• «Tous les actes de torture sont des crimes»

    Hina Jilani.

    La Pakistanaise Hina Jilani encourage l’ONU à se montrer plus intransigeante que jamais avec ceux qui violent le droit international.

    Elle a fondé la Commission des droits de l’homme au Pakistan et a été plusieurs fois menacée de mort. Hina Jilani, 63 ans, va succéder aujourd'hui à Yves Berthelot au poste de président de l’organisation mondiale contre la torture (OMCT). Créée en 1985, l’OMCT, qui fête cette année sont trentième anniversaire, constitue la principale coalition internationale d’organisations non gouvernementales luttant contre la torture. Sa nouvelle présidente compte bien user de sa connaissance des rouages onusiens pour faire de la lutte contre la torture l’une des priorités de l’agenda des droits de l’homme.

    Votre organisation a-t-elle recensé plus de cas de torture ces dernières années?

    Nous avons du mal à donner des chiffres précis car nous ne recensons malheureusement pas tous les cas. Nous n’avons pas connaissance de tous les abus commis dans le monde. Il est donc difficile de savoir avec exactitude l’évolution d’une année sur l’autre. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que la tendance n’est pas bonne. La multiplication des conflits entraîne une augmentation des cas de torture.

    Y a-t-il toujours autant d’abus commis au nom de la lutte contre le terrorisme?

    La lutte contre le terrorisme est un vrai défi mais elle ne peut pas servir de prétexte à une violation du droit international. On recense de plus en plus de représailles et de cas de détentions arbitraires. Les textes sont très clairs en la matière. Les traitements inhumains et dégradants ne peuvent pas faire partie de la panoplie. Rien ne peut justifier la torture. Les Etats doivent respecter le droit international.

    N’assiste-t-on pas à un incroyable recul sur la question des droits de l’homme en général?

    L’augmentation des violences et des violations des droits de l’homme est directement liée à l’augmentation du nombre de conflits à travers le monde. Le lien entre les deux est très clair et toutes les parties commettent des abus, les Etats comme les groupes armés. Ce qui nous inquiète c’est que l’impunité en est le corollaire. Il faut comprendre et réaliser que tout acte de torture constitue un crime contre l’humanité. Les auteurs doivent être poursuivis et condamnés.

    C’est loin d’être le cas… Que faut-il faire? Réformer l’ONU?

    Dès lors qu’il s’agit de crimes de guerre, la responsabilité du Conseil de sécurité est engagée. Il faut mettre la question sur la table et la traiter sérieusement en appliquant le droit international. Il faut surtout mettre tout en œuvre pour protéger les victimes et ceux qui dénoncent ces crimes. Dans de nombreux pays, les représentants de la société civile sont menacés.

    Quelle a été votre réaction lorsque vous avez entendu Donald Trump légitimer la torture durant sa campagne?

    Il est très regrettable de voir un leader de cette stature faire des commentaires de cette nature. Il n’a pas parlé de torture mais de certaines formes de traitement. Penser qu’il y a une différence, c’est méconnaître la définition de ce qu’est la torture. La torture est un acte de cruauté qui nie la dignité humaine fondamentale, laissant des traces profondes et indélébiles sur les individus et les sociétés. Une fois encore, le recours à toute forme de sévices pour soutirer des aveux ou des informations est une violation du droit international.


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