• Le "PNR", un fichier européen pour une traçabilité des passagers aériens

    Le "Passenger Name Record" (PNR), un fichier européen des données personnelles des voyageurs aériens dont l'adoption par l'Europe est réclamée avec insistance par la France, doit permettre une traçabilité des passagers dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.

    Quels sont les objectifs du PNR?

    La directive sur le PNR date de 2011. Elle prévoit la création d'un fichier européen des données personnelles des voyageurs aériens - pour les vols de ou vers l'Union européenne - qui pourrait être croisé, avant leur entrée sur le territoire européen, avec des bases de données de personnes dangereuses.

    Le PNR doit notamment permettre d'obtenir des informations sur les départs des ressortissants européens soupçonnés de vouloir rejoindre les mouvements jihadistes en Syrie et en Irak, et informer les Etats de leur retour.

    Seul un nombre limité de personnes habilitées devraient avoir accès aux fichiers avec les noms des passagers.

    A quel stade en est-on pour l'adoption du projet?

    La commission Libertés civiles du Parlement européen a adopté le 15 juillet ce projet, bloqué depuis 2011 par le Parlement qui réclamait des garanties sur la protection et le traitement des données ainsi collectées et échangées, qui seraient conservées pendant cinq ans, de manière masquée.

    "Ces données doivent seulement être utilisées pour empêcher, détecter, enquêter et poursuivre en justice" des actes de terrorisme et des crimes transnationaux, selon le projet amendé par les eurodéputés qui inclut des garanties pour assurer "la légalité de tout stockage, analyse, transfert et exploitation de ces données".

    Des discussions devaient être engagées avec les gouvernements nationaux en vue de parvenir à un accord final avant la fin de l'année.

    Quels sont les obstacles à sa mise en oeuvre?

    Le texte avait été recalé en 2013 par la Commission des libertés civiles au nom de la protection des données personnelles.

    Ses détracteurs dénoncent également un manque d'équilibre entre les impératifs de sécurité et les droits fondamentaux et le stockage massif de données de passagers pendant cinq ans.

    Quels sont les fichiers existants du même type?

    Les autorités américaines exigent depuis mars 2003 que leur soient communiquées les informations personnelles fournies par les passagers: nom et coordonnées, dates et itinéraire du voyage, moyens de paiement utilisés, numéro de la carte de crédit, agence de voyage, informations sur les bagages, menu réservé à bord.

    Ces mesures avaient été imposées après les attentats du 11 Septembre 2001.

    Les gouvernements européens insistent sur la création d'un PNR sur le modèle de ceux conclus avec les Etats-Unis, le Canada et l'Australie.

    Une quinzaine de pays en Europe se sont déjà dotés de systèmes nationaux.

    L'administration américaine, qui pousse pour la conclusion de l'accord PNR, assure que ce type de données a "permis de détecter un tiers des terroristes potentiels identifiés par les Etats-Unis" en 2009.


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    Pour combattre le groupe terroriste, les pays de la coalition tentent d’interrompre les flux qui lui permettent de se financer.

    C’est un travail méthodique, exigeant de la patience, et qui se révèle très compliqué.

    Pour vaincre Daech, il faut frapper cette organisation au portefeuille, pour l’asphyxier. C’est ce que recommande un nombre de plus en plus grand de responsables politiques.

    Aux Etats-Unis, Donald Trump, candidat à la primaire républicaine aux États-Unis, dans un entretien à une chaîne de télévision américaine, au lendemain des attentats de Paris, a accusé le gouvernement américain de passivité. Et il a asséné : « Il faut viser les banques et le pétrole » de l’État islamique.

    En réalité, cela fait déjà plusieurs années que les gouvernements européens et américains s’efforcent de couper les flux qui permettent à Daech de se financer. Et cela s’avère beaucoup plus difficile que prévu.

    Les dons comptent peu pour Daech

    Daech, en effet, peut compter sur d’importantes ressources. À l’intérieur du territoire que l’organisation contrôle, Daech lève un « impôt » sur les populations, et prélève sa part sur les exportations de pétrole, de coton, ou de produits agricoles.

