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Crimes contre l'humanité: six Argentins condamnés
7 prévenus ont été acquittés, et 10 condamnés, dont 6 militaires à perpétuité pour les 266 cas de crimes contre l'humanité jugés à Tucuman.
Six anciens militaires argentins ont été condamnés vendredi 15 septembre 2017à la réclusion à perpétuité pour crimes contre l'humanité par le tribunal de Tucuman, dans le nord du pays. Cette région a été le théâtre d'une répression violente par les militaires de 1975 à 1983.
Parmi les onze autres prévenus dans ce dossier, sept ont été acquittés et quatre ont écopé de peines de 4 à 18 ans de prison, au terme du procès de 15 mois sur 266 cas de crimes contre l'humanité.
Le jugement a été accueilli par des vivats parmi la centaine de militants et proches de victimes réunis devant le tribunal. Les plaignants incluaient notamment six femmes, enceintes au moment de la répression et dont les enfants sont encore recherchés par l'organisation des Grands-mères de la place de Mai.
Un cas exceptionnel
L'ordre de mener une répression via l'envoi de troupes dans cette région avait été donné par l'ancienne présidente Isabel Peron (1974-1976), avant même le début de la dictature (1976-1983).
«C'est un cas unique en Argentine, avec une occupation militaire au sein même du pays, car l'armée s'est installée dans le sud de la province de Tucuman comme s'il s'agissait d'une occupation dans une nation étrangère», a expliqué le procureur en charge du dossier, Pablo Camuña.
Dans cette région, les militaires ont réalisé «des recensements, un contrôle du territoire, une intervention absolue sur la vie sociale de chaque village, avec des bases et des centres clandestins répartis dans toute la province de Tucuman», a-t-il ajouté.
Terrorisme d'Etat
Lors du procès, où sont intervenus plus de 400 témoins, «on a pu reconstruire les lignes principales du premier chapitre du plan systématique de persécution et d'extermination de la population et le premier cas de terrorisme d'Etat de notre Histoire», selon les termes du procureur.
Les avocats qui défendaient les militaires ont argué du décret présidentiel évoquant «l'anéantissement d'éléments subversifs» comme justification de cette opération. Des milliers de personnes ont disparu, ont été persécutées ou forcées à l'exil lors de celle-ci. A l'époque, Tucuman s'était fait remarquer par la présence de plusieurs organisations armées de gauche, qui ont été démantelées au cours de l'opération militaire, en visant principalement les dirigeants ouvriers et les étudiants.
L'Argentine a souffert d'une dictature parmi les plus violentes d'Amérique latine, avec 30'000 disparus selon les organisations de défense des droits humains.
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