• Amnesty International dénonce les conditions de détention des immigrants en Libye, pays de transit et de destination pour des dizaines de milliers d’Africains subsahariens.

    Les autorités libyennes doivent mettre fin à la "détention indéfinie" de milliers d’immigrants, y compris des réfugiés et des demandeurs d’asile, dont certains sont soumis à la torture, estime Amnesty International dans un rapport publié jeudi 20 juin 2013. 

    L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme, basée à Londres, déplore dans le même temps que l’Union européenne aide le gouvernement libyen à "renforcer la sécurité des frontières (…) afin de freiner 'l’immigration clandestine' vers l’Europe, aux dépens des droits de l’Homme".

    Sept centres de rétention visités

    Amnesty affirme avoir visité sept "centres de rétention", et fait état pour chacun de "preuves de mauvais traitements, assimilables à la torture pour certains cas ». L’ONG dénonce "le traitement inacceptable de milliers de ressortissants étrangers, la plupart originaires d’Afrique subsaharienne, qui font l’objet d’arrestations arbitraires et sont détenus pendant de longues périodes dans des conditions déplorables".

    "Plusieurs détenus, y compris des femmes, ont été frappés brutalement à l’aide de tuyaux d’eau ou de câbles électriques", ajoute-t-elle en affirmant avoir recueilli par ailleurs des témoignages de détenus blessés par balles lors d’émeutes. "La torture et les mauvais traitements que nous avons découverts dans les + centres de rétention + sont inacceptables", souligne Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG.

    L’Union européenne mise en cause

    Sur l’aide de l’Union Européenne pour freiner l’immigration clandestine, elle a jugé "profondément troublant de constater que les fonds de l’UE semblent avoir été utilisés pour financer des centres de détention où des milliers de ressortissants étrangers sont illégalement détenus". L’ONG exhorte l’UE à ne plus conclure de nouveaux accords avec la Libye dans ce domaine, jusqu’à ce qu’elle "démontre son respect des droits des réfugiés, demandeurs d’asile et migrants".

    Selon l’organisation, depuis mai 2012, les autorités libyennes ont expulsé 25 000 personnes entrées "'illégalement'" en Libye, un pays de transit et de destination pour des dizaines de milliers d’immigrants africains souhaitant se rendre en Europe.

    Les subsahariens détenus par milliers

    Amnesty a recensé un total de 5 000 réfugiés, demandeurs d’asile et migrants détenus dans 17 "centres de rétention" dépendants du ministère de l’Intérieur, "en plus d’un nombre inconnu de personnes détenues par les milices". 

    Venus d’Afrique subsaharienne, ils sont des milliers à tenter de rejoindre l’Europe en transitant par la Libye, où ils sont victimes de mauvais traitements. Certains parviennent à embarquer en direction de la Sicile et de l’Europe, et là aussi, subissent la maltraitance des passeurs, courant de gros risques en Méditerranée.

    Le Niger en opérations

    De nombreux pays africains s’efforcent de retenir leurs ressortissants en menant des opérations à la frontière. Ainsi, les forces de sécurité nigériennes mènent actuellement une opération visant à lutter contre l’immigration clandestine dans la région d’Agadez, zone frontalière de la Libye et frappée en mai par des attentats-suicides. 

    "L’opération que nous avons lancée vise à sécuriser la région nord et le démantèlement des réseaux clandestins d’immigrants fait partie du plan", a déclaré à l’Agence France-Presse une source sécuritaire jointe à Agadez par téléphone depuis Niamey, sans précision sur les effectifs mobilisés.

    Quelque 4 000 migrants clandestins ouest-africains entrent en Libye chaque mois en passant par cette grande ville du Nord désertique, d’après les autorités de la région. "Nous allons contrôler l’immigration clandestine. Agadez est un carrefour et un point de départ pour des personnes de diverses nationalités, il y a beaucoup de mouvements incontrôlés, il faut mettre fin à l’anarchie", a affirmé sur la radio publique le gouverneur de la région d’Agadez, le colonel Garba Maïkido.


    votre commentaire
  • La Cour suprême des États-Unis a tranché jeudi 13 juin une longue affaire de brevetage de gènes de prédisposition aux cancers de l’ovaire et du sein en décidant que l’ADN est un produit de la nature et ne peut être breveté.

    En revanche, ce qu’on appelle l’ADN complémentaire, c’est-à-dire l’ADN fabriqué par l’homme en se calquant sur l’ADN d’une cellule ou d’un micro-organisme est, lui, brevetable.

    Dans quel contexte, la justice des États-Unis a-t-elle pris cette décision ?

