• Laurent Gbagbo déclaré apte pour son procès

    Les experts estiment que la santé de l'ancien président de la Côte d'Ivoire est assez bonne pour pouvoir comparaître devant la Cour pénale internationale.

    L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo est «physiquement et mentalement» apte à participer à son procès pour crimes contre l'humanité, qui doit s'ouvrir le 28 janvier, ont décidé vendredi les juges de la Cour pénale internationale (CPI). «Les experts ont souligné une grande amélioration de l'état de santé de Monsieur Gbagbo et observé qu'il ne souffre plus du syndrome de stress post-traumatique ou du syndrome d'hospitalisation», a indiqué la CPI dans un communiqué.

    «Compte tenu des conclusions unanimes des trois experts nommés, Laurent Gbagbo est physiquement et mentalement en mesure d'assister à son procès et de suivre son déroulement», a ajouté la même source.

    La défense, citée dans la décision, avait argué que son client n'était pas en mesure de participer à son procès, car il est «malade, fatigué et fragile», et que les «pathologies de Monsieur Gbagbo n'ont pas disparu». Elle estime aussi que deux des trois experts ont manqué de professionnalisme dans la manière dont ils ont mené leurs examens.

    Report de deux mois

    La CPI avait reporté à fin janvier l'ouverture du procès de l'ancien président, prévue le 10 novembre, afin que les juges aient le temps d'examiner des rapports sur la santé de l'ex-président ivoirien.

    Dans une décision de 2012, la CPI citait trois experts ayant déterminé que Laurent Gbagbo souffrait notamment d'un trouble de stress post-traumatique (PTSD).

    Deux des trois experts avaient alors déterminé que Laurent Gbagbo n'était pas en état de suivre les procédures, mais la CPI en avait décidé autrement. De nouveaux examens, sur la base desquels la CPI a pris la décision de vendredi, ont eu lieu entre-temps.

    La CPI a toutefois demandé au greffe de «s'assurer que des installations nécessaires soient mises en place pour donner la possibilité à Laurent Gbagbo de se reposer entre les séances lors de son procès».

    «En outre, des mesures devront être prises pour que Monsieur Gbagbo ait la possibilité de s'absenter brièvement lors des audiences, si cela s'avère nécessaire», a précisé la Cour.

    Refus de céder le pouvoir

    L'ancien président est accusé d'avoir fomenté une campagne de violences pour tenter, en vain, de conserver le pouvoir. Laurent Gbagbo et son co-accusé, Charles Blé Goudé, ex-chef de milice, sont poursuivis pour leur rôle présumé dans cette crise née à l'issue de la présidentielle de 2010, remportée par Alassane Ouattara. Les violences ont fait plus de 3000 morts en cinq mois.

    Charles Blé Goudé aurait été à la tête d'hommes ayant tué et violé des centaines de personnes, selon l'accusation, dans le but de maintenir l'ex-chef de l'Etat au pouvoir.

    Laurent Gbagbo est le premier ex-chef d'état livré à la CPI. Il est écroué au centre de détention de la CPI depuis 2011.

    La CPI réclame également son épouse, Simone Gbagbo, mais Abidjan souhaite la poursuivre en Côte d'Ivoire. Simone Gbagbo a été condamnée, dans un premier procès contre elle, à 20 ans de prison pour son rôle dans la crise post-électorale.


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  • 16'000 enfants enrôlés de force depuis janvier

    L'Unicef dénonce l'enrôlement de force d'enfants par les différentes parties en conflit au Soudan du Sud, malgré la signature d'un accord de paix.

    Quelque 16'000 enfants ont été enrôlés de force cette année par les différentes parties en conflit au Soudan du Sud, a dénoncé vendredi l'Unicef.

    Malgré la signature d'un accord de paix en août, «il y a peu de signe d'amélioration», selon l'agence des Nations Unies.

    «De graves violations des droits des enfants, dont des assassinats, des enlèvements et des violences sexuelles, continuent à travers le pays», a déclaré un porte-parole de l'Unicef, Christophe Boulierac, lors d'un point de presse à Genève.

    Christophe Boulierac a expliqué que «depuis le début de 2015, la situation des enfants au Soudan du Sud a empiré», avec «un enrôlement et une utilisation constants d'enfants, essentiellement des garçons mais aussi des filles, par les forces et groupes armés».

    Depuis janvier, «environ 16'000 enfants ont été recrutés par les groupes et forces armés», a-t-il dit, précisant «qu'ils sont donc tous encore dans les groupes et forces armés».

    Pas seulement des combattants

    Il est courant d'appeler «enfants soldats» les enfants associés aux forces et groupes armés, terme qui évoque l'image de jeunes garçons portant des uniformes et des armes. Mais dans la pratique, l'utilisation de ces enfants est plus large que leur participation à des hostilités en tant que combattants.

    Ces enfants peuvent aussi notamment, pas exclusivement, exercer d'autres fonctions comme porteurs ou messagers et sont envoyés dans des zones et situations extrêmement dangereuses du fait des combats. Les filles sont souvent utilisées à des fins sexuelles et pour des mariages forcés.

    Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, avant de replonger dans la guerre en décembre 2013 en raison de dissensions politico-ethniques, alimentées par la rivalité entre le chef de l'Etat Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Les combats n'ont jamais vraiment cessé en dépit d'un accord de paix signé le 26 août entre le gouvernement de Juba et les rebelles.

    Le conflit, marqué par des atrocités attribuables aux deux camps, a fait des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 2,2 millions de personnes de chez elles. Environ 1500 enfants ont été tués, selon l'Unicef.


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  • Desmond Majekodunmi, protecteur de la forêt africaine

    Ce Nigérian a créé un parc naturel privé, à Lagos, et tente de convaincre ses concitoyens d’agir contre le réchauffement climatique.

    Soudain, on respire. Passé le portail, on avance au milieu des arbres et tous les motifs d’énervement restent à la porte : les embouteillages géants, les klaxons, les gaz d’échappements et les querelles entre chauffeurs, dans le chaos de la plus grande ville d’Afrique…

    Une forêt à la lisière de la mégalopole

    Lagos, au Nigeria, avec ses 20 millions d’habitants, est une mégapole qui cuit au soleil, avec sa succession de bretelles d’autoroutes et de quartiers qui poussent toujours plus loin.

    Sur la lagune de Lekki, au milieu des lotissements, le Lufasi Park est une forêt privée de 20 hectares. Une sorte de sanctuaire, où l’on peut voir des manguiers et des azobés de 45 mètres de haut. On y est baigné de fraîcheur et de chants d’oiseaux.

    Ici, Desmond Majekodunmi est chez lui. Il raconte qu’on lui a proposé une fortune pour lui acheter ce terrain, alors que l’immobilier flambe à Lagos. Mais il n’a rien voulu savoir. « La dernière barrière qui nous protège du changement climatique est la forêt tropicale. Donc il faut la préserver à tout prix », dit-il. « Pour éviter le réchauffement, la priorité est bien sûr que les pays du Nord réduisent leurs émissions de CO  2  . Mais la forêt peut nous donner du temps. Il faut la sauver de la destruction. » 

     « Essayez donc de ne pas respirer durant cinq minutes… L’air, c’est la vie. Et l’oxygène vient des arbres ! », répète Desmond Majekodunmi, ne se lassant jamais d’interpeller ses visiteurs. « J’ai acquis cette conviction en étant fermier. »

    Un discours peu entendu

    Âgé de 65 ans, c’est un personnage connu au Nigeria. Il intervient toutes les semaines dans son émission de radio, « L’heure verte ». Il est aussi de toutes les rencontres où il est question d’environnement. Il sera d’ailleurs à Paris durant la COP21. Il a créé ce parc naturel de Lufasi où, moyennant un droit d’entrée, les habitants de Lagos peuvent se promener dans une forêt humide tropicale qui a échappé aux promoteurs.

    Il n’est pas très suivi et le reconnaît lui-même. Le Nigeria vit des revenus du pétrole. Lui s’efforce d’expliquer que « le pétrole est trop précieux pour être brûlé », qu’il vaut mieux le garder le plus longtemps possible dans le sol et miser sur les énergies renouvelables.

    Si les Nigérians peinent à se mobiliser, c’est qu’ils aspirent à suivre la Chine ou l’Inde sur la voie du développement. Desmond Majekodunmi les invite pourtant à ne pas reproduire ici les erreurs qui y ont été commises.

    Le désert, terreau propice au développement de Boko Haram

     « Le changement climatique nous affecte directement. Il provoque l’avancée du désert. Et c’est donc à cause de lui que Boko Haram peut prendre une telle importance », relève-t-il. Le mouvement islamiste trouve en effet à s’enraciner dans les régions pauvres du nord du pays, où les rendements agricoles déclinent.

    Pour autant, Desmond Majekodunmi estime que la responsabilité de la lutte contre le réchauffement climatique incombe en priorité aux pays du Nord. « L’empreinte carbone de tout le Nigeria est plus faible que celle de la ville New York durant l’hiver », rappelle-t-il. Il estime, à l’unisson de tous les représentants des pays du Sud, que le Nigeria doit bénéficier d’une aide massive des pays développés pour pouvoir adopter un modèle de développement écoresponsable.

     « L’Afrique se tourne vers le reste du monde et mendie… Mais si vous êtes dans votre maison, et si quelqu’un met le feu devant, vous n’irez pas dehors en priant gentiment que l’on veuille bien éteindre… », dit-il. « Or c’est le monde occidental qui a amené le feu chez nous ! » 

    Un visionnaire

    Il espère donc voir l’Afrique parler d’une voix forte, durant la conférence de Paris, pour dire « ça suffit ». Il souhaite que cette conférence permette de créer et de financer une agence indépendante qui se chargera de replanter la forêt tropicale. Celle-ci ne couvre plus que 5 % du Nigeria. Il demande un effort massif pour rendre à la forêt des zones entières et pour construire « un mur vert » contre l’avancée du désert.

    Desmond Majekodunmi a été un visionnaire. Il a créé le Lufasi Park il y a vingt-cinq ans, à une époque où la lagune de Lekki abritait encore des terres agricoles. Il rentrait alors du Kenya. Au cœur du parc se trouve une animalerie, avec des singes. L’arbre le plus haut abrite un nid de vautours. On peut facilement les voir s’élancer dans l’air, de leur vol lourd, déployant leurs ailes impressionnantes. Ils font la fierté du maître des lieux.

