• La « Première Dame » des Khmers rouges est morte

    La « Première Dame » des Khmers rouges est morte

    On a prêté à Ieng Thirith une influence notable sur la direction du « Kampuchéa démocratique », qui a notamment institutionnalisé les mariages forcés, dissous les familles, aboli l’éducation.

    Ieng Thirith, ministre des Affaires sociales du régime cambodgien des Khmers rouges est décédée samedi 22 août à l’âge de 83 ans. Elle était l’un des très rares cadres du régime à être poursuivi par le tribunal international parrainé par l’ONU pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

    Elle avait été libérée en 2012, inapte à être jugée en raison d’un diagnostic de démence. Hospitalisée pendant de longs mois en Thaïlande, elle est décédée à Pailin le samedi 22 août, dans l’ouest du Cambodge, après être restée « sous contrôle judiciaire » jusqu’à sa mort, a annoncé le tribunal de Phnom Pehn, parrainé par les Nations unies.

    La belle-sœur de Pol Pot

    C’est à ses liens familiaux que Ieng Thirith – de son nom de naissance Khieu Thirith – a dû son accession. Issue de la haute société cambodgienne, cette fille d’un juge a étudié la littérature en France, à la Sorbonne, à Paris. En 1951, elle y rencontre son futur mari, Ieng Sary, qui fréquente alors les cercles marxisants du mouvement anticolonialiste.

    Lorsque les Khmers rouges s’emparent du pouvoir en 1975, Ieng Sary devient ministre des Affaires étrangères et elle ministre des Affaires sociales.

    La militante était aussi la belle-sœur de Pol Pot, numéro un du régime décédé en 1998 sans avoir été jugé. En effet, sa sœur Khieu Ponnary était l’épouse de Pol Pot. Celle-ci a souffert très tôt de problèmes mentaux, ce qui l’a empêchée de jouer un rôle politique de premier plan.

    Ieng Thirith est ainsi appelée la « Première dame » d’un régime responsable de la mort de près de deux millions de personnes.

    Un pouvoir réel

    On a prêté à Ieng Thirith une influence notable sur la direction du « Kampuchéa démocratique », qui a notamment institutionnalisé les mariages forcés, dissous les familles, aboli l’éducation.

    « Ieng Thirith n’était pas un individu passif qui s’est lié aux Khmers rouges juste par son statut d’épouse de Ieng Sary et de belle-sœur de Pol Pot », souligne Youk Chhang, directeur du Centre de documentation du Cambodge, spécialisé dans les recherches sur cette période.

    « Elle était un membre important du parti qui exerçait un pouvoir au niveau national », ajoute-t-il.

    Elle promet les « sept cercles de l’enfer » à ses juges

    Jusqu’au bout, et longtemps après la chute des Khmers rouges, elle défendra le bilan du régime, avant finalement de rejeter toute responsabilité dans les faits qui lui étaient reprochés et de refuser toute coopération avec l’institution judiciaire.

    En 2007, après la création du tribunal international, elle est arrêtée avec son mari dans leur luxueuse villa de Phnom Penh.

    En 2009, quoique déjà affaiblie, elle trouve suffisamment d’énergie pour une diatribe devant les juges à qui elle promet « les sept cercles de l’enfer » s’ils l’accusent d’être une meurtrière.

    Selon des documents du tribunal, elle assistait pourtant bien aux conseils des ministres du régime. Elle a également supervisé le contrôle strict de la distribution des médicaments.

    « Ieng Thirith a été personnellement responsable et directement impliquée dans le refus d’accorder aux Cambodgiens les soins de santé même les plus basiques », insiste Youk Chhang.

    Elle a également ordonné des purges contre les traîtres présumés et était au courant des exécutions de ceux que le régime voyait comme ses ennemis, toujours selon les documents du tribunal.

    Depuis la mort de Ieng Sary en 2013, à 87 ans, seuls deux hauts dirigeants du régime – le « Frère numéro deux » Nuon Chea, 87 ans, et l’ancien chef d’État Khieu Samphan, 82 ans, – sont jugés pour leur responsabilité dans la mort de deux millions de personnes d’épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions.


  • Commentaires

    1
    VERTIGO 04
    Mardi 8 Septembre 2015 à 20:05

    Elle n'est pas morte sous la torture, sur une paillasse, privée de faim, mais dans son lit. Tout le monde ne peut pas en dire autant.

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