• Les Etats-Unis envisagent de renforcer leur posture militaire en Afrique

    Plusieurs responsables américains ont fait savoir que les Etats-Unis comptaient renforcer leur posture militaire en Afrique. 

    Les Etats-Unis envisagent de renforcer leur posture militaire en Afrique pour traquer les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui cherchent à se repositionner après la chute de leur "califat" aux confins de la Syrie et l'Irak, selon plusieurs responsables américains.

    Après la chute de Raqa et de Mossoul, "l'Afrique est l'un des endroits où nous savons que l'ISIS espère renforcer sa présence", a indiqué lundi le chef d'état-major américain, le général Joe Dunford, utilisant une autre dénomination pour l'EI. "Nous savons à quel point la Libye et le Sinaï sont importants pour l'EI. Nous savons à quel point ils ont essayé de s'établir en Afrique de l'Est et bien sûr, nous parlons maintenant de l'Afrique de l'Ouest", a-t-il ajouté au cours d'un point de presse consacré à l'enquête en cours sur l'embuscade ayant coûté la vie à quatre militaires américains le 4 octobre au Niger. "Nous allons faire des recommandations au ministre" de la Défense Jim Mattis et au président Donald Trump "sur la répartition des unités nécessaires pour répondre au niveau de menace que nous évaluons", a poursuivi le chef d'état-major qui doit présider mardi à Washington une réunion avec les représentants militaires de 75 pays pour "discuter de la prochaine phase de la campagne militaire" contre l'EI.

    Vendredi 20 octobre 2017, le sénateur républicain Lindsey Graham avait été encore plus clair: "La guerre est en train de se déplacer. Nous allons assister à davantage d'actions en Afrique", avait-il déclaré à la presse à la sortie d'un entretien avec M. Mattis. L'Afrique est déjà la deuxième zone d'intervention dans le monde des Forces spéciales américaines, après le Proche-Orient. Ces unités d'élites y sont chargées de former les militaires locaux à la lutte anti-terroriste. Ils ne sont pas sensés partir en mission avec les militaires locaux quand il y a un risque de combat, a souligné le général Dunford.

    Mais ces règles d'engagement "vont changer dans le cas des opérations anti-terroristes", a prévenu Lindsay Graham, laissant entendre que les soldats américains sur le terrain seraient autorisés à tirer les premiers sur des "cibles terroristes", ce qui n'est pas le cas actuellement. La guerre "est en train de se déplacer", a confirmé le général Dunford lundi. "Je ne suis pas sûr qu'on puisse dire qu'elle se déplace vers l'Afrique seulement. Nous sommes confrontés à un défi qui s'étend de l'Afrique de l'Ouest à l'Asie du Sud-Est". "Je pense que l'ISIS va tenter d'établir une présence physique ailleurs qu'en Irak ou en Syrie, maintenant qu'ils ont perdu leur califat de Raqa et Mossoul", a-t-il expliqué. "C'est bien pourquoi nous conduisons les sortes d'opérations que nous avons au Niger, pour nous assurer que les forces locales ont la capacité de l'empêcher".

    Les Etats-Unis soutiennent l'opération militaire française Barkhane dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso), laissant à la France la tâche de mener le combat contre les groupes islamistes radicaux dans cette région avec les alliés africains.  Les Etats-Unis apportent notamment du ravitaillement aérien pour les avions français et échangent du renseignement avec les Français. Même si la présence de soldats américains en Afrique est peu connue de l'opinion publique américaine, les Etats-Unis ont 6.000 hommes déployés dans 53 pays du continent, notamment au Tchad, en République démocratique du Congo, en Ethiopie, en Somalie, en Ouganda, au Rwanda et au Kenya.  Les effectifs des forces spéciales américaines varient fréquemment car leurs missions sont courtes mais, au moment des faits, 800 d'entre eux étaient déployés au Niger, ce qui en fait la force américaine la plus importante en Afrique. Malgré l'embuscade de début octobre, "notre intention est de continuer les opérations là-bas", a assuré le général Dunford.


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  •  Nouvelles négociations pour un sanctuaire marin

    Un pacte avait été signé en 2016 par plusieurs pays. La France et l'Australie veulent aujourd'hui étendre l'accord signé pour une autre zone.

    L'Australie et la France ont relancé le 16 octobre 2017 les efforts en vue de la création d'un vaste sanctuaire marin dans les eaux de l'Antarctique. Les deux pays espèrent capitaliser sur un accord historique forgé en 2016 pour une autre zone protégée.

