• Justice pour les Mau-Mau

     Justice pour les Mau-Mau

    Il y a près de soixante ans, plusieurs kenyans ont été torturés et/ou tabassé par les forces coloniales britanniques.

    C'était pendant la rébellion Mau-Mau, du nom donné par les Anglais aux guérilleros kényans qui semèrent la terreur entre 1952 et 1960 chez les colons, s'attaquant notamment aux fermiers blancs. Si leurs attaques ont été brutales, la répression a été terrible. Les Mau-Mau ont fait 32 morts chez les Blancs; entre 10 000 et 90 000 Kényans ont été tués, 300 000 selon certaines sources. Dans le même temps, 160000 d'entre eux étaient emprisonnés sans procès dans des camps où les exécutions, la torture, la castration, le viol et les mauvais traitements étaient communs.

    Londres a finalement accepté d'indemniser à hauteur de 20 millions de livres plusieurs milliers de Kényans, quelque 60 ans après la répression de l'insurrection des Mau Mau, une page particulièrement sombre de l'histoire coloniale britannique.

    A Nairobi, quelque 160 Mau Mau, certains très âgés, ont accueilli la nouvelle avec une intense émotion, et une grande fierté.

    "Le gouvernement reconnaît que des Kényans ont été soumis à des tortures et à d'autres formes de mauvais traitements entre les mains de l'administration coloniale", a déclaré le chef de la diplomatie William Hague devant la Chambre des Communes.

    Lors de cette intervention, qui fait suite à une bataille judiciaire de quatre ans engagée par des victimes, le ministre a exprimé les "regrets sincères" du gouvernement, sans aller toutefois jusqu'à présenter des excuses complètes.

    "La torture et les mauvais traitements sont des atteintes odieuses à la dignité de l'homme que nous condamnons sans réserve", a-t-il dit, annonçant que le gouvernement verserait 19,9 millions de livres (23,5 millions d'euros) à 5.228 victimes défendues par un cabinet d'avocats londonien.

    Le ministère britannique des Affaires étrangères avait confirmé le mois dernier négocier un accord avec des plaignants accusant les forces impériales britanniques d'avoir commis contre eux des tortures et des agressions sexuelles.

    Jusqu'alors le Foreign Office avait argumenté que le gouvernement kényan avait hérité de la responsabilité des faits commis pendant la période coloniale au moment de l'accession du pays à l'indépendance du pays en 1963.

    "Je rends grâce au ciel que nous soyons encore en vie aujourd'hui pour vivre cela et que nous soyons indemnisés pour les atrocités qui ont été commises", s'est réjoui à Nairobi Habil Molo Ogola, âgé de 78 ans, auprès de l'AFP.

    Le vieil homme a expliqué qu'après avoir tenté d'aider des prisonniers Mau Mau à s'échapper, il avait été détenu pendant trois ans et avait subi des tortures.

    Gitu wa Kahengeri, porte-parole d'une association de vétérans Mau Mau, âgé de près de 90 ans, a salué "un grand jour".

    "Le gouvernement britannique a compris que nous avons besoin de justice. C'est le début d'une réconciliation entre les Mau Mau et le gouvernement britannique. C'est formidable pour nous qui avons lutté pour l'indépendance", a-t-il dit.

    Au moins 10.000 personnes, selon l'estimation la plus basse, ont trouvé la mort durant l'insurrection Mau Mau de la période 1952-1960 contre le régime colonial, brutalement réprimée. A l'époque, l'attention internationale avait été surtout attirée par la mort de 32 colons blancs durant la révolte.

    Un grand nombre de plaignants n'ont apparemment jamais porté d'armes, mais ils ont été maltraités après avoir été accusés de nourrir et d'aider les rebelles, qui menaient des attaques afin de récupérer les terres fertiles des colons blancs.

    Des dizaines de milliers de personnes avaient été détenues, dont le grand-père du président américain Barack Obama.

    Le mouvement militant recrutait essentiellement dans la communauté kikuyu. Le premier président, Jomo Kenyatta lui-même était kikuyu et ancien Mau Mau.

    Le cabinet britannique Leigh Day, représentant les victimes, s'est réjoui de ce "moment historique". "Il est courageux de reconnaître publiquement pour la première fois la nature terrible du passé de la Grande-Bretagne au Kenya", a déclaré l'un des avocats, Martyn Day.

    Il a affirmé que cette décision d'indemniser les victimes de tortures pourrait mener des ressortissants d'anciennes colonies britanniques à envisager une action contre Londres, au Yémen, en Malaisie et à Chypre notamment.

    En octobre 2012 la Haute cour de Londres avait autorisé trois Kényans, Paulo Muoka Nzili, Wambugu Wa Nyingi et Jane Muthoni Mara, à poursuivre le gouvernement britannique.

    Selon leurs avocats, le premier avait subi une castration, le deuxième avait été violemment battu et la dernière avait subi des violences sexuelles dans des camps de détention pendant l'insurrection Mau Mau.

    Une quatrième plaignante, Susan Ngondi, est morte depuis le début de l'action en justice.

    En plus des sommes annoncées au titre de réparation, qui représentent par personne environ cinq fois le salaire annuel d'un fonctionnaire kényan de base, le gouvernement britannique a indiqué qu'il aiderait à la construction d'un mémorial à Nairobi pour les victimes de tortures et de mauvais traitements pendant l'ère coloniale.

    Pour en savoir plus, cliquez ici


  • Commentaires

    1
    Lucile ...
    Mercredi 12 Juin 2013 à 12:40

    Je connaissais mal cette partie de l'histoire du Kenya.... avant son indépendance... Le passé colonial de certains pays est encore sujet tabou et ne se révèle que des décennies plus tard... Le moins que l'on puisse dire ici est que le gouvernement britannique a pris tout son temps pour reconnaître ses torts et indemniser les plaignants tout çà par crainte que d'autres colonies britanniques ayant subies les mêmes violences ne se réveillent à leur tour ... Bien triste mentalité ...

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