    Cette décision s’intègre dans une longue affaire de justice relative au brevetage de gènes dits de prédisposition des cancers de l’ovaire et du sein. Isolés dans les années 1990 par la société américaine Myriad Genetics basée à Salt Lake City, en collaboration avec l’université d’Utah, ces gènes BRCA1 et BRCA2 firent alors l’objet de 9 brevets. Des chercheurs, médecins et association de malades ont porté plainte, soulignant que les brevets de Myriad bloquaient la recherche biomédicale et empêchaient l’amélioration de la technique de dépistage.

    En France, dès 2001, le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet de l’Institut Curie mit en évidence, dans une famille américaine, une altération du gène BRCA1 non détectée par les techniques industrielles de séquençage de Myriad Genetics. Une découverte qui fut suivie par une première procédure d’opposition auprès de l’Office européen des brevets.

    De 2002 à 2008, cette démarche fut suivie par une opposition contre un 2e puis un 3e brevet, une action rassemblant de plus en plus de partenaires européens (instituts de recherche, ministères de la santé, associations). En 2011, l’Institut Curie a conçu une technique de détection des prédispositions génétiques plus efficace et coûtant trois fois moins cher que la méthode de Myriad.

    Contrairement aux habitudes, les neuf sages de la Cour suprême n’ont mis que deux mois pour délibérer et décider, à l’unanimité, que « l’ADN produit naturellement est un produit de la nature et n’est pas éligible pour un brevet, simplement parce qu’il a été isolé ». Myriad a « découvert un gène important et nécessaire mais les découvertes aussi révolutionnaires, innovantes et brillantes soient-elles ne s’appliquent pas en soi » à la loi sur les brevets, a considéré le juge Clarence Thomas. La Cour a toutefois permis aux brevets portant sur l’ADN complémentaire, c’est-à-dire synthétisé à partir de l’ADN d’une cellule, de rester brevetés.

    Qu’est-ce que cela entraîne ?

    Le non-brevetage de l’ADN humain permet à n’importe quel biologiste du monde d’effectuer des recherches à des fins diagnostiques, thérapeutiques ou autres sans avoir à acheter ce droit auprès d’une entreprise : la liberté de la recherche sur un bien naturel et universel est donc préservée. En conséquence, on peut imaginer que plusieurs équipes de biologistes vont continuer à améliorer et/ou compléter les méthodes de diagnostic des mutations de gènes impliquées dans ces cancers du sein et de l’ovaire. Ce qui, par simple émulation, devrait avoir pour effet de simplifier la technique, de la rendre moins coûteuse et du coup de concerner un plus grand nombre de femmes.

    Quelles sont les principales réactions ?

    L’Union américaine pour la défense des libertés (ACLU) s’est félicité que la haute Cour « abatte ainsi un obstacle majeur à l’innovation médicale et aux soins des patients. Grâce à cette décision, les patients auront un accès plus grand aux tests génétiques et les scientifiques pourront s’impliquer dans la recherche sur ces gènes sans crainte d’être traduits en justice », a déclaré l’avocate de l’ACLU Sandra Park.

    En France, les réactions sont plutôt positives. « Je suis a priori satisfaite, confie Dominique Stoppa-Lyonnet. Mais je constate que cette décision arrive à un moment où les brevets de Myriad vont bientôt tomber dans le domaine public (en 2014). » D’autre part, souligne-t-elle, la technique de diagnostic des maladies génétiques « est en train de changer pour passer d’une recherche, un à un, des gènes défectueux à la technique de séquençage du génome entier, plus facile et moins chère ». Elle dit « attendre de voir ce que vont décider les autres pays, à commencer par l’Office européen des brevets, vis-à-vis de cette décision américaine, car aujourd’hui environ 25 % des gènes humains ont fait l’objet d’un brevet ».

    « La raison et le bon sens semblent enfin l’emporter, indique Pierre Tambourin, biologiste et directeur du Genopole, bioparc dédié à la recherche en génétique et biotechnologie, à Evry (Essonne). Les Américains se sont rendu compte que le brevetage à tout prix risquait de bloquer le principe même de la recherche qui est basé sur l’émulation, et qu’on ne pouvait accepter un hyperlibéralisme qui finirait par scier la branche sur laquelle ils sont posés. »

    DENIS SERGENT(La Croix)


    votre commentaire
  • Droits des femmes, l’ONU demande des « actions concrètes »

    Le Comité onusien pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes a formulé quatre nouvelles recommandations.

