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    Protéger les enfants touchés par la guerre

    En 2022, 27.180 violations graves ont été commises contre des enfants pris dans la guerre – le nombre le plus élevé jamais vérifié par l'ONU, a appris le Conseil de sécurité.

    Présentant son dernier rapport annuel, Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a appelé à une « action audacieuse et résolue » pour protéger les garçons et les filles en danger de mort, de recrutement, de viol et d'autres horreurs. 

    Le rapport couvre 26 situations dans cinq régions du monde, ce qui représente un autre record. 

    Les pays incluent l'Éthiopie, le Mozambique et l'Ukraine, qui sont présentés pour la première fois. De nouvelles situations en Haïti et au Niger sont mentionnées et les détails apparaîtront dans l'édition de l'année prochaine.

    Tués, recrutés, enlevés 

    L'ONU a vérifié que 18.890 enfants ont subi de graves violations en temps de guerre en 2022. Quelque 8.630 ont été tués ou mutilés ; 7.622 ont été recrutés et utilisés au combat, et 3.985 ont été enlevés. 

    Mme Gamba a déclaré que ces trois violations restaient celles vérifiées ayant les niveaux les plus élevés, et elles ont toutes augmenté l'année dernière. 

    « Des enfants ont été tués ou blessés lors de frappes aériennes, par des armes explosives, par des balles réelles, des tirs croisés ou des attaques directes. Dans de nombreux cas, ils ont été victimes de restes explosifs de guerre », a-t-elle dit.

    Viols et esclavage sexuel 

    En outre, 1.165 enfants, principalement des filles, ont été violés, victimes de viols collectifs, forcés au mariage ou à l'esclavage sexuel, ou agressés sexuellement. Certains cas étaient si graves que les victimes sont décédées. 

    La haute responsable de l'ONU a souligné la nécessité de ne jamais oublier que ces chiffres représentent de vrais enfants dont les histoires individuelles ne sont pas racontées. 

    Elle a cité des exemples tels que le cas de trois filles au Soudan du Sud qui ont été violées collectivement pendant cinq jours, une fille de 14 ans enlevée et brûlée vive au Myanmar et des garçons tués par un engin explosif improvisé dans une école en Afghanistan. 

    Des visages derrière les chiffres 

    « C'est pourquoi nous devons nous rappeler que derrière les chiffres se cachent les visages d'enfants victimes de la violence armée dans le monde entier. Nous devons faire plus pour prévenir et protéger nos enfants des ravages des conflits armés », a-t-elle affirmé. 

    Mme Gamba a également noté que certains enfants victimes sont punis pour leur situation au lieu de recevoir une protection. L'année dernière, 2.496 enfants ont été privés de liberté en raison de leur association réelle ou présumée avec des parties au conflit. 

    « Étant particulièrement vulnérables aux mains des autorités, les enfants détenus ont été exposés à de nouvelles violations de leurs droits, notamment à la torture et à la violence sexuelle. Dans certains cas, ils ont même été condamnés à mort », a-t-elle déclaré.

    Des écoles et des hôpitaux attaqués 

    Le rapport a en outre révélé des attaques vérifiées contre 1.163 écoles et près de 650 hôpitaux en 2022, ce qui représente une augmentation de 112% par rapport à l'année précédente. La moitié de ces attaques ont été menées par des forces gouvernementales. 

    Elle a souligné que l'utilisation des écoles et des hôpitaux à des fins militaires reste également une préoccupation majeure, avec une « forte augmentation » vérifiée de plus de 60% des cas l'année dernière, tant par des forces armées que par des groupes armés. 

    L'aide critiquée 

    Pendant ce temps, les humanitaires et l'aide vitale qu'ils fournissent – souvent le « seul espoir » pour les enfants et les communautés touchés par les conflits – sont de plus en plus critiqués. 

