• Indemnisation des victimes d’esclavage sexuel pendant la seconde guerre mondiale

    Selon les historiens, jusqu’à 200 000 femmes, originaires pour la plupart de Corée, ont été contraintes de servir d’esclaves sexuelles aux soldats japonais jusqu’en 1945.

    Un tribunal sud-coréen a ordonné jeudi 23 novembre 2023 au Japon d’indemniser seize femmes victimes d’esclavage sexuel pendant la seconde guerre mondiale, annulant ainsi une décision d’une juridiction inférieure qui les avait déboutées deux ans plus tôt.

    En 2021, ce premier dossier civil avait été présenté à la justice en Corée du Sud contre Tokyo par celles qui étaient appelées dans un euphémisme « femmes de réconfort », des personnes réduites à l’esclavage dans les bordels de l’armée impériale pendant le conflit mondial. Un tribunal du district central de Séoul avait alors mis en avant l’« immunité souveraine » de Tokyo pour débouter ces femmes, le 21 avril 2021, estimant, en outre, que l’acceptation des demandes des victimes pourrait provoquer un incident diplomatique.

    Mais la Haute Cour de Séoul a jugé qu’il était « raisonnable de dire que l’immunité souveraine ne devrait pas être respectée (…) en cas de conduite illégale », selon un document judiciaire consulté par l’Agence France-Presse. Elle a ordonné qu’environ 200 millions de wons (quelque 141 000 euros) soient versés à chacune des plaignantes.

    Le tribunal a déclaré que les victimes avaient été « enlevées de force ou entraînées dans l’esclavage sexuel » et jugé qu’en conséquence, elles avaient subi des « dommages » et « n’avaient pas pu mener une vie normale après la guerre ».

    Lee Young-soo, l’une des 16 plaignantes aujourd’hui âgée de 95 ans, a levé les bras au ciel en signe de joie à sa sortie du tribunal, déclarant aux journalistes : « Je suis très reconnaissante […]. Je remercie les victimes qui sont mortes. »

    Rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon

    Selon les historiens, jusqu’à 200 000 femmes, originaires pour la plupart de Corée, mais aussi d’autres régions d’Asie, dont la Chine, ont été contraintes de devenir des esclaves sexuelles pour les soldats japonais pendant la seconde guerre mondiale.

    Le gouvernement japonais nie être directement responsable des abus commis pendant la guerre, affirmant que les victimes ont été recrutées par des civils et que les maisons de prostitution militaires étaient exploitées commercialement. Tokyo a, en outre, toujours refusé de comparaître devant les tribunaux sud-coréens, soutenant que le contentieux avait été vidé par le traité de 1965 qui impliquait le versement de réparations.

     

     


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  • Une ex-secrétaire de camp de concentration passe enfin devant le juge

    Après avoir tenté de fuir, fin septembre, Irmgard Furchner est jugée depuis ce mardi 19 octobre 2021. Elle serait impliquée dans la disparition de 11’000 détenus du camp nazi de Stutthof.

    Le procès d’une ex-secrétaire de camp de concentration nazi, âgée de 96 ans, qui avait brièvement pris la fuite le jour de l’ouverture de son procès, en Allemagne, avant d’être interpellée, a finalement débuté mardi, en présence de l’accusée. Irmgard Furchner doit répondre, devant le tribunal d’Itzehoe, de complicité et tentatives de meurtres dans plus de 11’000 cas au sein du camp de concentration de Stutthof, dans l’actuelle Pologne, entre 1943 et 1945.

    La nonagénaire est entrée dans la salle poussée dans une chaise roulante, vêtue d’une veste blanche et une canne à la main. Pour se dissimuler des photographes et vidéastes venus en nombre, elle avait la tête recouverte d’un foulard et portait de grandes lunettes de soleil.

    «Encouragé au meurtre perfide et cruel»

    Son procès avait débuté le 30 septembre, de manière rocambolesque: l’accusée, qui vit dans une résidence pour personnes âgées, près de Hambourg, avait pris la fuite au lieu de se rendre au tribunal. Elle comparaît libre, mais des mesures de surveillance ont été prises pour assurer sa présence aux audiences.

    Mardi matin, Irmgard Furchner, seule femme impliquée dans le nazisme à être jugée depuis des décennies en Allemagne, a décliné son identité puis gardé le silence, en écoutant l’acte d’accusation. Le parquet l’accuse d’avoir «aidé et encouragé au meurtre perfide et cruel» de milliers de prisonniers, entre juin 1943 et avril 1945, dans ce camp où elle travaillait en tant que dactylographe et secrétaire du commandant du camp, Paul Werner Hoppe.

    «Elle avait connaissance de tous les éléments»

    Dans ce camp proche de l’actuelle de Gdansk (Dantzig à l’époque), où périrent 65’000 personnes, «des détenus juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques» ont été systématiquement assassinés, a rappelé le parquet. De par ses fonctions, elle «assurait le bon fonctionnement du camp» et «avait connaissance de tous les événements et faits survenus dans le camp de Stutthof», notamment les mises à mort par balles ou gazage, a expliqué le procureur, Maxi Wantzen.

    «Suffisamment en bonne santé pour fuir, suffisamment en bonne santé pour aller en prison!»

    Efraim Zuroff, président du Centre Simon Wiesenthal

    Dans une interview donnée, en 2019, au journal «NDR», l’ex-secrétaire avait indiqué «n’avoir rien su» des massacres commis dans ce camp. Avant l’ouverture de son procès, l’accusée avait annoncé, dans une lettre au président de la Cour, qu’elle ne voulait pas se présenter devant ses juges. Le premier jour de l’audience, elle était montée dans un taxi et avait disparu quelques heures, avant d’être retrouvée. Placée en détention provisoire, elle avait été remise en liberté, une semaine plus tard.

