• Onze ans après, les accusés acquittés pour le naufrage du Prestige

    MADRID - Onze ans jour pour jour après le SOS lancé par le Prestige, la justice espagnole a acquitté mercredi les trois accusés pour le naufrage du pétrolier, à l'origine d'une des plus graves marées noires de l'histoire, mais a condamné le commandant à neuf mois de prison.

    Le 19 novembre 2002, après avoir dérivé six jours dans l'Atlantique, en pleine tempête, le Prestige avait sombré au large des côtes nord-ouest de l'Espagne, provoquant une catastrophe environnementale sans précédent dans le pays, qui avait aussi souillé les côtes françaises et portugaises.

    Un an après l'ouverture du procès, le tribunal supérieur de Galice, à La Corogne, a acquitté mercredi le commandant grec, Apostolos Mangouras, le chef mécanicien, grec lui aussi, Nikolaos Argyropoulos, et le directeur de la Marine marchande espagnole de l'époque, José Luis Lopez-Sors, pour les délits d'atteinte à l'environnement et à des espaces naturels protégés.

    En revanche, le commandant a été condamné à neuf mois de prison pour désobéissance grave à l'autorité, pour avoir refusé dans un premier temps de faire remorquer le navire en perdition vers le large, comme le lui demandaient les autorités espagnoles. Il échappera toutefois à la prison en raison de son âge, 78 ans.

    Le Parquet avait requis entre cinq et 12 ans de prison contre les trois accusés.

    Mais pour le tribunal, les deux officiers n'étaient pas en mesure d'apprécier le mauvais état du navire, qui était muni de tous les autorisations nécessaires, et il n'a pas été démontré qu'ils en connaissaient les déficiences structurelles.

    Concernant le responsable de la Marine marchande, il a jugé que la décision, prise par les autorités dans une situation d'urgence, d'éloigner le pétrolier des côtes, était justifiée.

    Le premier SOS avait été lancé le 13 novembre 2002, lorsque le Prestige, un pétrolier à coque simple battant pavillon des Bahamas, construit en 1976 et chargé de 77.000 tonnes de fuel, subissait une voie d'eau au large de la Galice.

    Pendant six jours, le navire, sa coque déchirée, avait dérivé en mer, les pouvoirs publics ayant pris la décision controversée de l'éloigner des côtes au lieu de le faire rentrer dans un port pour y contenir la fuite.

    Le pétrolier s'était finalement brisé en deux et avait coulé à 8 heures du matin le 19 novembre, à 250 kilomètres des côtes par 3.800 mètres de fond, crachant 63.000 tonnes d'un fuel épais et visqueux qui avait pollué près de 3.000 kilomètres de littoral, en Espagne, au Portugal et en France.

    Pendant le procès, durant lequel le tribunal a entendu plus de 200 témoins et experts, le commandant et l'armateur du Prestige ont accusé le gouvernement espagnol d'avoir provoqué le naufrage en ordonnant au navire de prendre le large.

    Les autorités nous ont donné le cap 320, c'est-à-dire vers le nord-ouest et le large. C'était un cap peu sûr. Le navire a une voie d'eau et ils l'envoient au large, dans l'océan, avait raconté à la barre du tribunal Apostolos Mangouras.

    C'était la pire option. Ils nous transformaient en un cercueil flottant et ils nous envoyaient à la noyade, avait-il ajouté.

    Seul représentant des autorités parmi les accusés, José Luis Lopez-Sors avait lui défendu cette décision. Il me semblait mieux que le bateau coule loin de la côte pour minimiser les dégâts environnementaux, avait-il expliqué.

    Onze ans plus tard, il ne reste aucune trace de la catastrophe sur les plages et les rochers de Galice.

    Mais les écologistes estiment que les leçons de la marée noire n'ont jamais été tirées et n'ont cessé de dénoncer l'absence sur le banc des accusés des responsables politiques de l'époque.

