• Le pape ouvre un synode sur la famille sous tension

    Le pape ouvre un synode sur la famille sous tension

    Le pape François a demandé aux évêques de trouver des solutions ouvertes et souples permettant l'accueil dans l'Eglise de personnes qui s'en sentent exclues, comme les divorcés remariés ou les couples en union libre.

    Ce premier synode du pontificat, qui réunit près de 200 évêques depuis ce dimanche 5 octobre jusqu'au 19 octobre, dont le président de la Conférence des évêques suisses (CES) Mgr Büchel, et avec quelques couples et auditeurs extérieurs, sera à huis clos. Signe que l'heure est difficile, les discours des intervenants ne seront pas communiqués à la presse. Ce synode doit se pencher sur l'énorme fossé entre ce que l'Eglise dit de la famille et ce que des dizaines de millions de catholiques font.

    Mise en garde contre le statu quo

    Dans la basilique Saint-Pierre, le pape argentin de 77 ans a lancé une mise en garde contre le statu quo, lors de la messe d'inauguration de ce «synode extraordinaire».

    Dans ce qui semble une allusion au sentiment d'exclusion des couples divorcés et séparés vivant des situations douloureuses, il a rappelé le reproche de Jésus aux religieux de son époque: «Les mauvais pasteurs chargent sur les épaules des gens des fardeaux insupportables». Plusieurs cardinaux conservateurs craignent que l'Eglise ne trahisse la doctrine du mariage indissoluble, en autorisant les divorcés remariés à recevoir la communion.

    La question est de savoir si ces hommes et femmes, nombreux à être très engagés dans l'Eglise, pourront à recevoir ce sacrement, central pour tout pratiquant.

    Mariage gay

    Mais d'autres thèmes sont délicats, François souhaitant une attitude d'accueil pour ceux qui ne sont pas «en règle» comme les très nombreux jeunes catholiques vivant en union libre. Des sujets très divers seront abordés, du baptême d'enfants de couples non reconnus par l'Eglise à la polygamie, des abus sexuels dans les familles aux effets de la pornographie sur les couples.

    Même si le mariage gay ne fait pas partie des domaines où l'Eglise envisage un assouplissement, ce thème sera présent au synode, des évêques des pays développés plaident au moins pour un meilleur accueil des homosexuels. Des gays catholiques hommes et femmes se réunissent à Portimao au Portugal à partir de lundi pour demander que leur voix soit mieux prise en compte au synode.

    «S'imprégner de l'odeur» des réalités

    Alors que ce synode débute au milieu de reproches acerbes entre conservateurs et libéraux, François les a tous suppliés samedi d'«entendre le cri du peuple» et de «s'imprégner de l'odeur» des réalités.

    Dimanche, dans son homélie très personnelle, le pape a fustigé «l'hypocrisie» de certains clercs et noté que, déjà à l'époque de Jésus, «les chefs des prêtres» étaient appelés à «cultiver la vigne de Dieu» avec «liberté, créativité et ardeur», ce qu'ils ne faisaient pas toujours.

    Il a appelé le synode à travailler «avec une vraie liberté». Ces états généraux de la famille, que l'évolution des moeurs a bouleversée, ont été fortement voulus par François. Depuis son élection en mars 2013, le pape, réaliste, a parlé de «blessures» causées par les divisions des familles et, face à l'explosion des divorces, insiste sur le pardon quotidien.

    Premier test délicat pour François

    Tous les cardinaux ne sont pas d'accord avec cette bienveillance, et François affronte là le premier test délicat de son pontificat. La tension avait commencé à monter pendant l'hiver avec un questionnaire envoyé aux diocèses sur les «nouvelles réalités» (cohabitation hors mariage, couples gays avec enfants, etc.) de la famille.

    Elle s'était accrue en février quand il avait confié la présentation des enjeux du synode au cardinal théologien allemand Walter Kasper, connu pour son ouverture sur les divorcés remariés.

    Les travaux du synode s'achèveront symboliquement le 19 octobre par la béatification de Paul VI, pape de Vatican II, concile de l'ouverture au monde (1962/65). Il sera suivi dans un an d'un autre synode «ordinaire» (plus large) sur la famille, dont François pourra éventuellement tirer réformes ou infléchissements, mais sans doute pas avant 2016.


  • Commentaires

    1
    Lundi 6 Octobre 2014 à 15:34

    Que je l'aime, ce pape ! ! ! Il me surprend toujours par son intelligence des réalités, il est proche de ce que vivent les gens, enfin il n'est pas dans "sa bulle", quoi. Il cherche à faire évoluer les choses, il est formidable !

    2
    Mardi 7 Octobre 2014 à 15:51

    Pourvu que ne lui soit pas trop mis de bâton dans les roues.

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