    L’organisation prend aussi sa part sur différents trafics conduits par des groupes criminels de la région : vente d’antiquités, enlèvements contre rançons, trafic d’organes…

     « Daech a amassé une fortune sans précédent et la composition de ses revenus est bien différente de celle des autres groupes terroristes », reconnaissait David Cohen, sous-secrétaire au Trésor américain, en 2014, devant la fondation Carnegie. « Au contraire d’Al-Qaïda, par exemple, Daech tire une part relativement faible des soutiens de riches donateurs. Il ne dépend donc pas beaucoup de transferts d’argents qui traversent des frontières. » 

    L’organisation se finance surtout grâce à la vente illicite de produits pétroliers. Des milliers de transporteurs font des navettes vers les raffineries en territoire sous contrôle de Daech, et transportent de petites quantités qui vont de quelques bidons à un camion-citerne. Ils se rendent ensuite majoritairement en Turquie, mais aussi au Kurdistan irakien ou en Jordanie.

    le baril de pétrole vendu moitié prix par Daech

    Ce pétrole est revendu à moindre prix, pour 20 dollars le baril (18,5 €), soit deux fois et demie moins que le cours officiel. Il nourrit toute une économie informelle qui repose pour beaucoup sur des transactions en liquide. Il est donc très compliqué de tarir ce flux, du moins tant que la Turquie ne ferme pas sa frontière. Or ce pays se montre peu coopératif.

    Actuellement, les exportations de pétrole représentent autour de 25 000 barils par jour, générant l’équivalent de quelque 15 millions d’euros de revenus par mois.

    Lors de la réunion du G20 à Antalya, lundi 16 novembre, les participants ont inclus dans leur communiqué final une demande au Gafi (Groupe d’action financière)« de faire un rapport aux ministres des Finances du G20 lors de leur première réunion en 2016 sur les progrès faits par les États pour corriger les faiblesses en matière d’assèchement des flux de financement liés au terrorisme ».

    Le travail de coordination entre États a déjà permis des résultats. Mais il n’en est qu’à ses débuts. En mars 2015, à Rome, les ministères des finances de 26 pays se sont réunis pour mettre sur pied un groupe financier « anti-Daech ». Il est codirigé par les États-Unis, l’Italie et l’Arabie saoudite.

    Les banquiers privés du terrorisme

    Ce groupe va notamment viser les « facilitateurs », ces personnes de confiance qui jouent le rôle de banquiers privés et, grâce à leur réseau de relations, peuvent conduire des opérations de compensation, payant de l’argent dans un pays tiers pour des fonds reçus par une autre personne dans un autre pays, ou bien faisant des transactions pour le compte d’autres personnes. Repérer ces agents financiers reste toutefois un long travail de renseignement.

    Enfin, les pays du G20 soupçonnent que Daech pourrait se servir de moyens très modernes pour assurer ses transactions, notamment le Bitcoin. Cette monnaie électronique, sans existence matérielle, permet des échanges quasiment anonymes. Elle est régulièrement mise en cause comme un moyen d’assurer de nombreuses transactions illicites.

    Un groupe d’activistes de l’Internet, le « Ghost security group », qui assure combattre Daech sur les réseaux vient d’assurer avoir mis à jour deux comptes en Bitcoin, pour un total équivalent à 25 millions d’euros, et qui aurait servi à Daech. Il reste toutefois impossible de vérifier cette information.


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  • Près de 6000 djihadistes identifiés par Interpol

    L'organisation a identifié 5800 combattants étrangers qui ont rejoint l'Etat islamique en Syrie ou en Irak.

    Le directeur d'Interpol, Juergen Stock, intervenait à Séville (sud de l'Espagne) à l'occasion d'une conférence sur la lutte antiterroriste, quelques jours après les attentats djihadistes qui ont fait 129 morts le 13 novembre à Paris, revendiqués par le groupe Etat islamique. Plusieurs de ses auteurs présumés, citoyens français ou belges, seraient passés par la Syrie.

    «L'organisation a répertorié à ce stade quelque 5'800 combattants étrangers, djihadistes présumés, venant de plus de 50 pays», a déclaré Juergen Stock. Il a cependant ajouté que le nombre total des ces djihadistes était estimé à 25'000. Il a estimé qu'il fallait davantage de coopération entre les pays dans ce domaine.

    «L'information est la base du travail de la police... cette information doit être partagée avec Interpol», a-t-il dit. Des spécialistes des forces de l'ordre du monde entier se sont retrouvés à Séville pour une conférence de trois jours visant à des échanges sur la lutte antiterroriste.


