• L'EI édite son guide de la «bonne épouse»

    Se marier dès l'âge de 9 ans, rester à la maison et étudier la religion: un document précise le rôle de la femme qui rejoint les rangs des djihadistes.

    L'Etat islamique cherche toujours des femmes pour épouser ses valeureux combattants. L'organisation a déjà créé par le passé des agences matrimoniales pour permettre aux femmes célibataires de fonder une famille avec les djihadistes.

    Cette fois-ci, elle a mis au point un «guide de la bonne épouse» annonçant assez clairement la couleur, rapporte la BBC. Le document de propagande a été édité par la Brigade Al-Khanssaa, cette milice des mœurs composée de femmes à Raqqa, en Syrie. Ce guide, principalement destiné à attirer des recrues féminines en provenance de l'Arabie saoudite et du Golfe, circule sur les forums de djihadistes depuis plus d'un mois. Il a été traduit en anglais par le think tank Quilliam Foundation qui lutte contre contre l'extrémisme religieux.

    «Rester cachée et voilée»

    «Il est considéré comme légitime pour une fille de se marier à l'âge de neuf ans. Les plus pures seront mariées avant 16 ou 17», peut-on lire dans le document. Une fois unie à un djihadiste, l'épouse a pour vocation de rester chez elle. «Il est toujours préférable pour une femme de rester cachée et voilée, afin de maintenir la société derrière ce voile». Ce manifeste souligne que «le modèle occidental de femmes émancipées et travaillant a échoué». Les boutiques de vêtements sont d'ailleurs présentées comme des œuvres du démon.

    Le document prévoit seulement trois raisons pour une femme de quitter son logis: si elle suit des études de théologie, si elle exerce le métier de médecin ou de professeur ou si elle est forcée par la fatwa d'aller au combat dans des situations désespérées.

    Un traité conceptuel, loin de la réalité

    Dans The Independent, le chercheur Charlie Winter, qui a traduit le document, explique que «quelqu'un a dû prendre la décision de ne pas faire circuler de version anglaise de ce manifeste, car elle contient des idées qui ne devraient pas convenir à la femme occidentale moyenne cherchant à rejoindre le groupe.»

    Il estime par ailleurs qu'il s'agit là d'un traité conceptuel visant à représenter la vie idéale d'une bonne épouse, bien loin de la réalité syrienne. En effet, aucune mention des lapidations pour adultère ou des petites filles Yazidies transformées en esclaves sexuelles.

     


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    Le royaume de Bahreïn crée des apatrides

    Le petit royaume du Golfe multiplie les déchéances de nationalité pour faire taire son opposition.

    Le royaume de Bahreïn a annoncé, samedi 31 janvier, avoir déchu par décret 72 citoyens de leur nationalité.

    Amnesty International dénonce cette opération, qui permet au pouvoir de faire taire les critiques. L’ONG a demandé à Manama « d’annuler cette décision », qui rend ces personnes « apatrides », et « d’arrêter de cibler des dissidents ».

    « Terrorisme » et « idéologies déviantes »

    Bahreïn est un petit royaume du golfe Persique, qui abrite la Ve flotte américaine. Depuis 2011, il est le théâtre de manifestations organisées par des représentants de la majorité chiite qui réclament une monarchie constitutionnelle. Jusqu’ici, la dynastie sunnite des Al Khalifa a réprimé toute contestation.

    Le ministre de l’information, Isa Abdulrahman Al Hammadi, a précisé que « la plupart » de ceux déchus de leur nationalité « se trouvent à l’étranger et peuvent faire appel auprès de la justice ».

    Parmi les raisons ayant motivé cette sanction, le ministre a cité notamment « l’appartenance à des cellules et des groupes terroristes » et « le financement d’actes terroristes » mais aussi « l’incitation à un changement du régime par la force » et « la propagation des idéologies déviantes », une référence aux groupes islamistes extrémistes.

    Punir les opposants

    Le principal groupe de l’opposition chiite, Al-Wefaq, a dénoncé cette mesure, devenue « une arme » utilisée par le régime pour « punir les opposants ».

    Il relève que la liste comporte aussi les noms « de combattants à l’étranger qui auraient des liens avec Daech ». En 2012, les autorités de Bahreïn avaient déjà déchu de leur nationalité 31 chiites pour « atteinte à la sûreté de l’État », sans recours possible en justice.

