• «L’ONU devrait exiger la liste des détenus d’Assad»

    L’Organisation syrienne des victimes de guerre dénonce le système d’extermination systématique des prisonniers du régime.

    «Mon frère était un juge militaire. Ils l’ont arrêté et détenu deux ans et deux mois. Et en mars 2012, ils l’ont tué à coups de barre de fer en prison. Je veux récupérer son corps, fleurir sa tombe. Je veux que Bachar soit puni. Quelle autorité sur cette terre peut lui rendre justice?» Dans le Club de la presse de Genève, dont les murs étaient couverts de photos de corps de détenus torturés à mort dans les prisons syriennes, le témoignage bouleversant d’Hanada al Refai, de l’Organisation syrienne des victimes de guerre, exprimait avec force l’exigence de justice des familles victimes du régime.

    Une écharpe aux couleurs du drapeau national autour du cou, Hanada raconte en larmes comment elle a cherché, en vain, son frère parmi les clichés pris par «César», ce photographe de l’armée syrienne qui a sorti de Syrie 45 000 clichés de détenus morts. «Le mois dernier, la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a accusé Damas d’extermination systématique de détenus, assurant que ces morts massives de prisonniers étaient le résultat d’une politique d’Etat», a rappelé en préambule le modérateur de cette conférence.

    Mazen Darwich, du Centre syrien pour la liberté d’expression, évoquait quelque 100 000 à 300 000 détenus, vivants, morts ou disparus depuis 2011 en Syrie, sans compter ceux qui sont prisonniers des divers groupes paramilitaires et groupes armés. Quelque 10 000 Syriens seraient encore emprisonnés aujourd’hui dans les centres de détention du régime. «L’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie doit exiger du gouvernement syrien qu’il fournisse la liste des détenus de ses prisons», déclarait-il. Une campagne sur Internet intitulée Savetherest a aussi été lancée en janvier pour demander la libération de tous les détenus syriens.

    «Maintenant vous savez pourquoi des Syriens quittent leur pays pour venir ici», ajoutait Hind Kabawat, membre du Haut Comité de négociation et du Comité consultatif des femmes. Elle indiquait que dans le cadre des négociations en cours à Genève, «la libération des femmes et des enfants détenus avait été demandée aux autorités de Damas».

    Concernant le processus de règlement politique du conflit syrien, tous les orateurs répétaient qu’il n’y aurait pas de paix durable sans la mise en place d’une justice transitionnelle. Pour Mazen Darwish, du Centre syrien pour la liberté d’expression, cela implique que Bachar el-Assad soit exclu de la solution. Sinon «ce serait comme demander aux Israéliens d’accepter Hitler comme premier ministre».


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