    Les 25 membres de la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) sont réunis à Hobart, sur l'île australienne de Tasmanie, jusqu'au 27 octobre pour leur sommet annuel.

    En 2016, un consensus avait été trouvé pour la création du plus grand sanctuaire marin au monde, en mer de Ross, sur plus de 1,55 million de kilomètres carrés, soit une aire plus vaste que la France, l'Italie, le Benelux, l'Allemagne, la Suisse et l'Autriche réunis. Ce projet avait été présenté par la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.

    Un million de km2

    La CCAMLR n'était cependant pas parvenue à trouver un consensus sur un deuxième projet, présenté par la France et l'Australie, et portant sur une Aire marine protégée (AMP) couvrant un million de km2 dans l'est de l'Antarctique.

    «Décider cette année de la création d'une AMP dans l'est de l'Antarctique permettrait vraiment d'avancer vers l'objectif d'un réseau entier d'AMP en 2020», a déclaré Andrea Kavanagh, chargée de l'Antarctique au sein de l'ONG Pew Charitable Trusts.

    Les AMP sont, selon la définition de la CCAMLR, des zones marines dans lesquelles les ressources naturelles font l'objet d'une protection totale ou partielle.

    Protéger la biodiversité

    Elles ont pour objectif de protéger les espèces marines, la biodiversité, l'habitat, les secteurs d'alimentation et les nurseries et, dans certains cas, de préserver des sites historiques et culturels.

    Le projet de créer un réseau d'AMP dans l'océan Antarctique remonte à 2009. Mais les négociations en vue de sa création ont été laborieuses, en raison notamment des blocages de la Chine et de la Russie sur la question des droits de pêche.

    3e projet en discussion

    Un troisième projet avancé par l'Allemagne est également en discussion. Il porte sur la mer de Weddell. L'Argentine et le Chili devraient avancer un quatrième projet de 94'000 kilomètres carrés dans l'ouest de la péninsule Antarctique, dans le sud de l'arc du Scotia.

    L'océan Antarctique, qui représente 15% de la surface des océans, abrite des écosystèmes exceptionnels, riches de plus de 10'000 espèces uniques, en bonne partie préservés des activités humaines mais menacés par le développement de la pêche et de la navigation.

    La CCAMLR rassemble 24 Etats et l'Union européenne. Basée à Hobart, elle prend ses décisions par consensus.


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  • Violence

    Qui peut se douter que l’on recense plus de 400 conflits dans le monde, dont une grosse moitié ayant donné lieu à des affrontements violents ? L’Institut de recherche sur les conflits de Heidelberg (Allemagne) les recense.

    Par exemple, le Mozambique, le Congo, la Nouvelle-Guinée et la Birmanie sont en proie depuis des années à de violents affrontements.

    Au Mozambique, un conflit continu

    L’ancienne rébellion de la guerre civile mozambicaine (1976-1992, un million de morts), la Renamo (Résistance nationale mozambicaine), a repris le maquis dans le centre du pays en 2012. Elle exige un plus grand partage des richesses et du pouvoir alors que la Frelimo (Front de libération du Mozambique) dirige le Mozambique depuis l’indépendance en 1975. Plusieurs trêves ont été signées entre les deux camps mais les tensions et les conflits armés resurgissent régulièrement, comme à l’été 2015.

    Ce conflit a une coloration nettement sociale, opposant les inclus et les exclus du développement, le Frelimo accaparant les ressources du pays. Le leader de la Renamo, Afonso Dhlakama, a proclamé en décembre 2016 un cessez-le-feu après l’échec d’une médiation internationale. Au mois d’août, il a rencontré le président Filipe Nyusi dans les montagnes du Gorongosa, au centre, où il vit retranché depuis deux ans. Une autre rencontre est annoncée prochainement pour finaliser un futur accord.

    Souhaitant surtout ne pas inquiéter les investisseurs intéressés par l’immense potentiel gazier du pays, Maputo ne fait pas grande publicité sur cette crise. D’autant que le régime est secoué depuis 2016 par un scandale provoqué par l’achat pour 2 milliards de dollars de matériel militaire financé par un prêt caché aux députés et aux bailleurs de fonds.

    Il y a deux semaines, l’ONU a accusé le Mozambique d’acheter des armes à la Corée du Nord pour un montant de 6 millions de dollars, malgré l’embargo qui frappe Pyongyang.