    Du «mépris» pour les survivants

    Son comportement avait provoqué la consternation. «Cela montre un mépris pour les survivants et l’État de droit», avait déploré Christoph Heubner, le vice-président du Comité Auschwitz. «Suffisamment en bonne santé pour fuir, suffisamment en bonne santé pour aller en prison!» avait de son côté tweeté Efraim Zuroff, le président du Centre Simon Wiesenthal.

    Septante-six ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Berlin continue de rechercher d’anciens criminels nazis encore en vie, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice. L’Allemagne a également élargi ses investigations aux exécutants, parfois subalternes, de la machinerie nazie.

    «Très jeunes au moment des faits»

    Un autre accusé, Josef Schütz, âgé de 100 ans, a commencé à comparaître le 7 octobre devant le tribunal de Brandebourg-sur-la-Havel (nord-est), où il clame son innocence. Plus vieil accusé de crimes nazis, cet ancien sous-officier de la division SS «Totenkopf» («Tête de mort») est poursuivi pour «complicité de meurtres» de 3518 prisonniers lorsqu’il opérait dans le camp de concentration de Sachsenhausen, entre 1942 et 1945. «Les individus suspectés de crimes nazis encore en vie aujourd’hui étaient très jeunes au moment des faits et occupaient plutôt des fonctions subalternes», explique Guillaume Mouralis, membre du Centre Marc Bloch, à Berlin. «Le paradoxe est que les «criminels de bureau» aux échelons intermédiaires et supérieurs de la hiérarchie ont finalement été peu inquiétés…».

     


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  • Une ex-secrétaire d’un camp de concentration devant ses juges

    Irmgard Furchner, aujourd’hui 96 ans, est accusée d’avoir co-opté le massacre de près de 10’000 des 65’000 personnes du camp de concentration de Stutthof.

    Soixante-seize ans après la libération des camps nazis, une ancienne secrétaire d’un camp de concentration âgée de 96 ans est jugée à partir de jeudi en Allemagne, l’un des derniers procès d’anciens nazis encore en vie.

    Hautement symbolique, l’affaire est examinée à la veille du 75e anniversaire de la condamnation à mort par pendaison par le tribunal de Nuremberg de 12 des principaux dirigeants du Troisième Reich.

    Ce procès sera également suivi par celui, à partir du 7 octobre, d’un centenaire, un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, près de Berlin.

    Agée à l’époque des faits de seulement 18 à 19 ans, la nonagénaire Irmgard Furchner, qui vit dans une résidence pour personnes âgées près de Hambourg, sera jugée par une Cour spéciale pour jeunes.

    Devant le tribunal de Itzehoe, dans le nord de l’Allemagne, elle doit répondre de «complicité de meurtre dans plus de 10’000 cas», selon le Parquet.

    L’accusation lui reproche d’avoir participé au meurtre de détenus dans le camp de concentration de Stutthof, dans la Pologne actuelle, où elle travaillait comme dactylographe et secrétaire du commandant du camp, Paul Werner Hoppe, entre juin 1943 et avril 1945.

    Dans ce camp proche de la ville de Gdansk où périrent 65’000 personnes, «des détenus juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques» ont été systématiquement assassinés, selon le Parquet.

    30 parties civiles

    Elle est également poursuivie pour «complicité dans des tentatives de meurtres».

    Quelque 30 parties civiles dont une grande majorité venue de l’étranger sont attendues lors des audiences qui doivent s’étaler au moins jusqu’à juin 2022.

    Peu d’informations ont circulé sur l’accusée qui ne s’est pas exprimée jusqu’ici sur les faits qui lui sont reprochés.

    Mais selon l’avocat Christoph Rückel, qui représente depuis des années des survivants de la Shoah, «elle a tenu l’ensemble de la correspondance du commandant du camp». «Elle a aussi tapé à la machine les ordres d’exécution et de déportation et apposé ses initiales», a-t-il assuré sur la chaîne régionale publique NDR.

    Pour son avocat, Wolf Molkentin, elle ignorait le sort exact des détenus. «Ma cliente aurait travaillé au milieu de SS expérimentés dans la violence. Mais devait-elle partager leur niveau de connaissance ?", s’est-il interrogé dans un entretien au Spiegel.

    «A mon avis, ce n’est pas forcément évident», a-t-il ajouté, insistant sur le recours à des termes «codés» dans les échanges épistolaires entre responsables de la machine de mort nazie «de telle manière qu’une secrétaire ne pouvait pas nécessairement les décoder», selon lui.

    Peu de femmes

    Ce procès quoique tardif revêt un intérêt particulier car très peu de femmes impliquées dans les horreurs nazies ont été poursuivies depuis la fin de la guerre.

    «Tout particulièrement le rôle des femmes dans le régime nazi et leur implication dans l’Holocauste ont été trop longtemps ignorés par la justice», relève ainsi l’historienne Simone Erpel dans Der Spiegel.

    Cette procédure, comme de nombreuses autres entamées ces dernières années, n’est toutefois pas exempte de controverses, la justice demandant très soudainement des comptes à des vieillards qu’elle avait laissés tranquilles depuis 1945.

    Des décennies durant, l’Allemagne s’est en effet montrée peu pressée de retrouver ses criminels de guerre.

    Avant l’ouverture du procès d’Irmgard Furchner, la presse a ainsi rappelé que la secrétaire particulière d’Adolf Hitler, Traudl Junge, n’a jamais été inquiétée jusqu’à sa mort en 2002.

    Mais la jurisprudence de la condamnation en 2011 de John Demjanjuk, un gardien du camp de Sobibor en 1943, à cinq ans de prison ferme, permet désormais de poursuivre pour complicité de dizaines de milliers d’assassinats n’importe quel auxiliaire d’un camp de concentration, du garde au comptable.

    Aussi controversée que soit cette justice tardive, elle permet «de donner une voix aux victimes, à leurs familles, et de ramener les faits dans la conscience publique», selon le juriste Andrej Umansky, auteur d’un ouvrage sur la Shoah en territoire soviétique occupé par les nazis.

