• Les rebelles syriens auraient utilisé du gaz sarin

    Mais où trouvent-ils l'argent pour toutes ces armes les rebelles? Bizarre...

     La commission d'enquête de l'ONU sur les violences en Syrie a des «suspicions fortes et concrètes» de l'utilisation d'armes chimiques de la part des insurgés, mais doit encore «approfondir» ses recherches.

     

    Les rebelles syriens auraient utilisé du gaz sarin

    Les rebelles syriens auraient utilisé du gaz sarin, un agent neurotoxique extrêmement puissant et interdit par le droit international. L'information provient non pas du régime de Bachar el-Assad, mais de Clara Del Ponte, membre de la commission d'enquête indépendante de l'ONU sur les violences en Syrie.

    La magistrate, ancienne procureur général du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, se base sur le témoignage de médecins et de plusieurs réfugiés soignés dans des pays limitrophes. «Nos enquêteurs se sont rendus dans des pays voisins pour interviewer des victimes, des médecins et du personnel médical. Selon leur rapport la semaine dernière, il existe des suspicions fortes et concrètes, mais pas encore de preuve incontestable, de l'emploi de gaz sarin, sur la base de la manière dont ces victimes ont été soignées», explique-t-elle à la radio suisse. «Nos enquêtes devront encore être approfondies, vérifiées et confirmées à travers de nouveaux témoignages, mais selon ce que nous avons pu établir jusqu'à présent, pour le moment ce sont les opposants au régime qui ont utilisé le gaz sarin». Dans quelles circonstances ce gaz a-t-il été utilisé? Clara Del Ponte n'a pas donné plus de détails.

    Les Occidentaux prudents

    Cette information, si elle se confirme, pourrait marquer un tournant dans le conflit qui ensanglante le pays depuis plus de deux ans. Les puissances occidentales, États-Unis et Israël en tête, ont prévenu à plusieurs reprises que l'usage d'armes chimiques, de la part d'un camp comme de l'autre, justifierait une intervention militaire étrangère sur le sol syrien. Au-delà du retour à la paix, les Occidentaux souhaitent en effet éviter qu'un tel arsenal se retrouve entre des mains mal intentionnées.

    Mais hors de question de partir au conflit dans la poudrière syrienne sans éléments incontestables. La semaine dernière, Barack Obama a affirmé que le renseignement américain détenait des preuves de l'usage de gaz sarin en Syrie. Mais le président américain souhaite «une enquête très solide» pour confirmer ces informations. «Nous ne savons pas qui a utilisé (ce gaz), où et comment. Nous ne savons pas exactement ce qu'il s'est passé», a expliqué le président américain, qui se refuse à hâter toute décision militaire. «Si nous prenons des décisions sans preuves solides, alors nous nous retrouverons peut-être dans la situation où nous ne pourrons pas mobiliser la communauté internationale pour soutenir ce que nous faisons», a-t-il ajouté dans une allusion à peine voilée à la guerre en Irak.

    Accusations mutuelles

    L'usage d'armes chimiques dans le conflit syrien a été évoqué pour la première fois il y a quelques mois. En mars, le camp de Bachar el-Assad avait accusé les rebelles d'avoir utilisé ce type d'arsenal lors d'une attaque dans la région d'Alep. «Les terroristes ont tiré des roquettes contenant des substances chimiques à Khan al-Assal dans la région rurale d'Alep et selon les premières informations une quinzaine de personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées», écrivait alors l'agence officielle du régime syrien. Accusations appuyées par le ministre syrien de l'Information, puis par la Russie, soutien de Damas. Les rebelles avaient immédiatement répliqué en affirmant que ces armes avaient en réalité été utilisées par le pouvoir syrien. La Syrie fait partie des huit pays dans le monde qui n'ont pas ratifié la Convention de Paris de 1995 interdisant l'usage, mais aussi la mise au point et la fabrication d'armes chimiques.

    Ces accusations mutuelles avaient précipité la formation d'une commission d'enquête de l'ONU sur l'usage d'armes chimiques en Syrie. Ses premières observations devraient être présentées en juin lors du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. Clara Del Ponte a bien précisé lors de son interview à la radio suisse que le travail des enquêteurs était loin d'être terminé.