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  • ENTRETIEN avec François Heisbourg, président de l’International Institute for Strategic Studies.

    Pour le spécialiste de géopolitique, il ne faut pas laisser croire aux opinions publiques qu’on peut trouver des réponses simples et rapides à des conflits qui mêlent religion, territoire et dynasties. Pour lui, le Moyen-Orient est au début de sa guerre de Trente ans.

     La Croix : Quelles vont être les conséquences géopolitiques des attentats de Paris ? 

     François Heisbourg : La première répercussion touche notre territoire. Le Moyen-Orient vient à nous avec les réfugiés. Il y a un fort risque de durcissement de l’opinion française par rapport à la question des frontières, de l’avenir de Schengen, qui aura des conséquences pas seulement au Front national, mais du côté des Républicains.

    Ces attentats interviennent à un moment où la tension était déjà forte sur la question d’une recherche de solution européenne à la crise des réfugiés. C’est un très lourd facteur supplémentaire.

    Le président de la République a annoncé dès vendredi soir un renforcement des contrôles aux frontières… 

     F.H. : Oui. À court terme, il n’y a pas de problème. Ce contrôle est déjà acté avec la perspective de la conférence sur le climat, la Cop 21, dans deux semaines. On va monter de trois crans dans le durcissement des passages. Cette mesure d’exception n’implique cependant pas de changement de logique européenne.

    Mais nous avons des élections régionales en décembre et l’union sacrée face à ce genre d’événement ne dure qu’un temps. La recherche de solutions purement nationale face à la crise des réfugiés va se trouver renforcée face à une solution européenne. Il est trop tôt pour dire où s’arrêtera le curseur.

     Pour autant, les auteurs des attentats de vendredi semblent venir de l’intérieur du pays, pas de l’extérieur. Ils semblaient bien parler français, d’après les témoignages… 

     F. H. : Oui. Je serais surpris qu’il y ait beaucoup d’étrangers. Il faut quand même être du coin pour connaître le Bataclan. Pour autant il est normal qu’on cherche à renforcer le contrôle aux frontières pour éviter que des complices ne cherchent à quitter le territoire national, comme on l’avait fait après les attentats de janvier dernier.

    En décrétant l’état d’urgence comme première mesure, le président fait par ailleurs un geste de bonne gestion politique. Il démontre que l’arsenal juridique existant est bien fait. Il prend les devants par rapport aux demandes de lois d’exception qui ne manqueront pas de venir. Cela doit permettre d’éviter les excès qu’ont connus les États-Unis après le 11 septembre. C’est important pour la bonne santé de notre société.

     Et au Moyen-Orient ? 

     F. H. : La pression va être très forte pour faire passer une idée apparemment simple et de bon sens : « tous avec Bachar contre Daech ». On la sent déjà monter. C’est en effet une question légitime, mais la réponse est fausse. Ce faisant, on contraindrait les sunnites, qui représentent les trois quarts de la population syrienne soit à se joindre à l’organisation qui parvient à tirer les épingles du jeu – elle s’appelle Daech –, soit de quitter le pays et rejoindre les cohortes de réfugiés… Il faudra absolument résister à cela. Les Américains ont voulu faire simple en Irak, on a vu ce que ça a donné. Idem pour les Russes en Tchétchénie ou en Syrie, avec l’attentat du Sinaï.

    Le milieu moyen-oriental n’est pas simple à gérer. Dans cette région, les ennemis de mes ennemis ne sont pas mes amis. Et les amis de mes amis ne sont pas mes amis… Il ne peut pas y avoir de solution rapide. Même s’il est tentant de dire : « voyez, mes avions bombardent », il est plus efficace à terme de renforcer les moyens des services de renseignement et des troupes spéciales. Le pouvoir actuel a fait un travail très sérieux en la matière, avec notamment la création de la direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) en mai 2014.

    Mais la pression pour des résultats est très forte… 

     F. H. : Oui. Les politiques sont dans une extrême pression médiatique qui les pousse à montrer qu’ils font quelque chose. La télévision russe, actuellement, c’est Star wars… Mais il faut résister à cette idée. L’action de fond prend du temps, à un moment où les terroristes courent plus vite que nous. À l’automne 1940, Churchill n’a pas dit qu’il allait résoudre les problèmes en six mois. Il a promis du sang, des larmes et de la sueur.