    En juillet 2020, la justice a ainsi infligé une peine de deux ans de prison avec sursis à un ancien gardien du camp de Stutthof, Bruno Dey, 93 ans.

    Dans les années précédentes, deux anciens gardiens d’Auschwitz avaient déjà été condamnés. Ils sont morts depuis.


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  • Agé de 100 ans, un ex-gardien d’un camp de la mort bientôt jugé

    Cet ancien nazi sera jugé pour complicité de meurtre de plus de 3500 détenus entre 1942 et 1945 dans le camp de Sachsenhausen.

    Un centenaire ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, en Allemagne, accusé de «complicité de meurtres» va comparaître à partir de début octobre devant un tribunal allemand, a annoncé lundi le parquet. Le parquet de Neuruppin, qui l’avait déjà inculpé en février dernier, estime, après avoir reçu un avis médical, qu’«il est en capacité de suivre des audiences», malgré son grand âge. Les audiences seront limitées à deux heures ou deux heures et demie par jour, selon le parquet.

    L’ancien gardien, âgé de cent ans, est poursuivi pour complicité dans 3518 meurtres de détenus en ayant «sciemment et volontairement» aidé et encouragé de 1942 à 1945 leur meurtre au camp de concentration de Sachsenhausen à Oranienburg, au nord de Berlin. Il serait notamment impliqué dans «la fusillade de prisonniers de guerre soviétiques en 1942» ou la mort de plusieurs prisonniers «par l’utilisation du gaz toxique Zyklon B».

    Encore une dizaine d’instructions

    Au fil des ans, les SS ont détenu environ 200’000 personnes dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Environ 20’000 prisonniers y ont été assassinés. «De nombreux co-plaignants ont le même âge que l’accusé et espèrent que justice soit faite», a estimé dans Die Welt Thomas Walther, avocat de plusieurs victimes parties civiles dans ce prochain procès.

    Ces dernières années, l’Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps le chef d’accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice. Selon les médias allemands, une dizaine d’instructions judiciaires relatives aux crimes nazis sont encore en cours dans le pays.

    En juin, la justice allemande a révélé enquêter sur un nonagénaire qui aurait été gardien dans un camp de détenus soviétiques entre 1943 et 1945 et suspecté de complicité d’assassinats. Fin mars, la justice avait annoncé qu’un ancien gardien d’un camp de concentration, extradé des Etats-Unis, allait finalement échapper à un procès en Allemagne, faute de «preuves évidentes».


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    Entre l'été 1944 et mai 1945 les troupes soviétiques et les armées alliées font reculer la ligne de front et libèrent peu à peu les camps de concentration nazis.

    À partir de l'été 1944, l'avancée des troupes soviétiques permet la libération des premiers camps de concentration nazis. Si les camps d'extermination de Treblinka, Sobibor et Belzec ont été complètement détruits par les Allemands dès 1943, d'autres camps de la mort offrent aux yeux sidérés des libérateurs un spectacle effroyable et jusqu'alors inimaginable. Il en sera de même pour les soldats américains et britanniques qui découvrent en avril 1945 le cauchemar concentrationnaire. Quelques dates à retenir:

     

     

     

    24 juillet 1944: Majdanek, premier camp de la mort découvert par les Russes

     

    Le camp de concentration et d'extermination de Majdanek (ou Maïdanek) situé près de Lublin en Pologne est créé en 1941. Tout d'abord camp de travail forcé, il est transformé en 1943 en KZ (Konzentration-Läger ou camp de concentration). Il accueille des prisonniers de guerre ou politiques polonais et soviétiques et des Juifs. À partir de 1942, chambres à gaz et fours crématoires entrent en fonctionnement pour une extermination en masse des prisonniers. Le 3 novembre 1943 dans le cadre de l'opération «Erntefest» (fête des moissons»), 18.000 Juifs du camp sont fusillés. Le nombre total de victimes de Majdanek est estimé entre 170.000 et 235.000 personnes dont 60.000 à 80.000 Juifs. Le 17 juillet 1944, les SS procèdent dans la hâte à l'évacuation du camp et à une destruction heureusement partielle des documents et bâtiments, ce qui permettra aux troupes soviétiques, accueillies le 24 juillet par quelques centaines de prisonniers rescapés, de mettre la main sur les preuves du processus d'extermination.

     

    23 novembre: Libération de Natzweiler-Struthof en Alsace annexée par l'Armée américaine

     

    27 janvier 1945: L'Armée Rouge entre dans Auschwitz

     

    Les troupes soviétiques qui entrent dans le camp d'Auschwitz ce 27 janvier 1945 ne savent pas encore qu'elles pénètrent dans le plus important rouage de la machine d'extermination nazie. Implanté près de la ville polonaise d'Oswiecim à partir de 1940, le complexe concentrationnaire est composé de trois camps principaux: Auschwitz I (camp de travail qui abrite les expériences du docteur Mengele), Auschwitz II ou Auschwitz-Birkenau et Auschwitz III ou Auschwitz-Monowitz. Le plus important et le plus tristement célèbre est Auschwitz II, camp d'extermination construit en 1941 qui compte quatre grands crématoriums avec chacun une chambre à gaz et des fours crématoires. En janvier 1945, à l'approche de l'armée rouge, les SS évacuent le camp entraînant des milliers de prisonniers dans les «marches de la mort».7.000 d'entre eux, souvent malades, restent sur place jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge libératrice. Au moins 1,3 million de personnes ont été déportées à Auschwitz, 1,1 million dont 960.000 Juifs y ont trouvé la mort.