    Cette décision des autorités signifie que ces personnes qui ne possédaient que la nationalité ­bahreïnienne se retrouvent désormais apatrides.

    Cette pratique est utilisée dans d’autres pays du Golfe comme le Koweït ou Oman. Les apatrides ainsi créés peuvent toutefois demeurer sur le territoire de leur pays d’origine, précise Amnesty International.

    En France, afin de respecter l’article 15 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la convention de New York de 1954 sur l’apatridie, seules les personnes ayant une double nationalité peuvent être déchues de la nationalité française. Quatorze personnes ont été déchues de la nationalité française entre 1989 et 1998, sept entre 1998 et 2007.

    Le problème de l'apatridie est récurrent.

    Ils sont célèbres chacun à leur manière. Ils n’ont a priori rien à voir. Et pourtant, le footballeur international Rio Mavuba, le leader de Mai 68 Daniel Cohn-Bendit, ou encore le fondateur d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, ont un point commun : ils ont tous été à un moment de leur vie des apatrides, ces personnes qu’aucun État ne considère comme son citoyen. Autrement dit, des « sans-pays ».

    Après avoir vu le jour sur un bateau de réfugiés fuyant la guerre civile en Angola, Rio Mavuba a attendu ses 20 ans avant d’acquérir un premier passeport et la nationalité française dans la foulée. Né en France de parents allemands déchus de leur citoyenneté par les nazis, Daniel Cohn-Bendit s’est passé de nationalité jusqu’à l’âge de 14 ans, puis a opté pour l’Allemagne. Oussama ben Laden, enfin, était devenu apatride après avoir été banni d’Arabie Saoudite en réaction aux attentats du 11 septembre 2001.

    10 millions d’apatrides selon l’ONU

    Au-delà de ces exemples célèbres, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde sont dépourvus de nationalité mais aussi des droits qui vont avec le statut de citoyen de tel ou tel pays. En charge de la protection des apatrides, le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) lance une nouvelle campagne pour tenter d’éradiquer cette « grave anomalie du XX siècle », reprenant le combat lancé en 1961 par la Convention internationale pour l’éradication de l’apatridie.

     

    Combien sont-ils, ces parias sans existence légale ? Les Nations unies les estiment à 10 millions. Parmi les pays les plus touchés, citons la Birmanie, où plus d’un million de musulmans Rohingyas se sont vus refuser la citoyenneté birmane. En Côte d’Ivoire, des centaines de milliers d’habitants se voient refuser un passeport du fait de leur origine ethnique. « La plupart des cas d’apatridie s’accompagnent d’une discrimination fondée sur l’origine ethnique, religieuse ou du genre », précise le HCR.

    Parfois, les apatrides sont des accidentés de l’histoire, victimes oubliées de la décolonisation et de la naissance de nouveaux États. C’est le cas par exemple des centaines de milliers de « bidouns » des monarchies du Golfe, dont les ancêtres n’ont pas été inscrits sur les registres lors du départ des Britanniques au début des années 1960. Ou encore des Kurdes de Syrie qui n’ont jamais eu de citoyenneté à part entière depuis l’indépendance.

    Parfois privés d’éducation, de soins ou de vote

    « Les apatrides posent un problème majeur dans une société internationale organisée autour de la notion de nationalité », rappelle la juriste Françoise Bouchet-Saulnier dans le Dictionnaire pratique du droit humanitaire (1). Selon les lois de chaque pays, le statut d’apatride peut entraver l’accès à l’éducation, aux soins de santé, ou encore à la fonction publique. Il empêche de voyager à l’étranger. Il interdit de voter ou de se présenter aux élections. Apatride, « c’est être privé de son appartenance au monde », écrivait la philosophe Hannah Arendt.

    L’ONU estime possible d’éradiquer l’apatridie en seulement dix ans. Les experts recommandent pour cela une amélioration des enregistrements des enfants à la naissance, l’adhésion des pays aux deux conventions internationales sur l’apatridie ou encore l’octroi de la nationalité aux groupes discriminés. « C’est avant tout une question de volonté politique », estime Philippe Leclerc, représentant du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés en France.

