• Washington veut un embargo sur les armes

     

    Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 17 novembre 2016 qu'ils allaient proposer au Conseil de sécurité d'imposer un embargo sur les armes au Soudan du Sud pour empêcher des «atrocités de masse» mais la Russie a rejeté l'idée et la Chine s'est montrée réticente.

    Ces deux pays pourraient utiliser leur droit de veto pour bloquer l'initiative américaine, soutenue par le Royaume-Uni et la France.

    Dans les jours à venir, a indiqué l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Samantha Power, «les Etats-Unis vont soumettre une proposition pour imposer un embargo sur les armes au Soudan du Sud ainsi que des sanctions ciblées aux individus qui s'opposent le plus à une paix durable», sous forme de gel d'avoirs financiers et d'interdiction de voyager.

    «Le Soudan du Sud est une nation au bord du précipice» après trois années de guerre, a-t-elle affirmé.

    Empêcher un génocide

    Elle a souligné que les 13'000 Casques bleus de la Minuss (mission de l'ONU au Soudan du Sud) n'avaient pas les moyens d'empêcher un génocide, comme l'a reconnu le secrétaire général Ban Ki-moon dans son dernier rapport.

    De plus, le gouvernement sud-soudanais «s'oppose au déploiement» d'une force africaine de protection de 4000 hommes qui pourrait les épauler.

    «Tous ces ingrédients créent un climat propice à des atrocités de masse», a-t-elle conclu, en rappelant que l'ONU avait échoué à empêcher des massacres à Srebrenica en Bosnie et au Rwanda. «Personne ne pourra dire que nous n'avons rien vu venir» au Soudan du Sud, a-t-elle ajouté.

    Un embargo «prématuré» selon Moscou

    Le représentant adjoint russe Petr Iliichev a estimé qu'un embargo serait «prématuré». «Cela n'aiderait guère à une solution» du conflit et au contraire «compliquerait les relations» entre l'ONU et Juba.

    Quant à imposer des sanctions ciblées aux dirigeants sud-soudanais, «ce serait le comble de l'irresponsabilité en ce moment», a-t-il affirmé car les discussions avec Juba sur le déploiement de la force de protection régionale «font des progrès».

    Il a aussi fait valoir que l'embargo sur les armes imposé au pays par les Européens «ne marche pas», de l'aveu même des experts de l'ONU, et que les voisins de Juba sont trop divisés pour que des sanctions soient efficaces.

    Son homologue chinois Wu Haito n'a fait aucune allusion à un embargo mais a affirmé que le Conseil devait «se montrer prudent avec les sanctions, pour éviter de compliquer la situation». Mieux vaut «envoyer des signaux plus positifs», a-t-il préconisé.

    L'ambassadeur du Soudan du Sud auprès des Nations unies, Joseph Moum Malok, a, lui, jugé la proposition américaine «totalement inacceptable». Les autorités de Juba font face «à une rébellion armée tentant de renverser le gouvernement» et ne peuvent pas être privées des moyens de se défendre, a-t-il dit.

    Haine ethnique et ciblage des civils

    L'ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez a lui aussi jugé que Juba «faisait des progrès» sur la force régionale et qu'il fallait «agir avec prudence».

    Le conseiller spécial de l'ONU sur la prévention du génocide, Adama Dieng, à peine rentré d'une visite au Soudan du Sud, a en revanche exhorté les 15 pays du Conseil à «s'unir et à agir» en décrétant un embargo, pour éviter «la prolifération dévastatrice» des armes. «J'ai vu sur place tous les signes qui montrent que la haine ethnique et le ciblage des civils peuvent déboucher sur un génocide si rien n'est fait pour l'empêcher», a-t-il déclaré.

    Certes, a admis Samantha Power, un embargo ne stoppera pas toutes les armes mais il aura «un impact important» en empêchant les belligérants «d'acquérir des armes lourdes, des avions et des véhicules militaires».

    Embargo pour un an

    Selon le projet de résolution américain, l'embargo serait mis en place pour un an «afin de prévenir la vente, directe et indirecte, ou le transfert vers le Soudan du Sud d'armes de tous types» et d'équipements militaires (véhicules, munitions, etc...).

    Les pays voisins sont invités à inspecter les cargaisons des navires et des avions dont ils soupçonnent qu'ils livrent des armes aux belligérants.

    Indépendant depuis 2011, le Soudan du Sud a plongé en décembre 2013 dans une guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 2,5 millions de déplacés.

    Un accord de paix signé en août 2015 avait fait naître de timides espoirs de pacification. Mais il est moribond depuis les combats de juillet à Juba entre les partisans du président Salva Kiir et de son ex-vice président Riek Machar.


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