• Le budget militaire 2016 en hausse de 7 à 8% en Chine

    Cette augmentation confirme la montée en puissance militaire du pays.

    Le budget chinois de la Défense devrait augmenter «de 7 à 8%» cette année, a annoncé vendredi une haute responsable du Parlement, nouvelle hausse témoignant de la montée en puissance militaire de la Chine.

    Cette estimation de croissance, moins importante que l'an passé (10,1%), a été avancée par Mme Fu Ying, porte-parole de l'Assemblée nationale populaire (ANP), chambre d'enregistrement législative du régime communiste.

    Le montant précis sera officiellement annoncé samedi, lors de l'ouverture de l'ANP, a précisé la responsable.

    Le chiffre représente un ralentissement après plusieurs années de croissance à deux chiffres, qui avaient porté le budget 2015 à 886,9 milliards de yuans (141,4 milliards de dollars à l'époque, soit 140,3 milliards de francs).

    De nombreux analystes estiment cependant que le budget réel est bien plus important que celui officiellement annoncé.


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  • Les budgets de défense en hausse dans le monde

    Pour 2015, les dépenses globales atteignent quelque 1650 milliards de dollars.

    Les budgets de défense repartent à la hausse dans le monde, notamment en Chine et en Russie. «Les dépenses mondiales en matière de défense devraient croître de 1650 milliards de dollars en 2015 à 1680 en 2016», affirme l'institut spécialisé Jane's dans un rapport diffusé jeudi. Il couvre 104 pays et représente 99% des dépenses mondiales liées à la défense.

    Ces dépenses reculent aux Etats-Unis, qui conservent néanmoins leur place de numéro un dans le monde, avec 595 milliards de dollars en 2015 contre 624 en 2014. Mais s'ils demeurent de très loin la première puissance militaire mondiale, c'est «la région Asie-Pacifique (qui) va être la force motrice de la croissance mondiale des budgets de défense au cours des cinq prochaines années», assure l'institut d'étude stratégique.

    La Chine

    La Chine est le deuxième plus grand pays en terme de budget de défense, avec 190 milliards de dollars en 2015 ( 9% par rapport aux 175 milliards de 2014), devant le Japon (49 milliards en 2015, soit le 7e rang mondial). L'Europe, à la traîne ces dernières années avec un recul de 1,3% par an depuis 2010, donne des signes de stabilisation, notamment en raison de la crise ukrainienne.

    «Cette année (2015) était une nouvelle année de stabilité des dépenses liées à la défense, mais nous entrons à présent dans une période de croissance», souligne Fenella McGerty, analyste chez IHS.

    Le Royaume-Uni ou la France, respectivement troisième et quatrième mondiaux, sont stables avec 66 et 56 milliards de dollars. En revanche, la Pologne ou l'Ukraine connaissent des augmentations de près de 22 et près de 70% respectivement.

    Forte progression en Russie

    Quant à la Russie, elle a augmenté de plus de 21% ses dépenses militaires en 2015. Elles est passée du huitième rang mondial l'an dernier avec 44,6 milliards de dollars au cinquième rang en 2015 avec plus de 54 milliards.

    En dépit des conflits qui l'embrasent, le Moyen-Orient est la région qui enregistre les reculs les plus importants, en raison notamment de la baisse du prix du pétrole.


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  • Le nombre de civils tués par drones serait sous-estimé

    Le site d'investigation The Intercept publie des documents secrets fournis par un agent du renseignement américain.

    Les pertes civiles liées aux frappes de drones américaines visant des extrémistes sur plusieurs terrains d'opérations sont sous-estimées par l'administration américaine, estime le site d'investigation The Intercept. Dans un dossier intitulé «La machine à tuer», The Intercept publie une série de documents secrets, qui lui ont été remis par un professionnel du renseignement américain.

    Ces documents montrent entre autres que lors d'une Opération Haymaker, dans le nord-est de l'Afghanistan entre janvier 2012 et février 2013, les frappes de drones des forces spéciales américaines ont tué plus de 200 personnes, dont seulement 35 étaient les cibles visées.

    «Ennemis tués au combat»

    Sur une sous-période de cinq mois pendant cette opération, 90% des personnes tuées n'étaient pas des personnes visées, selon The Intercept. Les documents montrent aussi que les militaires américains ont désigné ces victimes dans leurs statistiques comme des «ennemis tués au combat».

