• «Le Front Polisario n’est pas l’allié des terroristes»

    «Le Front Polisario n’est pas l’allié des terroristes»

    Très actif sur le front diplomatique, le mouvement sahraoui vient d’adhérer aux Conventions de Genève.

    A la fin de l’été, le Front Polisario, qui conteste le droit du Maroc à exercer son emprise sur le territoire du Sahara occidental, a annoncé qu’il avait formellement adhéré aux Conventions de Genève. Une première pour un mouvement armé. Rabat n’a pas du tout apprécié que la Suisse, Etat dépositaire des Conventions, entérine une démarche qui renforce la légitimité et la représentativité des Sahraouies au sein des instances internationales. Mhamed Khadad, coordinateur du Front Polisario avec l’ONU, est l’un des artisans de ce succès diplomatique.

    Pourquoi teniez-vous tant à adhérer aux Conventions de Genève?

    Parce que nous voulons, en tant que mouvement de libération, mener notre combat sur le terrain du droit international et obtenir l’organisation d’un référendum d’autodétermination. A deux reprises depuis 1975, nous avons déclaré que nous nous engagions à respecter les Conventions de Genève. Nous avions effectué des démarches en 1989 auprès de la Suisse, Etat dépositaire, pour que cela soit acté dans les formes légales. A l’époque, notre démarche n’a pas été prise en considération parce que le Maroc n’avait pas adhéré lui-même à ces Conventions. Il l’a fait en 2011, c’est pour cela que nous avons réitéré notre demande et qu’elle a été, cette fois, prise en compte.

    Est-ce que les choses bougent?

    L’ONU doit faire respecter le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Elle s’y est engagée et doit même fixer une date. En juillet 2015, l’Union africaine a rappelé à la communauté internationale qu’elle devait tenir ses engagements. Nous vivons une occupation et nous mènerons toutes les actions en justice nécessaires pour faire respecter notre droit et aboutir à une solution juste et définitive.

    Quelle est la prochaine échéance?

    L’envoyé du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, s’est rendu sur place, il va remettre son rapport au début du mois de novembre. Nous espérons une visite de Ban Ki-moon en décembre dans la région.

    Le Maroc vous accuse de faire le jeu des terroristes islamistes. Que répondez-vous?

    Depuis le début du conflit, le Maroc nous traite tantôt de communistes, tantôt de terroristes islamistes. C’est de la propagande. Le Front Polisario n’est pas une passerelle avec les terroristes islamistes. Le Mujao nous a attaqués. Le problème du Sahel, c’est la drogue et le cartel de Gao.

    Ce conflit n’est-il pas un frein au développement de la région?

    Evidemment que cette situation freine le développement de la région. Mais le premier enjeu, c’est la démocratie.

    Clash diplomatique entre Rabat et Stockholm

    Le moins que l’on puisse dire est que Rabat n’a pas du tout apprécié l’initiative des Suédois, qui vont autoriser la République arabe sahraouie démocratique, émanation du Front Polisario, à ouvrir une représentation sur leur territoire. Cette décision a entraîné un véritable cataclysme jusqu’au sommet du royaume. Tous les partis politiques font front commun pour dénoncer cette «immixtion inacceptable» dans les affaires du pays.

    C’est le deuxième succès diplomatique du Front Polisario après son adhésion aux Conventions de Genève (lire ci-dessus). Il y a quelques semaines, Rabat manifestait sa colère auprès des autorités suisses. Maintenant, c’est le soutien des autorités suédoises au mouvement sahraoui qui est source de crispation. A Rabat, on est d’autant plus furieux que l’Etat marocain ne dispose pas lui-même de représentation en Suède. Ce coup de froid diplomatique a entraîné le blocage de l’inauguration du premier magasin Ikea du Maghreb, qui devait ouvrir ses portes il y a quelques jours à Zenata (Casablanca). Officiellement pour un problème de «certificat de conformité».

    La réaction de la Suède ne s’est pas fait attendre. Plusieurs enseignes ont stoppé à leur tour «l’importation et la vente des produits agricoles provenant du Sahara». Le boycott n’affecte pas seulement les produits agricoles, mais aussi d’autres produits comme le poisson. Ancienne colonie espagnole majoritairement contrôlée par le Maroc, le Sahara occidental est revendiqué par les indépendantistes du Front Polisario. Rabat propose une large autonomie sous sa souveraineté tandis que le Front Polisario, soutenu par Alger, réclame un référendum d’autodétermination.


  • Commentaires

    1
    VERTIGO 04
    Vendredi 9 Octobre 2015 à 14:54

    Le Maroc a, ni plus, ni moins, annexé ce territoire de façon arbitraire. Il s'agit d'une juste reconnaissance pour moi.

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