• «Terminator» Ntaganda devant ses juges

    «Terminator» Ntaganda devant ses juges

    Le procès de l'ex-chef de guerre congolais Bosco Ntaganda s'est ouvert mercredi 2 septembre 2015 devant la Cour pénale internationale (CPI).

    Le juge Robert Fremr a ouvert l'audience vers 9H30 en présence de Bosco Ntaganda, vêtu d'une chemise blanche et d'une cravate grise rayée. Ce dernier est accusé de crimes contre l'humanité en République démocratique du Congo (RDC), dont le viol d'enfants-soldats.

    Sur les deux jours prévus pour l'ouverture du procès, la procureure Fatou Bensouda doit s'exprimer la première avant de laisser la parole aux avocats des victimes, à l'avocat de M. Ntaganda et enfin à l'accusé lui-même.

    Rôle central dans les violences ethniques L'ancien rebelle de 41 ans aurait joué, avec ses troupes des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), un rôle central dans les violences ethniques et attaques menées contre les civils en Ituri, dans le nord-est de la RDC, en 2002 et 2003. Selon les ONG, ce conflit a coûté la vie à plus de 60'000 personnes.

    Au cours du procès, l'accusation devrait présenter plus de 8000 documents, dont des rapports d'experts, extraits vidéo et déclarations. Plus de 70 «témoins de faits» et une dizaine d'experts témoins seront cités, a assuré Fatou Bensouda.

    * * *

    Pour la première fois, la CPI va juger un chef de milice en RDC pour des faits de violence sexuelle commis contre des enfants à grande échelle.

    Treize crimes de guerre et cinq crimes contre l’humanité, dont des meurtres, pillages, attaques contre des civils, viols et esclavage sexuel dans le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003. C’est ce dont est accusé Bosco Ntaganda, 41 ans, dont le procès devant la Cour pénale internationale (CPI) a débuté à La Haye.

    « Terminator », comme il était surnommé, était le fugitif le plus recherché dans la région des Grands Lacs jusqu’à ce qu’il se rende à l’ambassade américaine de Kigali, au Rwanda, en mars 2013, pour demander son transfert à la CPI. L’accusé a été de toutes les guerres, notamment ethniques, qui ont déchiré la région, du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 à la dernière rébellion du Mouvement du 23 mars (M23).

    « Cette affaire concerne la violence qui a décimé la région de l’Ituri, tuant des centaines de civils, en laissant des milliers vivre de rien dans la forêt » a souligné à l’ouverture du procès, mercredi 2 septembre, Fatou Bensouda, la procureure de la CPI. « La population a été traumatisée par les violences sexuelles », a-t-elle insisté, sous le regard impassible de l’accusé. D’une voix presque inaudible, ce dernier a répété qu’il plaidait « non coupable de toutes les charges retenues ».

    Le viol comme arme de guerre

    Bosco Ntaganda est le premier accusé en droit pénal international qui doit répondre de viols et esclavage sexuel, y compris sur des enfants enrôlés de force dans sa milice. Il aurait utilisé de façon massive les viols comme armes de guerre. Ils étaient organisés à « si grande échelle » que des antibiotiques contre les maladies sexuellement transmissibles ont été distribués à plusieurs reprises aux soldats, souligne Nicole Samson, une représentante du bureau de la procureure.

    « Ces miliciens ont fait du viol des femmes et des jeunes filles une arme de guerre complètement banalisée », confirme le P. Bernard Ugeux (1), qui vit en RD-Congo. Il travaille à Bukavu aux côtés du docteur Denis Mukwege, ce gynécologue congolais, prix Sakharov du Parlement européen en 2014, qui « répare » les femmes victimes de violences sexuelles au Sud-Kivu depuis quinze ans.

    La reconnaissance du droit des victimes

    « Avec ce procès et ces chefs d’accusation, la CPI envoie un signal fort. Elle renforce l’idée que l’impunité vis-à-vis des chefs de guerre congolais qui pratiquent le viol ne peut se poursuivre », analyse Florent Geel, responsable Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

    « Ce procès, c’est aussi la reconnaissance des droits des victimes à la vérité et à la justice, une prise en compte de leur souffrance. Ce droit à la réparation inclut une indemnisation et une non-répétition de ces crimes. Sans oublier la nécessité d’une forme de réparation psychologique et médicale », insiste Dismas Kitenge, vice-président de la FIDH.

    « Les viols ont souvent lieu en présence du mari, des enfants. Et des tortures peuvent accompagner cet acte, souligne Bernard Ugeux. Parfois, on exécute aussi le mari et on emmène une des jeunes filles comme esclave sexuelle pour la milice. On observe ainsi une destruction totale de la famille ».

    Au-delà de ces actes, ces femmes subissent une double peine. Aux souffrances physiques et psychologiques, s’ajoute le fait qu’elles n’osent pas dénoncer leurs violeurs car elles n’ont aucune chance d’être entendues par la justice congolaise. Et si elles le sont, celui qui a été condamné trouve souvent un moyen pour s’échapper et venir régler ses comptes.

    Quatrième procès « congolais » de la CPI

    Le procès de Bosco Ntaganda est le quatrième procès « congolais » de la CPI, qui avait fait des violences en RDC sa première enquête en 2004. À l’heure où la défiance entre la CPI et l’Afrique est à son maximum, ce jugement du premier haut gradé de l’armée congolaise – il y a été général de 2007 à 2012 – catalyse de fortes attentes.

    En témoigne le nombre de victimes représentées mercredi. Trois cents anciens enfants-soldats et 1 850 victimes d’attaques, soit 2 150 personnes qui ont obtenu le statut de participant au procès de « Terminator ».


  • Commentaires

    1
    VERTIGO 04
    Mardi 8 Septembre 2015 à 19:54

    Pour une fois qu'un condamné n'arrive pas à son procès à un âge canonique.............. J'espère qu'il passera en prison le restant de ces jours.

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