• Le parquet en Egypte a ouvert une enquête après la mort d'une adolescente, décédée des suites d'une excision.

    Mayar Mohamed Moussa, qui était âgée de 17 ans, est décédée dimanche 29 mai 2016 après l'opération effectuée dans un hôpital privé de la province de Suez, dans le nord-est du pays, selon un responsable local du ministère de la Santé, Lotfi Abdel-Samee. Alors que l'excision est une opération théoriquement interdite par la loi, a indiqué mardi un responsable du ministère de la Santé.

    «L'enquête est en cours, on attend le rapport médico-légal», a précisé ce responsable.

    La mère de l'adolescente est une infirmière et son père était chirurgien, a souligné M. Abdel-Samee, précisant que l'établissement avait été fermé lundi.

    La gynécologue qui a effectué l'opération a été interrogée par le parquet, a-t-il précisé.

    L'excision, ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins, est illégale depuis 2008, sauf en cas de «nécessité médicale», mais reste largement pratiquée en Egypte.

    Selon les termes de la loi de 2008, pratiquer l'excision --une tradition qui remonte au temps des Pharaons et entend «purifier» les femmes de la tentation sexuelle-- est passible de trois mois à deux ans de prison.

    L'excision touche 96,6% des Égyptiennes, musulmanes comme chrétiennes, selon une étude menée en 2000 par le bureau gouvernemental de la démographie sur des femmes de 15 à 49 ans.

    En janvier 2015, un médecin égyptien avait été condamné à deux ans et trois mois de prison pour avoir pratiqué une excision mortelle sur une adolescente, le premier verdict du genre depuis l'interdiction de 2008.

    Mais en novembre 2015, il s'est avéré qu'il était toujours en fuite, et des ONG l'avaient accusé d'exercer en toute liberté dans le nord du pays, malgré sa condamnation.


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  • La chancelière allemande Angela Merkel et le président turc, Recep Tayyip Erdogan.

    Alors que les relations avec Ankara sont tendues, l’Assemblée fédérale va qualifier de «génocide» le massacre des Arméniens.

    Pour ne pas froisser Ankara, les Allemands avaient repoussé plusieurs fois le «passage à l’acte». Cette fois, c’est la bonne. Alors que vingt-trois Etats, dont la Suisse, ont déjà «officialisé» le génocide arménien, le Bundestag votera jeudi un texte intitulé «Souvenir et commémoration du génocide des Arméniens et autres minorités chrétiennes entre 1915 et 1916».

    Ce vote intervient au pire moment alors que les relations entre Berlin et Ankara sont des plus tendues. Rarement la chancelière allemande n’avait été mise dans une telle situation de dépendance vis-à-vis d’un régime autoritaire qu’elle n’ose même plus critiquer. Angela Merkel l’a encore démontré à la fin d’avril lorsqu’elle a accepté de se plier aux exigences du président turc, Recep Tayyip Erdogan, réclamant l’ouverture d’une procédure judiciaire pour «crime de lèse-majesté» contre un comique allemand l’ayant ridiculisé à la télévision publique.

    En pleine crise des réfugiés, le vote devrait compliquer un peu plus les négociations déjà difficiles avec Erdogan. Angela Merkel a besoin d’un accord pour retenir les migrants dans les centres d’accueil à la frontière turco-syrienne. Or, le président turc utilise cette attente comme d’un moyen de pression – voire de chantage – en menaçant «d’ouvrir les vannes» pour laisser partir les réfugiés vers l’Europe. Un scénario qu’Angela Merkel veut éviter à tout prix. L’Allemagne, lâchée par ses alliés européens dans cette crise humanitaire, ne veut pas accueillir d’autres réfugiés.

    Avant le vote, la Turquie est intervenue. Le président Erdogan a décroché son téléphone hier pour demander à la chancelière de «garder la raison». «Si l’Allemagne tombe dans ce piège, cela pourrait détériorer nos relations avec un pays allié de l’OTAN, où vivent trois millions de Turcs», a-t-il déclaré devant la presse.

    La Turquie ne conteste pas les massacres contre les Arméniens mais refuse la qualification de «génocide». «Les parlements ne sont pas des tribunaux», ont scandé samedi plusieurs associations turques à Berlin qui se font le relais du président turc en Allemagne.

    Préparé par les groupes parlementaires de la coalition (CDU/CSU et SPD) mais aussi par le groupe écologiste dans l’opposition, le texte ne fait pas l’unanimité chez les Allemands d’origine turque. Aydan Özoguz, la ministre d’Etat déléguée à l’Intégration, d’origine turque, a décidé de voter le texte. Mais elle reste sceptique. Pour elle, cette résolution ne mènera pas la Turquie vers une reconnaissance du crime contre l’humanité. «Au contraire, cela va renforcer l’ultranationalisme d’Erdogan. Il va qualifier ce vote d’attaque frontale de l’Occident contre la Turquie. Les voix en faveur d’une ouverture et d’une réflexion sur ce crime seront isolées et ne trouveront plus d’échos dans le débat public en Turquie», conclut-elle.

    La complicité allemande en question:

    L’Allemagne est «coresponsable», voire «complice», de ce premier génocide europén du XXe siècle, a rappelé le président allemand, Joachim Gauck, lors de son discours à l’occasion du centenaire de cet événement, le 25 avril 2015. les allemands avaient déjà commis le genocide des Herreros en Afrique. Les allemands ont le curieux privilège d'avoir commis ou participé à trois génocides au XXième siècle.

    L’Empire allemand était au courant de la volonté des Turcs d’éliminer les Arméniens. Alliés de l’Empire ottoman, les militaires du Reich allemand ont «planifié et participé en partie aux déportations de cette minorité», a ajouté Joachim Gauck. Le Bundestag condamnera donc ce jeudi le «rôle déplorable du Reich allemand, qui n’a rien entrepris pour stopper ce crime contre l’humanité». Le chef de l’Eglise protestante allemande, Heinrich Bedford-Strohm, va même plus loin dans l’analyse. Il estime que cette «défaite morale» de l’Allemagne n’a pas été sans lien à l’époque avec l’extermination des Juifs, plus tard, sous le IIIe Reich. Les historiens estiment de 800?000 à 1,5 million le nombre d’Arméniens qui ont été massacrés.


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