     


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  • L'ONU appelle à lutter contre le fléau des violences à l'égard des femmes

    25 novembre 2015 – Plusieurs responsables des Nations Unies, dont le Secrétaire général Ban Ki-moon, ont dressé mercredi un tableau sombre de la situation de nombreuses femmes dans le monde et lancé un appel pressant pour qu'il soit mis fin au « fléau » de la violence à leur encontre.

    « Les atrocités criminelles commises à l'encontre de femmes et de filles dans les zones de conflit, ainsi que la violence familiale qui existe dans tous les pays, compromettent sérieusement le progrès », a dit M. Ban dans un message à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.

    « Je suis extrêmement préoccupé par le sort des femmes et des filles qui vivent en situation de conflit armé, qui subissent diverses formes de violence, dont des atteintes sexuelles, qui sont utilisées comme esclaves sexuelles et qui sont victimes de la traite », a poursuivi le Secrétaire général.

    « Des extrémistes violents pervertissent les doctrines religieuses pour justifier l'asservissement des femmes et la violence sexiste. Il ne s'agit pas d'actes de violence aveugle, ou de conséquences indirectes de la guerre, mais d'une volonté systématique de priver les femmes de toute liberté et de prendre le pouvoir sur leur corps. Tandis que la communauté internationale s'efforce de prévenir et de combattre l'extrémisme violent, l'impératif de protection et d'autonomisation des femmes et des filles doit être une considération de premier plan », a-t-il dit.

    Environ la moitié des 60 millions de personnes aujourd'hui déplacées sont des femmes, a-t-il noté. « Beaucoup de celles qui fuient la guerre et la violence sont exploitées par des trafiquants sans scrupules; beaucoup sont victimes de discrimination sexiste et de xénophobie dans des sociétés hostiles. Celles qui sont trop jeunes, trop âgées ou trop frêles pour entreprendre un voyage dangereux sont encore plus vulnérables une fois que leurs proches sont partis ».

    « Même dans les zones de paix, la violence contre les femmes subsiste sous la forme de féminicide, d'atteintes sexuelles, de mutilations génitales, de mariage précoce ou de cyberviolence. Ces pratiques traumatisent la personne et déchirent le tissu social », a déploré M. Ban.

    Rappelant qu'il a lancé des initiatives mondiales, telles que « Tous unis pour mettre fin à la violence à l'égard des femmes » et « HeForShe », qui visent à associer les hommes à la promotion de l'égalité des sexes, le Secrétaire général a demandé aux États de verser davantage de contributions au Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies à l'appui de la lutte contre la violence à l'égard des femmes, dont l'objet est de remédier à une pénurie chronique de fonds.

    Partout dans le monde, des millions de personnes utilisent la couleur orange pour montrer qu'ils sont unis dans leur souhait de vivre demain dans un monde débarrassé de la violence contre les femmes et les filles. Cette année, le mouvement prenant de l'ampleur, des lumières orange devaient illuminer des sites illustres tels que Petra, en Jordanie, et les chutes du Niagara, en Amérique du Nord.

    « La violence à l'égard des femmes est si répandue que chacun d'entre nous peut faire quelque chose pour la combattre. Nous devons unir nos forces pour faire disparaitre ce fléau, promouvoir une égalité pleine et entière entre les sexes et édifier un monde dans lequel les femmes et les filles seront en sécurité, comme chacune d'entre elles le mérite et pour le bien de l'humanité toute entière », a conclu M. Ban.

    De son côté, la Représentante spéciale de M. Ban pour la lutte contre les violences sexuelles dans les conflits, Zainab Hawa Bangura, a exhorté le monde à s'unir pour mettre fin aux violences à l'égard des femmes, dans un message adressé tout particulièrement aux hommes. Ceux-ci, a-t-elle dit, « peuvent et doivent jouer un rôle important dans la promotion de l'égalité entre les sexes au sein de leur famille, sur leur lieu de travail et dans leurs cercles sociaux ».

    Abordant les violences à l'égard des femmes dans les conflits armés, Mme Bangura a affirmé que ces violences « n'ont rien à voir avec le sexe mais sont une question de violence et de pouvoir ». « Ce n'est pas un crime de seconde classe qui affecte des citoyens de seconde classe, c'est un crime de guerre », a-t-elle affirmé.

    Dans une déclaration, le Président de l'Assemblée générale de l'ONU, Mogens Lykketoft, s'est félicité du fait que cette année, la campagne onusienne de lutte contre les violences à l'égard des femmes, consistant notamment à afficher la couleur orange sur de nombreux sites et monuments, durera 16 jours.

    Notant qu'une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles, le plus souvent de la part d'un partenaire intime, et qu'en 2012, la moitié des femmes tuées dans le monde l'avaient été par leur partenaire ou par des membres de leur famille, M. Lykketoft a estimé « crucial que le monde considère la violence à l'égard des femmes comme ce qu'elle est, c'est-à-dire pas seulement un problème social mais une violation évidente des droits humains ».