    La Syrie fait partie des huit pays dans le monde qui n'ont pas ratifié la Convention de Paris de 1995 interdisant l'usage, mais aussi la mise au point et la fabrication d'armes chimiques, aux côtés de la Corée du Nord, la Somalie, l'Angola, l'Égypte, le Soudan du Sud et Israël. Des absences très remarquées pour un traité international qui a pourtant été ratifié par la quasi-totalité des nations de la planète (188 pays signataires à ce jour) illustrant le très vaste consensus qui règne dans le monde pour condamner l'usage militaire des produits chimiques toxiques.

    Mais au regard du droit international, le fait que la Syrie n'ait pas signé la Convention de Paris ne l'autorise en aucun cas à faire usage des armes chimiques. La République arabe syrienne a en effet rejoint en 1968 le protocole de Genève, qui prohibe depuis 1928 «l'emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques» (mais n'encadre ni leur possession ni leur production).

    Des principes toxiques variés

    L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, issue de la Convention de Paris de 1995 classe les agents chimiques mortels dans quatre grandes familles, en fonction de leurs effets sur l'organisme. Les plus anciens, premiers à être utilisés en masse lors de la Première Guerre mondiale, sont les agents suffocants (chlore, phosgène…) qui entraînent la production d'eau dans les bronches et provoquent l'asphyxie des victimes.

    Les agents vésicants ont pour leur part une action irritante plus large, attaquant la peau, les yeux et les muqueuses, dont celles des voies respiratoires. C'est dans ce groupe que sont classés les gaz moutarde, utilisés en masse pour la première fois à Ypres en 1917 ainsi que lors de la guerre entre l'Iran et l'Irak de 1980 à 1988. Les types de blessures rapportées à Paris Match par des médecins libanais soignant des victimes syriennes semblent indiquer l'usage de ce type de produits.

    Le troisième groupe rassemble les agents hémotoxiques (cyanure d'hydrogène et cyanogène) qui empêchent le transport d'oxygène par le sang et provoquent la mort par suffocation. Le plus célèbre de ces produits est le gaz Zyklon B utilisé par les nazis dans les chambres à gaz des camps d'extermination. Ces types de produits, bien que très toxiques, n'ont apparemment jamais été utilisés sur des champs de bataille.

     

    Plusieurs centaines de tonnes de gaz en Syrie

    Les agents neurotoxiques, comme le sarin, le soman et le gaz VX, appartiennent à la famille des produits organophosphorés et ont principalement été développés après la Seconde Guerre mondiale. Ils attaquent le système nerveux, et peuvent entrer dans l'organisme par inhalation mais aussi par simple contact avec la peau. Ils sont relativement faciles à produire et hautement toxiques (la dose létale par contact avec la peau pour le gaz VX est de seulement 10 milligrammes). L'utilisation de sarin par la secte Aum dans le métro de Tokyo en 1995 avait fait 13 morts et des milliers de blessés.

    D'après plusieurs groupes d'analystes américains, le régime syrien disposerait de stocks de plusieurs centaines de tonnes de gaz sarin, de gaz moutarde et de gaz VX.

    Malgré la quasi-unanimité des pays qui s'opposent aujourd'hui à l'utilisation des armes chimiques, l'histoire montre qu'il a longtemps été difficile de faire appliquer les interdictions. Les premières tentatives pour interdire l'usage de ces types d'arme remontent à la fin du XIXe siècle, avec la Convention de Bruxelles de 1874 qui interdisait l'emploi du poison et celle de La Haye en 1899 qui prohibait l'utilisation de «gaz asphyxiants ou délétères». Et cela bien avant leur utilisation massive pendant la Première Guerre mondiale.


  • Commentaires

    1
    VERTIGO 04
    Mardi 7 Mai 2013 à 20:12

    Après la déclaration récente de Mme Del Ponté, à propos de l'utilisation par les "rebelles" de gaz sarin, j'attends de plus amples informations pour me positionner.

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