-
Par droitinternational le 19 Septembre 2023 à 23:54
De nombreux pays se sont émus, mardi 18 septembre 2023, de la reprise des hostilités au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan. La Russie a appelé à «cesser immédiatement l’effusion de sang».
Les combats initiés mardi 18/09/23 au Nagorny-Karabakh par l’Azerbaïdjan, trois ans après une guerre qui avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie, ont déjà fait 29 morts et suscitent l’inquiétude de la communauté internationale.
La reprise du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan s’est invitée mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou au Nagorny-Karabakh. Cette réunion pourrait avoir lieu «dans les prochains jours», ont indiqué à l’AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.
La Russie a elle appelé mercredi matin à «cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles», dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le chef de l’ONU a appelé «dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire», selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.
Mardi soir, la présidence azerbaïdjanaise a appelé les troupes du Nagorny Karabakh – territoire sécessionniste d’Azerbaïdjan majoritairement peuplé d’Arménien – à déposer les armes, condition sine qua non pour le début de négociations. «Les forces armées arméniennes illégales doivent hisser le drapeau blanc, rendre toutes les armes et le régime illégal doit se dissoudre. Autrement, les opérations antiterroristes continueront jusqu’au bout», a-t-elle déclaré.
La présidence a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers «avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh», une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Avant cela, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
Au moins 29 morts
Depuis mardi, les combats ont fait au moins 29 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu’environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués.
L’Azerbaïdjan a de son côté rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle. Dans la ville de Choucha, un ouvrier du bâtiment est décédé à la suite d’éclats d’obus, et un autre civil est mort dans le district d’Agdam.
Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des «tirs intensifs», qui visent aussi des infrastructures civiles. Les affrontements ont lieu «sur toute la ligne de contact» de ce territoire et les Azerbaïdjanais ont recours à l’«artillerie», à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions, ont-ils dit. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé dans la soirée Bakou.
Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une «agression de grande ampleur» à des fins de «nettoyage ethnique», elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.
L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour «stopper l’agression azerbaïdjanaise». Le conflit de 2020 avait débouché sur une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny Karabakh.
«Saboteurs»
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense avait annoncé mardi matin le déclenchement d’«opérations antiterroristes» après la mort de six Azerbaïdjanais dans l’explosion de mines sur le site d’un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny-Karabakh sous contrôle de l’Azerbaïdjan. C’est un groupe de «saboteurs» séparatistes qui a posé ces engins explosifs, d’après ses services de sécurité.
«L’échec de la communauté internationale à agir est à l’origine de l’offensive azerbaïdjanaise», ont dénoncé les Arméniens du Nagorny Karabakh.
Les tensions s’aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l’automne 2020 s’était arrêtée au bout de six semaines.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé les Azerbaïdjanais de vouloir «entraîner l’Arménie dans les hostilités». Nikol Pachinian, auquel l’opposition reproche d’avoir été responsable de la défaite d’il y a trois ans, a dans le même temps dénoncé des appels à un «coup d’État» dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de «traître» et exigeant sa démission aux policiers devant le siège du gouvernement.
Mardi, la Russie s’était dite «préoccupée» par «l’escalade brutale» de la situation au Nagorny Karabakh, et annoncer s’efforcer de faire revenir Erevan et Bakou «à la table des négociations» pour «éviter les pertes humaines», par la voix du porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov.
Quant à la Turquie, qui a qualifié de «légitimes» les préoccupations ayant amené les Azerbaïdjanais à se lancer dans une action militaire, elle a également exhorté à la «poursuite du processus de négociations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie».
Nikol Pachinian, qui n’a pas fait état de discussions avec Vladimir Poutine, a eu deux entretiens téléphoniques avec Emmanuel Macron et Antony Blinken.
votre commentaire -
Par droitinternational le 19 Septembre 2023 à 15:12
Les séparatistes arméniens du Karabakh ont annoncé un cessez-le-feu et négocieront dès jeudi la réintégration de cette région à l’Azerbaïdjan.
L’Azerbaïdjan a lancé mardi une offensive militaire au Nagorny-Karabakh, trois ans après la précédente guerre, demandant la reddition de son adversaire arménien dans cette région disputée depuis des décennies avec l’Arménie.
L’offensive de l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh cessera si les séparatistes arméniens «déposent les armes», a prévenu mercredi le président azerbaïdjanais Ilham Aliev, alors que les opérations lancées la veille ont fait au moins 32 morts.
