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Les ONG font campagne contre les «robots tueurs»
A la veille d'une réunion mardi à l’ONU, Human Rights Watch vient de rendre public les conclusions d’un rapport qui évalue en détail les risques présentés par ces armes.
A la veille de la tenue mardi à l’ONU d’une réunion sur les «robots tueurs», Human Rights Watch affirme que «ces armes entièrement autonomes menacent les droits humains en temps de paix comme en temps de guerre». L’ONG vient de rendre public les conclusions d’un rapport qui évalue en détail les risques présentés par ces armes au cours des opérations d'application de la loi, en élargissant le débat au-delà du champ de bataille.
«Le jugement humain reste indispensable pour toute décision concernant le recours à une arme mortelle, qu’il s’agisse d’une situation de guerre ou d’application de la loi», souligne Steve Goose directeur de la division Armes à Human Rights Watch. «Les gouvernements doivent dire non aux armes totalement autonomes pour quelque but que ce soit, et les interdire préventivement dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard», insiste-t-il.
Human Rights Watch a rejoint une coalition de 51 organisations non gouvernementales qui appelle à une interdiction préventive du développement, de la production et de l'utilisation des armes entièrement autonomes.
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Les robots tueurs ne sont pas près d'être interdits
Il est encore très prématuré de vouloir réglementer l'utilisation des robots tueurs. C'est ce qu'a affirmé le président d'une réunion d'experts convoquée cette semaine à Genève sur l'utilisation des armes pleinement autonomes.
«Les discussions ont été très utiles sur tous les aspects des systèmes d'armes pleinement autonomes», a affirmé à la presse le président de la réunion, l'ambassadeur de France Jean-Hugues Simon-Michel. Ce dernier a souligné le «grand intérêt» des participants pour ce nouveau sujet.
Dans le cadre de la Convention de l'ONU sur les armes dites inhumaines, les représentants des gouvernements, dont la Suisse, ont discuté pendant quatre jours pour la première fois des implications des «robots tueurs». La conférence des Etats parties à la Convention, en novembre, décidera du suivi.
L'ambassadeur français n'a pas caché qu'il faudra beaucoup plus de temps pour évaluer toutes les conséquences de ces nouveaux systèmes d'armes automatisés. Il a souligné que la technologie des robots est à la fois civile et militaire et que, pour tous les Etats, il n'est pas question de restreindre son développement sur le plan civil.
«Nous sommes encore assez loin du moment où un système d'armes pleinement autonome pourrait être développé», a indiqué l'ambassadeur de France.
Savoir de quoi on parle
Pour l'heure, il s'agit d'abord de savoir de quoi on parle. La question d'une interdiction ou d'une réglementation est «complètement prématurée», a dit M. Simon-Michel.
Certains pays ont estimé qu'il y a des problèmes de compatibilité entre des armes qui décideraient de tuer de manière autonome et l'éthique, d'autres pas. Tous les participants ont affirmé que le droit international humanitaire (DIH) doit s'appliquer.
Des «opinions variées» ont été émises quant à la compatibilité des «robots tueurs» avec le DIH. Au début de la réunion, le CICR a exprimé des doutes quant au fait de savoir si une arme autonome peut distinguer entre un civil et un combattant et évaluer la proportionnalité d'une attaque.
Menace pour la paix
Des délégations se sont inquiétées par ailleurs du fait que la mise au point de systèmes d'armes complètement automatiques augmenterait le risque du recours à la force. «Sans verrou humain», elle pourrait avoir un impact négatif sur la paix et la sécurité mondiale, a indiqué le président de la réunion.
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