• L’élection présidentielle autrichienne invalidée

    L’élection présidentielle autrichienne invalidée

    La Cour constitutionnelle a annulé vendredi la victoire d’Alexander Van der Bellen le 22 mai, en raison d’irrégularités.

    Un véritable coup de tonnerre! Jamais un candidat malheureux à une élection présidentielle autrichienne n’avait réclamé l’annulation auprès de la Cour constitutionnelle, comme l’a fait l’extrémiste Norbert Hofer (FPÖ). Et jamais, a fortiori, il n’avait obtenu gain de cause! C’est pourtant ce qui s’est produit hier. Gerhart Holzinger, président de la Cour constitutionnelle, a annoncé que l’élection était invalidée, en raison d’irrégularités. Les erreurs concernent 77 926 votes, soit bien plus que les 30 000 voix d’avance qu’avait obtenues Alexander Van der Bellen, à l’issue d’un coude-à-coude inédit avec Norbert Hofer.

    De la «négligence»

    Cette décision n’est pourtant pas une véritable surprise. Theo Öhlinger, professeur de droit public à l’Université de Vienne, rappelle que deux des points soulevés dans le document de 150 pages transmis à la Cour constitutionnelle par le FPÖ étaient «très sérieux». Certains bulletins de vote par correspondance ont été dépouillés par des personnes non habilitées et avant l’heure légale, et des résultats partiels ont été publiés sur Internet avant la fermeture de tous les bureaux de vote. Norbert Hofer jugeait lui-même «exorbitantes» ses chances de voir son recours accepté, tant les irrégularités étaient «épouvantables». Hier, il s’est déclaré «satisfait».

    Malgré tout, l’annonce des résultats a suscité des réactions diverses. Stefan Petzner, ex-député et successeur du sulfureux Jörg Haider à la tête du parti d’extrême droite BZÖ, a tweeté: «Comme tous les Autrichiens, j’ai honte qu’on ne soit même pas capables d’organiser une élection correctement!» Le parti libéral NEOS a demandé «une réforme de la loi électorale». D’autres, comme le cardinal Christoph Schönborn, y voient, au contraire, «un signe fort de la vigueur de notre démocratie». Pour Johannes Pollak, chef du département de sciences politiques à l’Institut d’études avancées à Vienne, «cela prouve que nos institutions fonctionnent. Pour moi, cette décision n’est pas un désastre, mais une procédure normale dans un pays démocratique.» Guido Tiemann, professeur de politique européenne à l’Université de Vienne, tient d’ailleurs à préciser qu’«il n’y a eu aucune manipulation des votes, simplement de la négligence, comme il y en a certainement déjà eu lors d’autres élections».

    Hofer président par intérim

    Que va-t-il se passer à présent? Alexander Van der Bellen ne sera pas investi vendredi prochain. Un nouveau deuxième tour aura lieu, sans doute à la fin de septembre. En attendant, l’intérim est assuré par la présidente et les deux vice-présidents du Conseil national. Ironie suprême, Norbert Hofer est l’un d’eux! Quant à savoir qui l’emportera pour de bon, le mystère demeure. «Van der Bellen gagnera une deuxième fois», veut croire son directeur de campagne.

    L’analyste Johannes Pollak pense lui aussi que l’écologiste conserve toutes ses chances. «Mais cela dépend de nombreuses variables, notamment de l’arrivée éventuelle de nouvelles vagues de migrants ou de l’avenir du Royaume-Uni après le Brexit.» De fait, Norbert Hofer milite pour un référendum sur la sortie de l’Autriche de l’Union européenne. Dans trois mois, les électeurs autrichiens devront à nouveau choisir leur président, mais avec de nouvelles cartes en main.


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