    Parmi eux, l'actuel chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui en était alors le numéro deux et avait tenu des propos minimisant l'impact de la catastrophe: il s'était refusé à parler de marée noire mais seulement de filaments, comme de la pâte à modeler pour désigner les amas de fioul noir qui, pendant plusieurs semaines, s'étaient déversés sur les côtes.


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  • ALERTE - ONU: Chine, Russie, Arabie saoudite et Cuba au Conseil des droits de l'homme

     


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  • Les Etats-Unis et Israël perdent leur droit de vote à l'Unesco

    PARIS - Les Etats-Unis et Israël ont perdu automatiquement vendredi leur droit de vote à l'Unesco, deux ans après avoir cessé leur contribution financière en réponse à l'admission de la Palestine au sein de l'organisation, a indiqué une source de l'agence onusienne à l'AFP.

    La liste de pays qui n'auront plus le droit de voter sera annoncée probablement demain (samedi) en séance plénière, a précisé sous couvert d'anonymat la même source de l'Unesco, dont le siège se trouve à Paris.

    Sur la liste des pays qui perdront le droit de vote il y aura les Etats-Unis et Israël. Ni l'un ni l'autre n'ont présenté la documentation nécessaire ce matin pour éviter de perdre le droit de vote, a-t-elle ajouté, en référence à l'absence d'engagement des Etats-Unis et d'Israël à reprendre leurs contributions financières.

    Ces deux pays ont cessé de payer après l'admission le 31 octobre 2011 de la Palestine comme 195e membre de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture.

    Israël a minimisé la perte de son vote.

    Il n'y a pas de surprise: il s'agit d'une procédure automatique, pas d'une punition, a dit un responsable israélien sous couvert de l'anonymat.

    Quand nous avons décidé il y a deux ans de ne plus payer notre contribution à l'UNESCO après l'adhésion de +l'Etat de Palestine+ à cette organisation, nous savions à quoi nous attendre. Le vrai problème n'est pas que nous ayons perdu notre droit de vote, c'est que les Palestiniens font tout pour transformer l'UNESCO en organisation anti-israélienne, a-t-il ajouté.

    Les Palestiniens avaient revendiqué en juin 2012 une victoire historique en obtenant l'inscription de la basilique de la Nativité de Bethléem, en Cisjordanie, au Patrimoine mondial de l'Unesco.

    Pour le ministère palestinien des Affaires étrangères c'était la première fois que la Palestine exerçait son droit souverain en tant que nation.

    Le retrait des Etats-Unis a provoqué une grande crise financière au sein de l'organisation, qui a dû gérer une amputation de 22% de son budget, passé de 653 à 507 millions de dollars.

    Pour tenir ce budget, quelque 300 personnes risquent de perdre leur emploi. L'agence onusienne employait en 2012 1.200 personnes au siège installé à Paris et 900 à travers le monde.

    Malgré ces difficultés, la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, de nationalité bulgare, qui avait réussi à lever 75 millions de dollars pour faire face à la crise, a été réélue début octobre.

    Le président américain Barack Obama en avait voulu à son homologue français de l'époque, Nicolas Sarkozy, dont le pays avait voté en faveur de l'admission de la Palestine à l'Unesco.La Maison Blanche était hostile à l'adhésion des Palestiniens avant un accord avec Israël.

    Washington avait déjà été absent de l'organisation entre 1984 et 2003.

    Dénonçant une dérive tiers-mondiste et des problèmes de gestion, les Etats-Unis avaient quitté l'Unesco sous la présidence de Ronald Reagan pour la réintégrer sous George W. Bush, expliquant avoir obtenu satisfaction à la suite de réformes internes.


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  • La 19e conférence climat de l’ONU s’est ouverte lundi à Varsovie, pour préparer un accord global en 2015 à Paris sur la limitation des gaz à effet de serre. Plus de 190 pays sont présents. Varsovie lance 2 ans de négociations qui doivent déboucher en 2015 à un accord global pour limiter les gaz à effet de serre dès 2020.

    Ouverture de la conférence de l’ONU sur le changement climatique

    Plus de 190 pays étaient réunis lundi à Varsovie pour la 19e conférence climat de l’ONU qui doit poser les bases de l’accord global attendu en 2015 à Paris sur la limitation des gaz à effet de serre (GES).