    Au Congo-Brazzaville, la guerre du Pool

    À la suite de la réélection controversée de Denis Sassou N’Guesso, au mois de mars 2017, l’armée congolaise s’est déployée dans la région du Pool, un département du sud du Congo-Brazzaville. Officiellement, elle y pourchasse Frédéric Bintsamou, alias « pasteur Ntumi », l’ancien chef des « Ninjas ». Ce groupe armé avait déjà combattu dans le Pool entre 1998 et 2005. Après avoir déposé les armes, pasteur Ntumi avait pris des responsabilités politiques en 2007 auprès de Denis Sassou Nguesso.

    Accusé par le régime d’être le responsable des violences qui ont frappé Brazzaville le 5 avril 2016, faisant 17 morts, le rebelle s’est enfui dans le Pool rejoindre ses soutiens. Les deux camps s’affrontent, depuis, sans avoir les moyens de se vaincre. Des témoins et des ONG de défense des droits de l’homme accusent les troupes gouvernementales d’exactions et d’user de la force sans se préoccuper des civils (bombardements, hélicoptères d’attaque).

    Le comportement des rebelles est aussi dénoncé. Les journalistes ne sont pas autorisés à se rendre dans le Pool. Le Programme alimentaire mondial de l’ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations des droits de l’homme n’y ont pas accès.

    Plusieurs districts sont totalement isolés. Cette crise aurait fait 81 000 déplacés (soit le tiers de la population du Pool) et 138 000 personnes auraient besoin d’une aide humanitaire d’urgence, selon l’ONU.

    En Nouvelle-Guinée, la révolte des Papous

    L’Organisation pour une Papouasie libre (OPM) est un mouvement séparatiste de Papua, nom indonésien de la Nouvelle-Guinée occidentale, une entité rattachée à l’Indonésie en 1963 après avoir été hollandaise.

    En 1967, le gouvernement indonésien signe un contrat minier avec la société américaine Freeport. Celle-ci découvre en 1988 les troisièmes réserves les plus importantes au monde pour le cuivre et les deuxièmes pour l’or. Les revenus seront partagés avec le gouvernement central. De nombreux Papous se sentent victimes de discrimination. C’est dans ce contexte que l’OPM mène une guerre de basse intensité.

    En 2001, l’assassinat du leader indépendantiste Theys Eluay porte un coup dur à l’OPM. À partir de 2008, on assiste à une recrudescence des actes de guérilla contre l’armée indonésienne. Le 14 décembre 2011, la police indonésienne parvient à attaquer le quartier général d’une cellule de l’organisation, tuant 14 séparatistes. En 2014, l’action se porte sur le terrain politique. Les indépendantistes fondent un parti, le Mouvement uni pour la libération de la Papouasie occidentale. En 2011, un bilan fait état de 100 000 déplacés et de 150 000 à 400 000 tués depuis le début de l’insurrection dans les années 1960. L’accès du territoire est très difficile pour les étrangers, ce qui rend les observations quasi nulles.

    En Birmanie, des conflits persistants

    En Birmanie, la crise des Rohingyas est médiatisée, mais elle n’est pas la seule qui frappe ce pays. On note une persistance de conflits armés, avec des minorités ethniques dans le Nord et l’est du pays et les violations des droits de l’homme qui les accompagnent, notamment dans les États Shan et Kachin.

    Dans ces régions proches de la frontière chinoise, des combats se poursuivent depuis des décennies entre plusieurs guérillas ethniques et l’armée birmane. En 2011, par une attaque des postes de contrôle de l’Armée d’indépendance kachin (KIA), l’armée birmane mettait fin à dix-sept ans de cessez-le-feu dans la région. Depuis, la situation se dégrade. Dans l’État Kachin, plus de 86 000 personnes vivent dans 140 camps de déplacés internes, et 20 000 personnes se sont réfugiées en Chine. Dans le nord de l’État Shan, près de 12 000 déplacés habitent dans 42 camps.

    Depuis août 2016, les offensives de l’armée birmane se sont multipliées. La KIA a refusé de signer un accord de paix. Le 20 novembre dernier, l’Alliance du Nord – dont la KIA fait partie – a lancé une attaque contre les militaires. Les troupes armées gouvernementales ont utilisé de l’artillerie lourde et des avions de chasse. Ces combats ont provoqué des vagues de déplacement obligeant les populations civiles à vivre dans des situations précaires.