    Des exemples encourageants 

    Ici et là, l’ONU pointe des améliorations. Le Bangladesh a octroyé en 2008 la nationalité à la minorité connue sous le nom de « Biharis » qui avait eu le tort de prendre fait et cause pour le Pakistan lors de la guerre d’indépendance. Plus près de nous, les Russes de Lituanie et de Lettonie ont désormais la possibilité de conserver leur statut d’apatride ou d’embrasser la citoyenneté des nouveaux États nés de l’effondrement de l’Union soviétique en 1991.

    Mais à côté de ces exemples encourageants, surgissent de nouvelles discriminations. La République dominicaine crée chaque jour son lot d’apatrides. Le tribunal constitutionnel a jugé en septembre 2013 que les descendants des migrants haïtiens arrivés en situation irrégulière ne pouvaient prendre la nationalité dominicaine. La décision, rétroactive, concernerait tous les individus nés après 1929, soit environ 250 000 Dominicains d’origine haïtienne.

    CE QUE DIT LE DROIT INTERNATIONAL

    - La convention relative au statut des apatrides : Adopté en 1954, ce texte fixe un statut international pour les personnes apatrides. Les États signataires (84 en 2014) doivent reconnaître la spécificité de leur statut et leur accorder au moins les mêmes droits que ceux prévus par le droit national au profit des étrangers. Cela implique notamment le droit à la propriété, à la famille, à la pratique religieuse ou encore l’accès aux services sociaux et administratifs.

    - La convention sur la réduction des cas d’apatridie :  Adopté et entré en vigueur en 1961, ce texte a été signé par 58 États. Il prévoit que tout pays signataire accordera sa nationalité à un individu né sur son territoire et qui, autrement, serait apatride. La convention demande également aux États d’accorder la nationalité à tout individu dont le père ou la mère a la nationalité dudit État.


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  • Une force africaine pour lutter contre Boko Haram

     

    L’ONU soutient la création d’une force multinationale pour lutter contre les islamistes nigérians de Boko Haram. Une réunion d’experts militaires africains aura lieu du 5 au 7 février à Yaoundé au Cameroun pour discuter des modalités de cette force.

    Vendredi 30 janvier, les chefs d’État et de gouvernement ont désigné le très controversé président zimbabwéen Robert Mugabe comme le nouveau président en exercice de l’union africaine (UA).

     

    Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a soutenu samedi 31 janvier l’idée d’une force régionale de l’Union africaine (UA) pour lutter contre les islamistes nigérians de Boko Haram, qui viennent de mener de nouvelles attaques meurtrières dans le nord du Cameroun.

    Une force africaine de 7 500 hommes

    Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a appelé à la création d’une force militaire régionale de 7 500 hommes pour contrer le groupe islamiste. Selon un diplomate, l’ONU pourrait envisager de participer à cette force en y apportant «  des conseillers et un appui logistique  ».

    Un responsable de l’UA a précisé qu’une réunion d’experts militaires africains aurait lieu du 5 au 7 février à Yaoundé pour discuter des modalités de cette force. L’organisation panafricaine envisage de demander à l’ONU la création d’un fonds de financement de cette force.

    Avancée de Boko Haram

    Boko Haram ne cesse d’avancer au Nigeria où le groupe armé s’est emparé de territoires entiers du nord-est du pays, et fait désormais des incursions au Cameroun, ce qui inquiète les pays voisins.

    Jeudi 29 et vendredi 30 janvier, le groupe islamiste a encore mené des attaques meurtrières dans le nord du Cameroun, selon l’armée tchadienne, déjà déployée dans la zone pour le contrer. L’armée tchadienne a fait état de trois morts dans ses rangs, et affirmé que 123 islamistes avaient étalement été tués.

    Nigeria, Cameroun, Niger, Tchad et Bénin avaient déjà convenu fin 2014 d’établir une force de 3 000 hommes pour lutter contre Boko Haram. Mais en raison de dissensions entre Abuja et ses voisins, cette force n’est toujours pas opérationnelle.

    Le très controversé Mugabé, élu à la tête de l’UA

    À l’ouverture du sommet de l’UA dans la capitale éthiopienne, les chefs d’État et de gouvernement ont désigné le très controversé président zimbabwéen Robert Mugabe comme le nouveau président en exercice de l’institution.

    Âgé de près de 91 ans, il est au pouvoir depuis l’indépendance de son pays en 1980. Sa nomination pour un an à la tête de l’UA est perçue par les observateurs comme un signal extrêmement négatif.