    Cette conférence, qui dure jusqu’au 22 novembre, vise à contenir le réchauffement de la planète, qui pourrait frôler les 5°C si le monde ne prend pas de mesures sérieuses, ont rappelé en septembre les experts du Giec. Or, la communauté internationale s’est fixée comme objectif de limiter ce réchauffement à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

    Deux ans de négociations

    Varsovie lance deux années de négociations qui doivent déboucher en 2015, à Paris, à un accord global, ambitieux et légalement contraignant de réduction de GES, qui entrerait en vigueur à partir de 2020.

    Pour l’heure, le seul texte limitant les GES est le protocole de Kyoto, mais il ne concerne que les pays industrialisés, à l’exception notable des Etats-Unis qui ne l’ont jamais ratifié, et ne couvre désormais que 15% des émissions totales.

    Le prochain accord, qui prendra le relais du protocole de Kyoto en 2020, doit embarquer les Etats-Unis, et les grands émergents dont la Chine, premier pollueur au monde.

     

     


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  • Un accord devrait être finalisé dans les prochains mois entre les deux pays voisins pour rectifier les frontières, selon des informations dévoilées jeudi 7 novembre par le quotidien La Libre Belgique.

    La Belgique perd quinze hectares au profit des Pays-Bas

    1843 : c’est la date du traité qui fixa définitivement la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas, sur la Meuse, après bien des querelles. Mais au fil des ans, la Meuse a bougé, et la frontière de 1843 ne correspond plus au centre du lit du fleuve, qui délimitait à l’époque les deux pays. Un accord devrait être finalisé dans les prochains mois entre les deux pays voisins pour rectifier les frontières, selon des informations dévoilées jeudi 7 novembre par le quotidien La Libre Belgique.

    L’accord prévoit que la Belgique abandonnera environ 14 hectares d’une réserve naturelle située sur une presqu’île, car ces terrains n’étaient accessibles qu’en traversant le territoire néerlandais. L’idée, explique le quotidien, « est de refixer la frontière au centre du lit de la Meuse et d’abandonner l’ancienne frontière qui serpente désormais sur 3,8 km à hauteur de Visé côté belge et d’Eijsden côté néerlandais ».

    Le bourgmestre (maire) de la commune concernée, Visé, relativise les conséquences de cette décision. « On perd quelque chose de beau mais à notre époque si on veut se promener de l’autre côté de la frontière il n’y a aucun obstacle », a expliqué Marcel Neven à la Libre Belgique. « Il est rationnel de dire que tout ce qui se trouve d’un côté d’une rive appartient à un pays et tout ce qui se trouve de l’autre appartient à un autre pays. »

    les Pays-Bas céderont à la Belgique un bandeau de terre

    L’accord prévoit par ailleurs que les Pays-Bas céderont à la Belgique un bandeau de terre, moins étendu, en amont du fleuve. La modification de la frontière sera bientôt présentée aux gouvernements et aux chambres des deux pays.

    Le problème date de la rectification du cours de la Meuse dans les années 60-80. Des parlementaires belges avaient visité les lieux mais, au bout du compte, le dossier s’était enlisé. Les négociations ont repris à la fin 2011.

    Selon La Libre Belgique, une commission a conclu un accord final, en mars dernier. Comme il s’agit d’une modification de frontière, les Chambres des deux pays devront se prononcer.

    Quant à savoir qui perd et qui gagne, le quotidien belge note que les Pays-Bas financent le projet de quatrième écluse à hauteur de 10 % du coût total (64,4 millions d’euros), le reste étant à charge de la Région wallonne.

     


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  • Maroc: un projet de loi inédit contre le harcèlement sexuel en préparation

    RABAT - Un projet de loi prévoyant pour la première fois des peines de prison ferme pour harcèlement sexuel devrait bientôt être soumis au Parlement au Maroc, a-t-on appris jeudi de sources concordantes.

