• Perte d'influence de Londres?

    Perte d'influence de Londres?

    La discrétion de Londres dans les dossiers internationaux alimente la crainte d'une perte d'influence

    Londres - La discrétion de Londres sur des dossiers comme l'Ukraine ou le Proche-Orient commence à semer le trouble au Royaume-Uni où médias, parlementaires et responsables militaires s'interrogent sur la capacité de leur pays à briller sur la scène internationale. Et plus grave encore, sur son envie de le faire.

    Dans un rapport publié vendredi 20 février 2015, la commission des Affaires européennes de la Chambre des Lords estime que le gouvernement du conservateur David Cameron n'a pas été aussi actif ou visible qu'il aurait pu l'être pour tenter de résoudre la crise ukrainienne.

    Sans épargner l'UE, elle estime en outre que le Royaume-Uni a fait une erreur catastrophique d'interprétation de cette crise.

    David Cameron a été responsable de la plus grande perte d'influence britannique en Europe depuis une génération, a aussitôt commenté le responsable de la diplomatie dans l'opposition travailliste, Douglas Alexander.

    L'éditorialiste Nick Cohen, du quotidien de gauche The Guardian, se montre également très sévère avec M. Cameron, qui vise sa réélection en mai, affirmant que personne ne se préoccupe de ce qu'il pense ni n'attend de lui du soutien, et encore moins des solutions.

    Si le Royaume-Uni ne se prive pas de prôner la fermeté vis-à-vis de Moscou, il n'a notamment pas participé aux négociations de Minsk ayant abouti le 12 février à un cessez-le-feu entre l'Ukraine et les rebelles prorusses, violé depuis.

    Et sa participation à la coalition contre le groupe Etat islamique s'est limitée à des vols de reconnaissance en Syrie et quelques frappes en Irak.

    Dans ce contexte, un nouvel incident en début de semaine impliquant des avions militaires russes, venus frôler l'espace aérien britannique, a suscité des réactions alarmistes sur l'équipement militaire du pays.

    Michael Graydon, ex-chef de la RAF, l'armée de l'air britannique, a ainsi estimé que son pays était à la merci de Moscou, dénonçant les économies réalisées dans le budget de la Défense ces dernières années.

    - Calendrier électoral -

    Ces vols russes -qui concernent aussi les Pays baltes ou la Finlande- soulèvent inévitablement la question de savoir si les militaires britanniques sont correctement équipés pour défendre les intérêts de la nation, estime aussi le Daily Telegraph.

    Depuis 2010 et l'arrivée au pouvoir de la coalition conservateurs/libéraux démocrates, quelque 30.000 postes ont été supprimés dans l'armée britannique tandis que le pays ne dispose plus que de 18 destroyers et frégates et de sept escadrons de chasse -contre 33 en 1990.

    Pour Ian Bond, du centre de réflexion londonien Center for european reform, ces coupes budgétaires reflètent bel et bien la perte d'ambition en matière de politique étrangère d'un gouvernement dont la seule obsession tournerait autour de sa volonté de revoir les modalités de son appartenance à l'Union européenne.

    Richard Whitman, président de la School of politics and international relations parle aussi de défaillances mais relatives, rappelant que le gouvernement attend la livraison de deux nouveaux destroyers.

    Selon lui, le calendrier électoral, avec des élections législatives programmées le 7 mai, n'est pas étranger au manque d'enthousiasme affiché par Londres pour les grands dossiers internationaux ces derniers mois.

    Conservateurs et opposition travailliste sont au coude-à-coude et aucun responsable des deux camps ne veut s'attirer les mauvaises grâces d'un électorat très réticent à toute intervention extérieure, selon lui.

    L'engagement de l'ancien Premier ministre Tony Blair aux côtés des Etats-Unis dans la guerre menée contre l'Irak en 2003, comme l'intervention en Afghanistan où le Royaume-Uni a perdu 453 hommes en 13 ans, ont marqué très négativement les esprits.

    David Cameron a, par ailleurs, été échaudé par le refus du Parlement britannique de voter, fin août 2013, une intervention en Syrie après l'attaque à l'arme chimique par le régime syrien contre la rébellion.

    The Economist souligne toutefois que pour être juste, le Royaume-Uni assume ses responsabilités au sein de l'Otan et prendra en 2017 la tête de la nouvelle force de 5.000 hommes qui sera déployée à l'est de l'Europe en réponse à la menace russe.

    Un autre bon signe réside dans la multiplication de projets communs issus de traité de défense franco-anglais de 2010, qui reconnaît un intérêt commun à continuer d'assumer un rôle mondial avec des moyens réduits, ajoute l'hebdomadaire.


  • Commentaires

    1
    Lundi 9 Mars 2015 à 17:36

    Les vols russes ont frôlé aussi les côtes françaises dernièrement. Régulièrement, la Russie survole les territoires inuits au fin fond du Canada. Cameron a encore de beaux jours devant lui.

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