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  • L'UE veut lutter contre la radicalisation en ligne

    Le Parlement européen suggère davantage de sévérité envers les fournisseurs d'accès, avec de possibles poursuites pénales.

    Le Parlement européen a préconisé mercredi de renforcer la lutte contre la propagande djihadiste sur internet pour empêcher la radicalisation et le recrutement de combattants par l'Etat islamique (EI). Il suggère davantage de sévérité envers les fournisseurs d'accès.

    Les gouvernements européens devraient engager des poursuites pénales contre les entreprises de l'internet qui «refusent de donner suite» à des demandes visant à «effacer des contenus illicites ou faisant l'apologie du terrorisme», ont affirmé les parlementaires, pour qui un tel refus équivaut à un «acte de complicité».

    Réunis à Strasbourg, les eurodéputés ont adopté à une très large majorité une résolution non contraignante sur la prévention de la radicalisation.

    Vidéos «quasi hollywoodiennes»

    «Internet est devenu le premier camp d'entraînement virtuel de ces terroristes radicaux, à coups de vidéos et de sites quasi hollywoodiens incitant à la haine, à la barbarie, au terrorisme et au crime», a expliqué lors du débat la rapporteure du texte, l'ex-ministre française de la Justice Rachida Dati.

    Hasard du calendrier: son rapport, préparé à la suite des attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015, a finalement été soumis au vote moins de deux semaines après la nouvelle vague d'attaques sanglantes à Paris.

    Le commissaire chargé des Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, a rappelé qu'un forum contre la propagande terroriste en ligne, réunissant les acteurs d'internet, des représentants des autorités et de la société civile, serait lancé le 3 décembre à Bruxelles pour rechercher des «solutions pratiques» contre la radicalisation.

    Séparer les détenus

    Dans son rapport, Mme Dati aborde aussi la radicalisation dans les prisons. Une des solutions serait - «au cas par cas» - de séparer les détenus radicalisés des autres, selon le texte adopté.

    Par ailleurs, les eurodéputés ont appelé l'UE à mettre en place des «contrôles systématiques et obligatoires» à ses frontières extérieures. Ils ont ausi demandé aux Etats membres de placer sous contrôle judiciaire, voire en rétention administrative, les combattants djihadistes de retour en Europe, «jusqu'à ce que les poursuites judiciaires soient engagées» à leur encontre.

    Données des passagers aériens

    Enfin, le Parlement s'est engagé à approuver «avant la fin de l'année» la mise en place d'un fichier rassemblant des données sur les passagers aériens (PNR). Ce dossier est bloqué depuis des années en raison de craintes de nombreux élus quant aux libertés individuelles.

    Un tel fichier «doit être mis en place, y compris pour les vols intra-européens», a plaidé mercredi 25 novembre 2015 le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.


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  • Pourquoi le droit international humanitaire n'est-il pas appliqué?

    De l'Ukraine à la Syrie, en passant par l'Irak et la République centrafricaine, les conflits qui secouent la planète ont un point commun. Hormis leur nature destructrice, ils sont tous régis par le droit international humanitaire (également appelé droit humanitaire ou DIH), dont l'objectif est la protection de toutes les victimes de guerres.

    emier, relatif au secours des personnes ne prenant pas – ou plus – part aux hostilités (blessés, civils, prisonniers), le second, traitant des méthodes de guerre.

    Il est né le 22 août 1864, avec la ratification de la première convention de Genève, dont la préoccupation, à l'époque des champs de bataille et des affrontements entre armées impériales, était la seule protection des soldats blessés. Au même rythme que la guerre, le droit humanitaire s'est étoffé et complexifié, mais ses principes fondamentaux restent très simples :

    – l'interdiction de tuer ou de blesser un soldat qui a déposé les armes ;

    – la protection et l'accès aux malades et aux blessés par les services médicaux ;

    – l'obligation de permettre les secours essentiels à la survie de la population si le caractère humanitaire et impartial est garanti ;

    – la protection des combattants capturés contre des traitements inhumains ou dégradants ;

    – l'interdiction de prendre pour cible des civils. De plus, les attaques qui risquent de causer des victimes civiles doivent être évitées. Les civils ne peuvent pas être déplacés par la force ;

    – l'interdiction de détruire les moyens de survie des civils en s'attaquant aux cultures, aux réserves d'eau potable, aux installations médicales, aux habitations ou aux moyens de transport non militaires.

    Le droit humanitaire a été rédigé par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), organisation humanitaire suisse créée en 1863. Le CICR est le garant du droit international humanitaire ; c'est lui qui l'a soumis aux Etats pour ratification et son rôle est de rappeler les textes à ceux qui se sont engagés à les respecter et les faire respecter. Il n'agit en revanche pas en qualité de juge et s'appuie sur trois principes afin de protéger les victimes de conflits armés : l'indépendance, la neutralité et l'impartialité.