    Ce projet de loi concerne l'auteur de tout acte importun à l'encontre d'un tiers dans les espaces publics à travers des actes, des propos, des gestes à caractère sexuel ou dans le but d'obtenir un acte de nature sexuelle, ont indiqué des médias locaux.

    Il prévoit notamment des peines de deux mois à deux ans de prison et une amende de 1.000 dirhams (90 euros) à 3.000 dirhams (270 euros). La peine peut même atteindre cinq ans de prison si le harcèlement est dirigé contre une collègue de travail ou si la victime est sous la tutelle de l'auteur de l'acte incriminé, rapporte le quotidien arabophone Al Massae.

    Lors de sa réunion hebdomadaire jeudi, le gouvernement a indiqué qu'une commission présidée par son chef, l'islamiste Abdelilah Benkirane, va réviser ce projet de loi avant de le soumettre de nouveau au conseil de gouvernement.

    Mais il ne sera adoptée définitivement que par un vote des deux chambres du parlement marocain.

    La députée du Parti du progrès et du socialisme (PPS, majorité), Nouzha Skalli, ancienne ministre du Développement social et de la Famille, a salué l'avènement de ce projet tant attendu.

    Je regrette que les associations de défense des droits des femmes n'aient pas été associées à l'élaboration, a-t-elle toutefois ajouté, avançant par ailleurs que les cas de viol conjugal et de droit à l'avortement en cas de viol n'étaient pas pris en compte par ce texte.

    Au Maroc, les défenseurs des droits des femmes s'appuient depuis 2011 sur la nouvelle constitution adoptée dans le contexte du printemps arabe, qui consacre l'égalité des droits et exhorte l'Etat à oeuvrer pour la parité.


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  • La Malaisie n’offre pas d’avenir aux Rohingyas réfugiés

    Fuyant par milliers les violences communautaires en Birmanie, les Rohingyas sont de plus en plus nombreux à partir pour la Malaisie.

    Ils y sont pourtant interdits de travail et d’éducation, sans statut de réfugié et vivent dans la peur des arrestations arbitraires.

    Des dizaines de personnes ont été portées disparues après le naufrage, au large de la Birmanie, d’un navire transportant près de 70 réfugiés rohingyas fuyant les violences communautaires, a annoncé la police dimanche 3 novembre. 

    Le 17 septembre, plus de 120 réfugiés rohingyas étaient morts noyés après le naufrage de leur bateau. Ayant quitté la Birmanie, où leur ethnie, musulmane et apatride, est souvent prise pour cible par les extrémistes bouddhistes, ils fuyaient vers la Malaisie, pays en majorité musulman et terre d’accueil pour déjà plus de 40 000 Rohingyas réfugiés.

    « S’ils savaient ce qui les attend ici, ils n’auraient jamais mis leur vie en danger », regrette Ahmed Rami. Arrivé en Malaisie en 1987, il souhaitait atteindre l’Australie, comme la très grande majorité des Rohingyas. Quelques années plus tard, enfin enregistré auprès du Haut Comité des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR­), il consacre sa maigre subvention mensuelle à la gestion d’un refuge pour les Rohingyas.

    la Malaisie leur refuse le statut de réfugié

    L’un des derniers arrivés au refuge s’appelle Abdul Samih. Ancien imam, il a quitté la Birmanie lorsque les extrémistes bouddhistes ont brûlé son école et tiré sur ses élèves. Allongé sur une paillasse, il regarde le plafond depuis plusieurs heures déjà. Aujourd’hui, il ne travaille pas, car on lui a interdit de sortir : la police malaisienne a lancé début septembre sa plus grande opération à ce jour contre les travailleurs illégaux, afin d’en déporter « un demi-million », selon le ministre malais de l’intérieur.

    « Parmi ceux déjà arrêtés, il y a beaucoup de réfugiés, assure l’ONG Tenaganita, qui lutte pour les droits des migrants en Malaisie. Notre pays ne reconnaît pas le statut de réfugié. Du coup, s’ils travaillent, ils sont considérés comme illégaux. »

    « Je suis en train de me faire enregistrer par l’UNHCR, qui me donnera dans plusieurs mois une subvention qui me permettra à peine de vivre. En attendant, qu’est-ce que je peux faire ? Attendre et mourir de faim ? », s’interroge Abdul Samih, qui a « perdu tout espoir d’atteindre un jour l’Australie ».