Au moins 200 personnes ont été tuées et 400 blessées dans l’opération militaire azerbaïdjanaise au Nagorny Karabakh, selon un nouveau bilan communiqué par les séparatistes arméniens de cette enclave disputée.
«On dénombre au moins 200 morts et plus de 400 blessés», a affirmé sur les réseaux sociaux le défenseur des droits du Nagorny Karabakh, Gegham Stepanian.
L’Azerbaïdjan a affirmé mercredi vouloir une «réintégration pacifique» de l’enclave du Nagorny Karabakh au sein de son territoire et une «normalisation» des relations avec l’Arménie, après la capitulation des séparatistes arméniens à l’issue d’une offensive de 24 heures.
«L’Azerbaïdjan a pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh et soutient également le processus de normalisation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan», a déclaré lors d’une conférence de presse Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais Ilham Aliev.
Cessez-le-feu
Les séparatistes arméniens du Nagorny Karabakh ont annoncé qu’ils déposeront les armes mercredi dans le cadre d’un cessez-le-feu et négocieront dès jeudi la réintégration de cette région disputée à l’Azerbaïdjan, un accord trouvé après une médiation des forces russes de maintien de la paix.
«Un accord a été conclu sur le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l’Arménie (...) et sur la dissolution et le désarmement complet des formations armées de l’Armée de défense du Nagorny Karabakh», a indiqué la présidence séparatiste, annonçant en outre de premiers pourparlers concernant «la réintégration» du territoire à l’Azerbaïdjan jeudi dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh.
La crise au Nagorny-Karabakh, théâtre d’une offensive éclair de l’Azerbaïdjan qui s’est soldée par une capitulation des séparatistes arméniens, est une «affaire intérieure» pour Bakou, a estimé mercredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
«Il ne fait aucun doute que le Karabakh est une affaire intérieure de l’Azerbaïdjan», a-t-il dit, selon l’agence Interfax. «L’Azerbaïdjan agit sur son propre territoire, ce qui est reconnu par les dirigeants arméniens.»
Des soldats du contingent russe de maintien de la paix ont été tués mercredi au Nagorny Karabakh lorsque leur voiture a été visée par des tirs, a annoncé le ministère russe de la Défense.
«Tandis qu’ils revenaient du poste d’observation du contingent russe de maintien de la paix dans la région du village de Djanyatag, des militaires russes à bord d’une voiture ont essuyé des tirs d’armes légères. Les militaires russes qui se trouvaient dans la voiture ont été tués», a expliqué le ministère.
Communauté internationale inquiète
Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a annoncé, dans la foulée des séparatistes, que les forces du Karabakh seront désarmées et qu’une trêve devait entrer en vigueur à 09H00 GMT. La présidence a, elle, confirmé la tenue de négociations jeudi dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, moins de 24 heures après avoir lancé une opération militaire d’envergure pour reprendre cette région qui échappait à son contrôle depuis plus de trente ans.
Le président français Emmanuel Macron a demandé mercredi au président azerbaïdjanais Ilham Aliev «de donner des garanties sur les droits et la sécurité des habitants du Karabakh», visé par une offensive des forces de Bakou, a fait savoir l’Elysée.
Lors d’un entretien téléphonique, M. Macron «a condamné le choix fait par l’Azerbaïdjan de recourir, hier (mardi), à la force, au risque d’aggraver la crise humanitaire au Haut Karabakh et de compromettre les efforts en cours pour la recherche d’une paix juste et durable», a-t-on indiqué de même source, alors que l’Azerbaïdjan vient de remporter une victoire éclair dans ce territoire sécessionniste majoritairement peuplé d’Arméniens.
La reprise des hostilités dans cette région, trois ans après la dernière guerre, inquiète la communauté internationale et s’est invitée dans les discussions à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, qui a appelé à un «arrêt immédiat des combats».
Le dernier conflit au Nagorny-Karabakh, région sécessionniste d’Azerbaïdjan en majorité peuplée d’Arméniens et disputée avec Erevan depuis des décennies, avait duré six semaines à l’automne 2020. Il s’était soldé par une déroute militaire de l’Arménie qui avait dû céder à l’Azerbaïdjan du terrain dans et autour du Nagorny-Karabakh.
