• Somalie: libération de 8 marins capturés par des pirates

    Huit membres d'équipage d'un bateau indien détourné par des pirates somaliens le 31 mars ont été libérés mercredi 12 avril 2017 par les forces de sécurité locales, a annoncé  un responsable des gardes-côtes somaliens.

    "Les huit otages ont été libérés sans qu'il y ait eu de combats. Les forces de sécurité ont assiégé les pirates, qui ont essayé de fuir, mais trois d'entre eux ont été capturés", a déclaré Abdirashid Mohamed Ahmed, commandant adjoint des gardes-côtes de la région autoproclamée semi-autonome du Galmudug (centre).

    "L'opération de secours a été un succès total, les otages sont en sécurité et en bonne santé", a-t-il ajouté, précisant qu'ils étaient détenus sur la côte, près de la ville d'Hobyo.

    Le 10 avril, les autorités locales étaient déjà parvenues à reprendre le contrôle du navire, appartenant à un propriétaire indien, et à libérer deux membres d'équipage. Mais les pirates avaient réussi à s'enfuir et rejoindre la côte, emmenant huit autres marins.

    Le Al Kausar convoyait des denrées alimentaires (blé, sucre...) de Dubaï vers le port de Bossasso, dans le nord-est de la Somalie, en passant par un port du Yémen, quand il a été attaqué en haute mer par cinq pirates qui avaient demandé une rançon dont le montant n'a pas été précisé.

    Plusieurs attaques du genre ont été menées au cours du mois de mars 2017, signe d'une recrudescence des actes de piraterie somalienne, alors que la dernière attaque de pirates réussie datait avant celles-ci de 2012.

    La piraterie somalienne, qui avait repris à une échelle industrielle en 2005, a connu son apogée en 2011, et les attaques avaient très sérieusement perturbé la navigation internationale dans cette zone très fréquentée par les navires marchands.

    Mais les mesures de lutte antipiraterie, dont le déploiement de forces navales internationales, avaient fini par porter leurs fruits et seulement une poignée de tentatives de s'emparer de navires avaient été enregistrées au large des côtes somaliennes ces dernières années.

    Mais les causes de la piraterie, à savoir la pauvreté et le manque de ressources pour les pêcheurs somaliens, n'ont pas disparu. Et les compagnies maritimes ont commencé à baisser un peu la garde.


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  • Pétrole, Pétrole

    Le gouvernement d'union nationale libyen (GNA), reconnu par la communauté internationale, soutenu par l'Onu mais qui ne contrôle même pas Tripoli, a annoncé avoir déclaré la guerre à la contrebande des hydrocarbures, un fléau qui mine l'économie de ce pays pétrolier en proie à l'insécurité et au chaos.

    Les forces loyales au gouvernement libyen d'union nationale (GNA) ont gagné du terrain à Tripoli en chassant le mois dernier des groupes rivaux de leurs fiefs, au prix de violents combats qui ont paralysé la ville.
    La capitale libyenne, en proie à une insécurité chronique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, est sous la coupe de dizaines de milices. Le GNA, soutenu par les Nations unies, a gagné le ralliement de certaines d'entre elles depuis son entrée en fonction en mars 2016 mais plusieurs secteurs de Tripoli sont toujours hors de son contrôle.

    A moins d'un euro les 20 litres à la pompe, le carburant, fortement subventionné par l'Etat, coûte moins cher en Libye que l'eau minérale, faisant de la contrebande vers des pays voisins un trafic très lucratif.

    Il est acheminé par les trafiquants en camion-citernes vers les pays frontaliers comme la Tunisie à l'ouest ou vers le Niger, le Tchad et le Soudan (sud) et par bateaux vers les côtes européennes, notamment vers Malte.

    "L'opération, lancée sur instruction du GNA, ne cessera tant qu'elle n'a pas atteint ses objectifs et présenté les criminels à la justice", a déclaré Milad al-Hejrissi, président d'un "Comité de crise du carburant et du gaz".

    L'opération baptisée "tempête de la Méditerranée" vise à "lutter contre le trafic de carburants qui sévit au large des côtes libyennes", a indiqué l'agence de presse libyenne (LANA) citant ce responsable.

    Des dizaines d'embarcations ont été arraisonnées et leurs équipages sont interrogés, a-t-il précisé.

    "Il s'agit de traquer et d'appréhender ces gangs qui exploitent le subventionnement de carburants importés pour les vendre illégalement dans d'autres pays", a-t-il indiqué, annonçant une prochaine opération qui visera "tous ceux qui ont trahi le peuple libyen".

    De grandes quantités de carburant ont été également saisies ces derniers jours près des frontières avec la Tunisie, dont la région sud vit essentiellement du trafic transfrontalier.

    Sont visés par l'opération du GNA les sociétés de distribution, les gérants des stations services, même "certains responsables de Brega Oil", principale compagnie publique de distribution qui commercialise les dérivés du pétrole dans le pays, a expliqué M. Hejrissi

    Déchirée par des luttes de pouvoir et en proie à une insécurité chronique depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est dirigée par deux autorités rivales: le GNA à Tripoli et un gouvernement basé dans l'est du pays.

    D'importantes zones demeurent hors du contrôle du GNA où des milices incontrôlables profitent du chaos pour monter des réseaux de trafics en tout genre: immigration clandestine, carburant, drogue et armes.


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  • En 2016, 1054 rhinocéros ont été tués.

    Le commerce de cornes de rhino a été validé par la Cour constitutionnelle sud-africaine, qui autorise le commerce intérieur de corne de rhinocéros, mais en interdit l'exportation.

    La plus haute juridiction sud-africaine a définitivement confirmé la levée du moratoire sur le commerce intérieur de la corne de rhinocéros, rejetant un appel du gouvernement sur ce sujet sensible, source de vifs débats dans le pays.

    «Le tribunal a étudié la demande d'appel et l'a rejetée», indique la Cour constitutionnelle dans son arrêt.

    La question du commerce de la corne de rhinocéros est le théâtre d'une longue saga judiciaire entre les éleveurs privés qui le défendent et le gouvernement qui s'y oppose. En novembre 2015, un tribunal avait donné raison à des éleveurs de rhinocéros souhaitant pouvoir vendre la corne de ces animaux sur le territoire sud-africain. Le gouvernement avait fait une première fois appel de cette décision, mais avait été débouté en mai 2016.

    «Il est important de rappeler que des permis doivent être obtenus pour vendre ou acheter de la corne de rhinocéros», a réagi Albie Modise le porte-parole du ministère de l'Environnement.

    Le jugement de la Cour constitutionnelle concerne uniquement le commerce intérieur, la vente à l'international restant interdite et ce depuis 1977.

    L'Afrique du Sud qui abrite plus de 80% de la population mondiale de rhinocéros est particulièrement touchée par le braconnage de ces mammifères pour leur corne.

    En 2016, 1054 rhinocéros ont été tués, soit plus de trois par jour, un chiffre en baisse par rapport au record de 2014 (1.215) mais toujours très préoccupant.

    Les rhinocéros sont abattus pour alimenter un trafic vers le Vietnam et la Chine où la médecine traditionnelle attribue des vertus à leur corne, comme celle de guérir le cancer ou l'impuissance.

    «Nous sommes absolument ravis de la décision de la Cour constitutionnelle. Nous avons toujours pensé être dans notre droit de faire commerce de la corne de rhinocéros», s'est réjoui auprès de l'AFP, Pelham Jones, président de l'association sud-africaine des propriétaires privés de rhinocéros (PROA).

    Les éleveurs de rhinocéros estiment que l'interdiction de ce commerce ne fait qu'alimenter le braconnage et assurent pouvoir répondre à la demande asiatique en fournissant des cornes d'animaux toujours vivants, espérant pouvoir à terme faire lever l'interdiction de leur vente vers l'étranger.

    Ils peuvent en effet couper la corne, une procédure indolore pour l'animal qui est anesthésié pendant une quinzaine de minutes. La corne repousse ensuite. Les vertus de cet appendice, fait de kératine comme les ongles humains, n'ont jamais été prouvées scientifiquement.

    Cela n'empêche pas le kilo de corne de se vendre plus de 60.000 dollars le kilo, plus cher que l'or ou la cocaïne.


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  • Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a rencontré le président américain Donald Trump.

    Sissi l’Egyptien reçu à Washington, Assad le Syrien autorisé à rester au pouvoir… La politique des Etats-Unis dans cette région explosive se profile enfin.

    Finie, l’ère glaciaire! Après plus de trois ans de froid entre Washington et Le Caire, le réchauffement est manifeste avec la visite ce lundi aux Etats-Unis du très autoritaire?président égyptien Abdel Fattah al-Sissi. Or, quatre jours plus tôt, on apprenait que Donald Trump n’exige plus le départ de Bachar el-Assad en Syrie. Quant à la «solution des deux Etats» pour Israël et la Palestine, elle n’est plus défendue. Quel Moyen-Orient prépare-t-il? L’analyse d’Hasni Abidi, qui dirige le Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.

    – A quoi va ressembler ce nouveau Moyen-Orient?
    – Contrairement à ce que beaucoup disaient, Donald Trump n’est pas imprévisible. Il a toujours dit regretter la chute de Saddam Hussein en Irak et de Muammar Kadhafi en Libye. Il veut des pouvoirs forts en Egypte et en Syrie. Au nom de la lutte contre le groupe Etat islamique (Daech), il ferme les yeux sur les violations des droits de l’homme. Il veut de la stabilité dans la région, pour retirer ses hommes et garantir la sécurité d’Israël, ce qui implique des régimes autoritaires capables de «tenir» les peuples à défaut de savoir bien les «gérer».

    – Qu’en est-il face à l’Iran et à la Turquie?
    – L’Iran, c’est bien sûr la grande inconnue. Mais on notera qu’il n’a pas dénoncé l’accord nucléaire et qu’il reste assez discret, comme pour ne pas fournir des armes aux ultraconservateurs lors de l’élection présidentielle iranienne en mai. Cela démontre un certain pragmatisme. Quant à la Turquie d’Erdogan, ce n’est pas son autoritarisme qui pose problème mais plutôt ses ambitions en Syrie. Donald Trump a augmenté le soutien aux milices kurdes en guerre contre Daech, ce qui est très mal vécu à Ankara.

    – Donc pas de bouleversement majeur en vue?
    Barack Obama était tiraillé, il n’aimait ni le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, ni le maréchal Abdel Fattah al-Sissi (ndlr: qui a renversé en juillet 2013 le président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans). Mais au fond, la politique de Donald Trump s’inscrit dans une continuité. Les financements à l’Egypte, suspendus par Obama après le coup d’Etat militaire, avaient déjà repris après quelques mois. Quant à l’Etat hébreu, il n’a jamais reçu autant de soutien militaire que sous la dernière présidence démocrate. Même en ce qui concerne la Syrie, il faut reconnaître que c’est le même Obama qui a abandonné le projet d’intervenir contre le régime Assad en cas d’utilisation d’armes chimiques. La fameuse ligne rouge a été franchie sans déclencher d’opération militaire des Etats-Unis.


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  • Le QG onusien, à New York (ici), accueille lundi le lancement de la discussion sur l'abandon de l'arme nucléaire.

    Comme décidé en octobre, des négociations inédites sur l'interdiction de l'arme nucléaire s' ouvrent aujourd'hui à l'ONU.

    Plus de 100 pays lancent lundi à l'ONU des négociations inédites sur un traité interdisant les armes nucléaires, convaincus qu'il réduirait le risque d'une guerre atomique malgré les objections des grandes puissances.

    Le lancement de ces négociations sur un texte légalement contraignant a été décidé en octobre, avec le soutien de 123 pays membres des Nations unies.

    La plupart des puissances nucléaires, déclarées ou non, avaient néanmoins soit voté contre ces négociations (Etats-Unis, France, Israël, Royaume-Uni, Russie), soit s'étaient abstenues (Chine, Inde, Pakistan). Même le Japon, seul pays à avoir subi, en 1945, des attaques atomiques, a voté non, inquiet de voir l'absence de consensus sur ces négociations «saper les avancées sur un désarmement nucléaire effectif».

    Mais l'opposition de ces pays n'a pas dissuadé les nations en pointe sur ce dossier - comme l'Autriche, l'Irlande, le Mexique, le Brésil, l'Afrique du Sud ou la Suède - ni les centaines d'ONG engagées à leurs côtés.

    Nombreux foyers

    Face à la multiplication des foyers de tensions, aux menaces de la Corée du Nord, et à une nouvelle administration américaine jugée imprévisible, ils ont décidé de prendre les devants, inspirés par les mouvements qui ont mené aux conventions internationales interdisant les armes à sous-munitions (signée en 2008) ou les mines anti-personnel (1997).

    «Cela va prendre du temps, ne soyons pas naïfs», déclarait la semaine dernière à l'ONU la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström. «Mais c'est très important, surtout en ce moment, quand on assiste à toutes sortes de discours ou de démonstrations de force incluant la menace d'utiliser l'arme nucléaire», a-t-elle souligné.

    «Beaucoup de pays disent que nous devons sortir de l'impasse sur cette question depuis des années. C'est aussi l'expression d'une frustration».

    «Jamais le bon moment»

    Car aucune avancée n'a été enregistrée ces dernières années en matière de désarmement nucléaire, malgré les engagements pris par les grandes puissances dans le cadre du Traité sur la non-prolifération (TNP), déplore Beatrice Fihn, directrice de l'Ican (International campaign to abolish nuclear weapons), une coalition internationale d'ONG mobilisées sur ce dossier.

    «Il y a eu beaucoup d'efforts à la fin de la Guerre froide, et puis ça s'est arrêté (...) L'administration Obama a déçu, elle avait fait des promesses mais ne les a pas tenues. Maintenant les craintes sont exacerbées avec le nouveau président» Donald Trump, dit-elle.

    Forte de l'expérience sur les armes à sous-munitions ou les mines anti-personnel, Beatrice Fihn estime qu'il y a de «bonnes chances» qu'un traité soit adopté, si ce n'est dès la première phase de négociations qui se terminera le 7 juillet, au moins d'«ici deux ans».

    De l'avant

    Peu importe que les puissances nucléaires boudent les débats, dit-elle, l'adoption d'un tel traité les obligera tôt ou tard à revoir leur politique, même si elles sont engagées aujourd'hui dans la modernisation de leur armement nucléaire.

    «Même si les principaux fabricants (d'armes nucléaires, ndlr) ne signent pas, ces traités ont un gros impact», dit-elle. «Prenez la Russie: pourquoi dément-elle utiliser des armes à sous-munitions en Syrie? Elle n'est pourtant pas signataire du traité interdisant ces armes, mais elle sait que ce n'est pas bien.»

    Aucune grande puissance n'a fait de commentaires à l'approche de ces négociations, même si l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, devait faire une déclaration en marge de leur ouverture lundi matin à New York.

    Les représentants des Etats-Unis et de la France avaient néanmoins expliqué en octobre leur opposition par la nécessité, en matière de désarmement, de «procéder par étapes», sans chambouler l'équilibre stratégique actuel ou mettre en péril la dissuasion. «C'est comme les grands fumeurs, ce n'est jamais le bon moment pour arrêter», juge Beatrice Fihn. «Mais la tendance est là: dans ce monde multipolaire, beaucoup de pays pensent qu'ils n'ont pas besoin d'attendre les grandes puissances pour agir».

     


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    Les discussions, préparées à Genève, pour un traité d'interdiction des armes nucléaires se sont ouvertes lundi 20 mars 2017 à New York sans les puissances nucléaires.

    Selon des experts, le traité pour abolir les armes nucléaires semble probable, mais il faudra des décennies pour éliminer tout cet armement.

    «Même si tous les Etats nucléaires rejoignaient d'ici trois ans un traité, il faudrait 30 à 50 ans pour détruire les armes», a dit à l'ats le directeur général de la Plateforme du désarmement de Genève (GDP) Richard Lennane. Impliqué dans une ONG depuis plusieurs années pour obtenir ces négociations, il estime la possibilité d'un traité «très probable».

    Jamais un accord de ce type sur les armes nucléaires n'a été négocié, dit-il. Cette approche humanitaire portée par les pays en développement met l'ensemble des Etats, potentiellement victimes, au centre et non les seules puissances nucléaires, une première.

    Une résolution de l'Assemblée générale à New York a été votée en décembre dernier après plusieurs réunions préparatoires en 2016 à Genève. Et après le refus de la Conférence du désarmement, également à Genève, de négocier sur cette question.

    Etats nucléaires inquiets

    Des Etats estiment que le Traité de non-prolifération (TNP) suffit. Adopté en 1968, il régit actuellement toutes les questions nucléaires et interdit ces armes à ceux qui n'en disposent pas. Problème, parmi les pays qui défendent le maintien de cette approche figurent les puissances nucléaires qui vont boycotter les négociations de New York.

    Cinq parmi elles justifient leur appareil nucléaire par sa légitimité reconnue par le TNP, souligne le chercheur au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) Marc Finaud. Un traité d'interdiction doit permettre de «délégitimer» ce droit.

    Comme pour les armes à sous-munitions ou les mines antipersonnel, «la seule solution est une interdiction», estime M. Finaud. «On a vu qu'on ne pouvait pas réglementer».

    Le processus est considéré comme sérieux par les puissances nucléaires. Elles ont tenté avec leurs alliés d'empêcher les négociations, ce qui montre que la discussion est «crédible» et que le traité «aurait un effet significatif», dit M. Lennane.

    Abstention suisse

    La Russie a dit tout le mal qu'elle en pensait devant la Conférence du désarmement. La Corée du Nord est la seule à avoir été favorable au processus. La Chine, l'Inde et le Pakistan se sont abstenus au moment du vote, mais les deux premiers pourraient participer.

    Ce scénario «rendrait difficile pour les autres Etats nucléaires de continuer à défendre leur boycott», explique M. Lennane. Leur participation affaiblirait aussi la position des pays protégés par un Etat nucléaire ou de ceux qui se sont abstenus, comme la Suisse. M. Lennane est persuadé que le traité deviendra à long terme «le nouveau TNP». Comme pour la Convention d'interdiction des mines antipersonnel, les deux spécialistes s'attendent à ce que des Etats comme les Etats-Unis s'engagent conformément à l'accord sans pour autant l'adopter.

    Plus largement, selon M. Lennane, aucune avancée sur les différents types d'armes ne peut plus se faire à la Conférence du désarmement. L'investissement devrait être utilisé pour d'autres plates-formes.

    OTAN fortement préoccupée

    Derrière les négociations de New York, de nombreuses questions se posent, dont le coût d'un désarmement nucléaire impossible à évaluer. Celle du délai d'application aussi. Pour les armes chimiques, il a par exemple été repoussé à plusieurs reprises et cible désormais 2020, 23 ans après l'entrée en vigueur du traité.

    Mais surtout, l'impact d'un accord sur les alliances militaires reste incertain. De passage à Genève, le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg aurait vigoureusement rejeté une mesure qui mettrait en péril selon lui l'organisation. Selon M. Finaud, des précédents montrent que de tels accords ne sont pas incompatibles avec une alliance.

    Certes, cinq pays européens devraient demander aux Etats-Unis de retirer leurs armes nucléaires de leur territoire, dit-il. Pour le reste, les membres de l'OTAN s'engageraient seulement à ne pas être impliqués dans une offensive conjointe avec des Etats nucléaires qui pourraient utiliser la menace de recourir à cet armement.

    Le traité devra par ailleurs interdire la production de matières fissiles pour des armes nucléaires, selon M. Finaud. Et viser les missiles, des avions ou des sous-marins qui véhiculent cet armement.


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  • Jadranko Prlic lors de son premier jugement en 2013.

    Jadranko Prlic comparaît en appel pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis à l'encontre de musulmans.

    L'ex-dirigeant des Croates de Bosnie Jadranko Prlic, condamné en 2013 pour avoir tué et déporté des populations musulmanes pendant la guerre de Bosnie, doit comparaître à nouveau devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) dans le cadre de son procès en appel.

    Avec cinq autres anciens hauts responsables militaires et politiques des Croates de Bosnie, il avait été jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, commis à l'encontre des musulmans lors de cette guerre (1992-1995) qui a fait plus de 100'000 morts et 2,2 millions de déplacés.

    Jadranko Prlic, âgé aujourd'hui de 57 ans, avait été condamné à 25 ans de prison pour avoir forcé le transfèrement de populations musulmanes en Bosnie et avoir eu recours à des meurtres, des viols, des destructions de biens civils dans le but de créer une «grande Croatie».

    Procès long et compliqué

    L'ancien président du gouvernement des Croates de Bosnie était poursuivi pour avoir créé et participé, entre 1991 et 1994, à une entreprise criminelle commune «en vue de soumettre politiquement et militairement les musulmans de Bosnie et autres non-Croates» en Herceg-Bosna, entité croate unilatéralement proclamée dans le sud-ouest de la Bosnie-Herzégovine.

    «Le procès Prlic et consorts était l'un des plus compliqués et longs du tribunal», a indiqué le TPIY dans un communiqué, mentionnant 326 témoins, 465 jours d'audience et 2600 pages du premier jugement.

    Les nationalistes croates convoitaient cette région, et notamment la ville de Mostar, un des symboles du caractère multiethnique de la Bosnie avant la guerre. Les soldats croates y ont systématiquement chassé les musulmans de Mostar-ouest et bloqué le passage de l'aide humanitaire.

    «Nettoyage ethnique»

    «Dès décembre 1991, les dirigeants de la Communauté croate d'Herceg-Bosna et des dirigeants de la Croatie estimaient que pour réaliser l'objectif ultime, à savoir la mise en place d'une entité croate (...), il était nécessaire de modifier la composition ethnique des territoires revendiqués», avait souligné le juge Jean-Claude Antonetti lors du premier jugement, parlant d'un «nettoyage ethnique».

    L'éphémère république autoproclamée d'Herceg-Bosna a été dissoute peu avant les accords de paix de 1995 et son territoire a été intégré à la Fédération croato-musulmane, entité qui forme avec la Republika Srpska (entité serbe) la Bosnie d'après-guerre.

    D'abord président de la Communauté croate de Herceg-Bosna, puis Premier ministre de la République croate de Herceg-Bosna, Jadranko Prlic est en procès devant le TPIY depuis 2006.

    Arrêt attendu en novembre

    Les co-accusés de Jadranko Prlic, dont Bruno Stojic, ancien ministre de la Défense, Slobodan Praljak, ancien officier supérieur dans l'armée croate, et Milivoj Petkovic, ancien responsable des forces armées d'Herceg-Bosna, avaient été condamnés à des peines allant de dix à vingt ans de prison. Les suspects, qui s'étaient livrés au tribunal, avaient tous plaidé non coupable. La presse croate et bosnienne ne fait que peu écho à ce procès en appel.

    D'autres Croates ont également été jugés par le TPIY, dont le général Ante Gotovina condamné en première instance à 24 ans de prison avant que ce verdict ne soit annulé, un coup de théâtre intervenu lors du procès en appel. Acquitté en 2012 de crimes de guerre contre les Serbes, il a été nommé en novembre conseiller du ministre croate de la Défense.

    La guerre de Bosnie a essentiellement opposé les musulmans aux Serbes, mais Croates et musulmans se sont également combattus.

    Le TPIY devrait rendre l'arrêt dans l'affaire Prlic en novembre 2017, a-t-il indiqué. Il s'agira de l'un des derniers jugements du TPIY alors que l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic devrait connaître le sien à la même période.


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  • Des membres de la délégation namibienne lors d'une conférence de presse à New York. (Jeudi 16 mars 2017)

    Une juge fédérale new-yorkaise a relancé jeudi 16 mars 2016 une plainte déposée contre Berlin par les tribus Nama et Héréro, originaires de Namibie.

    Le génocide de leurs ancêtres par les autorités coloniales allemandes date d'il y a plus de 110 ans. Mais les tribus Nama et Héréro, originaires de Namibie, ont repris espoir d'obtenir réparation. Jeudi, une juge fédérale new-yorkaise a relancé une plainte déposée contre Berlin et restée jusqu'ici sans suite.

    En fixant la prochaine audience au 21 juillet, la juge Laura Taylor Swain a accordé une première victoire aux deux tribus. Une quinzaine de représentants étaient venus spécialement à New York depuis la Namibie, le Canada ou le centre des Etats-Unis, parfois en costumes traditionnels hérités de l'ère coloniale.

    L'Allemagne dispose donc de quatre mois pour répondre à leur demande de réparation pour les «dommages incalculables» subis par les deux peuples. Le texte a été déposé le 5 janvier à New York.

    «Quand je l'ai entendue dire que l'audience aurait lieu, c'est le plus grand succès que nous ayons enregistré. C'est le signe que nous sommes vainqueurs», s'est réjouie Ida Hoffmann, représentante de la tribu Nama et députée namibienne venue assister à cette première audience.

    Guerre «raciale»

    Ce génocide, le premier du XXe siècle, remonte à l'époque où la Namibie s'appelait encore Afrique allemande du Sud-Ouest (1884-1915). L'Allemagne a mené une guerre «raciale» contre les Héréros et les Namas, qui culmina en 1904.

    Dépossédés de leurs terres, de leur bétail et de tout moyen de subsistance et mis sous pression par l'administration coloniale, les Héréros se sont révoltés le 12 janvier 1904, massacrant 123 civils allemands.

    Après la sanglante bataille de Waterberg en août suivant, quelque 80'000 Héréros ont fui vers le Botswana voisin mais ils ont été poursuivis par les troupes allemandes. Seuls 15'000 survivront. Puis, en octobre 1904, le commandant militaire de la colonie, le général Lothar von Trotha a ordonné l'extermination des Héréros.

    Les Namas ont connu un sort similaire: quelque 10'000 d'entre eux - environ 50% de la tribu - ont été tués en essayant de se rebeller entre 1903 et 1908.

    Pas de reconnaissance formelle

    Dépossessions, viols, camps de concentration, expériences scientifiques sur des «spécimens» d'une race jugée inférieure, extermination: les ingrédients des grands génocides du XXe siècle étaient déjà réunis.

    Au point que le chef Héréro Vekuii Rukoro, 62 ans et venu spécialement de Namibie, a déclaré jeudi que «ce qui est arrivé aux Juifs (pendant l'Holocauste) n'était que le perfectionnement de ce qui (nous) est arrivé».

    Si l'Allemagne a mis longtemps à reconnaître la gravité des faits, plusieurs de ses représentants utilisent désormais eux aussi le terme de «génocide». Mais il ne s'agit pas d'une reconnaissance formelle.

    Négociations

    Berlin a toujours considéré ne pas avoir à payer de dédommagements individuels aux descendants des victimes, arguant de l'aide au développement versée à la Namibie depuis son indépendance de l'Afrique du Sud en 1990. Une aide qualifiée de «généreuse», avec des montants «records» par habitant, qui reflète «la responsabilité particulière» de l'Allemagne, a fait valoir un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

    Berlin négocie depuis deux ans avec le gouvernement namibien une déclaration commune: l'Allemagne présenterait des excuses pour les massacres et envisagerait un dédommagement global sous forme d'aide au développement spécifique pour les descendants des victimes.

    Mais les représentants des deux tribus contestent la validité de négociations dont ils ne sont pas partie prenante. Selon la plainte déposée au nom des quelque 250'0000 descendants des victimes des deux tribus et un recours déposé parallèlement auprès des Nations unies, leur absence enfreint une déclaration de l'ONU sur les droits des peuples indigènes.

    Les négociations «ne peuvent pas être sur nous, sans nous», a souligné Ester Muiinjangue, une représentante Nama.

    Réponse et dédommagements

    Les chefs tribaux réclament par ailleurs de vrais dédommagements. «Je suis sûr que l'Allemagne demandera, 'Combien de milliards voulez-vous?' Je ne sais pas, nous devons nous asseoir autour d'une table et décider cela sur la base du donnant-donnant», a souligné le chef Rukoro, estimant «ne voir aucune raison» pour que le dispositif adopté pour les victimes juives du régime nazi ne soit pas appliqué.

    Leur avocat Kenneth McCallion, qui a défendu de nombreux descendants de victimes de l'Holocauste, a également évoqué cette possibilité. Il a néanmoins jugé «prématuré» toute discussion sur le montant des indemnisations.

    Lui aussi espère que Berlin va désormais «revoir sa position» sur la présence de représentants tribaux dans les négociations, et va répondre à la plainte si possible avant l'audience de juillet.


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    Le détournement du tanker Aris 13 et de son équipage sri-lankais lundi 13 mars 2017 par des pirates somaliens, première attaque du genre depuis 2012, n'est pas une surprise pour John Steed, responsable de l'Afrique de l'Est pour l'organisation de lutte contre la piraterie Oceans Beyond Piracy (OBP).

    Car si la présence d'une armada internationale et les mesures mises en oeuvre par les armateurs avaient quasiment réduit à néant la piraterie somalienne, l'extrême pauvreté qui l'alimentait n'a jamais disparu et ses victimes potentielles ont baissé la garde. "La question n'était pas de savoir si une nouvelle attaque allait avoir lieu, mais quand", explique-t-il dans un entretien à l'AFP.

    QUESTION: Le problème de la piraterie somalienne n'avait-il pas été résolu?

    REPONSE: "La communauté internationale a tenté de résoudre le problème de la sécurité en mer, avec le renforcement de la présence des forces navales et la mise en oeuvre par les armateurs de +meilleures pratiques+ qui requièrent de signaler son entrée et sa sortie de la zone à risque, de naviguer à vitesse maximum et le plus loin possible de la côte, ou encore de voyager avec une escorte armée.

    Des centaines de pirates ont été arrêtés, les autres ont été découragés, et on n'a plus connu de détournement de navire commercial pendant cinq ans.

    Mais les problèmes qui n'ont pas été résolus, ce sont ceux qui sont à l'origine de la piraterie, à savoir la pauvreté et le manque de travail pour les pêcheurs somaliens, d'autant que la Somalie fait face à une sécheresse importante, donc il n'y a pas d'eau, pas de nourriture.

    De nombreux navires étrangers, principalement d'Asie du sud-est, viennent par ailleurs pêcher illégalement dans les eaux somaliennes, et n'hésitent pas à attaquer les navires de pêches locaux. Les pêcheurs somaliens estiment dès lors que ces navires étrangers viennent piller une des seules ressources à leur disposition et sont donc très frustrés.

    Les gens sont désespérés. Il y a donc un amas de tensions sur la côte. Les pirates n'avaient pas disparu, certains s'étaient rangés, et certains faisaient d'autres choses, comme la contrebande d'armes. Mais lorsque l'opportunité s'est présentée de prendre un navire, ils l'ont saisie".

    QUESTION: Les armateurs ont-ils fait preuve de relâchement?

    REPONSE: "L'industrie a baissé sa garde après 5 ans. C'est humain, et les armateurs diront parfois à leurs capitaines de naviguer moins vite ou de prendre un raccourci qui va le rapprocher des côtes, car ça permet d'économiser du carburant et de l'argent. Parfois, c'est l'équipage lui-même qui insiste auprès du capitaine pour se rapprocher des côtes afin d'avoir du réseau téléphonique et communiquer avec leurs familles.

    De la même manière, les forces navales et militaires sont appelées à d'autres endroits, comme la Méditerranée avec la crise des migrants. Après cinq ans sans la moindre attaque réussie, les ressources à la disposition des forces internationales de lutte contre la piraterie sont moins importantes qu'au plus fort de la crise de la piraterie.

    Quant à l'Aris 13, il s'est lui-même rendu vulnérable. Il avait pris un raccourci qui l'a rapproché des côtes, il naviguait lentement, le pont principal était très proche de l'eau, ce qui rendait son accès facile, d'autant qu'il n'y avait à bord aucune escorte armée. Tous les ingrédients étaient réunis pour qu'un incident se produise".

    QUESTION: D'autres attaques sont-elles à craindre?

    REPONSE: "Il est possible qu'il y ait des attaques similaires, qui s'inspirent de celle-ci. Car si elle est couronnée de succès, avec par exemple une rançon payée et les pirates qui s'en sortent, d'autres pirates pourraient être tentés.

    Il est donc très important que d'un côté, l'industrie maritime continue ou se remette à observer les bonnes pratiques, et que de l'autre, des solutions soient trouvées aux problèmes des pêcheurs somaliens tentés par la piraterie. Il faut leur proposer une alternative".


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  • La justice va trancher sur le port du voile au travail

    La Cour de justice européenne va donner son avis sur l'interdiction du foulard islamique au travail, en réponse à deux cas en France et en Belgique.

    La Cour européenne de justice La Cour de justice européenne (CJUE) se penche sur deux cas de licenciement dû au port, soudain ou non, du voile islamique dans le contexte d'un travail au Luxembourg et en France.

    Les deux magistrates doivent répondre aux interrogations des plus hautes autorités judiciaires française et belge, saisies chacune dans leur pays des situations - sensiblement différentes - de femmes musulmanes qui estiment avoir été discriminées sur leur lieu de travail en raison de leur religion.

    In fine, il appartiendra aux plus hauts juges français et belges, dans deux Etats historiquement attachés aux principes de laïcité et de neutralité, de trancher légalement les litiges en question.

    La question du port du foulard islamique reste complexe dans l'UE, où les opinions et les pratiques sont très variées, un constat fait par les deux avocates générales dans ces dossiers qui sont parvenues à des conclusions qui peuvent paraître en contradiction.

    Discrimination illicite

    L'une évoque clairement une discrimination illicite tandis que l'autre laisse la porte ouverte à la justification d'une restriction liée à une «politique de neutralité» mise en place par l'entreprise.

    Le rôle de ces deux magistrates est de présenter un «avis juridique» qui ne lie absolument pas les juges quant à leur décision finale.

    Dans le cas belge, une jeune femme de confession musulmane, Samira Achbita, ne portait pas le foulard au moment de son embauche comme réceptionniste en 2003 par le groupe G4S, qui fournit des services de surveillance et de sécurité.

    Cependant, trois ans plus tard, Samira Achbita fait part à son employeur de sa décision de porter le foulard, malgré la politique de neutralité affichée d'abord oralement, puis par écrit, par l'entreprise qui interdit le port de signes politiques, philosophiques ou religieux.

    Libertés en conflit

    La seconde affaire, en France, est relative au licenciement d'une femme musulmane, employée comme ingénieure d'étude par la société française Micropole, qui portait le foulard au moment de son embauche en 2008.

    Mais lors d'un rendez-vous avec un client, ce dernier s'était plaint et avait exigé qu'il n'y ait «pas de voile la prochaine fois».

    Micropole avait transmis cette requête à son employée qui a refusé. Elle a été licenciée en juin 2009.

    Il existe deux types de discrimination en matière d'emploi, directe ou indirecte. Et la justice doit prendre en compte deux libertés potentiellement en conflit: celle d'adhérer à une religion et de le manifester, et celle de la liberté d'entreprise.

    Discriminations directe et indirecte

    La discrimination directe relève de l'égalité de traitement, et ne peut trouver d'exception que pour cause d'«exigence professionnelle essentielle et déterminante», avec un «objectif légitime et proportionnée», comme l'interdiction de porter certains signes religieux pour des questions de sécurité.

    La discrimination indirecte peut, elle, dépendre d'une politique de «neutralité» affichée par l'entreprise, et doit aussi répondre à un principe de proportionnalité dans l'application des exceptions.

    Dans l'affaire de Micropole, l'avocate générale Eleanor Sharpston estime qu'imposer d'ôter le foulard pour un rendez-vous avec un client est clairement une discrimination, car son foulard ne l'empêchait en aucun cas d'exercer son métier d'ingénieure d'études.

    Dans le cas de G4S, l'avocate générale Juliane Kokott considère en revanche que l'exercice du métier de réceptionniste peut exiger le respect d'un cadre vestimentaire et que l'entreprise peut opter pour une image de stricte neutralité, ce qui répond au critère d'exigence professionnelle.

    En cas de discrimination indirecte, il revient alors à la juridiction nationale de juger de la proportionnalité dans l'application d'exceptions, observe Mme Kokott.  


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