• Pour l’Unicef, la crise frappe durement les enfants y compris dans les pays riches

     

    Les politiques d’austérité et les coupes drastiques dans les dépenses sociales ont un impact gravissime sur la situation des enfants et des jeunes des pays les plus développés.

    C’est ce que met en relief le rapport de l’Unicef « Les enfants de la récession » qui a classé 41 pays riches selon l’évolution du taux de pauvreté des enfants entre 2008 et 2012.

    Les tragédies familiales ne sont pas que des « faits divers ». C’est ainsi que Raffaele Tangorra, directeur général pour l’Intégration des Politiques Sociales, au sein du ministère italien du Travail, a évoqué la mort de deux enfants marocains comme un drame de la misère. Youssef et Rahim, 9 et 4 ans, ont été assassinés par leur mère avant qu’elle ne se suicide, dans leur appartement à Rome le 27 octobre.

    « Je vis dans le même quartier, l’Esquilin, qui est un des plus difficiles de la Capitale, avec une forte concentration d’immigrés en situation précaire. Mes enfants fréquentaient la même école que ces pauvres enfants… Cette énième tragédie familiale démontre combien il est urgent d’intervenir avec des politiques sociales plus efficaces pour faire face à une crise qui frappe trop durement les mineurs, y compris dans les pays les plus nantis », a plaidé Raffaele Tangorra, lors de la présentation par l’Unicef de son rapport sur « Les enfants de la récession ».

    En Italie, un enfant sur trois vit au-dessous du seuil de pauvreté

    Ce rapport qui vise à mesurer « l’impact de la crise économique sur le bien-être des enfants dans les pays riches », indique que dans les pays développés, 76 millions d’enfants vivent en situation de pauvreté, soit 2,6 millions de plus qu’en 2008. La pauvreté a particulièrement augmenté dans 23 pays sur les 41 examinés. Surtout en Irlande, en Croatie, en Grèce et en Islande, où le taux oscille entre 36% et 50%. Dans un pays « riche » comme l’Italie, 1 enfant sur 3 – 619 000 de plus qu’en 2008 - vit au-dessous du seuil de pauvreté.

    En revanche, la pauvreté infantile a diminué dans des pays comme l’Australie, le Chili, la Finlande, la Norvège, la Pologne et la Slovaquie. « De nombreux pays riches ont fait un grand pas en arrière, en termes de revenus, et les conséquences auront des répercussions à long terme sur les enfants et leur communauté », avertit Jeffrey O’Malley, directeur du département des statistiques, recherches et analyses de l’Unicef. Et d’ajouter : « Les pays les plus riches devraient donner l’exemple en s’engageant explicitement pour éliminer la pauvreté infantile. Il faut faire du bien être des enfants la priorité des priorités ! »

    Le Portugal en meilleure position que les États-Unis

    De son côté, Anna Corazza Blidt, membre de l’intergroupe sur l’enfance au Parlement européen, souligne qu’il n’y a pas une corrélation étroite entre le PIB par habitant et le bien être global de l’enfant. Et de citer en exemple « le Portugal qui est en meilleure position que les États-Unis » en ce domaine. « D’où l’importance pour les gouvernements et les partenaires sociaux de placer les enfants et les jeunes au centre de leurs processus décisionnels. Il faudrait évaluer l’impact de chaque nouvelle mesure politique sur les enfants, les familles et les jeunes adultes et, surtout, il faudrait leur donner voix  ! »

    Le rapport révèle également l’augmentation des NEET (Not in Education, Employment or Training), c’est-à-dire la génération des 15-24 ans qui n’étudie pas, ne travaille pas et ne se forme pas . « Rien qu’en Europe, on dénombre 7 millions de jeunes dans cette situation – dont 22% d’Italiens ce qui place la péninsule en tête de la liste des NEET », déplore le président du Comité italien pour l’Unicef, Giacomo Guerrera.

    L’augmentation des NEET démontre qu’il faut mettre en place au plus vite des politiques européennes, claires et précises, concernant les parcours de formation, estime l’Unicef. « Nous avons le devoir de présenter des propositions plus intelligentes à nos jeunes, plaide Giacomo Guerrera. La collaboration des institutions est fondamentale pour leur rendre l’espoir d’un avenir. »


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