    Cette manière de désigner toutes les victimes masculines comme des combattants, sauf preuve du contraire, est «folle», selon le professionnel du renseignement cité par The Intercept. «Mais nous nous sommes habitués à cela. Les agences de renseignement, le JSOC (forces spéciales américaines procédant aux frappes), la CIA (qui effectue aussi des frappes de drones), et tous ceux qui aident et soutiennent ces programmes, ils n'ont pas de problème avec ça».

    Précautions

    Interrogé jeudi sur l'enquête de The Intercept, le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest a estimé que le président Obama tentait d'être «aussi transparent que possible sur les opérations antiterroristes» dans le monde.

    «Et le fait que ces opérations vont très loin pour éviter les victimes civiles», a-t-il ajouté, «c'est un contraste assez saisissant avec des organisations comme les talibans qui clairement mènent des opérations contre des civils innocents, dans une stratégie coordonnée pour fomenter la violence et les troubles».

    Procédure d'élimination

    Dans son enquête foisonnante, The Intercept détaille également les rouages du processus de décision de la machine bureaucratique, avant une élimination par drone. Le site présente ainsi les «cartes de base-ball» créées par les professionnels du renseignement, sur le modèle des cartes que s'échangent les passionnés de sport sur leurs joueurs préférés.

    Un portrait de la cible, la menace qu'elle représente pour les Etats-Unis, ses liens avec d'autres extrémistes, tout est cela combiné à des renseignements opérationnels dans un dossier qui voyagera jusqu'au bureau du président Obama, pour qu'il donne son feu vert à la frappe.

    Une fois lancé, le processus d'autorisation par le président prend en moyenne 58 jours, selon le document cité par The Intercept. Le feu vert est ensuite valable pour 60 jours.


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  • Nagasaki : 70 ans après la tragédie, Ban Ki-moon appelle à éradiquer les armes nucléaires

    9 août 2015 – Alors que le Japon commémore le 70ème anniversaire du bombardement atomique de la ville de Nagasaki durant la Seconde Guerre mondiale, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rendu hommage dimanche aux victimes et survivants de cette tragédie, tout en réaffirmant sa vision d'un monde exempt d'armes nucléaires.

    Lors d'une cérémonie commémorative qui avait lieu à Nagasaki, le Secrétaire général a déclaré, dans un message lu par le Haut-Représentant par intérim des Nation Unies pour les affaires de désarmement, Kim Won-soo, que les conséquences humanitaires des armes nucléaires sont trop importantes pour tolérer leur existence.

    « Les habitants de cette ville sont porteurs d'un message fort pour le monde : Nagasaki doit être la dernière », a déclaré M. Ban dans ce message, en référence au bombardement atomique de la ville japonaise, le 9 août 1945, dans la foulée de celui d'Hiroshima, le 6 août.

    Le chef de l'ONU a par ailleurs rappelé que son engagement personnel en faveur de l'éradication des armes nucléaires avait été renforcé lors de sa visite à Nagasaki.

    « Quand je me suis rendu dans votre ville il y a de cela cinq, le courage de ses habitants a été une profonde source d'inspiration pour moi », s'est remémoré M. Ban, tout en rendant hommage à la bravoure des Hibakushas (mot japonais désignant les survivants des bombardements atomiques).

    « Ces survivants présentent le visage humain de cette tragédie d'origine humaine, qui ne reculent devant rien pour plaider en faveur d'un avenir meilleur », a salué le Secrétaire général.

    Alors que la moyenne d'âge des Hibakushas est désormais de 80 ans, M. Ban a dit ressentir l'urgence croissante d'honorer leur mémoire en débarrassant enfin le monde des armes nucléaires.

    « Je me joins à vous pour pousser ce cri de ralliement mondial : jamais plus de Nagasaki. Jamais plus de Hiroshima », a déclaré le Secrétaire général, tout en affirmant qu'il travaille activement à l'élimination des armes nucléaires dans le monde.


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  • Nagasaki se souvient de la deuxième Bombe atomique, le 9 août 1945

    Trois jours après Hiroshima, Nagasaki commémorait dimanche 9 août l’attaque nucléaire qui a anéanti cette ville de l’ouest du Japon et tué environ 74 000 personnes il y a 70 ans.