    Le sujet est d’autant plus d’actualité qu’une quinzaine d’élections législatives et présidentielles sont prévues cette année à travers le continent, dont certaines, au Burundi notamment, menacent de déboucher sur des violences.


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  • Holocauste: l’ambivalence des Allemands

     

    La fondation Bertelsmann a publié, lundi 26 janvier 2014, une enquête sur le rapport des Allemands et des Israéliens au passé (l’Holocauste) et au présent (« L’Allemagne et Israël aujourd’hui: un passé qui unit, un présent qui sépare »).

    Trois points à retenir:

    1. l’ambivalence des Allemands par rapport au passé nazi

    37% des Allemands considèrent «tout à fait exacte» l’affirmation «Nous devrions plutôt nous occuper des problèmes actuels que des crimes contre les Juifs, qui ont été commis il y a plus de 60 ans», contre 27% des Israéliens de confession juive.

    55% des Allemands se prononcent en faveur de l’affirmation selon laquelle il faudrait «enfin tirer un trait sur le passé» contre seulement 22% des juifs israéliens.

    42% des Allemands estiment que l’affirmation «Aujourd’hui, près de 70 ans après la fin de la guerre, nous ne devrions plus autant parler de la persécution des juifs, mais enfin tirer un trait sur le passé» est «fausse», soit plus du double qu’en 1991, où ils n’étaient que 20% à le penser.

    2. les Israéliens ont une image positive de l’Allemagne. Les Allemands ont une image plutôt négative d’Israël

    68% des Juifs israéliens interrogés affirment avoir une image positive de l’Allemagne alors que 48 % des Allemands ont une image négative d’Israël. 

    3. l’existence d’un certain antisémitisme en Allemagne

    35 % des Allemands comparent la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens avec le nazisme contre 30 % en 2007.

    23 % des Allemands pensent que les Juifs ont trop d’influence dans le monde contre 36 % au début des années 1990


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    AfriLeaks, un site pour lutter contre la corruption en Afrique

     

    Les « lanceurs d’alerte » africains ont désormais un site sécurisé. AfriLeaks a été lancé le 14 janvier pour favoriser la lutte contre la corruption en permettant à des internautes de communiquer sur ces scandales avec les médias de façon anonyme.

    « AfriLeaks veut encourager le journalisme d’investigation pour dénoncer la corruption ainsi que les violations des droits humains généralisés. Il aidera également à contourner la surveillance croissante exercée par les gouvernements et les entreprises… Nous avons conçu un système qui vous permet de partager des informations tout en protégeant votre identité… », ce message audio-vidéo lu par une voix de synthèse, façon Anonymous, a circulé sur les réseaux sociaux annonçant le lancement de la plate-forme AfriLeaks le 14 janvier.

    Ce site collaboratif a été imaginé par l’African Network of Centers for Investigative Reporting (ANCIR) et réalisé par le Centre Hermès pour la transparence et les droits humains numériques.

    Dix-neuf groupes de presse africains partenaires

    Objectif  ? Permettre à des lanceurs d’alerte du continent africain de partager des informations avec les médias de leur choix. « AfriLeaks est un outil qui permet à des médias et des informateurs de déclencher des enquêtes », résume la journaliste Khadija Sharife dans le mensuel anglophone du Groupe Jeune Afrique, The Africa Report. D’où la nécessité de construire un large réseau de groupes de presse prêts à collaborer avec le site. Dix-neuf groupes de presse africains ont déjà adhéré à cette initiative.

    « Il sera sans doute intéressant de voir émerger à travers ce nouvel outil, qui doit s’ancrer dans la société africaine, des informations et des pistes d’enquête auxquelles on ne s’attendait pas. Comme celle des outils performants de surveillance électronique de certains États », explique Florent Geel, responsable du bureau Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

    Formation de journalistes

    Contrairement à Wikileaks, qui avait publié des informations classifiées « secret défense » de l’armée américaine, AfriLeaks ne permet pas la mise en ligne directe de documents sur son site. Les informations sont modérées et contrôlées par des journalistes qui ont été formés pour vérifier l’authenticité d’un document numérique, la validité d’une source qui publie sur la plate-forme ou savoir mener une contre-expertise pour déterminer la cohérence du récit d’un lanceur d’alerte.

    Selon Florent Geel, « le problème en Afrique n’est pas le manque d’informations mais le manque d’informations vérifiées. Ce processus de contrôle sera donc essentiel pour que ce site soit crédible et ne devienne pas un enjeu de pouvoir ».