    Un autre pilier important du CICR est la confidentialité, une caractéristique qui lui vaut parfois d'être critiqué, notamment lorsqu'il est le témoin de violations du droit humanitaire. En effet, avant de rendre ces violations publiques, l'organisation va s'adresser, en toute confidentialité, à la partie concernée pour tenter de lui faire respecter le droit. C'est grâce à cette notion que le CICR estime qu'il peut obtenir la confiance de toutes les parties prenantes d'un conflit armé et donc venir en aide à toutes les victimes des guerres, sans distinction.

    On compte trois évolutions majeures du DIH. Tout d'abord, les conventions de Genève de 1949, qui reprennent le texte rédigé en 1864 et l'enrichissent, en s'appuyant notamment sur la convention de La Haye de 1907 concernant les lois de la guerre. Après la seconde guerre mondiale, il n'est donc plus seulement question des blessés sur le champ de bataille et des prisonniers de guerre : le DIH englobe également les méthodes de guerre, ainsi que la notion de protection des civils.

    Viennent ensuite deux protocoles additionnels de 1977, qui renforcent la protection des victimes dans les conflits armés internationaux, mais aussi pour la première fois dans les conflits armés internes, ou guerres civiles.

    Enfin, en 2005, une vaste étude menée sur la pratique de chaque Etat en matière de DIH est publiée par le CICR, et donne naissance à une base de données du droit humanitaire. Cet énorme travail a mis en évidence l'existence de 161 règles de droit international humanitaire coutumier qui permettent de contourner une faiblesse majeure du droit humanitaire : sa non-ratification par certains pays.

    Ainsi, après ses 150 années d'existence, le droit humanitaire est considéré comme étant « complet ». Pour Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique de Médecins sans frontières et auteure du Dictionnaire pratique du droit humanitaire, pas question de parler d'obsolescence : « Le droit humanitaire fournit un cadre suffisant, à condition de l'interpréter et l'appliquer de bonne foi. »

    Une des principales limites du DIH, si ce n'est la plus importante, est sa mauvaise application : « Le problème de ce droit, ce n'est pas qu'il a vieilli, c'est qu'il est mal appliqué. Signé par 195 Etats, on peut le considérer comme étant quasi universel, pourtant, paradoxalement, il fait l'objet de violations répétées », explique Frédéric Joli, porte parole du CICR en France.

    Dans la pratique, le droit humanitaire est un socle, sur lequel s'appuient les belligérants et les organisations humanitaires lors d'un conflit armé. Chaque conflit armé fait l'objet d'un nouveau scénario, de nouvelles négociations pour le faire appliquer, et il est invoqué par les belligérants en fonction de leurs intérêts propres. C'est une des grandes difficultés du DIH : « Chaque partie interprète le droit à son avantage, il faut donc impérativement résister à l'interprétation de mauvaise foi des parties au conflit. Si on ne négocie pas les secours, on n'obtient rien. Le droit, ça se réclame », précise Françoise Bouchet-Saulnier.

    Afin de tenter remédier à cette faille, le CICR et la Suisse mènent depuis 2012 des consultations avec les Etats et des représentants de services de santé dans l'optique de trouver des moyens de mieux faire respecter le droit humanitaire.

    Seconde faiblesse majeure du DIH, l'absence, jusqu'en 2002, avec le lancement de la Cour pénale internationale, d'instruments permettant de sanctionner les violations du droit humanitaire lors de conflits internes. Pour autant, maintenant qu'un tel outil existe, son aspect à la fois coercitif et dissuasif rigidifie le DIH : « Le droit humanitaire s'est complexifié avec les tribunaux. Il est nécessaire de revenir à une application qui soit destinée à l'action et pas uniquement orientée vers la sanction », explique Françoise Bouchet-Saulnier. Par ailleurs, les premières années d'existence de la CPI n'ont pas montré beaucoup de résultats.

    L'actualité montre qu'il existe un gouffre entre la pratique du droit international humanitaire et les textes qui l'encadrent. Pour autant, en s'appuyant sur ces textes et en négociant au cas par cas, les organisations humanitaires parviennent à arracher des compromis pour l'appliquer.

    Pour David Forsythe, professeur à l'université du Nebraska-Lincoln (Etats-Unis) et spécialiste du CICR, le travail accompli par les organisations humanitaires est à la fois insuffisant et déterminant : « Le monde est en si piteux état. Parfois, je me dis qu'il est remarquable que nous puissions mener la moindre opération humanitaire. Les organisations font un travail exceptionnel, même si elles n'arrivent pas à des résultats exceptionnels. »


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  • Réchauffement climatique : « Les zones arides ne sont pas condamnées »

    L’Institut des régions arides de Tunisie est le plus important centre de recherche du continent africain sur la désertification.

    Bien que très menacées, ces régions recèlent des potentiels de développement.

     

    Sur la route du sud tunisien, en certains endroits, les dunes encerclent dangereusement les oliviers. Quand ils ont été plantés par millions, au siècle dernier, personne n’avait imaginé qu’ils finiraient étouffés par le désert.

    C’est là, au milieu de ces oliveraies aujourd’hui en péril, à une vingtaine de kilomètres de Médenine, que s’est implanté l’Institut des régions arides (IRA), en 1976, à une époque où l’aridité n’en était pas encore au stade de la désertification.

    Or, en quarante ans, le phénomène s’est emballé, à la faveur du réchauffement, de la baisse de la pluviométrie et des pratiques agricoles inadaptées.

