression est restreinte », a déclaré Priya Pillai, la militante de Greenpeace interdite de sortie du territoire. Sa conférence devant les parlementaires britanniques a finalement eu lieu quelques jours plus tard… sur Skype.

    Julien Bouissou, LeMonde.fr le 19 janvier 2015.


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