     

    28 février: Libération de Gross-Rosen en Allemagne par l'Armée soviétique

     

    1 avril 1945: Buchenwald libéré par les troupes américaines

     

    Le camp de Buchenwald s'est ouvert dès 1937 en Allemagne près de la ville de Weimar. Les détenus sont en majorité des prisonniers politiques mais des Juifs, des Tziganes, et des «asociaux» y sont également internés. Les détenus politiques «prestigieux», comme Léon Blum ou Georges Mandel sont détenus à l'écart dans des conditions de confort incomparables. Le travail forcé, les expériences médicales, les mauvais traitements, la sous-alimentation et les exécutions sommaires sont le quotidien des 250.000 hommes déportés à Buchenwald entre 1937 et 1945. 56.000 d'entre eux y sont morts. Le 11 avril 1945, un noyau de prisonniers résistants réussit à prendre le contrôle du camp en partie évacué par les SS. Les soldats américains qui entrent dans le camp le même jour sont accueillis par 21.000 détenus survivants mais terriblement affaiblis. Le même jour le camp de Dora-Mittelbau, proche de Buchenwald est également libéré.

     

    15 avril 1945: 60.000 détenus délivrés à Bergen-Belsen

    Camp pour prisonniers de guerre, Bergen-Belsen est ouvert en Allemagne en 1940 et intégré au système concentrationnaire nazi en 1943. Opposants politiques, Juifs, Tziganes, Témoins de Jéhovah, homosexuels, toutes les catégories de victimes de la doctrine hitlérienne sont présentes à Bergen-Belsen. À l'approche de la défaite allemande, le camp devient un véritable mouroir: parce qu'il accueille les déportés évacués des camps proches du front, sa population passe de 7.300 prisonniers en juillet 1944 à 60.000 personnes en avril 1945. Le manque de nourriture, les structures insuffisantes, les épidémies qui se propagent font des ravages ; et aux milliers de cadavres entassés découverts par les soldats britanniques le 11 avril 1945 s'ajoute dans les jours qui suivent, la mort de 13.000 anciens prisonniers malades et trop affaiblis. Au total, environ 50.000 personnes sont mortes à Bergen-Belsen dont Anne Frank en mars 1945.

     

    22-23 avril: Libération en Allemagne de Sachsenhausen par l'Armée Rouge et de Flossenbürg par les Américains

     

    29 avril 1945: Le premier camp de concentration nazi, Dachau, est enfin libéré

     

    Créé en 1933 en Bavière, Dachau est le premier camp de concentration du régime nazi. Il est à l'origine destiné aux prisonniers politiques allemands puis aux Tziganes, Témoins de Jéhovah et homosexuels et enfin aux Juifs à partir de 1938. Presque 200.000 hommes en 12 ans sont internés à Dachau. Soumis au travail forcé, les détenus sont également des cobayes pour les monstrueuses expériences des médecins nazis. Comme Bergen-Belsen, Dachau est en 1945 la destination finale des nombreuses «marches de la mort». L'arrivée des nouveaux prisonniers provoque une surpopulation et une propagation du typhus dévastatrice. Lorsque Dachau est à son tour menacé par l'avance des troupes alliées, les SS commencent à procéder à une évacuation au cours de laquelle ils assassinent de nombreux prisonniers trop faibles pour marcher. À l'arrivée des Américains le 29 avril, plus de 30 wagons remplis de cadavres de prisonniers morts pendant le déplacement vers Dachau, sont encore stationnés.

    Camp pour prisonniers de guerre, Bergen-Belsen est ouvert en Allemagne en 1940 et intégré au système concentrationnaire nazi en 1943. Opposants politiques, Juifs, Tziganes, Témoins de Jéhovah, homosexuels, toutes les catégories de victimes de la doctrine hitlérienne sont présentes à Bergen-Belsen. À l'approche de la défaite allemande, le camp devient un véritable mouroir: parce qu'il accueille les déportés évacués des camps proches du front, sa population passe de 7.300 prisonniers en juillet 1944 à 60.000 personnes en avril 1945. Le manque de nourriture, les structures insuffisantes, les épidémies qui se propagent font des ravages ; et aux milliers de cadavres entassés découverts par les soldats britanniques le 11 avril 1945 s'ajoute dans les jours qui suivent, la mort de 13.000 anciens prisonniers malades et trop affaiblis. Au total, environ 50.000 personnes sont mortes à Bergen-Belsen dont Anne Frank en mars 1945.

     

    22-23 avril: Libération en Allemagne de Sachsenhausen par l'Armée Rouge et de Flossenbürg par les Américains

    30 avril 1945: L'Armée rouge arrive à Ravensbrück le camp des femmes

    Ravensbrück est le seul camp de concentration nazi réservé aux femmes (un petit camp pour les hommes est implanté à côté mais reste totalement isolé de celui des femmes). Construit en 1938 dans le nord de l'Allemagne, il accueille ses premières prisonnières le 18 mai 1939. Un four crématoire et une chambre à gaz sont ajoutés respectivement en 1943 et 1944. 90.000 femmes environ trouvent la mort à Ravensbrück, affamées, torturées, exécutées, gazées ou soumises aux délires des médecins SS. De nombreux enfants également sont assassinés de manière effroyable. En mars 1945, les prisonnières sont emmenées dans des marches forcées au cours desquelles les survivantes sont libérées par les troupes soviétiques. Ces dernières pénètrent dans le camp de Ravensbrück le 30 avril: il ne reste que 3.500 détenues, souvent malades, dont beaucoup meurent dans les jours suivants.

    Les derniers camps libérés:

    5 mai: Neuengamme en Allemagne par les Britanniques et Mauthausen en Autriche par les Américains ;

    8 mai: Theresienstadt (Terezin) en Tchécoslovaquie par l'Armée soviétique

    9 mai: Stutthof en Pologne par l'Armée soviétique


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  • Le trésor des Guelfes

    Les tribunaux américains peuvent juger des violations du droit international à travers le monde. Cette compétence s’étend-elle aux actes de spoliation visant les Juifs allemands comme les propriétaires du trésor des Guelfes ? La Cour suprême des États-Unis est saisie de la question.