    Le 9 août 1945, à 11 h 02, l’explosion de la Bombe A détruisit 80 % des bâtiments de Nagasaki, dont sa célèbre cathédrale d’Urakami. À la même heure exactement dimanche (02 h 02 GMT), les habitants de la ville ont observé une minute de silence tandis que les cloches retentissaient dans tout Nagasaki, ancien comptoir d’échanges commerciaux entre le Japon et l’étranger et cité connue pour son importante communauté chrétienne.

    Baptisé « Fat Man », l’engin destructeur au plutonium était initialement destiné à être largué sur la ville de Kokura (nord de Nagasaki), où se trouvait une importante usine d’armement. Mais des conditions météorologiques défavorables ont forcé le bombardier américain B-29 à changer de cible.

    Trois jours plus tôt, une première bombe atomique, « Little Boy », avait fait 140 000 morts à Hiroshima (ouest). Ces deux bombardements américains allaient précipiter la capitulation du Japon le 15 août 1945 et la fin de la Guerre du Pacifique.

    « Réfléchissez à ce que vous-mêmes pouvez faire pour la paix »

    « Je lance un appel aux jeunes : écoutez la parole des anciens et réfléchissez à ce que vous-mêmes pouvez faire pour la paix », a déclaré le maire de Nagasaki, Tomihisa Taue, devant une foule de 6 700 personnes, dont le premier ministre japonais Shinzo Abe et l’ambassadrice des États-Unis au Japon Caroline Kennedy parmi les représentants de 75 pays.

    Et le maire d’inviter « le président américain (Barack) Obama et les représentants de tous les pays possédant l’arme nucléaire » à venir à Nagasaki.

    Alors que l’âge moyen des « hibakusha » (victimes survivantes de la bombe) a dépassé 80 ans, l’un d'eux, Sumiteru Taniguchi, 86 ans, a prié pour un Japon préservant à jamais le principe de renoncement à la guerre inscrit dans la constitution pacifiste du pays.

    Le Japon, « meneur du mouvement mondial contre les armes nucléaires »

    Les cités meurtries de Hiroshima et Nagasaki s’efforcent à travers ces cérémonies et des campagnes récurrentes contre les armes nucléaires de perpétuer le souvenir de ces désastres, même si les survivants de ces deux attaques disparaissent au fil des ans.

    Comme à Hiroshima jeudi dernier, le premier ministre japonais Shinzo Abe a réitéré la volonté du Japon de militer en faveur de l’abolition des armes nucléaires et de la non-prolifération.

    « Je renouvelle la volonté du Japon, en tant que seul pays frappé par la bombe atomique, d’être un meneur du mouvement mondial contre les armes nucléaires », a-t-il déclaré, énumérant les rendez-vous internationaux au cours desquels il promet de s’employer à transmettre ce message.

    «Un tragique évènement suscitant l'horreur et la répulsion» selon le pape

    Face à la foule rassemblée sous un soleil de plomb place Saint-Pierre, le pape  François a affirmé que les explosions de la Bombe A sur Hiroshima, le 6 août 1945, et sur Nagasaki, le 9 août suivant, constituaient un «tragique évènement suscitant encore aujourd'hui l'horreur et la répulsion».

    Cet événement est devenu «le symbole du pouvoir démesuré de destruction de l'homme quand celui-ci fait un usage erroné des progrès de la science et des techniques», a affirmé le pape lors de sa traditionnelle prière de l'Angélus.


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  • 7 août 2015 – Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution dans laquelle il décide de créer un mécanisme d'enquête permettant d'identifier les responsables de l'utilisation d'armes chimiques, y compris le chlore, en Syrie.

    Dans cette résolution présentée par les Etats-Unis, le Conseil condamne à nouveau « avec la plus grande fermeté toute utilisation comme arme, en République arabe syrienne, de quelque produit chimique toxique que ce soit, y compris le chlore ».

    Le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de l'ONU en coordination avec le Directeur général de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), de lui soumettre, pour autorisation, 20 jours après l'adoption de cette résolution, des recommandations concernant la création d'un mécanisme d'enquête conjoint OIAC-ONU chargé d'identifier les responsables de l'utilisation d'armes chimiques, tel que le chlore, en Syrie.