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  • Le «défenseur de Srebrenica» a été acquitté

    L'ancien chef de guerre bosniaque Naser Oric et son compagnon d'armes, Sabahudin Muhic, étaient accusés d'avoir assassiné trois Serbes.

    Le «défenseur de Srebrenica», Naser Oric, a été acquitté lundi par un tribunal de Sarajevo d'accusations de crimes de guerre contre des Serbes lorsqu'il défendait l'enclave musulmane lors de la guerre de 1992-95.

    Désormais âgé de 50 ans, il a écouté le juge Saban Maksumic le déclarer innocent de l'assassinat de trois prisonniers serbes dans les alentours de Srebrenica. L'acquittement a également été prononcé pour Sabahudin Muhic, 49 ans, son frère d'armes pendant le conflit intercommunautaire.

    Ce verdict était très attendu pour des raisons opposées par les Bosniaques musulmans comme par les Serbes.

    Pour les premiers, Oric est le «héros» de la défense de l'enclave de Bosnie orientale, qui a tenu le siège imposé par les forces serbes jusqu'à la chute de juillet 1995.

    En quelques jours, les forces du «boucher des Balkans», Ratko Mladic, y avaient alors massacré 8000 hommes et adolescents bosniaques, un crime qualifié d'acte de génocide par la justice internationale.

    Pour les Serbes, qu'ils soient de Bosnie ou de Serbie voisine, Oric est un «assassin» qui a mené de 1992 à 1995 des attaques contre des villages serbes des alentours de Srebrenica, y commettant des crimes contre des civils et des prisonniers.

    Partialité

    Des associations de victimes estiment que 2.428 civils et militaires serbes ont été tués dans cette zone durant le conflit.

    Arrêté une première fois en 2003 et jugé pour ces crimes devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), à La Haye, Oric avait d'abord été condamné à deux ans de prison, pour ne pas avoir empêché meurtres et mauvais traitements.

    Mais il avait été acquitté en appel en 2008, le TPIY accordant d'importantes circonstances atténuantes à ce commandant inexpérimenté, désigné à ce poste à 25 ans. Le tribunal avait insisté sur les conditions de vie difficiles des milliers de Bosniaques réfugiés à Srebrenica après le début de l'offensive serbe en 1992.

    Son acquittement avait indigné Belgrade. Des responsables politiques et associations serbes avaient alors accusé le TPIY de «partialité».

    La justice serbe a émis en 2014 un mandat d'arrêt international contre Oric, l'accusant d'avoir mené «plusieurs attaques contre des villages serbes de la région de Srebrenica, afin de les vider de leur population serbe par l'intimidation, la torture et le meurtre».

    La Suisse l'avait arrêté un an plus tard, mais avait refusé de le remettre à la Serbie, après une vive bataille diplomatique entre Sarajevo et Belgrade. Les autorités bosniennes s'étaient alors engagées à le juger à Sarajevo.

    Le procès a débuté en janvier 2016. Oric et Muhic étaient accusés d'avoir assassiné trois Serbes, hors combat, entre juillet et décembre 1992.

    La pression de Belgrade

    Des témoins, dont un ancien soldat bosniaque qui a témoigné sous couvert d'anonymat, avaient affirmé qu'Oric avait égorgé une de ces trois victimes en juillet 1992. Ce que l'intéressé niait.

    Vinko Lale, président d'une association de prisonniers de guerre serbes, ne croyait guère en ce procès, «une farce, comme celui de la Haye». «Prendre seulement trois cas sur plus de 2.000 morts dans cette région est vraiment tragi-comique», dit-il.

    Kada Hotic, vice-présidente d'une association des mères de Srebrenica, dont des proches ont été tués dans le massacre de 1995, déplorait qu'en décidant de juger Oric, la justice bosnienne avait «cédé à la pression». Elle dénonce la volonté de Belgrade «d'équilibrer entre les deux communautés la responsabilité pour des crimes de guerre».

    Selon des associations serbes, aucun Bosniaque n'a à ce jour été condamné pour des crimes commis contre des Serbes dans la région de Srebrenica.

    Trois autres anciens soldats bosniaques sont jugés depuis avril 2016 à Sarajevo pour l'assassinat et la disparition d'une dizaine de prisonniers de guerre serbes de Srebrenica en juillet 1992.