    L’Allemagne n’en a pas fini avec la bataille du trésor des Guelfes. Considéré comme le plus riche bien liturgique médiéval mis sur le marché au XXe siècle, cet héritage de la maison de Brunswick-Lüneburg, estimé 200 M€, est exposé au musée des Arts décoratifs de Berlin. Il est revendiqué depuis douze ans maintenant par les descendants d’antiquaires juifs, qui avaient dû le revendre en 1935 à Hermann Goering, lequel l’a fait entrer dans la collection de la Prusse dont il était Premier ministre. À leurs yeux, il ne peut s’agir que d’une spoliation, considérant que « toute cession d’entrepreneurs juifs à la puissance publique, dans le climat de terreur de l’époque et d’angoisse pour leur sort, doit être considérée comme une vente forcée ». En 2014, une commission de médiation, formée d’historiens et dirigée par Jutta Limbach, leur a donné tort, considérant la vente comme volontaire et correspondant aux cours du marché. Les quatre associés avaient acquis en 1929 quatre-vingt-deux reliquaires, crucifix et autels portatifs d’or, de vermeil et d’argent incrustés de pierres précieuses du duc de Brunswick, pour 7,5 millions de reichsmarks, avant d’en disperser la quasi-moitié aux États-Unis. Par le biais d’agents de la Dresden Bank, Goering leur a racheté les quarante-deux pièces restantes pour 4,25 millions de reichsmarks. Pour la commission Limbach, la décote de 10 % est logique en pleine dépression, mais pour les héritiers la différence atteint en fait un tiers de la valeur et, surtout, leurs ancêtres étaient obligés de vendre pour organiser leur fuite du pays. La ministre fédérale de la Culture s’est alignée sur l’avis de la commission, classant la collection « trésor national ».
    Le précédent Klimt
    Les héritiers ont reporté leurs espoirs vers la justice américaine, encouragés par le précédent fameux du portrait d’Adele Bloch-Bauer. En 2004, la Cour suprême a autorisé un tribunal californien à examiner la plainte de son héritière américaine, en admettant qu’une loi de 1976, stipulant les cas d’exception à la souveraineté des États, avait valeur rétroactive. Le choc fut violent pour l’Autriche, qui dut finalement restituer les œuvres spoliées d’Adele Bloch-Bauer, dont ce portrait de Klimt finalement vendu au prix record de 135 M$ à Ronald Lauder. Le recours concernant le trésor des Guelfes a été déposé en 2015 devant un tribunal de Columbia. L’Allemagne a plaidé l’incompétence de la juridiction américaine, qui a été rejetée par un juge de Washington deux ans plus tard. Le cas est désormais porté devant la Cour suprême, en même temps que celui d’une procédure collective de quatorze survivants de l’holocauste contre la Hongrie, pour des pillages de bijoux, d’œuvres et d’objets d’art perpétrés par le régime fasciste. La décision est attendue en juin, mais l’audience de trois heures, diffusée en direct le 7 décembre, donne une idée des enjeux pour les familles victimes de la spoliation nazie.
    Souveraineté nationale
    Pour l’avocat représentant l’Allemagne, Jonathan Freiman, la loi de 1976 permet bien aux tribunaux américains de se pencher sur une violation de la législation internationale, en cas de pillage par exemple, mais elle est uniquement accessible aux ressortissants étrangers du pays en cause. Elle ne peut s’appliquer à la manière dont un État traite ses propres citoyens. Il a mis en garde contre une atteinte à ce principe de souveraineté nationale, qui risquerait de transformer les sept cents juridictions américaines concernées en « tribunal du monde ». Jonathan Kneedler, substitut de l’avocat général, a rejoint cette position en considérant que « le parlement a bien abordé les clauses d’exception à la souveraineté des nations de manière restrictive, afin d’éviter la multiplication des frictions internationales. La conduite d’un État envers ses propres citoyens ne relève en effet pas du droit international ». Pour la défense des familles, le raisonnement est « absurde », car il laisse entendre que le législateur aurait volontairement exclu les premières victimes du nazisme, la communauté juive allemande.
    Procédure équitable
    L’avocat de la Hongrie, Gregory Silbert, n’a pas manqué d’effrayer les magistrats en leur demandant quelle serait leur réaction si les « tribunaux hongrois se saisissaient des pires injustices commises en Amérique », du génocide des Indiens à l’esclavage. Plusieurs magistrats ont rejoint ces craintes, en faisant valoir que les violations des droits de l’homme étaient « infinies » sur la planète et en redoutant des mesures de rétorsion – l’un d’eux s’emmêlant même les pinceaux en se demandant comment la Chine réagirait s’il fallait juger de sa conduite envers les Rohingyas. Or, s’il y a bien une idée que les Américains détestent, c’est d’avoir à rendre des comptes devant une juridiction internationale pour leurs propres crimes. La juge Elena Kagan s’est cependant inquiétée de savoir si les victimes avaient bénéficié d’une procédure équitable, en dénonçant l’inaction de la diplomatie américaine à cet égard. Son collègue Neil Gorsuch s’est aussi enquis de savoir dans quelle mesure les Juifs, victimes des lois raciales, étaient encore des citoyens à part entière. Les parties semblent cependant s’être rejointes quand Clarence Thomas s’est demandé comment il serait possible de dissocier les expropriations du génocide, dans la mesure où il s’est bien appuyé sur « une campagne de pillage systématique, des bijoux, des œuvres d’art, jusqu’au vol des lunettes et extractions des dents en or, entre autres atrocités ». Sur ce point, l’avocat de l’Allemagne a reconnu que « si un pays confisquait un bien dans l’intention de détruire une population, sans conteste il commet un acte de génocide »… 

    *

     

    Le sort du trésor des Guelfes a été laissé en suspens par la Cour suprême des États-Unis. Le 3 février 2021, celle-ci a rejeté les recours de descendants des victimes de spoliations du nazisme, confirmant le principe de l’incompétence des tribunaux américains à juger des violations des droits de l’homme sur la planète.