     Que peut-on espérer de la réunion internationale de Vienne, qui réunit notamment ce week-end les États-Unis, la Russie, l’Iran et l’Arabie saoudite, pour trouver une solution au conflit syrien ? 

     F. H. : Il faut investir ce processus, car il n’y en a pas d’autre. Mais les divergences d’intérêt entre l’Arabie saoudite et l’Iran sont immenses. Elles seront peut-être réductibles un jour, mais je ne pense pas qu’on y soit arrivé.

     Que peut-on faire militairement ? 

     F. H. : Il faut des frappes ciblées avec des forces spéciales, des drones. Ce qu’on fait jeudi les Américains contre « Djihadi John », le bourreau britannique de Daech, est sans doute nécessaire. Mais ce n’est pas en rasant Raqqa, son quartier général, qu’on va résoudre le problème. Au contraire, on fabriquera des terroristes.

    En réalité, le problème pour le gouvernement est avant tout français. Les attentats n’ont pas nécessité une grande compétence militaire, mais organisationnelle. Pas sûr qu’un stage en Syrie ait été un passage obligé.

     Et la Syrie n’est pas le seul État concerné. 

     F. H. : Non en effet. À l’heure actuelle, quatre États de la région sont en train de tomber en morceaux : la Syrie, l’Irak, le Yemen et la Libye. Les logiques d’éclatement sont différentes, mais le point d’aboutissement est le même : la fin de l’ordre né des accords Sykes-Picot, qui ont organisé le partage du Proche-Orient à la fin de la première guerre mondiale – auxquels fait d’ailleurs référence Daech.

    On voit que c’est compliqué : au Yémen, les Occidentaux ont été totalement absents et c’est une catastrophe ; en Syrie, ils ont été très peu présents et c’est pareil ; idem en Libye, où ils ont aidé à la fin de Kadhafi, mais ont été absents sur le terrain ; et enfin, en Irak, où ils ont procédé à une occupation et une gestion directe, la situation est tout aussi catastrophique. Entre la non-intervention et l’intervention, il est très difficile de dire quelle est la moins mauvaise politique.

    Ne faut-il pas accepter le moindre mal ? 

     F. H. : Au Moyen-Orient à l’heure actuelle, je ne sais pas recommander une politique particulière. Cela doit rendre stratégiquement extrêmement modestes et prudents. Surtout vis-à-vis des opinions publiques : il ne faut pas leur laisser croire qu’en choisissant telle ou telle posture on réglera les problèmes.

    Il n’y a pas de solution simple à des conflits qui mêlent religion, territoire et dynasties, à l’image de la guerre de Trente ans, qui a déchiré l’Europe de 1618 à 1648. Le Moyen-Orient est au début de sa guerre de Trente ans.


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  • La prochaine réunion de Vienne sur la Syrie doit définir la liste des groupes terroristes. « Il y a deux points importants à l'ordre du jour de la prochaine réunion de Vienne, tout d'abord déterminer qui sont les groupes terroristes, ce qui est clair pour nous. Ensuite, se mettre d'accord sur la manière de poursuivre le travail », a déclaré M. Zarif, lors d'une conférence de presse avec son homologue belge Didier Reynders, en visite à Téhéran. M. Zarif a ajouté qu'il ne savait pas encore à quel niveau l'Iran participerait à cette réunion. « Il y a deux principes pour nous. Premièrement, il appartient à la communauté internationale de lutter contre le terrorisme. Ensuite, il appartient au peuple syrien de déterminer son avenir. Nous ne pouvons qu'apporter notre aide et non décider » pour les Syriens, a-t-il ajouté.
    M. Zarif a ajouté qu'il fallait empêcher les groupes terroristes de vendre du pétrole et d'avoir accès à des sources financières. Il a aussi critiqué « certains pays dans la région et hors de la région qui n'ont pas encore compris le danger de l'État islamique et de l'extrémisme et pensent qu'ils peuvent utiliser ces groupes comme un levier ».
    Didier Reynders a de son côté salué « la participation de l'Iran à la recherche d'une solution en Syrie ». Face « au terrorisme » et à l'afflux massif de réfugiés Syriens en Europe, « nous avons (avec l'Iran) toutes les raisons de rechercher une solution politique », a ajouté le chef de la diplomatie belge pour qui « il n'y aura pas de solution militaire » en Syrie.