    L'ONU a vérifié plus de 3.930 incidents de refus d'accès humanitaire aux enfants l'année dernière. Des travailleurs humanitaires ont également été tués, agressés et enlevés, tandis que des fournitures humanitaires ont été pillées et que des biens et des infrastructures vitales ont été détruits. 

    Le Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Omar Abdi, a également informé le Conseil de sécurité. 

    Il a rappelé que le plus grand nombre de violations graves contre des enfants avaient été constatées dans des conflits prolongés, notamment dans des endroits comme la République démocratique du Congo, Israël et la Palestine, et la Somalie. 

    Préoccupation pour le Soudan 

    Bien que le conflit actuel au Soudan ait éclaté en dehors de la période considérée, l'UNICEF est également gravement préoccupé par son impact sur les 21 millions d'enfants qui y vivent. 

    « Plus d'un million d'enfants ont maintenant été déplacés par les combats et l'ONU a reçu des informations crédibles, en cours de vérification, selon lesquelles des centaines d'enfants ont été tués et blessés », a-t-il dit. 

    M. Abdi a insisté sur l'efficacité du mandat de l'ONU concernant les enfants et les conflits armés, notant que les groupes armés ont libéré au moins 180.000 garçons et filles de leurs rangs au cours des 23 dernières années. 

    Cependant, il a déclaré qu'à mesure que « le nombre de pays inscrits à l'agenda des enfants et des conflits armés augmente, le nombre d'enfants ayant besoin de notre protection et de notre soutien augmente également », appelant à un plus grand soutien international aux efforts de l'ONU.

     

     

     

     


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  • Le premier ministre Justin Trudeau a fait aujourd’hui la déclaration suivante à l’occasion de la Journée internationale contre l’utilisation d’enfants soldats, aussi appelée la Journée de la main rouge :

    « Chaque enfant a le droit de grandir et de s’épanouir dans un milieu sécuritaire. En plus d’être inacceptable et inhumaine, l’utilisation d’enfants soldats est une violation flagrante des droits de la personne et du droit humanitaire international.

    « Aujourd’hui, en cette Journée internationale contre l’utilisation d’enfants soldats, le Canada réitère son engagement inébranlable à collaborer avec ses partenaires mondiaux afin d’éliminer le recrutement et l’utilisation d’enfants dans des conflits armés.

    « Depuis 2017, le Canada a amené plus de 100 États membres des Nations Unies à adhérer aux Principes de Vancouver sur le maintien de la paix et la prévention du recrutement et de l’utilisation d’enfants soldats et a mis sur pied le Centre d’excellence Dallaire pour la paix et la sécurité des Forces armées canadiennes afin de favoriser leur mise en œuvre.

    « Aucun enfant ne devrait être forcé de commettre des gestes de violence. Sur la scène internationale, le Canada continue de dénoncer haut et fort le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats en recourant à l’éducation, à des interventions et à la prévention. En travaillant ensemble, nous pouvons protéger les enfants et veiller à ce qu’ils aient toutes les chances de réaliser leur plein potentiel. »


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  • Les enfants-soldats continuent d'être recrutés

    Les groupes armés au Soudan recrutent toujours des enfants, a dénoncé l'ONU mercredi, reconnaissant les efforts de Khartoum.

    Certains groupes armés au Soudan ont toujours recours aux enfants-soldats, a déploré mercredi 29 novembre 2017 l'ONU. L'organisation a toutefois reconnu les efforts faits par Khartoum pour empêcher le recrutement de mineurs.

    «Nous avons lancé un appel appuyé aux groupes armés afin qu'ils appliquent entièrement le droit international en matière de respect des enfants», a indiqué Olof Skoog, à la tête du groupe de travail de l'ONU sur le travail des enfants et les conflits armés.

    Dans une déclaration à la presse à Khartoum, il a expliqué les difficultés à obtenir des informations sur la situation des enfants dans des zones du Soudan en conflit comme dans les Etats du Kordofan-Sud (sud) et du Nil-Bleu (sud-est).