    La décision, unanime, était prévisible après les réticences exprimées à l’audience du 7 décembre. Elle s’est focalisée sur le trésor des Guelfes, dont la moitié a été vendue à Goering par un trio d’antiquaires juifs berlinois en 1935. Elle se trouve au musée de Berlin. Pour les héritiers, il s’agissait d’une vente forcée, consentie pour un tiers de la valeur par des hommes pressés de fuir le pays. Une commission consultative ayant récusé cet argument, le gouvernement fédéral a refusé toute restitution. Les héritiers se sont tournés vers un tribunal de Washington, réclamant 250 M$ au nom d’une loi de 1976 punissant les pillages commis de par le monde.

    Mais, pour la Cour suprême, cette loi «ne peut s’appliquer qu’aux étrangers victimes de spoliation», pas aux nationaux. En vertu du principe de souveraineté, il n’est pas possible pour un tribunal américain de juger de la politique intérieure d’un État envers ses propres citoyens et le fait de génocide ne constitue pas une exception recevable. «En tant que nation, nous serions surpris si la justice allemande décidait d’allouer des centaines de millions de dollars pour des violations des droits de l’homme perpétrées il y a des années par le gouvernement américain», a motivé la Cour.

    Elle prend cependant acte d’un argument : l’hypothèse que les victimes, privées de leurs droits par les lois raciales, «n’étaient plus, au moment de la transaction, des citoyens» de leur propre pays. La loi de 1976 pourrait alors trouver à s’appliquer. L’affaire est donc renvoyée devant les juges de Washington. Le feuilleton est loin d’avoir trouvé son épilogue, avec l’enjeu d’une telle jurisprudence.

     

     


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  • Allemagne : un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen inculpé à l’âge de 100 ans

    Un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, âgé de 100 ans, a été inculpé pour complicité de meurtres, a annoncé le parquet de Neuruppin, dans l'Est de l'Allemagne.

    L'homme est accusé d'avoir « sciemment et volontairement » aidé et encouragé de 1942 à 1945 le meurtre de 3518 détenus de ce camp concentration situé à Oranienbourg, à seulement 30 km au nord de Berlin.

    Un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, âgé de 100 ans, a été inculpé pour complicité de meurtres, a annoncé lundi le parquet de Neuruppin, dans l'Est de l'Allemagne.

    L'homme est accusé d'avoir « sciemment et volontairement » aidé et encouragé de 1942 à 1945 le meurtre de 3518 détenus de ce camp concentration situé à Oranienbourg, à seulement 30 km au nord de Berlin.

    Un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, âgé de 100 ans, a été inculpé pour complicité de meurtres, a annoncé lundi le parquet de Neuruppin, dans l'Est de l'Allemagne.

    L'homme est accusé d'avoir « sciemment et volontairement » aidé et encouragé de 1942 à 1945 le meurtre de 3518 détenus de ce camp concentration situé à Oranienbourg, à seulement 30 km au nord de Berlin.

    Il aurait appartenu au bataillon de gardes du camp jusqu'à février 1945. Il vit à présent dans la région du Brandebourg, qui entoure Berlin. Le tribunal régional de Neuruppin doit à présent décider s'il est apte à comparaître en procès, comme l'estime le parquet.

    Une dizaine d'instructions en cours

    Plus de 75 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, une dizaine d'instructions judiciaires relatives aux crimes nazis sont en cours dans le pays. Le 5 février, c'est une ancienne secrétaire du camp de Stutthof, âgée de 95 ans, qui avait été inculpée pour complicité de meurtre dans « plus de 10000 cas», entre 1943 et 1945, selon le parquet de Itzehoe, près de Hambourg.

    Un autre dossier concerne un ancien gardien SS de ce même camp, également âgé de 95 ans. Il a été mis en accusation en juillet dernier pour complicité de meurtres dans plusieurs centaines de cas. Sa capacité à comparaître est là encore en train d'être évaluée et aucune date de procès n'a été fixée.

    «Donner une voix aux victimes »

    Ces dernières années, l'Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps le chef d'accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice.

    En juillet 2020, le tribunal de Hambourg avait condamné à deux ans de prison avec sursis Bruno Dey, un ancien garde de camp de concentration de 93 ans pour complicité dans 5.232 cas de meurtres et tentatives de meurtres à Stutthof.

    Le cas le plus emblématique a été la condamnation à cinq ans de prison de l'ancien gardien du camp d'extermination de Sobibor, John Demjanjuk, en 2011.


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  • Un homme du Tennessee, 94 ans, qui a servi comme garde SS dans un camp de concentration nazi doit être expulsé

    Un homme du Tennessee qui a servi comme garde armé dans un camp de concentration nazi à Neuengamme sera expulsé vers l’Allemagne après le rejet de son appel.

    Le Board of Immigration Appeals (BIA) a révélé qu’il avait rejeté l’appel de Friedrich Karl Berger jeudi, juste un jour avant le 75e anniversaire du début des procès de Nuremberg contre des responsables et des soldats nazis.

    L’homme de 94 ans avait tenté d’annuler une décision prise le 28 février par la juge du tribunal de l’immigration, Rebecca Holt, d’expulser Berger vers l’Allemagne, où il est toujours résident et continue de percevoir une pension «  pour service en temps de guerre  ».

    Holt a déterminé que Berger pouvait être expulsé en vertu de l’amendement Holtzman de 1978 à la loi sur l’immigration et la nationalité en raison de son «service volontaire en tant que garde armé de prisonniers dans un camp de concentration où la persécution a eu lieu».

    La Commission d’appel de l’immigration a rejeté l’appel de Friedrich Karl Berger (à gauche), qui sera expulsé des États-Unis vers l’Allemagne pour son rôle de garde armé dans un camp de concentration nazi.

    Friedrich Karl Berger aurait été «disposé» à travailler dans un sous-camp de Neuengamme. Le principal camp de concentration de Hambourg est représenté

    «  Le service volontaire de Berger en tant que garde armé dans un camp de concentration nazi ne peut être effacé et ne sera pas ignoré  », a déclaré le procureur général adjoint par intérim Brian C.Rabbitt de la division criminelle du ministère de la Justice dans un communiqué de presse.