    Les membres du Conseil ont souhaité que le Mécanisme soit constitué et devienne pleinement opérationnel le plus tôt possible une fois que sa création aura été autorisée. La résolution insiste notamment sur le « recrutement d'un personnel impartial et expérimenté justifiant des compétences et des connaissances spécialisées voulues ». Le Mécanisme sera créé pour une période d'un an, avec possibilité de prorogation si nécessaire.

    Le Conseil de sécurité a également souligné que la Syrie et toutes les parties en Syrie sont tenues de coopérer avec l'OIAC et sa Mission d'établissement des faits, avec le Secrétaire général de l'ONU et le Mécanisme d'enquête conjoint et que cette coopération consiste notamment à accorder un accès illimité à tous les lieux, individus et matériels de la Syrie que le Mécanisme d'enquête conjoint juge utiles à l'enquête.

    Le Conseil a demandé à tous les autres Etats de coopérer sans réserve avec le Mécanisme d'enquête conjoint et de lui fournir toutes informations pertinentes dont ils pourraient disposer.

    Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a salué l'adoption de cette résolution, alors que « des allégations récurrentes concernant l'utilisation de produits chimiques toxiques comme armes en Syrie suscitent une préoccupation croissante de la communauté internationale », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

    « Le Secrétaire général est prêt à soutenir pleinement et à mettre en œuvre le mandat accordé par la résolution. Il a l'intention de fournir ses recommandations pour l'application de cette résolution du Conseil de sécurité en temps voulu », a-t-il ajouté.

    Selon le chef de l'ONU, il s'agira « d'une mission très difficile. La situation dangereuse en matière de sécurité à l'intérieur du pays aura certainement un impact sur les activités de la mission ».

    « La pleine coopération de toutes les parties, dont le gouvernement de la République arabe syrienne, sera indispensable. Le processus nécessitera une fois de plus l'implication active de la communauté internationale », a-t-il ajouté.


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  • L'ONU cherche à mieux réguler le commerce des armes légères et de petit calibre

    13 mai 2015 – Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur les armes légères et de petit calibre, deux hauts responsables de l'Organisation ont souligné mercredi les conséquences dévastatrices du commerce, illicite ou non, de telles armes et ont réaffirmé l'importance des traités internationaux pour le réguler.

    « Au cours de la dernière décennie, le monde a été le théâtre de plus de 250 conflits. Bien qu'il n'y en ait pas un de semblable, l'accès généralisé aux armes légères et de petit calibre et à leurs munitions est un trait commun à tous », a déclaré au Conseil le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, déplorant le fait que 50.000 civils périssent chaque année des suites de ce fléau.

    M. Ban a cependant salué la récente entrée en vigueur du Traité sur le commerce des armes, qui a permis selon lui de jeter les bases d'un cadre global pour contrôler le transfert des armes, y compris des armes légères et de petit calibre.

    Prenant acte de cette avancée, le Secrétaire général a insisté sur deux éléments clés pour relever le défi mondial présenté par les armes légères et de petit calibre.

    « Tout d'abord, nous devons nous assurer que l'utilisation des armes et des munitions par les forces de sécurité nationales soit conforme aux engagements [des gouvernements] en vertu des traités et instruments globaux », a dit M. Ban, soulignant notamment la nécessité de garantir le stockage approprié et sécurisé des armes.

    « En second lieu, nous avons besoin de mesures supplémentaires pour combattre la prolifération des armes illicites », a-t-il ajouté, mentionnant l'importance de faire respecter les embargos sur les armes, mais aussi de renforcer les Missions de l'ONU visant à identifier, suivre et gérer les stocks d'armes et de munitions.

    S'exprimant également devant le Conseil, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a pointé du doigt l'incapacité de la communauté internationale à contrôler plus efficacement le commerce des armes légères et de petit calibre, au-delà des simples déclarations d'intention.

    « La raison est plus qu'évidente : le commerce des armes légères représente un marché de plusieurs millions de dollars », a déclaré M. Zeid, soulignant les conséquences désastreuses des armes légères et de petit calibre, non seulement pour les populations qui en sont directement victimes, mais aussi en termes de destruction des économies locales et de rupture des liens sociaux.

    Le Haut-Commissaire a par conséquent appelé le Conseil de sécurité à continuer de soutenir le Traité sur le commerce des armes et à renforcer les capacités de mise en œuvre régionales et nationales du Traité, notamment par le biais de Missions onusiennes dédiées.