    Il a toutefois indiqué que son équipe de travail avait rencontré des enfants-soldats, et que beaucoup de mineurs sont toujours victimes de groupes armés, dont des factions rebelles. «Je ne peux pas vous donner de chiffres, mais cela m'inquiète», a-t-il affirmé.

    Meurtres, mutilations, agressions sexuelles

    Dans les zones de conflits, les enfants sont victimes de violations de toutes sortes - meurtres, mutilations, agressions sexuelles, enlèvements - et les écoles et les hôpitaux sont souvent la cible d'attaques, a ajouté M. Skoog. Selon lui, le gouvernement soudanais a fait des efforts pour empêcher le recrutement des enfants depuis qu'il a signé en mars 2016 un «plan d'action» avec l'ONU.

    Certains groupes rebelles ont aussi signé ce plan d'action, mais ne l'ont pas appliqué complètement, a souligné M. Skoog. Le responsable de l'ONU a par ailleurs insisté auprès de Khartoum pour que les enfants qui rendent les armes soient rapidement réintégrés dans la société.

    L'année dernière, le Soudan a libéré 21 enfants-soldats qui avaient été capturés au Darfour en 2015 lors de combats entre les forces gouvernementales et le mouvement rebelle pour la justice et l'égalité (JEM). «Dans tous les conflits, les enfants sont les plus touchés et cela est aussi le cas au Soudan malheureusement», a conclu M. Skoog.


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    Dix ans après les Principes et engagements de Paris, cette conférence sera l’occasion de faire le point sur la protection des enfants vivant dans des conflits.

    Un tiers des besoins est pour la Syrie

    Le président François Hollande ouvre mardi 21 février à Paris une conférence destinée à mobiliser la communauté internationale sur le sort des 250 millions d’enfants vivant dans des zones de conflit.

    « Dix ans après les Principes et engagements de Paris relatifs aux enfants associés aux forces ou aux groupes armés, cette nouvelle initiative de la France et de l’Unicef rassemblera plus de 80 pays et près de 40 organisations internationales et non gouvernementales », précise la présidence de la République.

    La conférence sera l’occasion d’un important appel aux dons. « Les besoins s’élèvent à 3,3 milliards de dollars », selon Sébastien Lyon, directeur général de l’Unicef France, soit « le chiffre le plus élevé que l’Unicef ait jamais été appelé à demander pour les situations d’urgence. Il était de 1,5 milliard il y a encore quatre ans. » « Sur ces 3,3 milliards de dollars, 1,4 milliard est nécessaire juste pour le conflit syrien », précise le responsable.

    Sur le terrain, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) œuvre notamment à la libération des enfants recrutés dans des groupes armés. Depuis 2000, « environ 100 000 enfants ont pu être libérés », selon l’organisation.

    Recrutement d’enfant soldats au Soudan du Sud

    La conférence rassemble les pays signataires des Principes et engagements de Paris, une liste d’orientations et de suggestions politiques que les États sont invités à adopter en matière de protection des enfants, signés il y a dix ans. Des ONG seront également présentes, ainsi que des enfants-soldats qui témoigneront de leur expérience. 105 États ont adopté et signé les Principes et Engagements de Paris.

    Leila Zerrougui, la représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés du secrétaire général des Nations unies, assistera à la conférence, comme Peter Maurer, le président du comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Anthony Lake, le directeur exécutif de l’Unicef.

    Concernant les enjeux de la conférence, Jean-Pierre Lacroix, en charge des organisations internationales au ministère des Affaires étrangères, indique « le phénomène de recrutement des enfants-soldats, avec des chiffres élevés dans certains pays, plus de 17 000 au Soudan du Sud, environ 5 000 en Somalie, plus de 1 000 au Yémen ».

    Les enfants sont également exposés à « l’impossibilité d’aller à l’école et d’avoir accès à l’aide humanitaire » et aux « violences directes : meurtres, mutilations, violences sexuelles, enlèvements de masse ».