«Déposer les armes»
Au lendemain du déclenchement de l’offensive par ses forces militaires, Ilham Aliev s’est exprimé pour la première fois, avec fermeté, dans un communiqué publié mercredi par ses services relatant un entretien téléphonique qu’il a eu la veille avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
«Le chef de l’État (azerbaïdjanais) a affirmé que les mesures antiterroristes seront interrompues si (les séparatistes arméniens) déposent les armes et sont désarmés», selon le communiqué. «La population civile et les infrastructures ne sont pas ciblées, seules les cibles militaires légitimes sont détruites», a-t-il assuré.
Selon lui, des représentants des Arméniens vivant au Nagorny-Karabakh ont été invités au dialogue «plusieurs fois» par la présidence azerbaïdjanaise pour «discuter de la question de (leur) réintégration» à l’Azerbaïdjan, «mais ils ont refusé».
Ilham Aliev souligne que l’armée azerbaïdjanaise avait lancé cette opération après la mort mardi dans cette région de «civils et policiers» dans l’explosion de mines, accusant des «saboteurs» arméniens d’avoir posé ces engins explosifs.
Il a aussi affirmé que les «soi-disant élections présidentielles» organisées le 9 septembre par les séparatistes arméniens étaient «la continuation de provocations délibérées contre la souveraineté de l’Azerbaïdjan» et avaient également contribué au lancement de l’offensive.
«Tirs intensifs»
Depuis mardi, les combats ont fait au moins 32 morts. Les séparatistes ont signalé 27 morts, dont deux civils, et plus de 200 blessés, tandis qu’environ 7000 habitants de 16 localités ont été évacués. L’Azerbaïdjan a rapporté que deux civils avaient péri dans les zones sous son contrôle.
Les séparatistes affirment que plusieurs villes du Nagorny Karabakh, dont sa capitale Stepanakert, sont ciblées par des «tirs intensifs», qui visent aussi des infrastructures civiles.
Les affrontements ont lieu «sur toute la ligne de contact» de ce territoire et les Azerbaïdjanais disent avoir eu recours à l’«artillerie», à des roquettes, à des drones d’attaque, à des avions. Soixante positions arméniennes y ont été conquises, a annoncé Bakou.
À New York, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé «dans les termes les plus forts, à un arrêt immédiat des combats, à la désescalade et au respect plus strict du cessez-le-feu de 2020 et des principes du droit international humanitaire», selon un communiqué publié mardi soir, par son porte-parole Stéphane Dujarric.
En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France a de son côté réclamé une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte de l’offensive selon elle «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou. Cette réunion pourrait avoir lieu «dans les prochains jours», ont indiqué à l’AFP deux sources diplomatiques, évoquant jeudi.
La Russie a également exhorté mercredi matin à «cesser immédiatement l’effusion de sang, à mettre un terme aux hostilités et à arrêter les pertes civiles», dans un communiqué de son Ministère des affaires étrangères.
La présidence azerbaïdjanaise avait déjà appelé mardi soir les troupes sécessionnistes du Nagorny-Karabakh à déposer les armes. Elle a proposé, en cas de capitulation, des pourparlers «avec les représentants de la population arménienne du Karabakh à Yevlakh», une ville azerbaïdjanaise à 295 km à l’ouest de Bakou. Auparavant, les autorités de cette région avaient réclamé un cessez-le-feu immédiat et des négociations.
«Nettoyage ethnique»
Quant à l’Arménie, qui a dénoncé une «agression de grande ampleur» à des fins de «nettoyage ethnique», elle a assuré ne pas avoir de troupes au Nagorny-Karabakh, laissant entendre que les séparatistes étaient seuls face aux soldats azerbaïdjanais.
L’Arménie considère que c’est à la Russie, garante d’un cessez-le-feu datant de 2020 avec des forces de la paix sur le terrain, d’agir pour «stopper l’agression azerbaïdjanaise».
Les tensions s’aggravent depuis des mois autour de ce territoire qui a déjà été au cœur de deux guerres entre Erevan et Bakou. La première avait duré de 1988 à 1994, celle de l’automne 2020 s’était arrêtée au bout de six semaines.
Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a accusé les Azerbaïdjanais de vouloir «entraîner l’Arménie dans les hostilités». Nikol Pachinian, auquel l’opposition reproche d’avoir été responsable de la défaite de 2020, a dénoncé des appels à un «coup d’État» dans son pays, où des heurts ont opposé des manifestants le qualifiant de «traître» et exigeant sa démission.