    Il a servi dans un sous-camp à Meppen, où les prisonniers étaient détenus pendant l’hiver 1945 dans des conditions «atroces» et travaillaient «jusqu’à l’épuisement et à la mort».

    «Berger a participé activement à l’un des chapitres les plus sombres de l’histoire humaine. Il a tenté de se débarrasser de son passé néfaste pour venir en Amérique et recommencer, mais grâce au dévouement de ceux du ministère de la Justice et des Enquêtes sur la sécurité intérieure, la vérité a été révélée  », a déclaré Louis A. Rodi III, directeur adjoint adjoint de l’ICE.

    « Les criminels de guerre et les violateurs des droits de l’homme ne seront pas autorisés à échapper à la justice et à trouver refuge ici. »

    Le veuf Berger, arrivé aux États-Unis en 1959 avec sa femme et sa fille et père de deux petits-enfants, a déclaré au Washington Post: «  Après 75 ans, c’est ridicule. Je ne peux pas le croire. Je ne comprends pas comment cela peut arriver dans un pays comme celui-ci. Vous me forcez à sortir de chez moi.

    "J’avais 19 ans. J’ai reçu l’ordre d’y aller."

    Il n’était pas clair pourquoi Berger fait maintenant face à une action en justice ou ce que les autorités allemandes feront à son retour dans le pays. DailyMail.com a contacté le ministère de la Justice pour obtenir des commentaires.

    Des prisonniers ont été détenus à Neuengamme pendant l’hiver 1945 dans des conditions «  atroces  »

    Selon le procureur général adjoint Brian A. Benczkowski, Berger aurait fait «partie du mécanisme d’oppression SS qui maintenait les prisonniers des camps de concentration dans des conditions de détention atroces».

    Le tribunal a appris que Berger, qui était venu légalement aux États-Unis, avait admis qu’il gardait les prisonniers pour les empêcher de s’échapper.

    Et avec l’avancée des forces alliées, Berger a même aidé à garder les prisonniers lors de leur évacuation forcée vers le camp principal de Neuengamme après que les nazis aient abandonné le sous-camp de Meppen.

    Le déménagement de deux semaines, en mars 1945, a coûté la vie à quelque 70 personnes.

    Les prisonniers du sous-camp de Neuengamme près de Meppen, en Allemagne, comprenaient «des Juifs, des Polonais, des Russes, des Danois, des Néerlandais, des Lettons, des Français, des Italiens et des opposants politiques».

    Le procureur général adjoint Benczkowski a déclaré dans un communiqué: « Cette décision montre l’engagement continu du ministère à obtenir une mesure de justice, même tardive, pour les victimes de la persécution nazie en temps de guerre. »

    Le directeur adjoint de l’immigration et de l’application des douanes, David C. Shaw, a déclaré: «  Cette affaire n’est qu’un exemple de l’engagement de l’application américaine de l’immigration et des douanes à faire en sorte que les États-Unis ne servent pas de refuge aux violateurs des droits humains et aux criminels de guerre.

    « Nous continuerons de poursuivre ces types d’affaires afin que justice soit rendue. »

    Avec l’avancée des forces alliées, Berger a même aidé à garder les prisonniers lors de leur évacuation forcée vers le camp principal de Neuengamme, sur la photo, après que les nazis aient abandonné le sous-camp.

    L’affaire a été lancée par le Human Rights and Special Prosecutions, un programme mis en place «pour détecter, enquêter et expulser les persécuteurs nazis».

    L’identité de Berger a été révélée après qu’une carte d’index SS avec son dossier de service a été découverte avec d’autres documents d’un navire allemand coulé.

    Les fiches ont été récupérées dans l’océan et transcrites en 1950, mais il a fallu des décennies pour relier les informations à Berger.

    Dans une déclaration en ligne, le DOJ déclare: «  Depuis la création en 1979 du programme du ministère de la Justice pour détecter, enquêter et renvoyer les persécuteurs nazis, il a remporté des procès contre 109 personnes.

    «  Au cours des 30 dernières années, le ministère de la Justice a remporté plus de procès contre des personnes ayant participé à la persécution nazie que les autorités chargées de l’application des lois de tous les autres pays du monde réunies.

    «  L’affaire de HRSP contre Berger faisait partie de ses efforts continus pour identifier, enquêter et poursuivre les individus qui se sont livrés au génocide, à la torture, aux crimes de guerre, au recrutement ou à l’utilisation d’enfants soldats, aux mutilations génitales féminines et à d’autres violations graves des droits humains.  »

     


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  • Allemagne : deux ans de prison avec sursis pour un ex-gardien de camp nazi

    Un ancien garde de camp nazi de 93 ans a été condamné jeudi 23 juillet 2020 par le tribunal de Hambourg à deux ans de prison avec sursis pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés en Pologne entre 1944 et 1945. 

    Le tribunal de Hambourg a condamné jeudi à deux ans de prison avec sursis un ancien garde de camp nazi de 93 ans pour complicité dans des milliers de meurtres perpétrés à Stutthof en Pologne entre 1944 et 1945. L'accusé Bruno Dey «est reconnu coupable de complicité dans 5.232 cas de meurtres et tentatives de meurtres», a déclaré la présidente du tribunal Anne Meier-Göring à l'issue d'un procès, probablement l'un des derniers portant sur les atrocités commises sous le IIIe Reich.

    «C'était mal. C'était une terrible injustice. Vous n'auriez pas dû participer à Stutthof», a estimé la juge. «Vous vous considérez comme un observateur. Mais vous étiez un soutien de cet enfer créé par des hommes», a-t-elle dit. Le nonagénaire, âgé de 17 à 18 ans au moment des faits, est jugé sur la base de la législation pour mineurs. Le parquet avait réclamé trois ans de prison, la défense un non lieu.