     


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  • L'ONU célèbre 20 ans de protection des enfants dans les conflits armés

    8 février 2017 – De hauts responsables des Nations Unies et de la communauté internationale se sont félicité mercredi 8 février 2017 des deux décennies d'efforts pour protéger les enfants contre le fléau de la guerre en marquant le vingtième anniversaire de la résolution 51/77 (1997) de l'Assemblée générale sur la promotion et la protection des droits des enfants.

    Lors d'une réunion informelle de l'Assemblée générale, le Président de cet organe de l'ONU, Peter Thomson, a qualifié cette résolution de « développement marquant dans nos efforts mondiaux pour améliorer la protection des enfants dans les situations de conflit ».

    « Parmi les horreurs incompréhensibles qui se produisent dans le chaos des zones de guerre, des crimes, des violations et des abus sont perpétrés contre les membres les plus vulnérables de nos sociétés, à savoir nos enfants », a déclaré M. Thomson dans un discours.

    Il a appelé à un effort concerté pour protéger les enfants dans les conflits armés, dans le cadre des engagements de la communauté internationale en faveur de la paix et de la sécurité, du développement durable et des droits de l'homme.

    À la suite de la résolution historique adoptée il y a 20 ans, l'Assemblée générale a prié le Secrétaire général de nommer un Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés. Ce poste est occupé actuellement par Leila Zerrougui, qui a succédé à Graça Machel, Olara Otunnu et Radhika Coomaraswamy.

    C'est le rapport historique de Mme Machel datant de 1996 qui a conduit à la création du mandat et à la nomination d'un représentant spécial.

    Elle a exhorté les États membres à considérer les enfants comme des 'zones de paix' et a déclaré qu'en se concentrant sur eux, « les responsables politiques, les gouvernements, les entités militaires et non étatiques commenceront à reconnaître combien ils détruisent avec les conflits armés et le peu qu'ils gagnent ».

    La meilleure façon de protéger les enfants contre les conflits armés est de prévenir les conflits armés en premier lieu, a écrit Mme Machel. Cette idée fait écho au message du Secrétaire général António Guterres, prononcé par sa Cheffe de Cabinet, Maria Luiza Ribeira Viotti.

    Le Secrétaire général a estimé que l'éducation de bonne qualité et le travail productif et décent pour les jeunes constituaient des conditions préalables à la fois pour la paix et le développement.

    Toutefois, lorsque la prévention échoue, il demande au Bureau du Représentant spécial de continuer de surveiller et de signaler les violations. « Nous devons également continuer de renforcer les relations avec les autorités locales et nationales, les partenaires régionaux et la société civile pour prévenir et protéger les enfants contre les violations graves », a déclaré M. Guterres.


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  • La réinsertion des enfants soldats au Moyen-Orient

    L’histoire porte depuis longtemps la trace de ce fléau moderne qu’est la question des enfants soldats. Recensé dès l’antiquité gréco-romaine, ce phénomène a prévalu jusqu’au XIXe siècle. Avec l’avènement des nations modernes, on a cru qu’il disparaîtrait peu à peu. Aujourd’hui, pourtant, il s’observe dans la quasi-totalité des continents et des conflits, même s’il relève de l’exception au sein des corps d’armée constitués.

    Il est impossible d’obtenir les effectifs d’enfants soldats en chiffres absolus : les Nations Unies elles-mêmes ne se risquent plus à un dénombrement précis. Selon Nick Scarborough, responsable du pôle administratif de l’organisation Child Soldiers International , « tous les chiffres que nous mentionnons reposent sur des estimations et il existe des conflits pour lesquels nous ne disposons d’aucune estimation… Pourtant, le Secrétariat général des Nations Unies a répertorié sept armées nationales et 50 groupes armés qui recrutent et exploitent des enfants, ce qui indique la persistance et la gravité de cette violation. » Les enfants soldats sont le plus souvent des garçons, notamment au Moyen-Orient, mais à l’échelle mondiale, on estime à quelque 40 % le nombre de filles soldats , particulièrement vulnérables à la prédation sexuelle et à d’autres formes de violence.