    Particularité de cette plate-forme collaborative, elle permet aux lanceurs d’alerte africains de poster de façon anonyme des articles et des documents par l’intermédiaire d’une « boîte aux lettres » sur le site. Selon les développeurs italiens du Centre Hermès pour la transparence et les droits humains numériques, qui ont réalisé le système, AfriLeaks est un outil très sécurisé.

    Une publication qui comporte des risques

    Les créateurs d’Afrileaks, conscients des risques encourus par les informateurs anonymes et les journalistes enquêtant sur le terrain, mettent à leur disposition des outils Internet d’anonymisation et de cryptage des correspondances et des données qu’ils seraient amenés à recevoir ou à envoyer sur le web.

    On se souvient notamment du décès, le 13 décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo, victime d’un accident de voiture dont les circonstances n’ont jamais été élucidées, alors qu’il enquêtait sur des affaires liées à la famille Compaoré, au Burkina Faso.

    Leigh Baldwin, journaliste au Global Witness, l’un des groupes de presse associés à la création d’Afrileaks, souligne dans le Guardian que, « trop souvent, la corruption et les violations de droits ne sont pas signalées en Afrique en raison des risques encourus par les sources ».


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  • Un ancien gardien accusé de 300'000 assassinats

    Aujourd'hui âgé de 93 ans, cet officier allemand en charge de l’accueil des prisonniers arrivant au sinistre camp de la mort sera finalement jugé en avril prochain.

    Un ex-officier du camp d'extermination nazi d'Auschwitz, aujourd'hui nonagénaire, va être jugé en Allemagne à partir du 21 avril. Décrit comme le «comptable d'Auschwitz», il est accusé de complicité d'assassinat de 300'000 personnes, a annoncé le tribunal compétent lundi 2 février 2015.

    Oskar Gröning, 93 ans, devrait être l'un des derniers nazis à être jugé en Allemagne pour son rôle de «comptable d'Auschwitz» du 16 mai 1944 au 11 juillet 1944, selon le communiqué du tribunal. Durant cette période, quelque 425'000 personnes ont été déportées dans ce camp

    L'accusé était chargé de compter les billets de banque retrouvés dans les bagages des prisonniers et de les transférer aux autorités nazies à Berlin. Il devait également débarrasser les bagages des déportés afin qu'ils ne soient pas vus par les nouveaux prisonniers.

    Selon le Parquet, Oskar Gröning était conscient que les prisonniers déclarés inaptes au travail «étaient assassinés directement après leur arrivée dans les chambres à gaz».

    Cinquante-cinq parties civiles, essentiellement des survivants et des familles de victimes, participeront à ce procès qui se déroulera devant un tribunal de Lunebourg, au sud de Hambourg.

    «Maillon de la machine»

    En 2005, Oskar Gröning avait indiqué au quotidien populaire allemand «Bild» qu'il regrettait d'avoir travaillé dans le camp d'extermination. Il affirmait qu'il continuait d'entendre les cris venant des chambres à gaz.

    «J'ai eu honte pendant des décennies et j'ai toujours honte aujourd'hui, non pas de mes actes parce que je n'ai jamais tué personne», avait souligné cet homme qui avait 21 ans lorsqu'il s'est retrouvé à Auschwitz. «Mais j'ai offert mon aide. J'étais un maillon dans la machine à tuer qui a éliminé des millions de personnes innocentes».

    Qualification élargie

    La justice allemande s'était concentrée après-guerre sur les accusés contre lesquels elle disposait de preuves directes ou de témoignages. La condamnation de l'apatride d'origine ukrainienne John Demjanjuk à Munich, en mai 2011, a élargi la qualification de complicité de meurtre à des personnes ayant des postes même subalternes et sans implication directe dans les crimes perpétrés dans les camps.

    Depuis les procès des dignitaires nazis à Nuremberg en 1945-46, environ 106 000 soldats allemands ou nazis ont été jugés. Quelque 13 000 ont été reconnus coupables et la moitié condamnés, selon l'Office allemand chargé des crimes nazis, basé à Ludwigsbourg.

    situé dans l'actuelle Pologne, dont au moins 300'000 ont péri dans les chambres à gaz.