    « Notre mission n’est plus vraiment l’affirmation des droits des femmes mais leur application ». À l’Assemblée nationale à Paris, mardi 11 juin, les intervenants d’une réunion organisée par le Cedaw, comité onusien de défense des droits de la femme, ont fait un bilan mitigé de l’état de la condition féminine dans le monde, appelant les gouvernants à réaliser des « actions concrètes ».

    Par la voix de sa présidente, Nicole Ameline, le comité des Nations unies s’est inquiété de nombreux reculs, y compris au sein d’une Europe frappée par la crise. Ce même jour, le ministère de l’intérieur publiait un rapport sur la violence domestique en France, en progression, établissant que 148 femmes étaient mortes sous les coups de leurs maris en 2012.

    La mission du Cedaw est de faire vivre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes. Contrairement à la Convention d’Istanbul, adoptée par le Conseil de l’Europe, le Cedaw ne se préoccupe pas uniquement de violence. « Parce que quand on aura éradiqué les violences, on ne sera pas forcément arrivé à égalité », résume sa présidente.

    Les 180 pays signataires de la Convention du Cedaw ne se sentent pas toujours obligés d’en respecter les termes, a rappelé Nicole Ameline.

    Quatre nouvelles recommandations ont donc été formulées par le comité : créer un observatoire européen sur les femmes et la crise ; appeler les gouvernements et la société civile à participer à la campagne du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon,  « Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes »; se mobiliser pour que les droits de la femme deviennent la priorité des nouveaux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) ; et, enfin, créer des réseaux de solidarité féminins « Nord-Sud ».

    Des droits toujours bafoués

    Le comité onusien bénéficie du soutien de l’ambassadeur des droits de l’homme François Zimeray, de Geneviève Garrigos, la présidente d’Amnesty International France, et d’Antoinette Fouque, militante féministe depuis plus de quarante ans, qui a regretté qu’il n’y ait plus de nos jours « de conférences rassemblant des milliers de femmes ».

    Les discussions se sont concentrées sur trois régions du monde. L’Asie du Sud, où le salariat féminin est confronté à des conditions de travail des plus précaires, un fléau illustré par la récente catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh. La région sahélienne, où les femmes ont été les victimes collatérales du conflit dans le nord Mali. Le Maghreb enfin, où des militantes françaises et allemandes Femen ayant protesté seins nus viennent d’être condamnées à quatre mois de prison ferme par la justice tunisienne.

    Le Cedaw a demandé à ce que les femmes ne soient plus prises comme cibles en temps de guerre, recommandant une sensibilisation systématique des militaires à la question du traitement des populations civiles féminines.

    La France et l’Europe se doivent d’être « exemplaires »

    « En général, il y a des progrès, mais les chiffres en France des femmes victimes de violence sont là pour montrer que tout ne va pas bien. Que personne ne pense un instant que le problème de l’égalité entre hommes et femmes est derrière nous » a affirmé Nicole Ameline, pour qui « les stéréotypes en France sont encore très courants ».

    Les recommandations du Cedaw sont donc loin de ne concerner que les pays en développement. Pour Nicole Ameline, la France se doit d’être "exemplaire": » Qui peut parler d’égalité quand il n’y a même pas de parité à l’Assemblée ? »


    votre commentaire
  • Le pape François, recevant pour la première fois au Vatican 45 membres du Parlement français, qui vient d’adopter une loi autorisant le mariage homosexuel très critiquée par les milieux catholiques, a invité ces élus samedi 15 juin 2013 à «amender et même abroger» les lois contraires à leur conscience.

    Le pape encourage les élus français à «amender ou abroger» les lois si nécessaire

    Une source parlementaire française a souligné que le pape avait décrit de manière générale la mission du parlementaire et qu’il n’avait à aucun moment fait allusion à la récente loi sur le mariage homosexuel. Il s’agissait de la première fois aussi qu’une délégation française était reçue par lui depuis son élection le 13 mars.

    «Le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier (...) une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent», a estimé François, selon un communiqué du Vatican.

    Devant 29 sénateurs et 16 députés, majoritairement de droite (UMP) et deux socialistes, il les a clairement invités à «amender et même à abroger» les lois si nécessaire, pour leur «apporter l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine». Il s’agit d’«insuffler» à ces lois «un supplément, un esprit, une âme qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment».

    Les propos du pontife surviennent après l’adoption définitive le 23 avril par le Parlement d’une loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe et leur donnant la possibilité d’adopter des enfants, qui a profondément clivé la société.