    Le Protocole additionnel I de la quatrième Convention de Genève interdit la participation d’enfants de moins de quinze ans aux hostilités . Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale précise également que « le fait de procéder à la conscription ou à l'enrôlement […] d’enfants dans des forces ou des groupes armés constitue un crime de guerre dans tout conflit armé ». En 2000, le Protocole facultatif à la Convention relative aux droits des enfants a relevé l’âge minimum de l’enrôlement (a) et la participation directe aux hostilités à 18 ans. Si 123 pays ont ratifié ce texte depuis 2002, les progrès sont lents. En s’appuyant sur le mécanisme de surveillance et de communication de l’information, le groupe de travail créé par la Résolution 1612 du Conseil de Sécurité  a constaté qu’il restait beaucoup à faire sur ce front, étant donné que les violations les plus fragrantes sont majoritairement dues à des acteurs non étatiques.

    Au Moyen-Orient, toutes les parties impliquées dans les conflits en cours ont été accusées d’utiliser des enfants soldats (a), les enfants déplacés de force paraissant particulièrement exposés. Leur présence est attestée dans les rangs des milices chiites d’Iraq , des groupes rebelles  anti-régime, comme l’Armée syrienne libre, des milices syriennes pro-régime (a), des unités afghanes chiites , recrutées sous le contrôle de l’Iran, voire du Hezbollah libanais (a). Des enfants soldats prennent également part à la guerre au Yémen  et sont utilisés par le PKK kurde en Iraq  et les Unités de protection du peuple (YPG) en Syrie .

    Pourtant, c’est l’utilisation faite de ces enfants par le groupe État islamique (EI) qui a retenu le plus l’attention, en raison de sa notoriété, mais aussi du rôle spécifique que jouent les « lionceaux du califat » dans la dramatisation du groupe, à des fins de propagande interne et externe .

    En Occident et ailleurs, les médias se sont beaucoup intéressés à ces enfants utilisés par l’EI comme bourreaux (a) ou kamikazes – des pratiques utilisées sciemment par la mouvance djihadiste pour désensibiliser les enfants et instaurer une « nouvelle normalité ». Cependant, « la présence et la participation d’enfants servant les besoins de la propagande globale de l’EI ne se limitent pas à ces actes de violence extrême. Tous les jours ou presque, les enfants sont mis en avant dans des contextes multiples : exécutions surmédiatisées, camps d’entraînement, joutes de mémorisation du Coran et campagnes de prosélytisme (caravanes de da’wa) ». L’EI choisit ses lionceaux à l’issue d’un processus de sélection mené auprès de populations d’enfants placés sous sa férule. La plupart ont été enlevés à leurs parents ou sont orphelins, c’est le cas des Yézidis (a), par exemple. Reste « qu’un pourcentage croissant d’enfants rejoignent les rangs de l’EI au terme d’un processus de formation (a) au cours duquel Daech leur instille le sens du dévouement et de la camaraderie. Certains chercheurs décomposent ce processus en plusieurs étapes : « d’après les données dont nous disposons à l’heure actuelle, (on observe) six phases de socialisation des enfants à l’EI : séduction, instruction (a), sélection, subjugation, spécialisation et cantonnement ». Certains enfants sont issus de familles étrangères installées de leur plein gré sur les territoires occupés par l’EI, mettant en lumière un phénomène rare : l’embrigadement d’enfants soldats avec l’assentiment des familles, y compris des familles locales favorables à l’EI ou en quête désespérée d’avantages monétaires ou autres.

