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En Allemagne la Shoah au cœur des programmes d’histoire
Malgré une lassitude de la population, la Shoah et la seconde guerre mondiale restent incontournables dans les écoles.
Impossible pour un élève allemand d’échapper à l’enseignement du national-socialisme et de la Shoah. Ces deux thèmes sont généralement abordés en 4e et 3e , puis de nouveau au lycée. Toutefois 70 ans après la fin de la seconde guerre mondiale, une étude de la fondation Bertelsmann fait état d’une lassitude de la population : 58 % des Allemands souhaiteraient « tirer définitivement un trait » sur « l’histoire des persécutions juives ».
Politiquement toutefois, seuls les cercles proches de l’extrême droite abordent le sujet. Ainsi, le mouvement anti-islam Legida (à Leipzig) a récemment fustigé le « culte de la culpabilité » allemande.
De manière moins radicale, le journaliste Wolfgang Bok constate que « l’explication du plus sombre chapitre de l’histoire allemande s’intensifie » mais que cette politique « produit l’effet contraire à celui attendu », à savoir le « rejet » et le « déni » de certains élèves.
Visite d’un camp de concentration
En pratique, ce débat n’a pas eu d’incidence sur les programmes scolaires. Rédigés par les Länder, ils diffèrent d’une région à l’autre mais accordent une place centrale à la Shoah et à la notion de « responsabilité morale ». En janvier, le président Joachim Gauck a même recommandé que chaque élève visite un camp de concentration, au moins une fois lors de sa scolarité. Car l’Allemagne est confrontée à de nouveaux défis, tels que la montée d’attaques antisémites et un changement démographique, avec de nombreux enfants issus de l’immigration.
Certains intellectuels de gauche demandent aussi une introduction, dans les livres scolaires, d’événements méconnus comme le massacre des indigènes Héréros en Namibie dans les années 1900 et ceux commis par les nazis, en Grèce, durant la deuxième guerre mondiale.
Des programmes denses et chronologiques
En revanche, les débats autour de l’histoire des religions et des autres pays européens enflamment peu, même si des critiques se font entendre. « L’histoire de l’islam est un thème obligatoire mais les enseignants ne l’abordent pas souvent » regrette Ulrich Bongertmann, président de l’association des professeurs d’histoire.
Les critiques les plus fréquentes concernent surtout la densité des programmes, réalisés de manière chronologique. « Dans les années 1950, les enseignants ne parvenaient pas traiter la période nazie, par manque de temps. De nos jours, constate Ulrich Bongertmann, c’est l’histoire de la RDA et même de la RFA qui passent à la trappe. »
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Commentaires
Lassitude ou pas, il ne doit pas y avoir de droit à l'oubli.