    En outre, M. Zeid a exhorté les membres du Conseil à conditionner systématiquement l'achat d'armes légères par les Etats à l'acceptation du déploiement d'une équipe de surveillance des droits de l'homme mandatée par l'ONU, une demande déjà formulée auprès du Conseil par sa prédécesseur, Navi Pillay.


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  • De l’Yser à la Syrie, le chlore continue à tuer

    Le 22 avril 1915, près de Langemark-Poelkapelle en Belgique, l’armée allemande lâchait dans l’atmosphère 168 tonnes de chlore réparties dans des bonbonnes. Le vent poussa le nuage gris-vert vers les tranchées alliées. Les soldats français, originaires de Martinique, s’enfuirent. Et avec raison : le chlore, un agent irritant puissant, pouvait tuer à fortes doses. L’Entente protesta que l’utilisation du chlore allait à l’encontre des lois internationales.

    Cent ans après, tout recommence en Syrie.

    Le Conseil de sécurité de l’Onu a entendu jeudi soir à New York, à huis clos, le témoignage de deux médecins syriens. L’un deux a décrit comment ils avaient soigné les victimes d’une attaque présumée au gaz de chlore, le 16 mars, dans le village de Sarmin, au nord-est de son pays.

    Certains membres du Conseil de sécurité "pleuraient, d’autres étaient scandalisés", explique le Dr Saher Sahloul, président de l’Association médicale américano-syrienne. Une vidéo montrant les efforts désespérés des médecins pour sauver trois enfants et leurs parents a particulièrement ému, selon la BBC.

    L’attaque au gaz contre le village de Sarmin a fait six morts et intoxiqué des dizaines de personnes au bord de l’asphyxie. "Celles dans un état grave, une vingtaine, étaient agitées. Elles avaient de la mousse sanglante dans la bouche et des irritations cutanées", avait indiqué Médecins sans frontières (MSF) dès le 18 mars, en citant l’un des médecins de l’hôpital de Sarmin. "Les éléments décrits par les médecins de l’hôpital permettent d’affirmer la responsabilité du chlore dans le tableau clinique que présentaient les victimes. Il n’y a en outre pas de signes évocateurs d’une autre classe de produits toxiques", ajoutait MSF.

    Selon l’organisation Human Rights Watch (HRW), entre le 16 et le 31 mars, des hélicoptères du gouvernement syrien ont lancé à six reprises dans la région d’Idlib des barils contenant des "agents chimiques" d’après les habitants. Ces barils renfermaient des bonbonnes de gaz, avec l’agent irritant. "Toutes les attaques ont eu lieu dans des zones tenues par les rebelles et dans le contexte des combats pour la prise d’Idlib", précise HRW. La grande ville d’Idlib est finalement tombée aux mains du Front Al-Nosra le 28 mars.

    Pour la plupart des ONG et le gouvernement américain, il n’y a pas de doutes que ce sont des hélicoptères de l’armée syrienne qui ont procédé à ces largages. Les rebelles ne disposent pas d’hélicoptères ni d’avions.

    L’arme chimique, un casus belli

    Après l’attaque au gaz sarin qui avait fait plusieurs centaines de morts le 21 août 2013 à Damas, la Syrie a démantelé son arsenal chimique. Damas dément utiliser du chlore et son président, Bachar al Assad, accuse à son tour la "propagande malveillante" contre la Syrie. "Le chlore n’est pas un gaz de combat. Tout le monde peut s’en procurer partout", a dit le numéro un syrien dans une interview à la chaîne de télévision CBS. Barack Obama et David Cameron avaient failli lancer des frappes aériennes contre Damas à la suite de l’attaque au gaz sarin de l’été 2013 - avant d’y renoncer à la dernière minute.

    Les habitants d’Alep alarmés

    La chute d’Idlib , au nord-ouest de la Syrie, tombée aux mains du Front Al-Nosra le 28 mars, tétanise les habitants d’Alep, dont les chrétiens. Ils craignent que le même sort arrive à leur ville et veulent fuir avant que l’armée syrienne et les rebelles ne lancent une campagne de bombardements.

    Le patriarche gréco-melkite Grégoire III déclare que toutes les voies de fuite sont fermées, sauf une route vers le sud contrôlée par l’armée syrienne. "Un demi-million de civils sont piégés", écrit-il le 16 avril.