    Les enfants soldats servent souvent de chair à canon, mais pour l’EI, il s’agit également de les inscrire dans une stratégie de long terme, qui intègre l’idée d’un échec éventuel de la constitution d’un califat, en raison de la pression militaire inexorable que le groupe subit. En témoignent les mots de ce djihadiste  : « Nous pensons que cette génération d’enfants est celle du Califat… C’est une doctrine juste qui leur a été inculquée. Tous aiment aller au combat, pour bâtir l’État islamique. »

    Devant le recul des forces de l’EI à Mossoul et à Raqqa, deux questions se présentent à nous : la réadaptation de tous les enfants sous l’emprise du groupe depuis deux ans et plus et la réinsertion des « lionceaux », autrement plus délicate. D’après Mia Bloom, professeur à l’université d’État de Géorgie , ce travail « nécessite une coordination et une créativité qu’aucun programme de déradicalisation n’a jamais mis en œuvre jusqu’à présent. […] Il faut prendre à bras le corps le traumatisme psychologique de ces enfants par le biais d’une approche concertée ; […] les rééduquer pour qu’ils désapprennent les entorses faites par l’EI à la foi musulmane. » Les familles jouent habituellement un rôle essentiel dans cette réadaptation. Cependant, dans le cas présent, certains enfants poussés à l’embrigadement par leur propre famille devront peut-être en être séparés, ce qui exacerbera leur traumatisme.

    Outre les « lionceaux », des milliers d’autres enfants soldats devront faire l’objet d’une réinsertion et d’une réadaptation (a), quelque soit leur obédience. Au regard de la menace que font peser l’EI et d’autres groupes affidés sur le monde, l’évidence dicte à la communauté internationale de répondre unie au défi de la réinsertion afin de mobiliser financement et expertise, sous peine de favoriser la gestation d’une autre génération de la terreur.


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  • 16'000 enfants enrôlés de force depuis janvier

    L'Unicef dénonce l'enrôlement de force d'enfants par les différentes parties en conflit au Soudan du Sud, malgré la signature d'un accord de paix.

    Quelque 16'000 enfants ont été enrôlés de force cette année par les différentes parties en conflit au Soudan du Sud, a dénoncé vendredi l'Unicef.

    Malgré la signature d'un accord de paix en août, «il y a peu de signe d'amélioration», selon l'agence des Nations Unies.

    «De graves violations des droits des enfants, dont des assassinats, des enlèvements et des violences sexuelles, continuent à travers le pays», a déclaré un porte-parole de l'Unicef, Christophe Boulierac, lors d'un point de presse à Genève.

    Christophe Boulierac a expliqué que «depuis le début de 2015, la situation des enfants au Soudan du Sud a empiré», avec «un enrôlement et une utilisation constants d'enfants, essentiellement des garçons mais aussi des filles, par les forces et groupes armés».

    Depuis janvier, «environ 16'000 enfants ont été recrutés par les groupes et forces armés», a-t-il dit, précisant «qu'ils sont donc tous encore dans les groupes et forces armés».

    Pas seulement des combattants

    Il est courant d'appeler «enfants soldats» les enfants associés aux forces et groupes armés, terme qui évoque l'image de jeunes garçons portant des uniformes et des armes. Mais dans la pratique, l'utilisation de ces enfants est plus large que leur participation à des hostilités en tant que combattants.

    Ces enfants peuvent aussi notamment, pas exclusivement, exercer d'autres fonctions comme porteurs ou messagers et sont envoyés dans des zones et situations extrêmement dangereuses du fait des combats. Les filles sont souvent utilisées à des fins sexuelles et pour des mariages forcés.

    Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, avant de replonger dans la guerre en décembre 2013 en raison de dissensions politico-ethniques, alimentées par la rivalité entre le chef de l'Etat Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Les combats n'ont jamais vraiment cessé en dépit d'un accord de paix signé le 26 août entre le gouvernement de Juba et les rebelles.

    Le conflit, marqué par des atrocités attribuables aux deux camps, a fait des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 2,2 millions de personnes de chez elles. Environ 1500 enfants ont été tués, selon l'Unicef.


