• Dix micro-Etats dans l'ombre des grands

     

    Ce ne sont pas toujours de vrais Etats. Plus petits et moins organisés qu'eux, privés, farfelus ou utopiques, ces micro-Etats tentent d'exister sur la carte. Le dernier en date est le Liberland, né le mois dernier entre Croatie et Serbie.

    Les micro-nations autoproclamées seraient aujourd'hui 400 dans le monde. Inspirées par un individu pris par la folie des grandeurs, une communauté utopique ou une idéologie, ces entités non officielles ne sont pas répertoriées sur les cartes officielles. Mais elles occupent de fait un territoire. Depuis le célèbre livre de Thomas More "De optima rei publicae statu deque nova insula utopia", qui donna le mot d'utopie, les hommes imaginent des gouvernements idéaux, des territoires qui échappent aux Etats existants. Florilège

    1. Liberland

    C'est le dernier-né des micro-Etats. Sur un territoire de quelques kilomètres carré qui n'est ni revendiqué par la Croatie, ni par la Serbie, la Libre République de Liberland vient d'être proclamée et accueille ce vendredi ses 120 premiers citoyens. Cette micro-nation est d'inspiration idéologique. Les quatre Tchèques qui l'ont créée se déclarent libertariens et ne cachent pas leur admiration pour le souverainiste ultralibéral britannique Nigel Farage. Le chef de l'Etat est un conservateur tchèque antieuropéen, Vit Jedlicka. La devise de la Nation liberlandaise est "Vivre et laisser vivre". Ses citoyens doivent pouvoir prospérer sans loi, ni impôt, afin que l'Etat soit le plus petit possible. Le programme de cette utopie réalisé est disponible sur Internet et a déjà séduit 250 000 personnes qui ont demandé la nationalité. Pour être citoyen liberlandais, il suffit de ne pas être communiste, néonazi, ou de ne pas avoir été condamné pour un crime grave.

    2. La République de Molossia

    Cette enclave de 24 km2 est située située au sud-est du désert de Reno dans l'Etat américain du Nevada. Elle est dirigée par Kevin Baugh, un chasseur de tête qui s'est autoproclamé président. Elle possède sa propre monnaie, indexée sur le prix des cookies au chocolat Pillsbury. Et se déclare d'inspiration marxiste.

    3. Sealand

    C'est un ancien major de l'Armée britannique qui a créé cet Etat flottant en 1967. Il a alors pris possession d'une plateforme, plantée au large des côtes britanniques du Suffolk, qui avait servi de base antiaérienne durant la Seconde Guerre Mondiale. Le militaire s'est gratifié du titre de Prince. Il a institué une régime monarchique héréditaire. C'est donc son fils, son Altesse royale Prince Michaël qui a pris la suite. Sealand frappe monnaie, imprime ses timbres et ses passeports sur lequels figure la devise "E Mare Libertas" (De la mer, la liberté).

    4. La Principauté de Wy

    Voilà une micro-nation dont la proclamation est à la portée de tous. Un enseignant australien à la retraite a solennellement fait sécession de son pays sur sa propriété sise dans les faubourgs de Sydney. Il s'est donné le titre de Prince Paul et fait de sa femme, la Princesse Suzanne. Le couple princier a pour uniques sujets ses enfants et deux lapins. Au départ de cette micro-nation familiale, un conflit judiciaire avec la municipalité qui dura 17 ans pour finir par cette "séparation" en 2004.

    5. La Principauté de Hutt River

    Encore une Principauté née aux antipodes, dans la partie ouest de l'Australie. Un fermier du nom de Léonard Casley a créé sa micro-nation, suite à un différend avec l'Etat sur les quotas céréaliers. Les 75 kilomètres carrés de son exploitation sont aussitôt devenus une attraction touristique dans la région.

    6. Le Royaume du Nord-Soudan

    L'an dernier, un Américain domicilié en Virginie a cherché une terre qui n'ait pas été revendiquée par un Etat afin de réaliser le rêve de sa fille de sept ans: devenir princesse. Il a trouvé un morceau de désert oublié entre l'Egypte et le Soudan. Sa fille étant princesse, il s'est donc couronné roi.

    7. La République de Nova Roma

    Fondée en 1998, cette République veut faire renaître les systèmes politiques et les cultes romains. Elle revendiquait 1000 membres en 2006 et possède une page Facebook. Son drapeau porte les lettres SPQR "Le Sénat et le peuple romain", devise de la République romaine. Ses citoyens dans le monde se reconnaissent car ils portent la toge. Son site Internet est rédigé en latin et dans plusieurs autres langues. Les pages francophones précisent que la Province Gallia n'a actuellement pas de gouvernement. Rome est évidemment virtuellement sa capitale.

    8. Principauté d'Outer Baldonia

    Son territoire est une île au large de Yarmouth, dans la province canadienne de la Nouvelle-Ecosse. La principauté a été fondée en 1948 par un homme d'affaires qui a découvert cette île lors d'une pêche aux thons. Il l'achète et se baptise Prince des princes. Il frappe monnaie (le tunar) et fait figurer un thon sur son drapeau. Il faut dire que ses habitants sont principalement des pêcheurs. La Principauté possède une armée de 70 hommes. En 1953, la principauté déclarait symboliquement la guerre à l'Union soviétique, suite à un article paru dans un journal russe contestant des droits de pêche des marins de ce coin de l'Atlantique Nord. En 1973, l'île a été revendue pour devenir un sanctuaire pour les oiseaux marins.

    9. La commune libre de Christiana

    Christiana a été fondée en septembre 1971 sur le terrain de la caserne de Bådmandsstræde à Copenhague par un petit groupe de squatteurs, de chômeurs et de hippies danois. La commune libre de Christina s'inspire de la pensée libertaire et fonctionne en autogestion, sans chef. Un millier d'habitants de ce quartier de 32 hectares se revendique citoyens de Christiana. Cette micro-nation idéologique possède son drapeau, trois points jaunes sur fond orange et sa monnaie. La communauté est régie par neuf lois qui bannissent violences, armes, drogues dures, etc. Toutes figurent sur un seul panneau d'interdiction.

    10. Le Royaume d'Araucanie et de Patagonie

    Si vous avez lu le roman de Jean Raspail, "Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie", vous connaissez l'histoire. Ce royaume a été fondé en 1860 par les indiens Mapuche en Patagonie sur un territoire couvrant une partie de l'actuel Chili et de l'Argentine. Antoine de Tounens, un avocat français qui vivait dans la région a été désigné roi. Auteur de trois expéditions pour conquérir ce territoire, il a été arrêté par l'armée chilienne et emprisonné avant d'être expulsé. Depuis, la Maison royale est en exil en France et revendique toujours ces terres australes. L'actuel prétendant est le Prince Antoine IV d'Araucanie.


  • Commentaires

    1
    Dimanche 3 Mai 2015 à 14:39

    Très amusant !

    2
    cisca
    Lundi 4 Mai 2015 à 07:56

    Amusant et instructif

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