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  • La guérilla colombienne s’est engagée, dans le cadre des négociations de paix en cours, à aider le pouvoir à retirer les mines antipersonnel qu’elle utilise pour se protéger.

    La Colombie est, après l’Afghanistan, le pays où ces explosifs font le plus de victimes.

    La salle où l’armée colombienne reçoit les victimes de ces dernières années de conflit bruisse de conversations. Un homme d’une quarantaine d’années déplie le journal du 28 mai 2007. Sur la photo jaunie au centre de la page, quatre soldats portent un blessé. « J’ai sauté sur la mine ce jour-là », explique-t-il. Sur une autre image, il montre son corps criblé d’éclats.

    Huit ans plus tard, les cicatrices cachées sous la chemisette blanche se sont estompées, mais les séquelles restent. « Je suis sourd de l’oreille droite », explique-t-il. « Et encore, il a eu de la chance », soupire le sergent Yolanda Moreno qui aide les familles de militaires.

    Amputation d’une jambe, des deux bras, cécité, parfois tout cela à la fois sur un seul corps : la liste des blessures énumérées par les patients paraît ne jamais devoir se terminer. Et les récits de familles décimées, d’enfants aux membres arrachés par les explosions, restés des heures sur les chemins à attendre les secours, sont légion.

    11 000 victimes de mines antipersonnel

    La Colombie est, après l’Afghanistan, le pays où ces explosifs font le plus de victimes. Elle a recensé 11 000 victimes de mines antipersonnel ces vingt-cinq dernières années, 62 % sont des soldats tombés près des bases de la guérilla et des civils vivant dans les régions où opèrent les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et l’Armée de libération nationale (ELN). « Les mines sont des soldats parfaits, lance, amer, un jeune homme amputé d’une jambe. Pas besoin de les nourrir, et toujours prêts à combattre… »

    Même des années après : selon l’Observatoire des mines, ces explosifs non conventionnels seraient présents dans 30 des 32 départements colombiens. Parfois, les combats s’y sont tus depuis longtemps mais des détonations dans les montagnes rappellent que le sol est resté « contaminé ».

    Ce cauchemar devrait s’arrêter. Mi-mars, les Farc, engagées depuis fin 2012 dans des négociations de paix avec le pouvoir, ont promis d’aider les autorités à déminer leurs zones d’influence. Le nettoyage commencera en mai, sous l’égide de l’ONG Aide populaire norvégienne (APN). Un guérillero désigné par les négociateurs indiquera aux équipes les endroits minés.

    L’armée colombienne avait déjà commencé ce travail, seule, puis avec l’aide de l’ONG britannique The Halo Trust il y a quelques années. Certaines zones de la région de Medellin ont été déclarées « libres de mines antipersonnel », après un travail de fourmi.

    À la différence de l’Afghanistan, en Colombie la végétation luxuriante et la géographie montagneuse obligent les équipes à travailler au ras du sol, mètre par mètre. Enfin, souligne le pouvoir, alors que ce déminage « humanitaire » avançait sur les chemins et autour des écoles, la guérilla continuait à semer ses explosifs un peu plus loin. À ce rythme, la décontamination de tout le pays était une chimère.

    L’aide des guérilleros a redonné espoir aux départements les plus touchés. Le coût du déminage est estimé à 300 millions de dollars. Il pourrait s’achever en 2025, selon le gouvernement. Les dernières déclarations de la guérilla, la semaine dernière, ont cependant refroidi l’enthousiasme initial. « Nous choisirons trois ou quatre zones où les civils sont exposés. Mais, tant qu’un cessez-le-feu bilatéral n’est pas signé, nos troupes doivent continuer à se défendre dans la jungle », a déclaré le commandant Rodrigo Granda à La Havane.

    Une tâche titanesque

    Autrement dit, à ce stade des pourparlers, les rebelles ne renonceront pas aux mines dans les zones de confrontation avec l’armée. Autre bémol, soulevé par le guérillero : ses hommes ne savent pas toujours où se trouvent les explosifs. Certains commandants locaux, qui les avaient posés, sont morts ; les crues des rivières ont pu les déplacer.