Le contingent de la paix russe présent au Nagorny-Karabakh a évacué plus de 2000 civils des zones les plus dangereuses de la région séparatiste, a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense.
«Au total, plus de 2000 civils ont été évacués, dont 1049 enfants», a indiqué le ministère russe dans un communiqué. Dans une vidéo diffusée sur Telegram, on pouvait voir des familles avec des enfants descendre de plusieurs bus, accueillis par des militaires russes, avec juste quelques affaires sous les bras. Ces déplacés restent néanmoins au Karabakh, dans des zones moins exposées.
Appel à «faire taire les armes»
Le pape François a appelé mercredi à «faire taire les armes» au Karabakh. «Je lance un appel à toutes les parties impliquées et à la communauté internationale pour faire taire les armes et que tous les efforts nécessaires soient faits pour trouver des solutions pacifiques (...)", a déclaré Jorge Bergoglio à la fin de son audience générale hebdomadaire au Vatican.
«Je lance un appel à toutes les parties impliquées et à la communauté internationale pour faire taire les armes et que tous les efforts nécessaires soient faits pour trouver des solutions pacifiques pour le bien des personnes et le respect de la dignité humaine», a ajouté le pape de 86 ans.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se disputent le contrôle du Nagorny Karabakh depuis plus de trente ans et se sont affrontés à l’automne 2020 dans une guerre qui s’était soldée par une déroute militaire arménienne et le déploiement de soldats de maintien de la paix russes dans la région.
Le pape s’était rendu en 2016 en Arménie puis en Azerbaïdjan, et avait appelé les pays du Sud-Caucase à «la ténacité et à des pas continuels» vers le règlement de leurs conflits. Il avait renouvelé cet appel en 2020, déplorant une «trêve trop fragile» dans les combats.
votre commentaire -
Par droitinternational le 19 Septembre 2023 à 00:06
En marge de l’Assemblée général des Nations Unies, qui se déroule cette semaine à New York, l’offensive de l’Azerbaïdjan au Nagorny-Karabakh occupe toutes les discussions.
Les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont invitées mardi en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, la France réclamant une réunion «d’urgence» du Conseil de sécurité pour prendre acte d’une offensive «illégale» et «injustifiable» menée par Bakou au Nagorny-Karabakh.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livré deux guerres pour la souveraineté de ce territoire montagneux, peuplé majoritairement d’Arméniens mais reconnu internationalement comme faisant partie de l’Azerbaïdjan. Trois ans après la précédente guerre, l’Azerbaïdjan a lancé mardi une opération militaire dans cette enclave et demandé la reddition de son adversaire arménien. Les combats initiés ont fait au moins 29 morts, selon un bilan provisoire.
La réunion d'urgence du Conseil de sécurité pour le Haut Karabakh aura lieu jeudi après-midi, a annoncé la présidence albanaise du Conseil mardi soir. Paris espère obtenir une condamnation aussi unanime que possible.
Cette offensive était redoutée depuis des semaines dans les capitales occidentales qui dénonçaient la persistance du blocus du corridor de Latchine, seule route reliant l’Arménie au Haut-Karabakh, malgré la condamnation, en février dernier, de la Cour de justice internationale. Plus récemment, elles avaient alerté sur «l’accumulation de moyens militaires» à proximité immédiate du Haut-Karabakh.
«Inacceptable» pour Washington
Alors que l’Arménie accuse depuis des mois l’Azerbaïdjan de «provocations» pouvant conduire à une nouvelle guerre, les Européens s’étaient néanmoins montrés réticents à imposer des sanctions, d’autant que Bakou bénéficie du soutien de la Turquie et a passé un accord avec l’Union européenne pour la fourniture de gaz. Alliée historique de la France, l’Arménie, sous influence de la Russie, suscitait aussi quelques méfiances.
Erevan avait remporté la première guerre en 1994, Bakou la seconde en 2020 avec un cessez-le-feu sous l’égide de la Russie qui n’a toutefois jamais abouti à un traité de paix. Jusqu’à lundi, à Washington comme à Paris ou Bruxelles, on gardait l’espoir d’une solution pacifique. Lundi, les États-Unis avaient d’ailleurs salué «un pas en avant important», Bakou ayant autorisé des convois humanitaires via Latchine mais aussi via la route d’Aghdam, une proposition de la diplomatie américaine.