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  • A Malte, une prise de conscience pour lutter contre la mer de plastique

    Les océans compteront bientôt plus de détritus en plastique que de poissons. Etats et entreprises prennent des engagements.

    Le temps de lire cette phrase, plus d’une demi-tonne de plastique aura été déversée dans la mer. A ce rythme – 400 kilos par seconde – «d’ici à 2050, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons», a averti Federica Mogherini, à Malte, jeudi 5 octobre 2017. La cheffe de la diplomatie européenne donnait le coup d’envoi de la quatrième conférence internationale «Our Ocean» («Notre Océan»), organisée par l’Union sur la gouvernance des espaces maritimes.

    Pendant deux jours, politiques, scientifiques et militants écologistes ont dressé un bilan désastreux de l’état des océans, pointant notamment le problème du plastique. Impossible à éliminer par la nature, il s’y accumule partout, y compris dans les êtres vivants. «Nous sommes vraiment proches d’arriver au point où quel que soit le poisson pêché en mer que vous mangez, il contiendra du plastique», a alerté le prince Charles, personnellement très engagé sur les questions environnementales.

    29 substances toxiques dans le sang

    Les hommes ne sont pas épargnés: Emily Penn, jeune militante de l’ONG eXXpedition, a fait tester son sang. Des traces de 29 substances toxiques interdites par l’ONU, sur les 35 recherchées, y ont été trouvées. Elle les attribue notamment au plastique. La célèbre océanographe Sylvia Earle (vue dans le documentaire Mission Blue en 2014), s’est alarmée que «même la haute mer soit menacée par nos actions», rappelant par exemple que 90% des requins ont disparu.

    L’économie circulaire est la principale solution envisagée à Malte. Plutôt que de fabriquer des objets, les utiliser, parfois pour quelques secondes seulement, puis les jeter, il faut produire des objets réutilisables et recyclables, ce qui limite à la fois le gâchis de matières premières et la pollution. C’est l’objectif de la fondation de la navigatrice Ellen MacArthur. Elle a convaincu plusieurs multinationales d’agir en ce sens: The Coca-Cola Company (qui produit 100 milliards de bouteilles en plastique chaque année, selon Greenpeace), PepsiCo, Marks Spencer, Unilever, Mars et Werner Mertz se sont engagés jeudi à utiliser uniquement des emballages «recyclables, réutilisables ou compostables d’ici à 2025 au plus tard».

    Efforts de transparence

    Encore faut-il que le plastique soit recyclé: moins de 30% des déchets collectés le sont effectivement dans l’Union européenne. En effet, il n’y a pas une, mais des matières plastiques, pas toutes recyclables et souvent mélangées dans un même emballage. Pour essayer de remédier à ce casse-tête, Unilever promet de publier la liste des composants utilisés pour conditionner ses produits d’ici à 2020.

    Un effort a également été consenti par les industriels du secteur. Le chimiste Borealis AG (plus de 1000 milliards de bénéfices en 2016) doit investir 19 millions d’euros (21,8 millions de francs) dans des projets liés au recyclage. Côté logistique, le groupe a également promis de ne plus perdre dans la nature les billes de plastique qui servent de base à ses produits – très petites, elles sont difficiles à récupérer et facilement ingérées par les poissons. Quant au géant américain Dow Chemical Company, dont les bénéfices se comptent aussi en milliards, il a promis de mettre sur la table… 128 000 euros (147 000 francs). De nombreux autres fonds de recherches ont été annoncés lors de la conférence, pour plusieurs dizaines de millions de francs.

    Gobelets en plastique dans le collimateur de l'UE

    L’Union européenne s’est engagée à ne plus utiliser de gobelets en plastique dans l’ensemble de ses locaux et réunions dès la fin de cette année. Le groupe de médias Sky a fait la même promesse. En France, les cotons-tiges, la vaisselle à usage unique et les cosmétiques qui contiennent des microbilles en plastique, présentes par exemple dans les exfoliants, seront interdits entre 2018 et 2020.

    Mais, a conclu Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne, «notre principal défi n’est pas la technologie ou l’argent […], c’est la connaissance, le changement collectif des comportements et la gouvernance». Autrement dit, aux citoyens la responsabilité d’arrêter de consommer du plastique – car, insiste Frans Timmermans, «les industriels nous disent que ce sont les consommateurs qui leur réclament des bouteilles en plastique aux couleurs vives. N’importe quoi!»


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