    « Sans le droit de travailler, les réfugiés sont en Malaisie dans une situation précaire, aggravée par l’absence d’un statut légal qui pourrait les protéger contre la déportation ou les détentions arbitraires », s’inquiète l’UNHCR dans un communiqué.

    tensions avec les autres réfugiés birmans

    Ahmed Rami tourne les pages d’un journal jusqu’à s’arrêter sur l’une et pointer du doigt la photo d’un jeune homme. « C’est un Rohingya. Il a été poignardé hier dans la rue. Sûrement par des bouddhistes. »

    Depuis plusieurs mois, les tensions montent entre la communauté des réfugiés rohingyas, qui multiplie les manifestations pour protester contre les violences en Birmanie. Cinq travailleurs clandestins birmans ont été tués début juin. Dans les semaines qui ont suivi, quatre autres Rohingyas ont disparu et deux ont été décapités, « par vengeance », explique Ahmed Rami. Les auteurs de ces meurtres n’ont toujours pas été retrouvés, continue-t-il. La police malaisienne, qui poursuit son enquête, a refusé de répondre aux questions de La Croix.

    « Pour des raisons de sécurité, mes parents m’ont fait promettre de ne jamais révéler que je suis rohingya », raconte Jamilah, 18 ans, qui porte un hidjab rose à la mode malaisienne. Depuis deux ans, elle ne sort plus du petit appartement qu’elle partage avec quatre compatriotes.

    les réfugiés n’ont pas le droit d’étudier

    « J’avais des amies malaises, elles m’ont demandé si j’allais intégrer une université. Comme je suis réfugiée, je n’ai pas le droit d’étudier : j’ai compris que c’était une question piège, qu’elles avaient des doutes. Donc, je leur ai menti et j’ai dit que je partais à Singapour pour étudier, se souvient-elle. Du coup, je ne sors plus : si elles me voient, elles devineront que je suis rohingya et je risque d’être arrêtée. »

    Ahmed Rami montre au loin les tours jumelles de la compagnie pétrolière Petronas, hautes de 452 mètres. « J’ai travaillé sur leurs chantiers. Il y avait 55 000 panneaux de verre à poser. Chaque fois que j’en terminais un, j’y inscrivais “Rohingya”. Pour que la Malaisie se souvienne que, nous aussi, malgré tout, nous avons aidé à construire le pays. »

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    Les Rohingyas, minorité musulmane apatride, peuvent-ils devenir citoyens birmans ? La question est au coeur des violences communautaires qui ont récemment secoué l'ouest du pays mais il semble exclu que le pouvoir y consente, préviennent les experts.

    Quelque 800.000 Rohingyas, considérés par l'ONU comme une des minorités les plus persécutées de la planète, vivent confinés dans l'Etat Rakhine, où des affrontements entre musulmans et bouddhistes ont fait depuis juin 2012 au moins 180 morts et 110.000 déplacés, principalement des musulmans.

    Privés de nationalité par la junte au pouvoir jusqu'en mars 2011, les Rohingyas sont vus par la plupart des Birmans comme des immigrés illégaux du Bangladesh, un ostracisme qui alimente un racisme quasi-unanime à leur encontre.

    Mais l'ouverture politique a placé le nouveau régime sous les feux des projecteurs. "Nous voudrions que les problèmes (...) non résolus du statut des Rohingyas soient pris en compte par les dirigeants birmans de tous les bords politiques", a déclaré cette semaine le chef de la diplomatie britannique William Hague.

    "A long terme, nous devons travailler pour donner aux Rohingyas une sorte de statut légal (...) avec un accès aux droits et services de base", a indiqué de son côté à l'AFP Vivian Tan, porte-parole du Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR).