    Frappes françaises
    Par ailleurs, les chasseurs français ont bombardé dimanche un centre d'approvisionnement pétrolier du groupe État islamique (EI) près de Deir ez-Zor, a annoncé hier le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. « En Syrie nous sommes intervenus (...) hier soir par une frappe sur un point de délivrance pétrolier aux environs de Deir Ez-Zor à la frontière entre l'Irak et la Syrie », a-t-il déclaré lors d'un point de presse en marge du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique. La France élargit donc cette fois ses opérations à un centre d'une autre nature, où « l'on prend du pétrole pour le délivrer ailleurs », a indiqué M. Le Drian. L'EI tire une partie importante de ses revenus du commerce de pétrole.

    Près de 448 cibles « terroristes »
    De son côté, l'armée russe a annoncé hier avoir bombardé 448 cibles « terroristes » en Syrie ces dernières 72 heures, indiquant avoir observé un « important changement de tactique » des groupes islamistes. « Nous avons remarqué un important changement de tactique de la part des terroristes en Syrie. Les groupes (terroristes) ne se déplacent plus avec autant d'effronterie qu'il y a un mois », a indiqué le ministère.
    Dans la province de Hama, dans le district de Kafer Nbuda, un atelier de réparation de véhicules blindés appartenant au Front al-Nosra (branche syrienne d'el-Qaëda) a été détruit par des frappes russes, selon Moscou. Dans la région de Lattaquié, l'armée de l'air dit avoir visé des positions de tir d'al-Nosra et détruit quatre mortiers ainsi qu'un dépôt de munitions en une seule frappe.
    Dans le village de Kweires sous contrôle de l'EI, à l'est d'Alep, les avions russes ont détruit un camp d'entraînement, a annoncé le ministère, qui précise que l'abri dans lequel se cachaient des militants de l'EI a été touché. Le régime de Damas tente d'opérer des brèches dans le siège fait par l'EI d'une base aérienne non loin de Kweires.
    Dans la région d'Idleb et au sud-ouest d'Alep, un centre de commandement d'al-Nosra a été détruit dans la banlieue de Zerbé contrôlée par des groupes islamistes, selon le communiqué russe.
    Enfin, près de Damas, les avions russes ont détruit un dépôt de munitions de l'EI, où étaient entreposées des roquettes artisanales « utilisées pour viser le cœur de Damas » et « terroriser la population civile », a souligné le ministère.


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  • La lutte contre le terrorisme, qui conduit des États à bombarder des territoires étrangers, voire à y tuer leurs propres ressortissants, conduit à des « dilemmes extrêmement compliqués », entre respect du droit international et notion de légitime défense, admet un haut responsable de l'Onu.
    « On ne combat pas le terrorisme sans respecter les principes du droit international. Mais le terrorisme induit des situations de plus en plus complexes et place les États face à des dilemmes extrêmement compliqués », résume dans un entretien à l'AFP Jean-Paul Laborde, directeur du Comité contre le terrorisme de l'Onu. En Syrie, en Irak, les jihadistes du groupe État islamique (EI), « une organisation terroriste et inscrite comme telle par l'Onu », insiste ce responsable, contrôlent de vastes territoires. « La question qui se pose est alors la suivante : comment appliquer le droit international sur des territoires qui relèvent d'une organisation terroriste ? »


    En Syrie et en Irak, une coalition internationale pilotée par les États-Unis bombarde depuis plus d'un an l'EI, qui a proclamé un califat à cheval sur les deux pays. Au risque de faire des victimes civiles. Fin août, la Grande-Bretagne a mené une frappe en Syrie pour éliminer deux de ses ressortissants, accusés de préparer un attentat sur le sol britannique. Et il y a quelques jours, la France a mené une frappe qui pourrait avoir tué jusqu'à six jihadistes français. Paris s'appuie sur l'article 51 de la Charte de l'Onu, qui mentionne la « légitime défense », et indique que ses frappes en Syrie visent des camps de l'EI dans lesquels des jihadistes fomentent des projets d'attentat en France. « Il y a des éléments de légitime défense évidents. La France a été clairement désignée comme un ennemi par Daech (acronyme arabe de l'EI), et des attentats ont été commis sur le sol français par des personnes se réclamant de cette organisation. La difficulté, c'est qu'aujourd'hui on a peu d'informations sur les cibles visées en Syrie et pas d'éléments judiciaires complets qui permettraient de dire qu'on est dans le cadre d'une infraction bien précise », reconnaît M. Laborde, qui est aussi un juge.
    Ces frappes « peuvent être attaquées juridiquement, heureusement d'ailleurs. C'est bien pour ça que nous sommes dans un État de droit. Mais l'État de droit, c'est aussi une question d'équilibre. Vous avez en face de vous une organisation terroriste qui forme des gens qui vont venir vous frapper ensuite et vous ne bougez pas ? Vous saviez et vous n'avez rien fait? Ce sont des situations très compliquées, il n'y a pas de réponse blanc/noir ».