Washington y avait vu un geste de la part de l’Azerbaïdjan. Les États-Unis ont radicalement changé de ton mardi, jugeant «inacceptable» l’offensive de Bakou qui éloigne les perspectives de paix entre les deux pays. En privé, des responsables américains ne cachaient pas leur frustration, alors que le secrétaire d’État Antony Blinken s’est personnellement fortement impliqué sur ce dossier depuis des mois.
Offensive «dangereuse»
Le chef de la diplomatie américaine, qui a été l’hôte de deux réunions de paix ces derniers mois avec ses homologues arménien et azerbaïdjanais, s’est entretenu mardi avec les dirigeants arménien et azerbaïdjanais et devait également avoir des contacts avec Ankara.
«L’incident dans la nuit est particulièrement choquant et particulièrement dangereux» dans une région qui compte la Russie, l’Iran et la Turquie, a indiqué un haut responsable américain sous couvert de l’anonymat. L’offensive de Bakou semble avoir été préparée mais la France comme les États-Unis s’activaient mardi pour tenter de revenir à une voie diplomatique.
Les condamnations de la France sont mal passées auprès de Bakou qui a sans cesse dénoncé l’absence de neutralité de Paris dans ce dossier. «La politique islamophobe et anti-azerbaïdjanaise de la France, et son ingérence inacceptable dans nos affaires intérieures, montrent que plus la France est loin de la région, mieux (celle-ci) s’en portera», a fustigé le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères. La Turquie a, elle, jugé «légitimes» les préoccupations ayant mené à l’opération militaire de l’Azerbaïdjan.
votre commentaire -
Par droitinternational le 28 Juin 2023 à 15:17
L’Azerbaïdjan a repris d’importants territoires au Nagorny-Karabakh après le conflit avec l’Arménie en 2020.
Quatre soldats arméniens ont été tués mercredi par des tirs azerbaïdjanais dans le Nagorny-Karabakh, ont affirmé les autorités de cette région séparatiste que se disputent l’Arménie et l’Azerbaïdjan.
Des «unités des forces armées azerbaïdjanaises ont ouvert le feu sur les positions arméniennes» dans les districts de Martouni et de Martakert dans la nuit, en utilisant de l’artillerie et des drones, a indiqué le Ministère de la défense séparatiste dans un communiqué sur Twitter. «Quatre soldats ont été tués à l’issue de cette nouvelle provocation de l’Azerbaïdjan», selon la même source.
Pourparlers engagés sous l’égide des États-Unis
Cette annonce intervient alors que Washington accueille depuis mardi de nouvelles négociations entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan visant à trouver un règlement du conflit au Nagorny-Karabakh.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a ainsi rencontré séparément mardi ses homologues arménien Ararat Mirzoïan et azerbaïdjanais Djeyhoun Baïramov avant de les réunir ensemble.
Les discussions se tiennent à huis clos et doivent durer jusqu’à jeudi.
«Nous continuons à penser que la paix est à portée de main et que le dialogue direct est la clé pour résoudre les questions en suspens et conclure une paix durable et digne» pour les deux parties, a assuré lundi le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.
Les États-Unis avaient déjà réuni les deux ministres à Washington début mai. Des discussions se sont également déroulées ces dernières semaines à Bruxelles et à Moscou.
La Russie a demandé la semaine dernière à l’Azerbaïdjan de rétablir l’accès via l’Arménie à l’enclave séparatiste du Nagorny-Karabakh, après le début de nouvelles pénuries dans cette région disputée du Caucase.
Depuis décembre, Erevan accuse son voisin d’entraver l’approvisionnement vers la région sécessionniste, en bloquant le corridor de Latchine.
6’500 morts en 2020
L’Azerbaïdjan et les forces séparatistes arméniennes, soutenues militairement par l’Arménie, se sont affrontés lors de deux guerres, l’une à la dislocation de l’URSS, l’autre à l’automne 2020.
Lors de la première, qui a fait 30’000 morts, les séparatistes ont pris le contrôle du Nagorny-Karabakh et de zones tampon autour de ce territoire montagneux.
Lors du deuxième conflit, qui a fait 6’500 morts, l’Azerbaïdjan a repris ces zones tampon et une bonne partie du Nagorny-Karabakh.
Un cessez-le-feu, signé sous l’égide de Moscou, a été suivi du déploiement d’un contingent de soldats de la paix russes, mais les tensions restent vives et les négociations pour la signature d’un traité de paix n’avancent pas.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique