• CHAK 367 (Pakistan) - La police pakistanaise a annoncé vendredi 30 mai 2014 l'arrestation de quatre hommes pour le meurtre de la jeune femme enceinte battue à coups de briques par sa propre famille dans une grande ville du pays, une affaire qui suscite une vague d'indignation.

    Farzana Parveen, 25 ans, avait été lapidée mardi matin devant un tribunal de Lahore, mégapole de dix millions d'habitants, par près d'une trentaine de membres de sa famille opposés à son mariage avec un agriculteur local.

    Ce meurtre sordide a suscité une vague d'indignation et révélé l'horreur des crimes d'honneur et la fragilité du statut de la femme dans certains milieux au Pakistan, pays où les mariages sont le plus souvent arrangés par les familles.

    La police avait arrêté mardi le père de Farzana en lien avec ce meurtre, mais le Premier ministre Nawaz Sharif a exhorté depuis les autorités du Penjab, province dont Lahore est la capitale, a des résultats urgents dans cette affaire.

    L'équipe spéciale d'enquête mise sur pied par la police... a arrêté quatre hommes de plus, un oncle et deux cousins de la femme assassiné, et un chauffeur, a déclaré vendredi à l'AFP un haut responsable de l'enquête, Zulfiqar Hameed.

    Le ministre en chef du Penjab, Shahbaz Sharif, le frère de Nawaz Sharif, a annoncé des procédures accélérées dans cette affaire tombée sous la coupe de la loi antiterroriste.

    - Mourrez dans la souffrance! -

    Dans un rebondissement aussi inattendu que macabre, le veuf de la jeune femme, Mohammad Iqbal, un fermier de 45 ans, a avoué avoir tué sa première épouse.

    J'étais amoureux de Farzana. Et c'est à cause de cet amour que j'ai tué ma première femme... en l'étranglant, a-t-il déclaré à l'AFP.

    Un jour je me rendais chez Farzana, mais ma femme m'a bloqué le passage d'une façon qui m'a rendu furieux. Je ne voulais pas la tuer, je regrette mon geste, a-t-il plaidé, lorsqu'il a été rencontré dans le hameau poussiéreux de Chak 367, situé à une cinquantaine de kilomètres de Lahore.

    Mais l'assassin avait été rapidement libéré après avoir payé la diya, le prix du sang, une disposition controversée de la loi pakistanaise qui permet à un meurtrier d'échapper à la justice en payant une compensation à la famille de sa victime.

    Aujourd'hui du côté de la victime, l'homme ne veut toutefois pas pardonner la famille de Farzana dans l'espoir de toucher la diya.

    Au contraire, ceux qui ont tué ma femme à coups de briques devraient eux aussi être tués à coups de briques et devant moi. S'ils meurent dans la souffrance, je serai heureux, s'emporte-t-il.

    - Un problème de dot -

    Ce père de cinq enfants issus de son premier mariage affirme avoir séduit Farzana et convaincu sa famille de bénir leur union.

    Mais la famille de la jeune femme s'y est finalement opposée non pas en raison de son passé d'assassin, mais du montant de la dot, jugé insuffisant.

    En dépit des pressions, le couple s'est marié en janvier dans la ville industrielle de Faisalabad, sorte de Manchester du Penjab, avec ses rangées interminables d'usines.

    Mais la famille de Farzana a porté plainte contre son mari pour avoir kidnappé leur fille. Farzana a finalement été lapidée par les siens, devant des policiers impassibles, alors qu'elle se rendait au tribunal pour témoigner dans cette affaire.

    Près de 1.000 femmes ou adolescentes ont été tuées l'an dernier pour avoir déshonoré leur famille, selon la Commission pakistanaise des droits de l'Homme qui dénonce l'impunité dont jouissent les auteurs de ces meurtres.

    Au Pakistan, des lois en vigueur depuis le début des années 2000 interdisent les mariages forcés et pénalisent les crimes d'honneur, mais se heurtent souvent à des coutumes ancestrales, une interprétation rigoriste de l'islam ou l'indifférence de la police.


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  • Moscou - Le Comité d'enquête russe accuse les forces armées ukrainiennes de violations de la Convention de Genève de 1949 sur la protection des civils, dans un communiqué publié vendredi, qui précise qu'une enquête a été ouverte à Moscou.

    Selon l'enquête, des militaires des forces armées ukrainiennes, des membres de la Garde nationale et de Pravy Sektor (mouvement paramilitaire ultranationaliste, NDLR) ont utilisé volontairement les armes, l'artillerie, l'aviation (...), les blindés dans le but de tuer des civils, en violation de la Convention de Genève du 12 août 1949 sur la protection de la population civile en temps de guerre, affirme le Comité d'enquête dans un communiqué.

    Cet organe conçu comme un équivalent du FBI américain et chargé des enquêtes criminelles, notamment des plus sensibles, fait la liste des villes de l'est de l'Ukraine, dont Donetsk et Slaviansk, touchées par des combats ces dernières semaines entre insurgés prorusses et forces loyalistes, où ont, d'après lui, été commis ces crimes.

    Le 26 mai, non loin de l'aéroport de Donetsk, au moins 35 civils ont été tués du fait d'un tir de lance-grenades sur un camion qui transportait des blessés et portait l'emblème de la Croix-Rouge, affirme notamment le comité.

    Il indique avoir ouvert une enquête contre des membres non identifiés pour l'instant des forces armées ukrainiennes, de la Garde nationale et de Pravy Sektor pour recours à des moyens et méthodes de guerre interdits.

    Le Comité d'enquête rassemble des preuves de la responsabilité de chaque individu impliqué dans ces crimes commis contre la paix et la sécurité de l'humanité, ajoute-t-il, soulignant que les poursuites viseraient y compris ceux qui donnent l'ordre de tuer des civils.

    Dans la liste des faits reprochés aux forces ukrainiennes, il cite également la mort d'un photographe italien et de son traducteur russe le 24 mai, mortellement atteints par des tirs d'obus de mortier près de Slaviansk, ainsi que la prise d'otages dont ont selon lui été victimes deux journalistes russes du site pro-Kremlin LifeNews, libérés le même jour.

    S'il n'y a aujourd'hui dans le monde pas un seul Etat capable de reconnaître l'évidence - que les agissements des autorités ukrainiennes sont criminelles -, le Comité d'enquête russe prend sur lui cette responsabilité, déclare encore le comité.

    La Convention de Genève du 12 août 1949 relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre s'applique en cas de guerre déclarée ou de tout autre conflit armé, précise son article 2.


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  • Paris - Le 29 mai 2014, des juges d'instruction ont ordonné à Paris le renvoi aux assises de deux anciens bourgmestres rwandais, Octavien Ngenzi et Tito Barahira, pour leur participation présumée au génocide de 1994, a appris l'AFP vendredi de sources proches du dossier.

    Mis en cause par de nombreux témoins, les deux hommes, qui contestent les faits, sont accusés d'avoir participé au massacre de centaines de Tutsi réfugiés dans une église de la commune de Kabarondo dans l'est du Rwanda, le 13 avril 1994, selon les mêmes sources.

    Nous attendons donc maintenant la date du prochain procès d'assises, le second en France après celui de Pascal Simbikangwa, condamné à 25 ans de réclusion criminelle à Paris en mars, a commenté dans une déclaration le président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Alain Gauthier.

    C'est pour nous la preuve que le travail que nous menons est pris au sérieux par les juges, a dit à l'AFP M. Gauthier, qui a déposé de nombreuses plaintes en France contre des génocidaires présumés.

    Plus d'une vingtaine d'enquêtes sont en cours au pôle crimes contre l'humanité du tribunal de grande instance de Paris sur des Rwandais soupçonnés d'avoir participé aux massacres.

    Selon l'ONU, le génocide a fait entre avril et juillet 1994 environ 800.000 morts en 100 jours, essentiellement parmi la minorité tutsi. Il avait commencé après l'attentat du 6 avril 1994 qui avait coûté la vie au président hutu Juvénal Habyarimana.

    A l'inverse du procès Simbikangwa, celui de MM. Ngenzi et Barahira, détenus en France, se tiendrait en présence de victimes ou de proches de victimes, car neuf sont parties civiles aux côtés des associations.

    Selon une source proche du dossier, M. Ngenzi, 56 ans, bourgmestre de Kabarondo de 1986 à 1994, a été dépeint par des témoins durant l'enquête comme un donneur d'ordres et un coauteur direct des crimes commis mi-avril 1994, notamment dans l'église. M. Barahira, 62 ans, qui était le prédécesseur de M. Ngenzi, a été décrit comme un participant direct et convaincu, un encadreur, un participant actif, selon une des sources proches du dossier.

    Les avocats ont la possibilité de saisir la chambre de l'instruction, puis la Cour de cassation, pour contester ce renvoi aux assises. Contacté par l'AFP, le conseil de M. Barahira, Me Philippe Meilhac, a indiqué qu'il envisageait cette possibilité, mais que son client était prêt à répondre aux accusations lors d'un procès public.

    Le 13 mai, le parquet de Paris avait déjà requis le renvoi aux assises des deux hommes.


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