    « Quelques bonnes nouvelles »
    Les deux plus grandes organisations « terroristes » à l'heure actuelle – EI au Moyen-Orient et Boko Haram en Afrique – « ont mis nos États en face d'une menace extrêmement fluide et flexible », souligne le responsable onusien. « Elles commettent des opérations en fonction de la réponse, et plus la réponse est faible, plus elles frappent fort. Ensuite, elles savent utiliser tous les moyens de financement – vente d'antiquités, enlèvements, vente du pétrole, trafic d'êtres humains... – à disposition, et la communauté internationale, qui n'est pas suffisamment coordonnée, a toujours deux, trois, quatre temps de retard », déplore M. Laborde. Dans son dernier rapport de septembre, le Comité de l'Onu contre le terrorisme plaide pour un renforcement des échanges de renseignements entre compagnies aériennes et pouvoirs publics pour détecter l'arrivée ou le départ de jihadistes étrangers, et suggère notamment la création d'une antenne régionale d'Interpol pour les pays du Maghreb. « Il y a tout de même quelques bonnes nouvelles » dans la lutte antiterroriste, estime M. Laborde, citant « la mobilisation croissante des entreprises et de la société civile ». « YouTube a supprimé en deux ans 14 millions de vidéos d'apologie ou d'incitation au terrorisme. Facebook reçoit un million de notifications de messages suspects par semaine », rappelle-t-il. « Quant aux sociétés civiles, on a vu les mobilisations après les attentats de janvier 2015 en France ou la semaine dernière en Turquie, où des milliers de personnes sont descendues dans la rue » le lendemain du carnage perpétré à Ankara contre des manifestants prokurdes. « Pensez encore à la Tunisie : malgré tous les coups qu'ils prennent (deux attentats sanglants en 2015), ils continuent à lutter dans le cadre de l'État de droit. Ne les laissons pas tomber », conclut-il.


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    Trois Norvégiens, deux frères d'origine albanaise et un homme d'origine somalienne, ont comparu lundi devant un tribunal d'Oslo.

    Djibril Bashir, 30 ans, et Valon Avdyli, 28 ans, sont accusés de s'être rendus en Syrie et d'avoir combattu dans les rangs du groupe Etat islamique (EI). Ils ont été arrêtés en mai 2014 quelques mois après leur retour en Norvège. C'est le premier procès jamais organisé dans le pays scandinave pour «soutien à une organisation terroriste».

    Valon Avdyli et son frère de 25 ans, Visar Avdyli, sont aussi jugés pour s'être procuré du matériel militaire - vêtements, gilets tactiques - qu'ils ont tenté d'expédier en Syrie à destination d'un troisième membre de la fratrie, Egzon, tué dans ce pays le 28 avril 2014.

    Visar Avdyli est en outre accusé d'avoir violé la loi sur la détention d'armes.

    Tous trois ont rejeté les chefs d'accusation retenus contre eux. Djibril Bashir et Valon Avdyli ont affirmé aux enquêteurs que leur présence en Syrie avait des fins humanitaires.

    70 Norvégiens djihadistes?

    C'est la première fois que la Norvège recourt à une disposition du code pénal punissant tout «soutien économique ou matériel à une organisation terroriste», un chef d'accusation passible de jusqu'à six ans de prison.

    La défense devrait faire valoir que Bashir et Avdyli se trouvaient déjà en Syrie au moment où cette disposition est entrée en vigueur en juin 2013.

    Le procès est prévu pour durer un mois.

    Selon les services de renseignement du pays, plus de 70 Norvégiens ont participé ou participent encore au jihad en Syrie ou en Irak.


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