    Mais quel statut ? Le gouvernement rakhine a lancé une enquête sur les musulmans de l'Etat pour déterminer s'ils sont citoyens, a indiqué à l'AFP son porte-parole Win Myaing. Mais les objectifs de ce recensement sont pour l'instant bien flous.

    Les Rohingyas ne font pas partie des 135 "groupes ethniques" officiels à qui la loi sur la citoyenneté de 1982 octroie une citoyenneté pleine et entière. Et le fait qu'ils assurent avoir été sur le territoire avant 1823, début de la colonisation britannique, ne suffit pas.

    "Nous n'avons pas l'intention d'accepter en tant que nouveau groupe ethnique les apatrides et ceux qui ne sont pas inclus dans les groupes ethniques officiels, comme les Rohingyas", a indiqué à l'AFP Zaw Htay, du bureau présidentiel.

    Les autorités refusent même de reconnaître leur nom, faisant souvent référence aux "soi-disant Rohingyas". Une véritable "tentative d'ethnocide, c'est-à-dire de tuer l'identité culturelle d'un groupe", dénonce Maung Zarni, chercheur à la London School of Economics.

    Les Rohingyas pourraient demander à être "citoyens naturalisés", une catégorie bénéficiant de droits moindres s'ils peuvent prouver leur présence dans le pays avant l'indépendance en 1948, poursuit-il. Mais "ils ont été privés de documents depuis des décennies" et la majorité ne pourra fournir de preuves de vie en Etat Rakhine.

    D'autres analystes relèvent que le gouvernement ne peut prendre le risque de les naturaliser en masse face à une opinion publique qui les déteste, à trois ans d'élections cruciales pour la transition démocratique.

    "Le gouvernement pourrait faire face à une réaction populaire violente s'il accorde la citoyenneté aux Rohingyas", prévient Nicholas Farelly, de l'Université nationale australienne. "Ce serait une tragédie si la question des Rohingyas était exacerbée par le besoin d'hommes politiques de s'assurer du soutien avant les élections de 2015".

    La tentative d'un élu du parti majoritaire de refondre la loi sur la citoyenneté a d'ailleurs fait long feu mardi au parlement. Immédiatement rejetée par ses pairs, sa proposition n'était pourtant pas en faveur des Rohingyas.

    "Ce n'est pas le moment de faire ça", a souligné Mann Kan Nyunt, également parlementaire de l'USDP, craignant les "doutes et les malentendus".

    Quant à l'opposition démocratique, elle se garde bien de prendre le problème à bras-le-corps: la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi refuse de prendre position, appelant simplement à la fin des violences.

    "Je ne pense pas qu'on doive utiliser son autorité morale (...) pour défendre une cause particulière sans chercher à connaître vraiment les racines du problème", a-t-elle récemment déclaré.


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  • Sahara: Mohammed VI répond à Bouteflika que le Maroc n'a pas à recevoir de leçons

    RABAT - Le roi du Maroc Mohammed VI a répliqué mercredi soir aux récents propos du président algérien Abdelaziz Bouteflika sur le Sahara occidental, estimant que Rabat n'avait pas à recevoir de leçons, surtout de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l'Homme.

    Les deux pays voisins ont récemment connu une mini-crise diplomatique, avec le rappel durant quelques jours de l'ambassadeur du Maroc à Alger à la suite d'un discours de M. Bouteflika jugeant plus que jamais d'actualité la mise en place d'un mécanisme international de surveillance des droits de l'Homme au Sahara.

    Cette ex-colonie espagnole est contrôlée depuis les années 1970 par Rabat mais est revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, avec le soutien de l'Algérie.

    S'exprimant à l'occasion de la commémoration de la Marche verte sur ce territoire, en 1975, Mohammed VI a fait valoir que le Maroc refus(ait) de recevoir des leçons (...), surtout de la part de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l'Homme.

    Quiconque souhaite surenchérir sur le Maroc n'a qu'à descendre à Tindouf, et observer dans nombre de régions alentour, les atteintes portées aux droits humains les plus élémentaires, a-t-il affirmé, en référence, notamment, aux camps de réfugiés sahraouis situés dans le sud-ouest de l'Algérie.

