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La Corée du Nord est un « cauchemar vivant »
Le Conseil de sécurité de l’ONU a fait subir à la Corée du Nord un feu roulant de critiques lundi 22 décembre à New York.
Il s’agissait de la première réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée uniquement à la situation des droits de l’Homme en Corée du Nord
La Corée du Nord n’a pas échappé aux accusations sur ce qu’elle essaye de camoufler au monde depuis des décennies : la situation catastrophique des droits de l’Homme pour les 22 millions de Nord-Coréens. Au Conseil de sécurité des Nations unies lundi 22 décembre, le régime communiste de Pyongyang a été violemment accusé par les États-Unis de faire vivre « un cauchemar » à ses citoyens.
À l’occasion de la première réunion du Conseil entièrement consacrée aux droits de l’homme en Corée du Nord, l’ambassadrice américaine Samantha Power a mené la charge contre la dictature du clan Kim au pouvoir à Pyongyang. Elle a cité des témoignages d’ex-détenus de camps de travail nord-coréens relatant des « atrocités » : prisonniers contraints de survivre en se nourrissant de racines ou de souris, torturés, violés et soumis à des « punitions sadiques ». Ces témoignages « montrent que les Nord-Coréens vivent un cauchemar », a-t-elle conclu.
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Une commission d’enquête de l'ONU a recensé entre 80 000 et 120 000 détenus dans les camps nord-coréens, répartis dans une douzaine de camps de travail dans tout le pays. Ces exactions représentent « une menace pour la paix et la sécurité internationales », a affirmé Samantha Power. Le Conseil « doit parler régulièrement des droits de l’homme en Corée du Nord » après cette première réunion et cela « tant que ces crimes continueront ».
La Corée du Nord est un « régime sanguinaire »
Elle a recommandé que le Conseil « examine la recommandation » de l’Assemblée générale de l'ONU de saisir la Cour pénale internationale (CPI) des crimes contre l’humanité commis en Corée du Nord. Des demandes soutenues par d’autres pays occidentaux comme la France, l’Australie ou le Royaume-Uni. Mais, selon des diplomates à l'ONU, la Chine, seule alliée de Pyongyang, mettrait son veto à toute saisine de la CPI.
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L’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, a lui aussi dénoncé « une mécanique effroyable, celle du régime de Pyongyang pour asservir son peuple ». « Le Conseil est enfin réuni pour entendre le cri de détresse des victimes d’un régime sanguinaire », a-t-il ajouté. « Les responsables de cette terreur, et en premier lieu les autorités nord-coréennes, devront répondre de leurs actes devant la justice ». Il a rappelé que Pyongyang était « un État paria » sous le coup de sanctions internationales pour ses essais balistiques et nucléaires. Pour l’ambassadeur britannique, Mark Lyall Grant, la commission d’enquête de l'ONU « a ouvert les yeux » de la communauté internationale et le régime nord-coréen devrait « dialoguer ».
Pyongyang menace de représailles
La Corée du Nord a répondu aux critiques en brandissant la menace de représailles et a renoncé à participer à la réunion du Conseil. Pour l’ambassadeur sud-coréen Oh Joon, cette réunion avait une résonance particulière : « Des millions de Sud-Coréens ont des proches qui vivent dans le Nord », a-t-il rappelé. « Nous avons le cœur brisé en lisant les témoignages » recueillis par l’ONU. Pour lui, saisir la CPI « n’est pas la seule voie » possible et il faut tenter « une coopération sur les droits de l’homme avec la Corée du Nord ».
Chine et Russie soutiennent Pyongyang
La Chine a tenté de s’opposer à la tenue de cette réunion mais elle a été mise en minorité lors d’un vote de procédure, par onze voix pour, deux contre (Chine et Russie) et deux abstentions (Tchad et Nigeria). L’ambassadeur chinois Liu Jieyi a fait valoir qu’il fallait « s’abstenir de toute action qui pourrait exacerber la tension » dans la péninsule coréenne. Le représentant russe a estimé que les droits de l’homme n’étaient pas du ressort du Conseil et qu’une telle réunion « ne pouvait qu’avoir un impact négatif ».
Même si le Conseil n’a pris aucune décision, les associations de défense des droits de l’homme estiment que cette initiative marque un tournant. « Aujourd’hui le Conseil a averti Pyongyang que des décennies de cruauté envers son peuple devaient prendre fin », a expliqué le directeur exécutif de Human Rights Watch, Kenneth Roth.
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