     


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  • Le ministère du Pétrole a offert à la prospection 57 blocs, presque tous en mer de Barents, certains dans les eaux les plus septentrionales jamais ouvertes à l’exploration par le pays scandinave.

    Un accord conclu en 2013 entre le gouvernement (minoritaire) de droite et deux alliés de centre-droit interdit d’ouvrir les zones situées en bordure de la banquise, afin de protéger leur écosystème, à la prospection et à la production d’hydrocarbures.

    Une nouvelle carte de la banquise

    Mais avec le réchauffement climatique, la banquise recule toujours plus au nord et la cartographie de ses contours fait débat.

    « Il est important de disposer de connaissances actualisées sur l’emplacement géographique des zones fragiles », a déclaré dans un communiqué la ministre de l’Environnement Tine Sundtoft. « J’ai donc demandé à l’Institut polaire norvégien de mettre à jour ses calculs ».

    La nouvelle carte s’appuie sur les données satellite collectées entre 1984 et 2013 plutôt que celles recueillies entre 1967 et 1989 utilisées dans la définition en vigueur jusqu’à présent. Résultat : la limite des glaces marines est par endroits des dizaines de kilomètres plus au nord que dans les anciens calculs.

    « Nous ne déplaçons pas la bordure de la banquise », a fait valoir le Premier ministre, Mme Erna Solberg, à la chaîne TV2 Nyhetskanalen. « C’est la nature qui déplace les limites de la banquise ».

    L’industrie pétrolière veut de nouvelles zones de prospection

    Cette mise à jour permet au gouvernement de faire valoir que les nouvelles licences pétrolières nouvellement proposées sont toutes situées à bonne distance de la banquise, alors que certains blocs auraient posé problème avec l’ancienne cartographie.

    Sur fond de désaccords politiques autour de cette question sensible, ce 23e cycle de concessions de la Norvège, initialement prévu avant Noël, avait dû être repoussé.

    Confrontées à l’amenuisement de leurs ressources dans les eaux largement exploitées de la mer du Nord, les compagnies pétrolières demandent avec insistance l’ouverture de nouvelles zones à la prospection.

    Plus de la moitié (34 sur 57) des blocs offerts à l’exploration sont situés dans une région totalement nouvelle, le sud-est de la mer de Barents, jusqu’à présent jamais prospecté en raison d’un long désaccord frontalier avec la Russie, finalement réglé en 2010.

    La partie n’est pas pour autant gagnée pour le gouvernement : les premières réactions des partis de centre-droit, dont l’appui est essentiel, étaient négatives mardi.

    Également critiques, les organisations de défense de l’environnement ont accusé le gouvernement de faire le jeu du secteur pétrolier. Outre les risques écologiques, elles soulignent que l’exploitation d’hydrocarbures a peu de chances d’être viable à de telles latitudes, a fortiori à la lumière de la chute du cours du baril.

     


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  • L’ONU progresse vers un traité pour protéger la biodiversité en haute mer

    Les pays membres de l’ONU se sont mis d’accord samedi 24 janvier 2015 pour lancer des négociations internationales sur un traité qui protégerait la biodiversité marine dans la profondeur des océans, après quatre jours de discussions à New York.

    Il s'agit d'élaborer une réglementation pour la haute mer, autrement dit la partie de l'océan qui se situe au-delà des zones économiques exclusives (200 miles nautiques) gérées par les États, ainsi que les fonds marins situés au-delà du plateau continental des pays, soit environ 64 % des océans. «Ces étendues recouvrent certains des écosystèmes les plus importants sur le plan environnemental mais aussi les plus gravement menacés et les moins bien protégés de la planète», souligne dans un communiqué une coalition d'ONG regroupées sous la bannière High Sea Alliance qui a aussi salué «une étape importante pour la protection des océans».

    Cependant, il faudra encore que l’Assemblée générale de l’ONU, à sa prochaine session fin septembre, entérine cet accord de principe et fixe un calendrier précis. Une minorité de pays engagés dans la pêche ou l’exploitation minière des océans ont en effet refusé des échéances rapides et contraignantes.

    Le futur traité, qui sera le premier du genre, permettra de préserver les vastes zones qui s’étendent au delà des eaux territoriales, que chaque Etat riverain gère à sa guise et qui sont menacées par la pollution, la surpêche ou le réchauffement climatique.

    Elles représentent 64% des océans et 43% de la surface de la Terre, ce qui en fait la plus grande biosphère de la planète.

    Pour Karen Sack, du Pew Charitable Trust, «c’est un grand moment pour la haute mer (...) et une vraie bonne nouvelle pour la vie dans les océans».

    »L’accord obtenu aujourd’hui peut faire beaucoup pour garantir la protection de la haute mer, qui en a terriblement besoin», a souligné Sofia Tsenikli de Greenpeace dans un communiqué. «Le temps presse».

    Les enjeux sont très importants: les océans jouent un rôle essentiel pour le climat, mais aussi en tant que réserve alimentaire pour près de 3 milliards d'habitants. Ils sont également sources de découvertes scientifiques majeures, ils regorgent de matière première… Autant d'enjeux qui nécessitent de faire entrer des règles de protection et du droit.

    La prochaine étape est prévue lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre à New York. Celle-ci devra entériner formellement l'accord de ce week-end. Un traité ne devrait pas voir le jour avant 2018.

    Des traités et conventions internationales réglementent déjà certaines activités comme la pêche ou certaines zones précises, mais il n’existe pas pour l’instant de texte couvrant l’ensemble des dangers qui menacent les fonds marins.

    Un tel traité, qui serait négocié sous l’égide de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, permettrait par exemple de créer des aires marines protégées ou d’assurer un partage équitable de certaines ressources tirées des grands fonds.

    L’ONU en discute depuis dix ans et dans la foulée de la conférence Rio + 20, l’Assemblée générale avait été chargée de lancer le mouvement.

    Au cours des discussions à New York entre experts des 193 pays membres, une majorité de pays, comme ceux de l’Union européenne et du G77 (groupe de pays en développement, notamment africains) le Mexique, la Chine, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, ont poussé à agir vite. Mais d’autres comme les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l’Islande ou le Japon se sont montrés réticents à fixer des échéances rapides et contraignantes..

    Ces pays entendent préserver les immenses possibilités d’exploitation des fonds marins: non seulement la pêche en haute mer mais la prospection minière ou la génétique marine.

    L’Alliance pour la haute mer regroupe 27 ONG (dont Greenpeace et WWF) ainsi que l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).


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  • Protection des civils dans les conflits : l'ONU appelle à des mesures contre l'impunité

    30 janvier 2015 – La Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a encouragé vendredi 30 janvier 2015 le Conseil de sécurité à prendre des mesures pour lutter contre l'impunité afin de protéger les civils pris dans des conflits.

    « Le Conseil identifie de plus en plus la protection des civils comme une tâche prioritaire dans les nombreuses opérations de maintien de la paix qu'elle a créées. Le Secrétaire général a lancé le projet 'Droits devant' pour revigorer la cohérence et l'engagement de l'ensemble du système en matière de prévention et de lutte contre les graves violations des droits de l'homme qui pourraient conduire à des atrocités à grande échelle », a dit Mme Amos dans un discours lu par son adjointe, Kyung-wha Kang, lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacré à ce sujet.

    Selon elle, malgré les développements positifs récents au sein du système onusien, la protection des civils dans les conflits armés est devenue de plus en plus lourde avec les années, alors que l'ampleur et le degré de brutalité et de violences commises contre les civils dans les conflits armés ont continué d'augmenter. Elle a cité les conflits en Syrie, en Iraq, au Yémen, en Libye, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Nigéria, au Soudan du Sud, au Soudan, et en Ukraine.

    « Ce Conseil et la communauté internationale doivent prendre des mesures pour s'attaquer à l'impunité qui continue d'alimenter de nombreux conflits », a déclaré Mme Amos. « Rien n'encourage davantage les auteurs de violations que de savoir qu'il ne rendront pas de comptes pour leurs crimes ».

    « Nous devons aussi construire nos capacités collectives, trouver des solutions politiques aux conflits à un stade précoce, au lieu de nous débattre pour faire face aux conséquences », a encore dit la chef de l'humanitaire des Nations Unies. « Les efforts des travailleurs humanitaires et des Casques bleus ne peuvent pas se substituer à une action politique opportune et résolue pour prévenir et résoudre un conflit ».

    Selon elle, les femmes doivent pleinement participer à ce processus. « Sur le terrain, nous devons être attentifs aux menaces spécifiques visant les civils et aux risques d'escalade de la violence et des violations », a-t-elle souligné.


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