    Le souverain chérifien a par ailleurs accusé les adversaires du royaume de recourir à l'argent et à d'autres avantages pour tenter d'acheter les voix et les prises de position de certaines organisations hostiles.

    Ils dilapident de la sorte les richesses et les ressources d'un peuple frère, que cette question ne concerne pas mais se dresse plutôt comme une entrave à l'intégration maghrébine, a-t-il ajouté.

    Le différend entre Rabat et Alger sur le Sahara occidental entrave la mise en oeuvre de l'Union du Maghreb arabe (UMA).

    Dans son discours, le roi du Maroc a également semblé viser les Etats-Unis qui, au printemps dernier, avaient élaboré un projet de résolution au Conseil de sécurité visant à élargir aux droits de l'homme le mandat de la mission de l'ONU dans la région (Minurso).

    Y a-t-il une crise de confiance entre le Maroc et certains centres de décision chez ses partenaires stratégiques, concernant la question des droits de l'homme au Sahara?, a-t-il demandé.

    Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est attendu en début de semaine prochaine à Rabat, dans le cadre d'une tournée régionale qui l'aura préalablement mené à Alger.

    Parallèlement à ce discours de fermeté, le roi du Maroc a assuré que son pays poursuivrait sa coopération avec le secrétaire général des Nations unies, son envoyé personnel (Christopher Ross, ndlr) et les pays amis, et évoqué le souhait de Rabat de trouver une solution politique définitive au conflit du Sahara.

    Il a en particulier mis en exergue le programme de développement régional récemment élaboré par un organisme institutionnel, le Conseil économique, social et environnemental (CESE).

    Le Maroc propose une large autonomie sous sa souveraineté au Sahara occidental, mais ce plan est rejeté par le Polisario, qui réclame un référendum d'autodétermination.

    L'émissaire onusien, Christopher Ross, qui vient d'effectuer une nouvelle mission dans la région, avait jugé en mars dernier plus urgent que jamais le règlement de ce conflit face à l'insécurité croissante au Sahel.


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  • MONROVIA - L'épouse de l'ex-président libérien Charles Taylor, condamné à 50 ans de prison pour crimes contre l'humanité pour son rôle pendant la guerre civile en Sierra Leone, a dénoncé le sort de son mari, incarcéré dans le nord-est de l'Angleterre en compagnie de grands criminels.

    Il est incarcéré à la prison de Frankland, un centre pénitentiaire de haute sécurité près de Durham, a affirmé son épouse, Victoria Addison Taylor, dans un entretien avec un journaliste de l'AFP à Monrovia, donnant ainsi la première indication du lieu de détention de M. Taylor, jusqu'alors tenu secret.

    Il a été emmené dans cette prison où des grands criminels, terroristes et autres criminels britanniques de droit commun sont détenus, et il est maintenant classé comme un prisonnier à haut risque. (...) Il est en train d'être humilié, et on ne peut pas traiter ainsi un ancien chef d'Etat, a dit Mme Taylor, ajoutant qu'il est quotidiennement soumis à des fouilles au corps.

    Elle a précisé recevoir des informations sur les conditions de détention de son mari à travers sa belle-fille, Charlene Taylor, née d'un précédent mariage et vivant en Grande-Bretagne. Charlene Taylor n'a cependant pas pu le voir et ne lui a parlé qu'une fois depuis qu'il est à Frankland.

    Interrogé mercredi par l'AFP à Londres sur les déclarations de Mme Taylor, un porte-parole du ministère britannique de la Justice a répondu: Nous ne confirmons pas les adresses des individus.

    Une source gouvernementale britannique a, elle, indiqué que Charles Taylor étant un prisonnier condamné, il était traité comme tel, il n'y a pas de traitement spécial qui lui est accordé à cause de son ancien statut.

    Charles Taylor, aux Pays-Bas depuis l'ouverture de son procès en 2007, a été transféré le 15 octobre en Grande-Bretagne par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), qui l'a jugé et n'a pas révélé son lieu de détention. Il avait souhaité purger sa peine dans une prison au Rwanda, afin d'être plus près de sa famille.