    Le pape a d’ailleurs paru rendre hommage à la mobilisation de centaines de milliers de Français dans le cadre des manifestations contre «le mariage pour tous» : «on peut se féliciter, a-t-il dit, que la société française redécouvre des propositions faites par l’Eglise, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne».

    A la sortie de l’audience, le sénateur UMP Charles Revet, qui dirige au Sénat le groupe d’amitié France-Saint-Siège, a affirmé que le terme «abroger» était «un terme que le pape a appuyé». «Le Parlement aura, après, s’il le juge utile, à revoir les choses», a-t-il ajouté.

    Erwann Binet, député PS et rapporteur du projet de loi sur le mariage homosexuel, a estimé qu’il n’y avait «pas lieu de polémiquer» sur les propos de pape François. Ils sont «bien plus +soft+, ai-je envie de dire, que certains de ceux que nous avons pu entendre dans notre pays, y compris par des représentants de l’Eglise», a déclaré l’élu socialiste, interrogé par BFM-TV.

    Le député PS Thomas Thévenoud, l’un des deux socialistes parmi les élus reçus par le pape, a assuré dans un communiqué que ce dernier n’avait «absolument pas demandé l’abrogation de la loi sur le mariage pour tous».

    Dans un discours fait sur un ton très courtois et dépourvu de critiques, le pape a souligné les «relations de confiance qui existent généralement» en France entre responsables de l’Etat et de l’Eglise.

    Le pape a ajouté que l’Eglise désirait «apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne», une contribution qu’elle souhaite donner non seulement au niveau «anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel». Il a rappelé que la France était une «nation vers laquelle les yeux du monde se tournent souvent».

    Le sénateur UMP Christian Cambon a jugé que l’exhortation du pape à amender et abroger les lois était «un message significatif», si «les mots veulent dire ce qu’ils veulent dire».

    Le pape «ne part pas en guerre» contre la loi sur le mariage homosexuel, mais «exprime son inquiétude», car «le pays n’est pas apaisé sur cette affaire», a-t-il poursuivi, avant de souligner que le chef de l’Eglise catholique «prend la mesure de la grande crise des valeurs qui touche l’Europe».

    Le pape argentin avait indirectement salué vendredi la position que le primat anglican Justin Welby avait récemment prise pendant le débat parlementaire à Londres contre le projet de mariage homosexuel.

    Mais il n’a jamais évoqué directement le thème et reste très attentif à éviter les ingérences de l’Eglise. Il invite en revanche les catholiques à s’engager davantage dans la vie politique pour défendre sans peur les idées chrétiennes.

    Quand il était archevêque de Buenos Aires, il s’était prononcé contre le «mariage» entre personnes de même sexe, tout en semblant adopter à titre personnel une position pragmatique plutôt favorable aux contrats d’unions civiles homosexuelles.

    Pour l’Eglise, le terme de «mariage» est fondé dans la Bible sur l’union d’un homme et d’une femme. Le Vatican avait surtout protesté contre le volet filiation de la loi adoptée en France, l’ex-pape Benoît XVI estimant qu’elle posait un grave problème «anthropologique».

    Le discours du pape:

    Monsieur le président, chers Parlementaires,

    Faisant suite à votre demande, je suis heureux de vous recevoir ce matin, membres du Sénat et de l’Assemblée nationale de la République française.

    Au-delà des différentes sensibilités politiques que vous représentez, votre présence manifeste la qualité des relations entre votre pays et le Saint-Siège.

    Cette rencontre est pour moi l’occasion de souligner les relations de confiance qui existent généralement en France entre les responsables de la vie publique et ceux de l’Église catholique, que ce soit au niveau national ou au niveau régional ou local. Le principe de laïcité qui gouverne les relations entre l’État français et les différentes confessions religieuses ne doit pas signifier en soi une hostilité à la réalité religieuse, ou une exclusion des religions du champ social et des débats qui l’animent. On peut se féliciter que la société française redécouvre des propositions faites par l’Église, entre autres, qui offrent une certaine vision de la personne et de sa dignité en vue du bien commun.

    L’Église désire ainsi apporter sa contribution spécifique sur des questions profondes qui engagent une vision plus complète de la personne et de son destin, de la société et de son destin. Cette contribution ne se situe pas uniquement dans le domaine anthropologique ou sociétal, mais aussi dans les domaines politique, économique et culturel. En tant qu’élus d’une Nation vers laquelle les yeux du monde se tournent souvent, il est de votre devoir, je crois, de contribuer de manière efficace et continue à l’amélioration de la vie de vos concitoyens que vous connaissez particulièrement à travers les innombrables contacts locaux que vous cultivez et qui vous rendent sensibles à leurs vraies nécessités.

