• L'Egypte sur le banc des accusés à l'ONU

    L'Egypte sur le banc des accusés à l'ONU

    De nombreuses associations de défense des droits de l'homme exhortent l'ONU à condamner les violations croissantes en Egypte.

    L'Egypte est mercredi sur le banc des accusés à l'ONU. Pour la première fois depuis le renversement du président islamiste Mohamed Morsi et le retour au pouvoir des militaires en juillet 2013, les autorités du Caire devront se justifier devant le Conseil des droits de l'homme.

    A la veille de la réunion, de nombreuses ONG ont battu à Genève le rappel des pays démocratiques pour qu'ils demandent à l'ex-général Abdel Fattah al-Sissi de respecter les libertés fondamentales. Human Rights Watch (HRW) a exhorté l'ONU à condamner les violations croissantes en Egypte.

    «Combien de défenseurs des droits de l'homme devront quitter le pays ou être réduits au silence avant que le Conseil des droits de l'homme ne demande à l'Egypte de mettre un terme à la répression», s'est interrogé Philippe Dam, directeur du bureau de HRW à Genève.

    «Washington, Londres, Paris et les autres capitales ont jusqu'ici évité de dénoncer le retour en arrière dramatique en Egypte», a-t-il ajouté. «Ils doivent clairement affirmer que de réduire au silence les ONG indépendantes aura des conséquences sur leurs relations avec Le Caire», a affirmé Philippe Dam.

    Ibrahim El-Heneidy, ministre de la justice de transition et des affaires parlementaires, conduira la délégation de l'Egypte lors de l'examen de son rapport global mercredi par le Conseil des droits de l'homme.

    L'ONU doit enquêter

    Des membres du Conseil révolutionnaire égyptien (ERC), un organe qui chapeaute les organisations hostiles au coup d'Etat militaire, ont demandé, lors d'une conférence de presse au Club suisse de la presse, que l'ONU lance une enquête sur les crimes commis lors du coup d'Etat de l'an dernier, au cours duquel un millier de manifestants ont été tués.

    La présidente de l'ERC Maha Azzam a critiqué l'effondrement de l'Etat de droit et dressé «un long catalogue d'abus systématiques» commis par le régime militaire: assassinats de manifestants, disparitions forcées, tortures en prison.

    «L'Egypte a une longue expérience des régimes militaires. Mais ce que nous avons vu au cours de l'année écoulée dépasse tout ce que nous avons connu comme pires excès au cours des décennies précédentes en Egypte», a affirmé Maha Azzam.

    Le Dr Amr Darrag, ancien ministre de la planification et de la coopération internationale dans le gouvernement Morsi, a de son côté dénoncé «l'abolition de tous les droits de l'homme» en Egypte.

    Menaces sur les ONG

    Plusieurs ONG ont demandé aux membres de l'ONU de faire pression sur l'Egypte pour qu'elle annule un projet de loi interdisant les manifestations pacifiques et libère des milliers de personnes détenues seulement pour leur opinion politique, dont des journalistes.

    Selon HRW et d'autres ONG, le gouvernement a donné un délai jusqu'au 10 novembre à toutes les ONG égyptiennes pour qu'elles s'enregistrent. Le président al-Sissi a modifié le code pénal par décret le 21 septembre et renforcé les sanctions pour «l'utilisation de fonds étrangers dans le but de nuire à l'intérêt national», punie par une condamnation à vie et une amende de 70'000 dollars.

    Les militants égyptiens, dont certains étaient actifs sous l'ex-président Hosni Moubarak, redoutent que les autorités utilisent cette formulation vague pour les poursuivre et fermer leurs organisations, dont beaucoup reçoivent un financement de l'étranger, selon HRW.

    Mandats d'arrêt prêts

    Des militants ont témoigné que les autorités leur ont dit avoir des mandats d'arrêt prêts à leur encontre, d'autres ont reçu des menaces par téléphone, d'autres se sont déjà exilés.

    Selon des déclarations des autorités égyptiennes citées par HRW, au moins 22'000 personnes ont été emprisonnées depuis le coup d'Etat de juillet 2013. Selon le Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux, leur nombre atteint 41'000, souvent arrêtés pour des sympathies supposées avec les Frères musulmans.

     


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