    Le porte-parole de celle-ci avait dénoncé fin octobre les mauvais traitements dans sa prison britannique, ce à quoi les services pénitentiaires britanniques ont rétorqué qu'il s'agissait d'allégations complètement absurdes.

    Frankland est la plus grande des cinq prisons de haute sécurité en Angleterre et au Pays de Galles.

    Récemment à Monrovia, Cyril Allen, le chef du parti de M. Taylor au Liberia a menacé de représailles les Britanniques vivant dans son pays.

    S'ils essaient de rendre la situation de Taylor pénible là où il est, nous pouvons rendre le Liberia très pénible pour certains de leurs citoyens, avait-il dit.

    Président du Liberia de 1997 à 2003, Charles Taylor, 65 ans, a été condamné pour crimes contre l'humanité pendant la guerre civile en Sierra Leone (mars 1991-début janvier 2002), qui a fait 120.000 morts et des milliers de civils mutilés.

    En avril 2012, M. Taylor a été reconnu coupable d'avoir aidé et encouragé une campagne de terreur visant à obtenir le contrôle de la Sierra Leone en fournissant armes, munitions et autres aides logistiques aux rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), en échange de diamants. Il avait ensuite été condamné à 50 ans de prison, sentence confirmée en appel fin septembre.


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  • Genève II doit inclure des représentants du gouvernement syrien comme de l'opposition, affirme Brahimi

    Genève II doit inclure des représentants du gouvernement syrien comme de l'opposition, affirme Brahimi

    Le Représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des États arabes pour le conflit en Syrie, Lakhdar Brahimi.

    1 novembre 2013 – Le projet de la conférence de Genève II, destinée à résoudre par des moyens politiques la crise syrienne, doit inclure des représentants du gouvernement comme de l'opposition, a déclaré vendredi le Représentant spécial conjoint de l'ONU et de la Ligue des États arabes lors d'une conférence de presse donnée à Damas.

    « La différence entre Genève I et Genève II, c'est que la Syrie sera représentée par deux délégations, celle du gouvernement syrien et celle de l'opposition syrienne », a précisé Lakhdar Brahmi.

    Au cours des derniers jours, M. Brahimi a multiplié les entrevues avec des responsables gouvernementaux de plusieurs pays – Égypte, Irak, Koweït et Syrie –, notamment le Président syrien Bachar al-Assad, dans le but de s'accorder sur les modalités de la conférence.

    « Tous les pays visités manifestent un intérêt considérable vis-à-vis de Genève II en raison de la grande attention suscitée par la crise en Syrie, à l'origine de souffrances innombrables », a déclaré M. Brahimi.

    « Tout le monde souhaite contribuer, d'une manière ou d'une autre, aux préparatifs de Genève II et mettre fin à la crise en Syrie. »

    Le but de cette Conférence serait de parvenir à une solution politique au conflit par un accord global entre le gouvernement et l'opposition sur la mise en œuvre intégrale du Communiqué dit de Genève, adopté au terme de la première grande conférence internationale sur la question, le 30 juin 2012.

    Ce document énonce les principales étapes d'un processus destiné à mettre fin à la violence. Il appelle entre autres à la création d'un organe de transition doté de pleins pouvoirs exécutifs et formé de membres de l'actuel gouvernement et de l'opposition et d'autres groupes, dans le cadre des principes et directives d'une transition politique menée par les Syriens eux-mêmes.

    « Je pense que le Communiqué de Genève permettra aux frères syriens de surmonter la crise et d'ouvrir la voie à l'avènement de leur nouvelle république », a déclaré M. Brahimi.

    Le Représentant spécial se rendra la semaine prochaine au Liban, où il s'entretiendra avec de hauts responsables gouvernementaux.

    Plus de 100.000 personnes, principalement des civils, ont été tuées depuis le soulèvement contre le régime de Bachar Al-Assad, et 6,5 millions d'autres déplacées.


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