• Les attaques contre les yézidis en Irak pourraient constituer un génocide pour l’ONU

    Les attaques contre les yézidis en Irak pourraient constituer un génocide pour l’ONU

    Des enquêteurs de l’ONU ont demandé jeudi 19 mars 2015 la saisie de la Cour pénale internationale.

    Les attaques en Irak des djihadistes de Daech contre les Yézidis pourraient constituer un « génocide », ont estimé jeudi 19 mars des enquêteurs de l’ONU, demandant la saisie de la Cour pénale internationale (CPI).

    Depuis qu’ils ont commencé à enquêter sur les atrocités commises par Daech depuis leur offensive de juin 2014 en Irak, les enquêteurs de l'ONU ont obtenu le témoignage d’une centaine de personnes, dont des rescapés des attaques perpétrées contre la minorité yézidie.

    « Les attaques (…) étaient clairement orchestrées. Les ordres arrivaient par téléphone », a expliqué Suki Nagra, la responsable de la mission d’enquête de l'ONU sur l’Irak, lors de la présentation de son premier rapport. « Il y avait une chaîne de commande. Nous avons obtenu les noms de certains des attaquants présumés » mais les ordres venaient d’ailleurs, a-t-elle ajouté.

    D’après les survivants, un certain nombre de combattants étaient des étrangers, venus de pays de la région mais aussi – bien qu’en très petit nombre – de pays occidentaux, a-t-elle précisé.

    Une intention des djihadistes de les « détruire en tant que groupe »

    Regroupés notamment dans le Kurdistan irakien, les Yézidis forment un groupe ethnique pratiquant une religion monothéiste qui a emprunté certains de ses éléments au christianisme ou à l’islam. Considérée comme hérétique par Daech, cette minorité a été particulièrement visée par les exactions du groupe extrémiste sunnite qui a conquis des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar (nord), fief des Yézidis.

    Le rapport de l’ONU explique que « le schéma » des attaques contre les Yézidis a montré l’intention des djihadistes de les « détruire en tant que groupe », avec des villages entiers « vidés » de leur population, ce qui « suggère fortement que l’État islamique en Irak et au Levant, (ancien nom de Daech, NDLR) pourrait avoir perpétré un génocide ».

    Le rapport, demandé en septembre dernier par le Conseil des droits de l’Homme de l'ONU à l’initiative du gouvernement irakien, mentionne « le meurtre brutal et ciblé » de centaines d’hommes et garçons yézidis dans les plaines de Ninive en août 2014.

    Dans de nombreux villages yézidis, la population a été regroupée. Selon les enquêteurs de l’ONU, les hommes et garçons de plus de 14 ans ont été séparés des femmes et des filles. Les hommes ont été emmenés plus loin et abattus par les jihadistes, tandis que les femmes étaient enlevées comme butin de guerre.

    Les meurtres des chrétiens ne sont pas considérés comme un génocide par les enquêteurs

    Les enquêteurs dénoncent aussi le « traitement brutal » – meurtres, tortures, viols et enrôlement d’enfants… – infligé à d’autres groupes ethniques, citant les chrétiens, turkmènes, sabéens, mandéens, kaka’e, kurdes et chiites.

    « Certains pourraient constituer des crimes contre l’Humanité et/ou des crimes de guerre », précisent-ils. Suki Nagra a expliqué que le meurtre des chrétiens ne peut pas être considéré comme un génocide par les enquêteurs car les chrétiens, contrairement aux Yézidis, se sont vus offrir la possibilité de se convertir ou de s’enfuir.

    Face à l’horreur de ces crimes, les enquêteurs ont appelé le gouvernement irakien à enquêter et à devenir partie au statut de Rome de la Cour pénale internationale. Ils demandent aussi au Conseil de sécurité de « porter la situation en Irak devant la CPI ».

    Les enquêteurs indiquent par ailleurs avoir reçu des informations rapportant que des forces de sécurité irakiennes et des milices associées avaient commis de graves violations des droits de l’Homme lors de leurs opérations de contre-offensive contre Daech et pourraient aussi avoir commis des crimes de guerre.

    Le rapport mentionne de nombreux autres crimes, notamment en juin lorsque environ 600 hommes détenus dans la prison de Badouch, principalement des chiites, ont été emmenés dans des camions jusqu’à un ravin, où ils ont été tués par des combattants sunnites de Daech.

    Une autre Commission d’enquête du Conseil des droits de l’Homme travaille depuis 2011 sur la situation en Syrie et les dernières mises à jour de ses rapports incluent les crimes commis par Daech dans ce pays.


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