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  • Colombie : l'ONU salue la volonté des FARC de renoncer au recrutement d'enfants

    5 novembre 2015 – La Représentante spéciale du Secrétaire général de l'ONU pour les enfants et les conflits armés, Leila Zerrougui, a salué jeudi l'engagement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC-EP) à renoncer au recrutement et à l'utilisation d'enfants de moins de 18 ans.

    « C'est une étape importante pour protéger les enfants de Colombie et rendre les pratiques de recrutement des FARC-EP conformes au droit national et international », s'est félicitée dans un communiqué de presse Mme Zerrougui.

    La Représentante spéciale était de retour à New York après avoir participé à des discussions entre le gouvernement colombien et les FARC-EP sur la question du sort des enfants dans les conflits armés, du 30 octobre au 3 novembre à La Havane, à Cuba. Ces discussions, à l'issue desquelles les FARC-EP se sont engagées à renoncer au recrutement et à l'utilisation de mineurs, s'inscrivaient dans les cadres des pourparlers de paix en cours entre les deux parties à Cuba.

    Mme Zerrougui a ajouté que les FARC-EP ont fait part de leur volonté, au cours de ces discussions, de libérer les enfants de moins de 15 ans présents dans leurs rangs. Sur ce point, a-t-elle précisé, les deux parties se sont déclarées prêtes à entamer un processus de réinsertion des enfants dans la société.

    Le Représentante spéciale a rappelé que les normes internationales et l'intérêt des enfants doivent guider les parties afin d'offrir des services de réinsertion adaptés à leurs besoins, en particulier ceux des filles, des orphelins et enfants provenant de communautés autochtones et d'origine africaine.

    Elle a ajouté que, pour garantir la sûreté et la sécurité des enfants avant, pendant et après le processus de libération, faire en sorte qu'ils ne soient pas à nouveau recrutés par d'autres groupes devra être une priorité.

    « Je suis impatiente de voir les premiers enfants rapidement libérés et confirme que l'ONU est prête à soutenir la libération et la réinsertion de tous les enfants de moins de 18 ans présents dans les rangs des FARC-EP », a déclaré Mme Zerrougui.


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  • Enfants soldats de l'EI: 50 morts au bilan

    Plus de 50 enfants recrutés par l'EI ont été tués dans des violences depuis le mois de janvier. Ils sont appelés «les lionceaux du califat».

    Plus de 50 enfants recrutés comme combattants par le groupe extrémiste État islamique (EI) en Syrie ont été tués dans des violences depuis le début de l' année , rapporte une ONG mercredi.

    L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a documenté la mort de 52 enfants soldats, tous âgés de moins de 16 ans et recrutés dans le cadre d'un programme appelé par l'EI «les lionceaux du califat».

    A l' été 2014 , le groupe ultraradical a proclamé un «califat» sur les territoires qu'il contrôle dans la Syrie en guerre et en Irak voisin.

    Plus de 1'100 enfants recrutés depuis janvier

    Le programme assure un entraînement militaire et religieux intensif pour les petits dans les zones contrôlées par l'EI, selon l'Observatoire, qui dispose d'un large réseau de sources à travers la Syrie.

    Depuis janvier, l'EI a recruté plus de 1'100 enfants, et au moins 31 garçons ont été tués en juillet dans des explosions, des combats ou des frappes aériennes du régime ou de la coalition menée les États-Unis, d'après l'OSDH.

    Enfants kamikazes

    L'EI a habituellement recours aux enfants pour tenir un barrage ou rassembler des renseignements dans les zones hors de son contrôle, mais le groupe leur confie de plus en plus la tâche d' exécuter des prisonniers ou de mener des attaques suicide.

    D'après l'Observatoire, ceci est devenu plus fréquent avec la surveillance plus accrue de la Turquie de sa frontière et la perte de passages frontaliers , rendant plus difficile pour l'EI de faire transiter des combattants adultes.