    Votre tâche est certes technique et juridique, consistant à proposer des lois, à les amender ou même à les abroger. Il vous est aussi nécessaire de leur insuffler un supplément, un esprit, une âme dirais-je, qui ne reflète pas uniquement les modes et les idées du moment, mais qui leur apporte l’indispensable qualité qui élève et anoblit la personne humaine. Je vous formule donc mes encouragements les plus chaleureux pour continuer dans votre noble mission, cherchant toujours le bien de la personne en promouvant la fraternité dans votre beau pays.

    Que Dieu vous bénisse !


    4 commentaires
  • Nicaragua: le Congrès approuve la concession d'un futur canal interocéanique

    Le Congrès du Nicaragua a approuvé jeudi 14 juin 2013 une loi attribuant à une entreprise récemment fondée par un avocat à Hong Kong la concession pour concevoir, réaliser et exploiter pendant un siècle un canal entre l'Atlantique et le Pacifique, dont le coût est estimé à 40 milliards de dollars.

    Le projet de loi a recueilli 61 votes favorables, 25 contre alors qu'un élu s'est abstenu.

    L'accord avec HK Nicaragua Canal Development Investment Co. (HKDN) soulève une forte opposition de la part de certains secteurs politiques, économiques, écologistes ainsi que dans les rangs de communautés indigènes, qui estiment que le président Daniel Ortega (gauche) "hypothèque le Nicaragua" en faveur d'une "obscure" entreprise créée par "un entrepreneur chinois que personne ne connaît".

    La loi autorise le gouvernement - qui entretient des relations diplomatiques avec Taïwan mais pas avec la Chine - à signer vendredi à Managua un accord de concession avec l'entreprise détenue par l'avocat Wang Jing, qui a en outre ouvert une filiale aux îles Caïman.

    La loi concède à HKDN "le tracé, le développement, l'ingénierie, les accords de financement, la construction, la propriété, l'exploitation, l'entretien et l'administration" d'un canal entre les océans Atlantique et Pacifique.

    Le projet envisage la construction d'un canal humide, de ports, d'un aéroport, d'un oléoduc et d'une ligne de chemin de fer ainsi que d'une zone franche.

    Ce canal, pour lequel aucun tracé n'a été décidé, se situerait à moins de 600 kilomètres au nord du canal de Panama, par lequel transite 5% du commerce mondial, et qui fait actuellement l'objet de pharaoniques travaux d'élargissement.

    Selon l'opposition, cette loi est "est anticonstitutionnelle, frauduleuse et préjudiciable aux intérêts "(du pays). "Nous offrons notre territoire à une entreprise étrangère qui peut le vendre ou le louer en morceaux", a déclaré le chef de l'opposition Eduardo Montealegre.

    M. Wang aura "tous les pouvoirs pour exproprier, confisquer, étendre, draguer et dévier les cours d'eau" au Nicaragua, a-t-il estimé.

    Répondant aux critiques sur le manque d'expérience de l'avocat chinois en matière de travaux de grande envergure, son porte-parole au Nicaragua, le Bolivien Ronald MacLean, l'a comparé au directeur technique "d'une équipe de football qui peut être très bon sans avoir été lui-même footballeur".

    Le concessionnaire du canal fixera également les tarifs liés à son exploitation.


    votre commentaire
  • La révolte qui agite la Turquie a été allumée par une étincelle écologique : la protestation contre le projet de construction d'un centre commercial sur la place Taksim d'Istanbul, qui prévoit la destruction du parc Gezi. A partir de cette étincelle, le mouvement a pris une ampleur qui dépasse de beaucoup son amorce et implique bien davantage que le refus d'une politique méprisant l'environnement au nom du développement économique. La séquence n'en est pas moins remarquable.

    Comme il est remarquable que, de ce point de vue, le cas turc est loin d'être isolé. De plus en plus souvent, dans les pays émergents, la protestation écologiste est un des principaux motifs d'agitation sociale. Au Chili, le grand mouvement étudiant de 2011 avait pris appui sur le succès inattendu de la manifestation à Santiago contre un projet de grands barrages en Patagonie. En Pologne, une résistance paysanne s'affirme contre les tentatives d'exploration du gaz de schiste. En Chine, les protestations locales contre des usines polluantes sont le ferment le plus actif d'expression de l'insatisfaction sociale sous un régime qui reste très répressif.

