• Peut-on continuer à entretenir des relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite ?

    Peut-on continuer à entretenir des relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite ?

    Ce pays menace d’exécuter le jeune Ali al-Nimr, pour avoir pris part à des manifestations inspirées du Printemps arabe.

    La façon dont l’Arabie saoudite bafoue les droits de l’homme et finance des organisations djihadistes, interroge de plus en plus la classe politique et la société française. Le point de vue de François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran.

    « La diplomatie est une combinaison d’intérêts et de défense de valeurs. La question est : où fixe-t-on le curseur ? Le plus souvent, les intérêts d’un pays apparaissent de façon publique, avec l’annonce de la signature de grands contrats, par exemple. Les questions des droits de l’homme ou les questions délicates des libertés politiques sont traitées dans le secret des conversations diplomatiques, car on estime que l’on obtient ainsi de meilleurs résultats, sauf dans des cas véritablement très graves et très urgents.

    Historiquement, quand les questions des droits de l’homme et de liberté politique sont apparues de façon très visible dans une relation entre deux États, elles ont souvent été instrumentalisées. Ainsi, à l’époque des relations entre l’est et l’ouest, du temps de l’Union soviétique pour embarrasser les régimes de l’Est, voire les déstabiliser.

    Droits de l’homme contre intérêts financiers

    Pour éviter ce soupçon d’instrumentalisation à des fins stratégiques ou politiques, je pense qu’il faut une répartition des tâches. Il est préférable que les sociétés civiles s’emparent des questions des droits de l’homme. C’est leur rôle et ça marche. On l’a vu lorsque la menace de flagellation a été suspendue contre le blogueur saoudien Raif al Badawi ou en Iran, quand l’opinion internationale s’est ému de la possibilité de lapidation de femmes, comme Sakineh Mohammadi-Ashtiani. Le résultat n’est pas toujours parfait, mais le pire est évité.

    Il faut être réaliste, on ne peut négocier ou faire des affaires qu’avec des partenaires vertueux. Dans ses rapports avec l’Arabie saoudite, François Hollande est resté très discret sur les questions des droits de l’homme. Il a toujours dit qu’il était intervenu en privé. On est prié de le croire. Mais avec la condamnation à mort du jeune chiite, Ali al-Nimr, on a l’impression que cette fois, une ligne a été dépassée et le gouvernement français a dû intervenir publiquement.

    Il peut aussi y avoir un conflit de stratégie entre nos deux pays, alors que l’islam fondamentaliste saoudien s’infiltre non seulement au Moyen-Orient, mais aussi directement dans nos sociétés. Mais je crois que la France s’est résignée. Elle réagirait différemment si l’Arabie saoudite n’était pas ce grand producteur de pétrole qui pèse de façon déterminante sur l’économie mondiale ».


  • Commentaires

    1
    VERTIGO 04
    Vendredi 9 Octobre 2015 à 15:05

    Ma réponse est NON. C'est un pays qui joue sur tous les tableaux même les plus dangereux comme l'EI.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :