• La stratégie militaire contre l'EI étrillée au Sénat

    La stratégie militaire contre l'EI étrillée au Sénat

    Etats-UnisLe chef militaire des forces américaines au Moyen-Orient a dû reconnaître mercredi 16 septembre 2015 son incapacité à contrer les islamistes en Syrie.

    «Ceux qui sont au combat sont... nous parlons de quatre ou cinq», a indiqué le général Lloyd Austin, pressé de questions par la commission des forces armées du Sénat, présidée par le républicain John McCain. «C'est une blague», a commenté la sénatrice républicaine Kelly Ayotte. «Un échec total» a renchéri son collègue républicain Jeff Sessions.

    Le chiffre ridiculement bas vient donner de l'eau au moulin de ceux aux Etats-Unis qui critiquent l'inefficacité de l'administration Obama contre le groupe Etat islamique (EI), alors que des dizaines de milliers de réfugiés tentent de rejoindre l'Europe. Le problème «n'est pas que nous ne fassions rien contre le groupe Etat islamique», a tonné le sénateur John McCain. «C'est qu'il n'y a pas de raison évidente de croire que tout ce que nous faisons actuellement sera suffisant».

    Obama poussé à s'engager davantage

    Le sénateur McCain et beaucoup de républicains poussent l'administration Obama à davantage engager l'armée américaine dans le combat contre le groupe EI. Le sénateur de l'Arizona est par exemple partisan d'envoyer des forces spéciales américaines sur le terrain pour guider les frappes des avions de la coalition. Mais l'administration Obama s'en tient fermement à son objectif de ne pas déployer de soldats américains sur le terrain. Les opérations terrestres doivent être laissées à la charge exclusive des forces locales, appuyées par des frappes aériennes de la coalition, estime-t-elle. Et cette stratégie fonctionne dans certains endroits, a argumenté le général Austin devant les sénateurs.

    Dans le nord-est de la Syrie, les forces kurdes et des groupes arabes «ont fait un travail extraordinaire», écartant le groupe Etat islamique d'une grande partie de la frontière avec la Turquie, a-t-il souligné. Ils «ont repoussé le groupe Etat islamique à 40 kilomètres de Raqa», la capitale auto-proclamée du groupe extrémiste, a-t-il souligné. Le général Austin a aussi rappelé les chiffres nettement plus flatteurs du programme de formation et d'équipement des troupes irakiennes. «Aujourd'hui, près de 13'000 soldats irakiens» ont été formés, et «plus de 3000 sont en cours de formation», a-t-il indiqué. «Plus de 3100 combattants» des tribus sunnites ont aussi été formés, avec 750 en cours de formation, a-t-il affirmé.

    500 millions de dollars pour 54 combattants

    En ce qui concerne la Syrie, le Pentagone avait annoncé au démarrage du programme en début d'année un objectif de former 5000 combattants la première année, dans un programme estimé au total à 500 millions de dollars. Mais seuls 54 combattants ont été formés jusqu'à maintenant et la plupart d'entre eux ont été attaqués par un groupe lié à Al Qaida dès leur arrivée en Syrie. Une centaine de combattants seulement sont actuellement en cours de formation, selon les chiffres fournis mercredi au Sénat par une responsable du Pentagone, Christine Wormuth, qui témoignait avec le général Austin.

    Depuis le début, le programme se heurte à des problèmes de recrutement. Le Pentagone a établi des critères de sélection extrêmement rigoureux pour sélectionner des volontaires, éliminant impitoyablement des milliers de candidats, selon ses propres chiffres. Washington a aussi clairement indiqué que les futurs combattants devraient se battre contre le groupe EI, et non contre le régime de Bachar el-Assad, un repoussoir pour nombre de combattants syriens. La CIA anime parallèlement un programme clandestin d'entraînement de rebelles en Syrie.

    Devant les sénateurs, le général Austin a dû aussi se justifier sur la fronde d'analystes du renseignement du Centcom. Certains accusent leur hiérarchie d'avoir délibérément enjolivé leurs rapports sur la situation sur le terrain, et l'inspection générale du Pentagone a lancé une enquête. «Vous pouvez être sûrs que je prendrai toutes les actions appropriées», a déclaré le général devant les sénateurs, en promettant de protéger tous les analystes qui ont pris le risque de dénoncer leurs chefs.


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