    Bruno Dey, apparu tout au long des audiences en fauteuil roulant et accompagné de ses proches, a servi entre août 1944 et avril 1945 au camp de concentration de Stutthof, au nord de la Pologne. Au total, quelque 65.000 personnes, essentiellement des Juifs des pays baltes et de Pologne, y sont mortes, abattues d'une balle dans la nuque, gazées au Zyklon B, pendues. Ou bien elles ont succombé au froid, aux épidémies et au travail forcé. L'accusé, posté sur l'un des miradors le surplombant, avait pour devoir d'empêcher toute révolte ou fuite.

    Cela fait-il de lui un coupable? Il affirmait que non. Jamais il n'a «directement fait de mal à quelqu'un». Jamais il ne s'est «porté volontaire pour entrer dans les SS ou servir dans un camp de la mort», mais n'a pas eu d'autre choix que d'accepter son affectation, dit-il. «Vous n'auriez pas dû suivre un ordre criminel, et en aucun cas l'invoquer» pour votre défense, a déclaré la juge.

    Son avocat avait plaidé la clémence, estimant difficile d'attendre qu'un adolescent de 17 ans puisse se démarquer en demandant son transfert, qui aurait sans doute signifié pour lui être envoyé sur le front est. «Servir dans un camp de concentration n'était à l'époque pas considéré comme un crime», avait aussi avancé Stefan Waterkamp. Un argumentaire clairement rejeté par la juge : «En réalité, le message de ce procès est le suivant: il faut veiller à la dignité humaine à tout prix. Oui, et aussi si le prix à payer est sa propre sécurité», a-t-elle lancé.

    Brièvement prisonnier de guerre après 1945, Bruno Dey n'a pas été inquiété par la suite. Il a fait sa vie à Hambourg, fut boulanger, chauffeur de camion et concierge, a fondé une famille. Lundi, il a présenté des excuses «auprès de ceux qui sont passés par cet enfer de folie», disant avoir réellement pris conscience, au fil des neufs mois de procès et de la quarantaine de témoignages, de «toute l'ampleur de la cruauté» des actes commis à Stutthof. Soixante-quinze ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale, ce procès pourrait bien être le dernier du genre en raison du grand âge des protagonistes.

    La semaine dernière, le tribunal de Wuppertal avait annoncé la mise en accusation d'un autre ancien gardien de Stutthof de 95 ans, là aussi pour complicité de meurtres. La tenue d'un procès est loin d'être assurée. Une trentaine de procédures sont encore en cours, selon des médias allemands. Ces dernières années, l'Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps le chef d'accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice. Le cas le plus emblématique a été la condamnation à 5 ans de prison de l'ancien gardien du camp d'extermination de Sobibor John Demjanjuk en 2011. Il est décédé l'année suivante.


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    Tout bien issu de la spoliation doit être restitué : collectionneurs et marchands, français ou étrangers, sont tous soumis à cette règle qui est rappelée par la Cour de cassation.

    Statuant sur un contentieux à propos d’un tableau de Pissarro, la Cour de cassation a pleinement confirmé la légalité de l’ordonnance de 1945 qui organise la restitution aux victimes des biens spoliés sous l’Occupation  en dépit de son caractère exceptionnel dicté par les circonstances. Mercredi 11 septembre, elle a ainsi rejeté un recours du collectionneur américain Bruce Tell, suite à la saisie en 2017 de La Cueillette des pois, toile qu’il avait prêtée au musée Marmottan lors d’une rétrospective Pissarro. Elle faisait partie de la collection d’une centaine de tableaux de Simon Bauer, confisquée par le Commissariat général aux questions juives en octobre 1943, à Paris. Le promoteur immobilier de Pennsylvanie avait quelque motif de se plaindre, puisqu’il avait acheté le tableau en 1995 chez Christie’s. Celui-ci avait été primitivement vendu par Sotheby’s en 1966, par un marchand américain ayant obtenu une autorisation de sortie de France, après qu’il lui avait été rendu par un juge d’instruction.


    «Bonne» ou «mauvaise» foi ?


    La restitution de la peinture à la famille Bauer a néanmoins été ordonnée par la cour d’appel de Paris, le 2 octobre 2018, en vertu de l’ordonnance du 21 avril 1945 frappant de nullité tout acte de spoliation suite à l’invasion allemande. Dans son article 4, il est stipulé que «l’acquéreur ou les acquéreurs successifs» du bien spolié «sont considérés comme possesseurs de mauvaise foi au regard du propriétaire dépossédé», «ne peuvent en aucun cas invoquer le droit de rétention» et «doivent [le] restituer». L’expression «mauvaise foi» est ici à prendre dans son acception juridique : les détenteurs successifs, même de parfaite bonne foi dans le sens commun, ne peuvent se considérer comme propriétaires légitimes d’un objet qui appartient à titre imprescriptible à la victime ou ses héritiers. Le défenseur des époux Tell, Me Ron Soffer, a plaidé en vain qu’il lui semblait «absurde de condamner ainsi ad vitam aeternam toutes les transactions opérées de bonne foi». Il a voulu poser deux questions prioritaires de constitutionnalité, estimant que, en «interdisant aux acquéreurs de présenter les preuves de leur bonne foi», l’ordonnance porterait atteinte aux droits de la défense, ainsi qu’au droit de propriété, inscrit à la Déclaration des droits de l’homme. Pour la Cour de cassation, l’ordonnance garantit d’abord le «droit de propriété des personnes victimes» d’un acte de spoliation en ordonnant sa «nullité irrévocable». Le droit des acquéreurs n’est pas nié pour autant puisqu’ils ont toujours «le droit à une procédure juste et équitable», en se retournant contre le vendeur. La Cour estime ainsi qu’il n’y a pas matière à transmettre au Conseil constitutionnel une procédure «qui ne présente pas un caractère de sérieux». Le recours en cassation sur le fond est toujours pendant mais, manifestement, les dés sont jetés.


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