    En Inde, le mouvement des paysans sans terre et les nombreuses résistances à des projets de complexes industriels ou de centrales nucléaires font écho à la rébellion naxalite qui s'appuie dans l'est du pays sur la résistance des autochtones à des plans miniers. Au Pérou comme en Bolivie, la protestation contre des projets de mines ou de routes à travers des parcs naturels ont ébranlé les gouvernements. Au Brésil, si la résistance au barrage de Belo Monte reste localisée, la place qu'a su prendre l'écologiste Marina Silva sur la scène politique montre l'importance de la préoccupation environnementale chez le géant d'Amérique latine.

    L'ÉCOLOGIE, ÉLÉMENT MOTEUR DES DYNAMIQUES SOCIALES

    Peut-on parler d'un "soulèvement contre le développement", comme l'écrit l'analyste Ali Bektas à propos des événements de Turquie ? Sans doute est-ce prématuré. Mais il est clair que la croissance effrénée que connaissent nombre de pays du Sud suscite de plus en plus de frustrations, en raison de ses effets secondaires néfastes et de son caractère souvent inéquitable. L'écologie n'est décidément plus un "luxe de pays riches", comme on l'entend parfois, mais bien un élément moteur des dynamiques sociales dans tous les pays du monde.

    La destruction écologique peut aussi influencer les révoltes par la misère qu'elle entraîne, comme le signale François Gemenne, chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales. Bon connaisseur du Bangladesh, il observe que la radicalisation islamiste qui agite le pays peut être associée au dénuement de populations rurales qui perdent souvent leurs maigres avoirs sous les coups de conditions environnementales de plus en plus dévastatrices. Elles se rapprocheraient par désespoir du fanatisme religieux.

    Il faut raffiner et préciser ces pistes d'analyse. Mais ce qui est sûr, c'est que la compréhension des enjeux sociaux de la crise écologique doit intégrer l'analyse géopolitique.

    Hervé Kempf (Le Monde)


    votre commentaire
  •  Justice pour les Mau-Mau

    Il y a près de soixante ans, plusieurs kenyans ont été torturés et/ou tabassé par les forces coloniales britanniques.

    C'était pendant la rébellion Mau-Mau, du nom donné par les Anglais aux guérilleros kényans qui semèrent la terreur entre 1952 et 1960 chez les colons, s'attaquant notamment aux fermiers blancs. Si leurs attaques ont été brutales, la répression a été terrible. Les Mau-Mau ont fait 32 morts chez les Blancs; entre 10 000 et 90 000 Kényans ont été tués, 300 000 selon certaines sources. Dans le même temps, 160000 d'entre eux étaient emprisonnés sans procès dans des camps où les exécutions, la torture, la castration, le viol et les mauvais traitements étaient communs.

    Londres a finalement accepté d'indemniser à hauteur de 20 millions de livres plusieurs milliers de Kényans, quelque 60 ans après la répression de l'insurrection des Mau Mau, une page particulièrement sombre de l'histoire coloniale britannique.

    A Nairobi, quelque 160 Mau Mau, certains très âgés, ont accueilli la nouvelle avec une intense émotion, et une grande fierté.

    "Le gouvernement reconnaît que des Kényans ont été soumis à des tortures et à d'autres formes de mauvais traitements entre les mains de l'administration coloniale", a déclaré le chef de la diplomatie William Hague devant la Chambre des Communes.

    Lors de cette intervention, qui fait suite à une bataille judiciaire de quatre ans engagée par des victimes, le ministre a exprimé les "regrets sincères" du gouvernement, sans aller toutefois jusqu'à présenter des excuses complètes.

    "La torture et les mauvais traitements sont des atteintes odieuses à la dignité de l'homme que nous condamnons sans réserve", a-t-il dit, annonçant que le gouvernement verserait 19,9 millions de livres (23,5 millions d'euros) à 5.228 victimes défendues par un cabinet d'avocats londonien.

    Le ministère britannique des Affaires étrangères avait confirmé le mois dernier négocier un accord avec des plaignants accusant les forces impériales britanniques d'avoir commis contre eux des tortures et des agressions sexuelles.

    Jusqu'alors le Foreign Office avait argumenté que le gouvernement kényan avait hérité de la responsabilité des faits commis pendant la période coloniale au moment de l'accession du pays à l'indépendance du pays en 1963.

    "Je rends grâce au ciel que nous soyons encore en vie aujourd'hui pour vivre cela et que nous soyons indemnisés pour les atrocités qui ont été commises", s'est réjoui à Nairobi Habil Molo Ogola, âgé de 78 ans, auprès de l'AFP.