    Les cartes actuelles sont d’ailleurs imprécises. « J’ai consulté celle de mon secteur, expliquait cette semaine une médiatrice du nord du pays, et selon les croquis je suis passée avec les villageois une centaine de fois sur un champ de mines ! Elles doivent être ailleurs… »

    L’anecdote laisse entrevoir l’ampleur de la tâche. Pendant ce temps les mines antipersonnel continuent à tuer. Le 13 mars, deux frères de 9 et 10 ans ont été fauchés dans le sud de la Colombie en rentrant de l’école. Le président Juan Manuel Santos en est persuadé : « Ces morts nous montrent l’importance de l’accord passé avec les Farc. »

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    50 ans de guérilla des Farc

    Mai 1964. Création des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), guérilla marxiste-léniniste, à la suite de la répression d’une insurrection paysanne.

    Début des années 1980. Premières négociations de paix. Création de l’Union patriotique (UP), vitrine politique des Farc, dont le candidat à la présidentielle sera assassiné en 1987 durant une vague de répression de milices paramilitaires. Fin du processus.

    1998-2002. Le président Andres Pastrana accepte de démilitariser une zone de 42 000 km2 pour négocier avec les Farc. Après l’échec des négociations, les Farc multiplient les enlèvements de militaires, policiers ou personnalités.

    7 août 2002. Attentat des Farc qui fait 21 morts contre le palais présidentiel lors de l’investiture du président conservateur Alvaro Uribe. Il promet de détruire militairement la guérilla.

    18 octobre 2012. Après des contacts secrets, le gouvernement de Juan Manuel Santos et les Farc lancent symboliquement à Oslo l’ouverture d’un nouveau dialogue.

    26 mai 2013. Accord sur un premier point, les réformes agraires.

    18 décembre 2014. Les Farc proclament un « cessez-le-feu unilatéral indéfini ».

    11 mars 2015. Le président Santos annonce la suspension pendant un mois des bombardements contre les Farc.


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  • Cent ans après Ypres, l'ONU appelle à débarrasser le monde des armes chimiques

    29 avril 2015 – A l'occasion de la Journée du souvenir dédiée à toutes les victimes de la guerre chimique, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a rappelé mercredi l'importance de cette commémoration en cette année du centième anniversaire de la première utilisation d'armes chimiques à grande échelle dans un conflit.

    « En cette Journée du souvenir, ne nous contentons pas de rappeler les événements passés, mais façonnons un nouvel avenir en renouvelant notre engagement commun à débarrasser le monde des armes chimiques et de toutes les autres armes de destruction massive », a dit M. Ban dans un message.

    Au cours de la Première Guerre mondiale, l'armée allemande a, pour la première fois, utilisé massivement des armes chimiques, du chlore, contre ses adversaires à Ypres, en Belgique, le 22 avril 1915.

    « Les événements survenus à Ypres en 1915 devraient être un lointain souvenir, mais l'effrayante vérité est que nous continuons aujourd'hui de lutter contre les effets inhumains des armes chimiques, qui frappent sans discrimination. Cent ans après que du chlore gazeux a été utilisé comme arme de guerre à Ypres, des armes atroces de ce type continuent de menacer l'humanité », a dit le chef de l'ONU.

    Pour lui, il est inadmissible que 90 ans après l'adoption du Protocole de Genève de 1925 et près de 20 ans après l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques, la liste des victimes dont on pleure la perte en cette Journée du souvenir continue de s'allonger.

    Selon le Secrétaire général, les efforts réalisés récemment par la communauté internationale pour débarrasser la Syrie de son programme d'armes chimiques ont clairement montré de quoi les pays étaient capables lorsqu'ils unissaient leurs forces. Mais il s'est dit inquiet des informations les plus récentes faisant état de l'utilisation persistante de produits chimiques toxiques comme armes dans le conflit syrien.

    « Je condamne énergiquement toute utilisation de tels produits à ces fins, de quelque partie au conflit qu'elle émane. Je demande que les auteurs de tels actes soient traduits en justice, et je réaffirme que l'utilisation d'armes chimiques, quelles que soient les circonstances, constitue une violation grave du Protocole de 1925 et d'autres règles du droit international coutumier applicables », a dit M. Ban.

    Le chef de l'ONU a une nouvelle fois insisté sur l'importance de la Convention sur les armes chimiques et exhorté les quelques pays qui n'y ont pas encore adhéré à le faire sans plus attendre.


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