    Depuis le début de l'année, au moins 18 enfants ont été utilisés comme kamikazes, plus récemment dans les combats entre EI et forces kurdes dans le nord-est de la Syrie.

    «Quand un enfant en arrive au point de devenir kamikaze , cela veut dire qu'il a subi un lavage de cerveau total », affirme à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

    Recrutement chez les forces kurdes

    Mercredi, l'ONG Human Rights Watch a critiqué les forces kurdes syriennes pour ne pas avoir tenu leur promesse de cesser de recourir à des enfants soldats.

    D'après l'organisation , les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale milice kurde en Syrie , avait démobilisé environ 150 enfants en 2014, mais elles continuent de recruter des garçons et des filles de moins de 18 ans comme combattants.

    La milice «YPG s'est engagée à ne plus envoyer d'enfants faire la guerre et devrait respecter sa promesse», a déclaré Fred Abrahams, conseiller spécial auprès de HRW.

    Même si les YPG combattent des groupes comme l'EI «qui bafouent les lois de la guerre (...) ce n' est pas une raison pour tolérer des abus de la part de ses propres forces», indique l'organisation.

    La guerre en Syrie , qui avait commencé par la répression sanglante de manifestations pacifiques qui ont dégénéré en rébellion armée, est devenu un conflit meurtrier et complexe où s'affrontent armée, rebelles, kurdes et djihadistes sur un territoire de plus en plus morcelé.


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  • Centrafrique: plus de 350 enfants-soldats relâchés par des groupes armés

     

    Centrafrique: plus de 350 enfants-soldats relâchés par des groupes armés


    Bangui - Plus de 350 enfants-soldats centrafricains, dont plusieurs âgés de moins de 12 ans, ont été libérés jeudi par des groupes armés, suite à un accord signé avec l'Unicef, a annoncé l'organisation dans un communiqué.

    Après deux ans d'intenses combats, la libération des enfants par ces groupes - le même jour - est un véritable pas vers la paix, s'est réjoui le représentant à Bangui du Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef), Mohamed Malick Fall.

    La violence et la souffrance peuvent maintenant céder la place à un avenir meilleur pour les enfants, a-t-il ajouté.

    Au cours de cérémonies distinctes, 357 enfants ont été libérés dans la région de Bambari (Centre) par l'ex-rébellion Séléka - majoritairement musulmane - et les milices - principalement chrétiennes - anti-balaka, principaux belligérants de la crise qui a ravagé la Centrafrique depuis plus de deux ans.

    Il s'agit de la plus grande libération d'enfants associés aux groupes armés en République centrafricaine depuis que la violence a éclaté en 2012, souligne l'Unicef.

    Pour M. Fall, c'est le début d'un processus qui, nous l'espérons, va aboutir à la libération de milliers d'enfants associés aux groupes armés en République centrafricaine.

    Chacun d'entre eux aura besoin d'un large soutien et de protection afin qu'ils puissent reconstruire leur vie et reprendre leur enfance, a-t-il dit.

    La semaine dernière, les chefs de huit groupes armés centrafricains s'étaient engagés à relâcher plusieurs milliers d'enfants-soldats ainsi qu'à cesser tout recrutement d'enfants, en marge du Forum de Bangui, qui réunit près de 600 participants durant une semaine pour la réconciliation nationale et discuter de l'avenir du pays.

    D'après l'Unicef, de 6.000 à 10.000 enfants seraient intégrés dans les différents groupes armés et rébellions qui sévissent depuis des années en Centrafrique.

    Au fil d'une histoire marquée par les troubles, les rébellions et les coups d'État, de nombreux groupes armés - parfois divisés en factions rivales - se sont formés dans le pays où ils ont créé leurs propres fiefs. Une quinzaine de ces mouvements sévissent encore aujourd'hui en République centrafricaine.


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