    Le vieil homme a expliqué qu'après avoir tenté d'aider des prisonniers Mau Mau à s'échapper, il avait été détenu pendant trois ans et avait subi des tortures.

    Gitu wa Kahengeri, porte-parole d'une association de vétérans Mau Mau, âgé de près de 90 ans, a salué "un grand jour".

    "Le gouvernement britannique a compris que nous avons besoin de justice. C'est le début d'une réconciliation entre les Mau Mau et le gouvernement britannique. C'est formidable pour nous qui avons lutté pour l'indépendance", a-t-il dit.

    Au moins 10.000 personnes, selon l'estimation la plus basse, ont trouvé la mort durant l'insurrection Mau Mau de la période 1952-1960 contre le régime colonial, brutalement réprimée. A l'époque, l'attention internationale avait été surtout attirée par la mort de 32 colons blancs durant la révolte.

    Un grand nombre de plaignants n'ont apparemment jamais porté d'armes, mais ils ont été maltraités après avoir été accusés de nourrir et d'aider les rebelles, qui menaient des attaques afin de récupérer les terres fertiles des colons blancs.

    Des dizaines de milliers de personnes avaient été détenues, dont le grand-père du président américain Barack Obama.

    Le mouvement militant recrutait essentiellement dans la communauté kikuyu. Le premier président, Jomo Kenyatta lui-même était kikuyu et ancien Mau Mau.

    Le cabinet britannique Leigh Day, représentant les victimes, s'est réjoui de ce "moment historique". "Il est courageux de reconnaître publiquement pour la première fois la nature terrible du passé de la Grande-Bretagne au Kenya", a déclaré l'un des avocats, Martyn Day.

    Il a affirmé que cette décision d'indemniser les victimes de tortures pourrait mener des ressortissants d'anciennes colonies britanniques à envisager une action contre Londres, au Yémen, en Malaisie et à Chypre notamment.

    En octobre 2012 la Haute cour de Londres avait autorisé trois Kényans, Paulo Muoka Nzili, Wambugu Wa Nyingi et Jane Muthoni Mara, à poursuivre le gouvernement britannique.

    Selon leurs avocats, le premier avait subi une castration, le deuxième avait été violemment battu et la dernière avait subi des violences sexuelles dans des camps de détention pendant l'insurrection Mau Mau.

    Une quatrième plaignante, Susan Ngondi, est morte depuis le début de l'action en justice.

    En plus des sommes annoncées au titre de réparation, qui représentent par personne environ cinq fois le salaire annuel d'un fonctionnaire kényan de base, le gouvernement britannique a indiqué qu'il aiderait à la construction d'un mémorial à Nairobi pour les victimes de tortures et de mauvais traitements pendant l'ère coloniale.

    Pour en savoir plus, cliquez ici


    1 commentaire
  • Les bananes de Jersey

    On ne le souligne jamais assez, l'île anglo-normande de Jersey, modeste éperon rocheux à quelques encablures de Saint-Malo, est, en dépit de son crachin persistant, l'un des premiers exportateurs mondiaux de bananes. Ce petit miracle ne doit rien à la météorologie et tout à la magie de la fiscalité moderne.

    Dopée par la mondialisation, l'optimisation fiscale est devenue le sport préféré des grandes entreprises mondiales. Un sport de combat qui fait transpirer des bataillons d'avocats, mais rapporte beaucoup à ses pratiquants, surtout les plus lourds et les plus internationaux.

    Rien d'illégal là-dedans, juste l'analyse méticuleuse des règles fiscales de tous les pays du monde, et leur mise en concurrence. Le reste relève de la plomberie de haut niveau, multipliant les robinets et les dérivations pour au final assécher le tuyau qui aboutit dans la poche des Etats.

    La fameuse banane connaîtra ainsi deux circuits. Le physique, par cargo, d'Amérique latine vers son pays de consommation, et le virtuel, par facture, qui transitera auparavant par les îles Caïmans, le Luxembourg, l'île de Man, l'Irlande et... Jersey.

    LA FRANCE PARADIS FISCAL

    Est-ce tricher que de profiter ainsi de la face sombre de l'internationalisation des échanges? Après tout, les Etats sont largement complices de ces pratiques, eux qui rivalisent d'ingéniosité pour attirer les investissements sur leur territoire. A force de multiplier les niches, tous les pays d'Europe, y compris la France, sont devenus des paradis fiscaux pour les uns, surtout les plus gros, des enfers pour les autres, les plus petits. La plupart des PME de France voient leurs bénéfices imposés à plus de 20 %, quand les grands groupes ne reversent en moyenne au fisc que 9 % de leurs profits.