    « Ces zones arides ont du potentiel »

    « Après l’indépendance du pays, il y a eu une sorte de course pour l’appropriation des terres et leur mise en culture. Tout le couvert végétal a été arraché et les oliviers, plantés en ligne pour faciliter la mécanisation, ont créé des couloirs pour les vents de sable », explique le chercheur Mohamed Ouessar, du laboratoire d’érémologie – nom donné par Théodore Monod à la jeune science des déserts appelée selon lui à devenir la science du XXIe  siècle.

    « Ces zones arides sont considérées comme difficiles. Il est clair qu’il va falloir renoncer à l’olivier dans les endroits où il ne pourra pas résister », concède Houcine Khatelli, cofondateur et actuel directeur de l’IRA. « Mais ces zones ne sont pas condamnées. Elles ont du potentiel ! », s’exclame-t-il.

    Devenu le plus important centre de recherche du continent africain sur les régions arides et la désertification, l’institut a cette double mission de comprendre les phénomènes physiques et humains à l’œuvre et de proposer des solutions durables. « Il est temps de faire profiter ces régions de notre expertise. Nous avons à l’IRA une lourde responsabilité et le devoir d’être efficaces », estime Houcine Khatelli.

    Quantifier et modéliser l’érosion éolienne et l’appauvrissement des sols

    En arpentant les oliveraies, Jean-Louis Rajot se penche pour scruter le sol sableux. Pour ce spécialiste de l’érosion éolienne à l’Institut de recherche pour le développement en mission à l’IRA, les grains de sable ont la taille typique de ceux qui sont transportés par le vent.

    « Ce sont des particules d’environ 100 microns, pas assez fines pour se colmater entre elles et rester au sol. Mais peu lourdes, elles sont facilement érodables, explique le chercheur. Leur présence est la signature d’une forte érosion. »

    Au printemps 2015, pendant la saison des vents, Jean-Louis Rajot a déployé toute une batterie d’instruments sur une parcelle nue de 25 hectares pour quantifier et modéliser l’érosion éolienne et l’appauvrissement des sols (1).

    En soufflerie de laboratoire, l’étude comparative des outils de labour a révélé que le disque qui favorise les surfaces planes a un pouvoir érosif huit fois supérieur à celui de la charrue, plus apte à préserver les sillons et les billons.

    Revenir à un équilibre antérieur

    L’agriculture ne peut plus faire fi de ces contraintes environnementales. « Il faut que l’on revienne à un équilibre antérieur avec une végétation naturelle et des zones de parcours pour les animaux », affirme Houcine Khatelli.

    Pour ce faire, l’IRA prône la culture d’orge ou de variétés fourragères en bandes alternées, entre deux lignes d’oliviers. Ou le retour aidé de plantes spontanées tel l’helianthemum. Au laboratoire d’écologie pastorale, Imed Sbissi choie ce petit végétal typique des milieux arides qui fixe les sols, fournit du pâturage et sert d’hôte à la truffe des sables.

    Le laboratoire a d’ailleurs déposé un brevet sur la culture de la truffe en 2009. « On arrive à la produire, mais reste encore à pouvoir garantir une production annuelle pour développer sa culture », espère le jeune chercheur.

    « La viande de chamelon est très recherchée »

    Très prisée pour ses qualités gustatives et ses vertus thérapeutiques, la truffe a aussi « un énorme intérêt environnemental et pastoral parce qu’elle favorise le développement de la plante et multiplie par dix la biomasse », explique Imed Sbissi. De quoi nourrir aussi les dromadaires, sur le dos desquels repose une bonne partie de la nouvelle économie des zones arides.

    « On travaille à l’augmentation des productions de lait et à la production de la viande de chamelon, très recherchée et sans cholestérol, car la matière grasse s’accumule dans la bosse. » Mohamed Hammadi, à la tête d’un cheptel d’une cinquantaine de camélidés en vadrouille au laboratoire d’élevage et de faune sauvage, est intarissable sur les vertus du lait de chamelle, qui se vend cinq fois plus cher que le lait de vache, qui se conserve bien à la chaleur et dont on peut extraire des principes antidiabétiques.

    « On a des recettes ! », sourit Houcine Khatelli qui mise sur le développement régional hissé au rang des priorités depuis la transition politique du pays. Premier employeur de la région, l’IRA devient un pôle d’attraction autour duquel se sont installés des établissements d’enseignement supérieur et un technopôle.

    Multiplier les coopérations scientifiques

    « Le gouvernement tunisien a pris conscience que la recherche est nécessaire pour le développement », fait valoir Abdelghani Chehbouni. Pour l’ancien représentant de l’IRD en Tunisie, le pays a vocation à essaimer sur le continent africain et à multiplier les coopérations scientifiques sur ces questions cruciales de l’adaptation des zones arides aux changements climatiques.

    L’Algérie et le Maroc, les éternels frères ennemis du Maghreb toujours prompts à saborder les projets dès lors qu’ils sont portés par l’un des deux pays, pourraient se retrouver pour coopérer en terrain neutre, sur le sol tunisien.

     

    (1) Programme scientifique de trois ans associant l’IRA aux instituts français de recherche IRD, CNRS et Inra.


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    Corinne Lepage a remis à François Hollande un rapport en vue de la rédaction d’une Déclaration universelle des droits de l’Humanité à l’occasion de la conférence sur le climat organisée à Paris.

     

    Avocate spécialisée dans le droit de l’environnement, l’ancienne ministre de l’écologie de Jacques Chirac propose un texte fixant « six droits et six devoirs ». Cette déclaration n’aura aucune portée juridique contraignante, mais elle pourrait être la première étape vers la reconnaissance par les États d’un droit de l’environnement et des générations futures, explique Corinne Lepage.

    « L’idée est de rédiger un texte acceptable par les 195 états des Nations unis tout en marquant un véritable progrès. Cette déclaration, qui n’est pas une convention, n’aura pas de caractère contraignant pour les États qui l’adopteront.

    C’est donc une première étape, comme l’a été il y a trente ans la Déclaration des droits de l’enfant qui a ensuite donné lieu à la Convention des droits de l’enfant vingt ans plus tard. De même la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 n’est qu’une déclaration mais elle a imprégné notre droit depuis un demi-siècle.

    L’idée n’est pas de lier cette Déclaration universelle avec les négociations de la COP 21, qui sont déjà assez délicates. Elle sera seulement présentée à ce moment afin d’être ensuite discutée et votée en 2016 par l’assemblée générale des Nations Unis. Il ne s’agit pas de remplacer les textes existants mais de bâtir un texte complémentaire fixant des droits et des devoirs non plus individuels mais collectifs. Qui sera titulaires de ces droits  : l’Humanité, c’est-à-dire les générations passées, présentes et futures. Qui est responsables des devoirs : la génération présente. Quelle est son obligation  : assurer la protection des générations passées et futures.

    Cette déclaration propose notamment de créer une interdépendance entre les espèces vivantes, d’assurer leur droit à exister et le droit de l’Humanité de vivre dans un environnement sain et écologiquement soutenable. L’idée est de dire qu’il y a un corpus de droits indispensables pour que l’Humanité s’en sorte.

    Le droit à la survie de l’espèce humaine doit être affirmé car il existe une menace sur ce droit. Nous ne sommes pas allés jusqu’à la reconnaissance d’une personnalité morale pour l’Humanité ou la nature, car cela ne serait pas admis par les États. C’est trop tôt, mais cela viendra, dans 20 ans ou 30 ans. Nous ne proposons pas non plus un tribunal pénal de l’environnement et de la santé, même si j’y suis favorable, car cela serait prématuré.

    Nous sommes conscients que ce n’est qu’un bout du chemin. Si cette convention était adoptée, elle servirait donc d’abord de principe éthique. L’étape suivante sera de voir comment sanctionner les manquements à ces principes, mais ce n’est pas l’étape actuelle. »


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  • Le "PNR", un fichier européen pour une traçabilité des passagers aériens

    Le "Passenger Name Record" (PNR), un fichier européen des données personnelles des voyageurs aériens dont l'adoption par l'Europe est réclamée avec insistance par la France, doit permettre une traçabilité des passagers dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme.

    Quels sont les objectifs du PNR?

    La directive sur le PNR date de 2011. Elle prévoit la création d'un fichier européen des données personnelles des voyageurs aériens - pour les vols de ou vers l'Union européenne - qui pourrait être croisé, avant leur entrée sur le territoire européen, avec des bases de données de personnes dangereuses.

    Le PNR doit notamment permettre d'obtenir des informations sur les départs des ressortissants européens soupçonnés de vouloir rejoindre les mouvements jihadistes en Syrie et en Irak, et informer les Etats de leur retour.

    Seul un nombre limité de personnes habilitées devraient avoir accès aux fichiers avec les noms des passagers.

    A quel stade en est-on pour l'adoption du projet?

    La commission Libertés civiles du Parlement européen a adopté le 15 juillet ce projet, bloqué depuis 2011 par le Parlement qui réclamait des garanties sur la protection et le traitement des données ainsi collectées et échangées, qui seraient conservées pendant cinq ans, de manière masquée.

    "Ces données doivent seulement être utilisées pour empêcher, détecter, enquêter et poursuivre en justice" des actes de terrorisme et des crimes transnationaux, selon le projet amendé par les eurodéputés qui inclut des garanties pour assurer "la légalité de tout stockage, analyse, transfert et exploitation de ces données".

    Des discussions devaient être engagées avec les gouvernements nationaux en vue de parvenir à un accord final avant la fin de l'année.

    Quels sont les obstacles à sa mise en oeuvre?

    Le texte avait été recalé en 2013 par la Commission des libertés civiles au nom de la protection des données personnelles.

    Ses détracteurs dénoncent également un manque d'équilibre entre les impératifs de sécurité et les droits fondamentaux et le stockage massif de données de passagers pendant cinq ans.

    Quels sont les fichiers existants du même type?

    Les autorités américaines exigent depuis mars 2003 que leur soient communiquées les informations personnelles fournies par les passagers: nom et coordonnées, dates et itinéraire du voyage, moyens de paiement utilisés, numéro de la carte de crédit, agence de voyage, informations sur les bagages, menu réservé à bord.

    Ces mesures avaient été imposées après les attentats du 11 Septembre 2001.

    Les gouvernements européens insistent sur la création d'un PNR sur le modèle de ceux conclus avec les Etats-Unis, le Canada et l'Australie.

    Une quinzaine de pays en Europe se sont déjà dotés de systèmes nationaux.

    L'administration américaine, qui pousse pour la conclusion de l'accord PNR, assure que ce type de données a "permis de détecter un tiers des terroristes potentiels identifiés par les Etats-Unis" en 2009.


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    Pour combattre le groupe terroriste, les pays de la coalition tentent d’interrompre les flux qui lui permettent de se financer.

    C’est un travail méthodique, exigeant de la patience, et qui se révèle très compliqué.

    Pour vaincre Daech, il faut frapper cette organisation au portefeuille, pour l’asphyxier. C’est ce que recommande un nombre de plus en plus grand de responsables politiques.

    Aux Etats-Unis, Donald Trump, candidat à la primaire républicaine aux États-Unis, dans un entretien à une chaîne de télévision américaine, au lendemain des attentats de Paris, a accusé le gouvernement américain de passivité. Et il a asséné : « Il faut viser les banques et le pétrole » de l’État islamique.

    En réalité, cela fait déjà plusieurs années que les gouvernements européens et américains s’efforcent de couper les flux qui permettent à Daech de se financer. Et cela s’avère beaucoup plus difficile que prévu.

    Les dons comptent peu pour Daech

    Daech, en effet, peut compter sur d’importantes ressources. À l’intérieur du territoire que l’organisation contrôle, Daech lève un « impôt » sur les populations, et prélève sa part sur les exportations de pétrole, de coton, ou de produits agricoles.

    L’organisation prend aussi sa part sur différents trafics conduits par des groupes criminels de la région : vente d’antiquités, enlèvements contre rançons, trafic d’organes…

     « Daech a amassé une fortune sans précédent et la composition de ses revenus est bien différente de celle des autres groupes terroristes », reconnaissait David Cohen, sous-secrétaire au Trésor américain, en 2014, devant la fondation Carnegie. « Au contraire d’Al-Qaïda, par exemple, Daech tire une part relativement faible des soutiens de riches donateurs. Il ne dépend donc pas beaucoup de transferts d’argents qui traversent des frontières. » 

    L’organisation se finance surtout grâce à la vente illicite de produits pétroliers. Des milliers de transporteurs font des navettes vers les raffineries en territoire sous contrôle de Daech, et transportent de petites quantités qui vont de quelques bidons à un camion-citerne. Ils se rendent ensuite majoritairement en Turquie, mais aussi au Kurdistan irakien ou en Jordanie.

    le baril de pétrole vendu moitié prix par Daech

    Ce pétrole est revendu à moindre prix, pour 20 dollars le baril (18,5 €), soit deux fois et demie moins que le cours officiel. Il nourrit toute une économie informelle qui repose pour beaucoup sur des transactions en liquide. Il est donc très compliqué de tarir ce flux, du moins tant que la Turquie ne ferme pas sa frontière. Or ce pays se montre peu coopératif.

    Actuellement, les exportations de pétrole représentent autour de 25 000 barils par jour, générant l’équivalent de quelque 15 millions d’euros de revenus par mois.

    Lors de la réunion du G20 à Antalya, lundi 16 novembre, les participants ont inclus dans leur communiqué final une demande au Gafi (Groupe d’action financière)« de faire un rapport aux ministres des Finances du G20 lors de leur première réunion en 2016 sur les progrès faits par les États pour corriger les faiblesses en matière d’assèchement des flux de financement liés au terrorisme ».

    Le travail de coordination entre États a déjà permis des résultats. Mais il n’en est qu’à ses débuts. En mars 2015, à Rome, les ministères des finances de 26 pays se sont réunis pour mettre sur pied un groupe financier « anti-Daech ». Il est codirigé par les États-Unis, l’Italie et l’Arabie saoudite.

    Les banquiers privés du terrorisme

    Ce groupe va notamment viser les « facilitateurs », ces personnes de confiance qui jouent le rôle de banquiers privés et, grâce à leur réseau de relations, peuvent conduire des opérations de compensation, payant de l’argent dans un pays tiers pour des fonds reçus par une autre personne dans un autre pays, ou bien faisant des transactions pour le compte d’autres personnes. Repérer ces agents financiers reste toutefois un long travail de renseignement.

    Enfin, les pays du G20 soupçonnent que Daech pourrait se servir de moyens très modernes pour assurer ses transactions, notamment le Bitcoin. Cette monnaie électronique, sans existence matérielle, permet des échanges quasiment anonymes. Elle est régulièrement mise en cause comme un moyen d’assurer de nombreuses transactions illicites.

    Un groupe d’activistes de l’Internet, le « Ghost security group », qui assure combattre Daech sur les réseaux vient d’assurer avoir mis à jour deux comptes en Bitcoin, pour un total équivalent à 25 millions d’euros, et qui aurait servi à Daech. Il reste toutefois impossible de vérifier cette information.


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