    L'optimisation fiscale n'est, bien sûr, pas la seule responsable de cette inégalité. Les grands exportent plus que les petits et payent donc des impôts ailleurs qu'en France. Le dysfonctionnement naît du détournement. Quand un bien est produit dans un territoire, en utilisant sa main-d'œuvre et ses infrastructures, la richesse produite doit pouvoir être taxée sur place.

    C'est évidemment loin d'être le cas. Si le comportement n'est pas illégal, il n'est pas forcément très moral, surtout si le producteur lésé est un pays en voie de développement aux ressources très limitées.

    Si la morale n'a pas grand-chose à voir avec les affaires, l'éthique collective est une condition de la confiance, et donc de la pérennité à long terme des entreprises. Jusqu'à présent, les Etats rivalisaient d'hypocrisie, volontaires en façade, conciliants par-derrière. Car aller trop loin dans ce domaine aurait pénalisé la compétitivité de leurs propres entreprises. C'est la raison pour laquelle Paris préférera toujours s'en prendre à Google ou à Amazon plutôt qu'à Total ou à LVMH.

    Or, les Etats manquent de ressources et constatent que leurs politiques fiscales sont de plus en plus inefficaces. Un motif de plus qui plaide pour un grand soir fiscal. Mais, dans ce domaine, tout progrès passe par la transparence et l'harmonisation, à commencer par le niveau européen. Il est temps de tomber les masques : il n'y a pas de bananes à Jersey.

    Philippe Escande (Le Monde)


    votre commentaire
  • La lutte contre la pollution, la surpêche et l'acidification des océans est indispensable

    A l'occasion de la Journée mondiale des océans, le 8 juin, le Secrétaire général de l'ONU a rappelé dans un message que les océans, du commerce à l'alimentation en passant par la régulation du climat, faisaient partie intégrante de l'humanité tout entière.

     

    « Cela est d'autant plus vrai pour les populations côtières dont les revenus et la culture sont irrévocablement liés à la mer », poursuit M. Ban, qui a ajouté que si « nous voulons tirer pleinement parti des océans, nous devons inverser la tendance et enrayer la dégradation du milieu marin causée par la pollution, la surpêche et l'acidification. »

     

    « J'invite toutes les nations à œuvrer à cette fin, notamment en adhérant à la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer et en la mettant en application », affirme le Secrétaire général.

     

    « Unissons nos efforts en vue de trouver de nouveaux modes d'action afin d'assurer la pérennité des océans, pour l'humanité et la planète », conclut Ban Ki-moon.


    votre commentaire
  • Le service d'information de l'ONU et plusieurs ONG ont invité jeudi à New York à discuter des moyens de faire disparaître l'institution de la guerre. Le représentant suisse aux Nations unies Paul Seger a ouvert le débat, soulignant l'importance des femmes dans l'avancée de la paix.

    M. Seger a qualifié la manifestation d'un des "rares moments où nous faisons ce que nous devrions faire chaque jour à l'ONU: réfléchir sur la prévention et l'abolition de la guerre".

    L'ambassadeur suisse a rappelé que la Charte des Nations Unies commençait par ces mots: "Nous, peuples des Nations Unies, sommes résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre".

    Il s'est dit convaincu que le monde connaîtrait plus de paix si davantage de femmes jouaient un rôle dans les négociations de paix et occupaient des positions dirigeantes.

    Il n'y a pas que les "rêveurs" - comme dans la chanson de John Lennon "Imagine" - qui souhaitent la paix, a poursuivi Paul Seger. Et d'évoquer le pacte Briand-Kellog, signé en 1928 par lequel 63 pays "condamnent le recours à la guerre pour le règlement des différends internationaux et y renoncent en tant qu'instrument de politique nationale dans leurs relations mutuelles".

    "Un pas vers la fin des guerres"

    M. Seger a encore appelé à une campagne mondiale pour la ratification d'un amendement qui définirait clairement l'agression comme un crime tombant sous la juridiction de la Cour pénale internationale (CPI).

    Il a également demandé aux pays membres de l'ONU de se joindre au Traité sur le commerce international des armes conventionnelles, signé lundi par une soixantaine de pays, dont la Suisse.

    Trop tard et trop dur

    La militarisation atteint le moindre recoin du village global, commente la division de l'information de l'ONU. Plus de 1,7 milliard de dollars sont dépensés pour l'armement à travers le monde. Pour le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, "le monde est surarmé et la paix sous-financée".

    'L'onu n'est-elle pas tout simplement en train de se ridiculiser???


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique