• Le bras droit de Mladic est décédé

    Le général serbe bosnien Zdravko Tolimir est mort à 67 ans. Il avait été condamné pour le génocide de Srebrenica, en 1995.

    Le général serbe bosnien Zdravko Tolimir, reconnu coupable de génocide à Srebrenica en 1995 et condamné à perpétuité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, est décédé dans la prison de la cour internationale de La Haye. Le TPIY a confirmé sa mort.

    Bras droit de Ratko Mladic, chef militaire des Serbes de Bosnie à l'époque des faits, Zdravko Tolimir est décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 67 ans, a déclaré le vice-Premier ministre serbe, Rasim Ljajic, cité par la télévision publique RTS.

    «Un médecin a été immédiatement appelé et les autorités néerlandaises ont commencé une enquête de routine, comme la loi le requiert», a ajouté le tribunal.

    Souffrant d'un cancer

    L'épouse du général a déclaré au quotidien serbe Kurir avoir appris sa mort dans la nuit. «Il a été malade, mais les idiots ne lui ont pas permis de venir ici et d'être soigné à la maison», a-t-elle dit.

    Le président d'une association d'anciens combattants serbes de Bosnie, Milomir Savcic, a lui aussi affirmé que Tolimir était «gravement malade» et «ne recevait certainement pas des soins médicaux adéquats, ce qui a davantage encore affecté sa santé, déjà mauvaise». Lors de son arrestation en 2007 à Bratunac, en Bosnie orientale, les médias locaux affirmaient déjà qu'il souffrait d'un cancer.

    L'ombre de Srebrenica

    Zdravko Tolimir a été condamné fin 2012, en première instance, à la perpétuité pour génocide, ainsi que pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre, dont meurtre, extermination et persécution. Ce verdict a été confirmé en avril 2015, en appel.

    Le président de la Republika Srpska, entité des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik a déploré la disparition d'un «patriote», une «grande perte (...) pour tout le peuple serbe».

    En tant que chef du renseignement et de la sécurité au sein des forces militaires des Serbes de Bosnie (VRS), Zdravko Tolimir a été principalement condamné pour son rôle dans le massacre de Srebrenica commis en juillet 1995, peu de temps avant la fin de la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-1995).

    Entreprise criminelle

    Près de 8000 hommes et garçons musulmans avaient été tués par les forces serbes de Bosnie dans cette enclave de l'est de la Bosnie, en l'espace de quelques jours. Selon les juges, Zdravko Tolimir avait pris part à une «entreprise criminelle commune» dont le but était de faire de Srebrenica une zone serbe ethniquement pure.

    Né le 27 novembre 1948 à Glamoc (ouest de la Bosnie), il était l'un des sept commandants adjoints qui rendaient directement compte à Ratko Mladic, lui-même actuellement jugé par le TPIY. Au cours des négociations de paix à Dayton, aux Etats-Unis, qui ont mis un terme à la guerre en Bosnie, c'est Tolimir, sur insistance de Mladic, qui était l'unique officier de l'armée des Serbes de Bosnie présent.


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  • L'ancienne villa de Goebbels irrite Berlin

    La Ville de Berlin ne sait pas quoi faire de la maison de campagne de Joseph Goebbels.

    La maison du ministre de la Propagande du IIIe Reich est un fardeau pour son propriétaire, qui a peur qu'elle ne tombe «entre de mauvaises mains».

    Le lourd passé du lieu embarrasse le Fonds immobilier de Berlin (BIM) qui gère l'ensemble des bâtiments appartenant à la ville et qui, faute de vente, souhaite garder le contrôle sur la demeure via une location longue durée ou un contrat de gérance. «Je crains vraiment que cela devienne un lieu de pèlerinage pour les nazis et je ne pense pas que nous devons prendre ce risque», souligne la directrice générale du BIM, Birgit Möhring.

    L'édifice de plain-pied, perdu au milieu des forêts du Brandebourg, au bord du petit lac de Bogensee, était utilisé par le dignitaire nazi comme «maison de campagne», «un lieu de retraite loin du tumulte de la ville», Berlin se trouvant à 40 km, explique à l'AFP Christian Breitkreutz, responsable de la communication de ce Fonds. C'est la ville elle-même qui avait offert en 1936 le terrain et une première petite maison au ministre.

    Un défilé de stars et de maîtresses

    Séduit par l'endroit, il y fit construire une villa plus vaste, grâce aux généreux financements de l'UFA, la puissante société de production cinématographique sur laquelle il régnait en maître absolu. Le luxueux édifice en U abritait une salle de cinéma privée, de spacieux séjours avec vue sur le lac, où Goebbels recevait stars, personnalités et maîtresses.

    Aujourd'hui, les grandes baies vitrées, les boiseries, les marbres sont encore visibles et certaines pièces - la salle de bain et ce qui devait être une bibliothèque - sont restées dans leur état originel, souligne sur place Roberto Müller qui depuis 1984 y officie comme gardien. Mais la demeure, attaquée par l'humidité et le froid mordant dans cet endroit isolé, commence sérieusement à se délabrer, faute d'utilisation.

    Le Fonds immobilier de Berlin a plusieurs fois cherché ces dernières années à vendre l'édifice. Une dernière tentative, via un appel d'offres, s'est soldée par un échec en décembre, car aucune proposition n'a été faite, selon Mme Möhring qui a désormais définitivement renoncé.

    Laissée à l'abandon

    La «villa Goebbels» est d'autant plus encombrante qu'elle vient empêcher toute nouvelle utilisation d'un autre vestige local de l'histoire tumultueuse de l'Allemagne: un vaste complexe érigé après guerre par les autorités de la RDA, sur le périmètre duquel se trouve la maison.

    Au milieu de la forêt, ces bâtiments construits dans le style stalinien du début des années 50 abritaient le centre de formation des cadres de la Jeunesse allemande libre (FDJ, l'organisation de jeunesse du parti communiste est-allemand SED). Y séjournaient également leurs homologues des partis frères du Vietnam, de Cuba, d'Afrique et d'Europe.

    A l'époque, la «villa Goebbels» faisait office notamment de supermarché pour les étudiants et de crèche, rappelle M. Müller. Au total, les quatre principaux bâtiments construits après guerre représentent quelque 1400 m2 de chambres, de salles de conférence, d'espaces d'accueil et de réception qui, aujourd'hui laissés à l'abandon, subissent l'inexorable dégradation du temps.

    «A l'heure actuelle, il n'y a pas de chauffage, pas d'eau courante, il y a d'importants dégâts sur les façades, les toits sont pour partie en ruine, et à l'intérieur, il y a également beaucoup à faire», estime Mme Möhring qui évoque «des coûts (de réhabilitation) forcément considérables».

    Destruction pure et simple?

    La directrice générale du BIM pense cependant qu'un avenir existe pour ce village fantôme qui n'est utilisé que pour de rares tournages de films. «Ce qui nous intéresse vraiment, c'est que quelqu'un arrive avec un concept intelligent pour reprendre (en location ou en gérance) ces lieux chargés d'histoire», poursuit Mme Möhring, évoquant un centre de formation continue ou une structure hôtelière. Des contacts avec des investisseurs existeraient.

    Reste le problème de la «villa Goebbels» qui, comme les quatre bâtiments principaux de l'université communiste, est classée monument historique. Pour en finir avec le fardeau qu'elle représente, M. Möhring souhaiterait parvenir à lui retirer ce statut. «Je suis quelqu'un qui défend absolument l'importance que représente dans cette ville la possibilité de ressentir toujours et encore la présence de l'Histoire, dit-elle. Mais à mon avis, il faut aussi se demander s'il est judicieux de maintenir certains bâtiments sous le statut de monument historique...»

    Si la protection dont la villa bénéficie est levée, Mme Möhring entend lui réserver un sort des plus radicaux: une destruction pure et simple.

     


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  • Israël dévoile une lettre inédite du nazi Eichmann

    Adolf Eichmann dans sa cellule en Israël, le 15 avril 1961.

    Cette demande de grâce de la part du nazi a été écrite 2 jours avant son exécution.

    Le président israélien Reuven Rivlin a rendu public mercredi 27 janvier 2016 des documents n'ayant jamais encore été diffusés, dont une lettre manuscrite de demande de grâce du criminel nazi Adolf Eichmann juste avant son exécution.

    Selon son bureau, la lettre contenant cette demande, qui avait alors été faite auprès du président Yitzhak Ben-Zvi, sera présentée lors d'une cérémonie à la résidence officielle de Reuven Rivlin à Jérusalem pour marquer la Journée internationale à la mémoire des victimes de l'holocauste.

    Eichmann avait été capturé en Argentine en 1960 par des agents du Mossad, le service de renseignement israélien, et exfiltré vers Israël où il avait été jugé et condamné à mort en 1961.

    «Solution finale»

    Dans sa lettre, il estime que le tribunal israélien chargé de le juger a exagéré son rôle dans l'organisation de la logistique de la «solution finale» d'Adolf Hitler, le plan d'extermination des juifs d'Europe, dont six millions ont péri.

    «On doit distinguer les chefs responsables des personnes comme moi qui ont été forcées de servir comme de simples instruments entre leurs mains», déclare Eichmann dans cette lettre, dont le bureau de Reuven Rivlin a cité des passages. «Je n'étais pas un chef responsable, et je ne me sens ainsi pas coupable», ajoute-t-il.

    «Je ne peux pas reconnaître le jugement de la cour comme juste et je vous demande, (...) monsieur le président, que vous exerciez votre droit à accorder une grâce, et que vous ordonniez que la peine de mort ne soit pas appliquée». La lettre est signée d'Adolf Eichmann et datée du 29 mai 1962 à Jérusalem. Le nazi a été exécuté deux jours plus tard.

     


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    Le pardon tardif de Mitsubishi aux prisonniers de guerre américains

    Le grand groupe japonais a présenté le dimanche 19 juillet 2015 ses excuses aux prisonniers américains que Tokyo avait forcé à travailler dans les mines d’étain du géant industriel, lors de la Seconde guerre mondiale.

    Il aura fallu attendre 70 ans pour James Murphy. Aujourd’hui âgé de 94 ans, cet ancien prisonnier de guerre américain avait été contraint de travailler dans les mines d’étain de la compagnie japonaise Mitsubishi durant la guerre.

    Dimanche 19 juillet, le groupe japonais Mitsubishi Materials a présenté ses excuses aux quelques ex-prisonniers de guerre américains survivants aujourd’hui, forcés de travailler dans les mines du géant industriel pendant la Seconde Guerre mondiale. Un geste historique qui intervient 70 ans après le conflit.

    Des « excuses pleines de remords »

    Hikaru Kimura, un responsable de la compagnie a adressé des « excuses pleines de remords » à James Murphy, l’un des rares prisonniers américains forcés à travailler au Japon encore vivant.

    Seulement deux survivants parmi ces anciens prisonniers de guerre ont pu être retrouvés et un seul, James Murphy, était en suffisamment bonne santé pour se rendre à Los Angeles. Il a accepté ces excuses « sincères et humbles ».

    « Depuis que la guerre s’est achevée il y a 70 ans, les prisonniers de guerre ayant travaillé pour ces compagnies japonaises ont demandé quelque chose de très simple, ils ont demandé des excuses », a déclaré James Murphy lors de cette cérémonie au Centre Simon Wiesenthal à Los Angeles, dédié à la mémoire de l’Holocauste.

    « Nous espérons que la bienveillance de Mitsubishi s’étende maintenant à toutes les autres mines et usines qui ont employé des prisonniers de guerre américains contre leur gré. »

    Un « esclavage et une horreur totale »

    Mitsubishi est la première société japonaise à accomplir une telle démarche. Plusieurs autres grandes compagnies japonaises ont employé des milliers de prisonniers de guerre ou de la main-d’œuvre forcée, surtout des Chinois et des Coréens.

    Le gouvernement japonais avait pour sa part attendu septembre 2010 pour présenter ses excuses à d’anciens prisonniers de guerre américains pour les « traitements inhumains » endurés.

    James Murphy a déclaré à la chaîne anglaise BBC que les conditions de travail dans les mines, où il a travaillé un an, ont été « un esclavage de tous les instants », « une horreur totale », « pas de nourriture, pas de médicaments, pas de vêtements ni d’hygiène », ajoutant que le pire était de savoir que Mitsubishi construisait des avions utilisés contre les forces américaines.

    Hikaru Kimura et d’autres représentants de l’entreprise ont rencontré James Murphy et des proches d’anciens détenus afin de « leur adresser nos excuses pleines de remords pour les avoir soumis au travail forcé durant la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’ils ont travaillé dans des mines exploitées par Mitsubishi », a-t-il dit.

    S’exprimant par le biais d’un interprète, il a indiqué que près de 900 prisonniers avaient été forcés de travailler dans quatre mines exploitées par la compagnie au Japon.

    James Murphy voulait simplement des excuses, pas d’argent

    Le gouvernement japonais s’est félicité de ce geste à quelques semaines du 70e anniversaire de la fin de la guerre, le 15 août 2016. Quant à Abraham Cooper, vice-président du Centre Simon Wiesenthal, il a « espéré que ce geste poussera d’autres compagnies japonaises à faire de même ».

    James Murphy a déclaré avoir pardonné depuis longtemps aux Japonais mais il demandait des excuses pour cette « terrible épreuve ». Aucune compensation financière n’a été offerte par Mitsubushi, mais pour James Murphy les excuses étaient primordiales.

    « Les conditions de travail étaient très dures et les prisonniers ont été soumis à rude épreuve », a reconnu Hikaru Kimura, promettant de ne jamais laisser une telle chose se reproduire.

    « En tant que société ayant succédé à Mitsubishi Mining, nous ne pouvons que ressentir un profond sentiment de responsabilité éthique pour cette tragédie du passé », a-t-il ajouté, sans préciser pourquoi ses excuses interviennent aussi longtemps après la fin de la guerre et pourquoi cette année précisément.


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  • Quatre ans de prison pour l'ancien comptable d'Auschwitz

     

    Jugé par la justice allemande, l'ancien comptable d'Auschwitz, âgé de 94 ans, a écopé mercredi 15 juillet de quatre ans de prison pour «complicité» dans le meurtre de 300'000 juifs.

    Oskar Gröning, l'ancien comptable d'Auschwitz âgé de 94 ans, a été condamné ce mercredi 15 juillet en Allemagne à quatre ans de prison pour «complicité» dans le meurtre de 300'000 juifs. Cette condamnation met fin à ce qui pourrait être le dernier procès nazi.

    La peine prononcée par le tribunal de Lunebourg, devant lequel M. Gröning comparaissait depuis le 21 avril, est légèrement supérieure aux trois ans et demi d'emprisonnement requise le 7 juillet par le parquet.

    Pendant le procès, le procureur avait mis en balance «la contribution mineure» de l'accusé et «le nombre presque inimaginable de victimes» pour déterminer ses réquisitions. «Nous sommes confrontés ici à un événement qui se situe aux limites de l'imagination humaine», avait insisté le représentant de l'accusation.

    Oskar Gröning était jugé pour son rôle dans «l'opération Hongrie» du printemps 1944, avec la mise à mort d'au moins 300'000 juifs hongrois dès leur arrivée à Auschwitz.

    L'accusation reprochait à Oskar Gröning d'avoir «aidé le régime nazi à tirer des bénéfices économiques des meurtres de masse», en envoyant l'argent des déportés à Berlin, et surtout d'avoir assisté à la «sélection» séparant, à l'entrée du camp, les déportés jugés aptes au travail de ceux qui étaient immédiatement tués.

    Oskar Gröning, qui avait spontanément raconté son passé nazi dans des interviews avant d'être rattrapé par la justice, avait affirmé dès le premier jour de son procès qu'il assumait une «faute morale».


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  • Plus de 3 ans de prison requis contre l'ex-comptable d'Auschwitz

    Trois ans et demi de prison ont été requis mardi 7 juillet 2015contre Oskar Gröning, 94 ans, jugé en Allemagne pour «complicité» dans l'extermination de 300'000 Juifs hongrois.

    Oskar Gröning, 94 ans, est jugé dans le nord de l'Allemagne pour «complicité» dans l'extermination de 300'000 Juifs hongrois. Il pourrait écoper de trois ans et demi de prison. C'est ce qui a été requis à son encontre.

    Le procureur de Hanovre, Jens Lehmann, a mis en balance «la contribution mineure» de l'accusé et «le nombre presque inimaginable de victimes» pour déterminer ses réquisitions, dans ce qui pourrait être le dernier procès d'un ancien nazi.


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  • Israël possède « l'armée la plus morale du monde » . La formule a été employée par Benyamin Nétanyahou fin septembre 2014. L'opération « Bordure protectrice » s'était achevée un mois plus tôt, et les critiques se multipliaient. Au-delà des allégations de crimes de guerre commis à Gaza, la question de la doctrine militaire est fondamentale. Elle délimite les règles d'engagement des soldats. Or, en douze ans, Israël a profondément évolué sur ce sujet, au fil des conflits. Le droit humanitaire international a été vidé de son sens. « Les conventions de Genève ont été écrites il y a soixante-cinq ans, rappelle Eli Bar-On, procureur général militaire adjoint. Elles convenaient très bien pour la période de l'après-guerre. On pourrait avoir de meilleures lois face à des acteurs non étatiques et des organisations terroristes. »Deux principes permettent de juger la conduite d'une armée en opération : la distinction entre combattants et civils, et la proportionnalité dans l'usage de la force. L'article 57 du protocole additionnel aux Conventions de Genève porte sur les précautions à respecter au cours des phases d'attaque. L'état-major doit tout faire pour s'assurer que les cibles visées sont militaires et que les dommages collatéraux sont réduits au minimum, par rapport à l'avantage recherché.« L'esprit de l'IDF » - sigle de l'Armée de défense d'Israël - est le seul texte éthique officiellement adopté. Rédigé dans les années 1990, il édicte les principes que doivent suivre les soldats : exemplarité, professionnalisme, discipline... Ils doivent tout faire pour ne pas porter préjudice aux personnes non combattantes. Mais les attentats kamikazes palestiniens au début des années 2000 et la campagne d'assassinats ciblés de cadres islamistes, décidée par l'Etat hébreu, ont provoqué une remise en cause radicale de cette approche.En 2003, le général major Amos Yadlin, alors chef des collèges militaires, signe un texte-clé avec un professeur renommé de l'université de Tel-Aviv, Asa Kasher, justifiant les assassinats ciblés, même en cas de victimes civiles. Puis le haut gradé réunit une équipe d'officiers et d'experts. Leur objectif : proposer à l'armée une doctrine adaptée à une guerre contre le terrorisme. En 2005, MM. Yadlin et Kasher publient un article intitulé « Ethiques militaires pour la guerre contre la terreur » . Ce document fait depuis référence. Dès cette époque, Israël s'imagine en éclaireur. « Ce code est bon pour les Américains ou les Russes quand ils combattent les terroristes » , écrit Amos Yadlin, fin 2004.Que dit ce code? « On doit garder les principes de Genève, mais les interpréter différemment, explique au Monde le professeur Kasher. Cela permet de créer de nouvelles normes, en fonction des ennemis. » Concrètement, la distinction classique entre civils et combattants n'opère plus, parce que les combattants sont souvent habillés comme des civils, ou bien occupent des bâtiments civils. Ce qui compte, c'est la chaîne opérationnelle de la terreur, d u lanceur de roquette jusqu'au guetteur. Il n'y a plus de front classique, plus de victoire incontestable. La priorité est de protéger ses propres troupes, et de causer le plus grand dommage à l'ennemi, quitte à viser des installations non militaires, pour le dissuader de recommencer. C'est ce qu'on va surnommer, à partir de la guerre au Liban de 2006, la doctrine Dahiya, du nom d'un quartier de Beyrouth, auquel fut infligé un niveau de destruction sans précédent.« Discussion amorale »La question de la proportionnalité a fait l'objet de longs débats entre les experts. « On avait eu une discussion animée à ce sujet dans le comité en 2003, se souvient Asa Kasher. Trois Palestiniens tués pour un Israélien, ça allait. Quatre, non. Certains on dit un pour un, d'autres 10 pour un. J'ai refusé de participer à cette discussion amorale. » Le professeur évacue cette question en renvoyant au cas par cas : « Ce n'est pas correct de montrer la photo d'un enfant mort à Gaza pour parler de disproportion. La proportionnalité se juge à chaque mission, en fonction du gain militaire par rapport aux dommages collatéraux. »L'armée israélienne a deux réponses aux critiques sur la violation systémique des principes de distinction et de proportionnalité. Elle incrimine le Hamas, qui a utilisé pour ses opérations des sites civils, comme des écoles des Nations unies. Ensuite, elle insiste sur les avertissements adressés aux civils pour les inciter à partir, soit des centaines de milliers de dépliants lancés, les appels téléphoniques et les « coups sur le toit » - tirs légers annonçant des bombes imminentes. « Si quelqu'un reste sur zone après ces avertissements, explique Asa Kasher, il se transforme de lui-même en bouclier humain : un non-combattant protégeant les combattants. Du point de vue de la proportionnalité, c'est un combattant. »Professeur de philosophie, Asa Kasher balaie les questions sur d'éventuelles poursuites contre des responsables israéliens devant la Cour pénale internationale. « Dans le cas d'Israël, les discussions sur des crimes de guerre sont politiques, et pas juridiques » , juge-t-il. En octobre 2008, le chef du commandement Nord, le général Gadi Eizenkot, avertissait qu'en cas de nouvelle guerre au Liban, Israël userait d'une « force disproportionnée » contre le Hezbollah. « Ce n'est pas une recommandation. C'est un plan. Et il a été approuvé. » Dès lors qu'une roquette est tirée d'un village libanais contre Israël, ajoutait-il, « ce ne sont pas des villages civils, mais des bases militaires » . Le 15 février, le lieutenant général Eizenkot est devenu chef d'état-major des forces armées.


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  • Le comptable d'Auschwitz demande pardon aux victimes

    Oskar Gröning, l'ancien SS comptable d'Auschwitz âgé aujourd'hui de 93 ans, a reconnu devant un tribunal allemand avoir été au courant de l'extermination des juifs dès son arrivée au camp.

    Oskar Gröning, l'ancien comptable d'Auschwitz jugé en Allemagne pour «complicité de 300'000 meurtres aggravés», a demandé pardon aux victimes du camp de concentration. Il s'exprimait à l'ouverture de son procès ce mardi 21 avril à Lunebourg (nord).

     
     

    «Pour moi, il ne fait aucun doute que je partage une culpabilité morale», a déclaré l'ancien SS, âgé de 93 ans, qui a reconnu avoir été au courant de l'extermination des juifs dès son arrivée au camp. «Je demande pardon», a-t-il ajouté. «Concernant la question de la responsabilité pénale c'est à vous de décider», a-t-il dit à ses juges, alors qu'il encourt 3 à 15 ans de prison.

    Vêtu d'un pull sans manches et d'une chemise blanche rayée, lunettes dorées, le vieil homme est entré dans la salle d'audience appuyé sur ses deux avocats, avant de soulever son déambulateur d'un geste vif pour s'installer. Sa déposition, d'une voix assurée, a occupé l'essentiel de la matinée.

    Transfert réclamé à trois reprises

    L'audience, déplacée dans une salle de spectacle en raison de l'afflux de médias du monde entier et de la présence de 67 parties civiles - des rescapés et descendants de victimes -, s'est ouverte par la prestation de serment de trois interprètes, assurant une traduction simultanée des débats en anglais, hébreu et hongrois.

    Après la lecture de l'acte d'accusation, Oskar Gröning a décliné son identité puis raconté par le menu son engagement volontaire dans les Waffen SS, en octobre 1940, son premier poste dans l'administration puis son transfert à Auschwitz en 1942, où il devait collecter et trier l'argent des déportés pour l'envoyer à Berlin.

    Décrivant la vie quotidienne à Auschwitz, il s'est efforcé de distinguer son travail de celui des gardiens directement impliqués dans l'extermination. Il a assuré que sa tâche consistait notamment à «éviter les vols» dans les bagages des déportés, objets d'un important «marché noir» au sein du camp.

    Il a rappelé avoir à trois reprises réclamé son transfert au front, en vain, avant d'obtenir gain de cause à l'automne 1944. Sa déposition devait se poursuivre avec les questions du tribunal.


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  • Le comptable d'Auschwitz jugé 70 ans après les faits

    Oskar Gröning est accusé d'avoir contribué à l'envoi dans les chambres à gaz de 300'000 Juifs hongrois déportés au printemps 1944.

    Oskar Gröning, qui aura 94 ans le 10 juin, sera jugé pour complicité de «meurtres aggravés». Il est accusé d'avoir contribué à l'envoi dans les chambres à gaz de 300'000 Juifs hongrois déportés au printemps 1944.

     
     

    L'ancien comptable d'Auschwitz comparaît à partir de mardi en Allemagne et pourrait être le dernier soldat du IIIe Reich à répondre des crimes du nazisme. Ce jugement marquera la fin d'une épopée judiciaire au bilan controversé.

    Oskar Gröning, qui aura 94 ans le 10 juin, sera jugé pour «complicité de meurtres aggravés» par le tribunal de Lunebourg (nord). On l'accuse d'avoir contribué à l'envoi dans les chambres à gaz de 300'000 Juifs hongrois déportés au printemps 1944 vers le camp d'Auschwitz, en Pologne occupée, devenu le symbole mondial de la Shoah.

    Son procès, 70 ans après la libération des camps de concentration et d'extermination, est le dernier prévu d'un ancien nazi. Une douzaine d'enquêtes préliminaires sont en cours en Allemagne, mais leurs chances d'aboutir sont compromises par l'âge des suspects.

    Engagé dans les Waffen SS en 1941, transféré dans l'administration d'Auschwitz en 1942, Gröning jure n'avoir «jamais donné une gifle» à quiconque. L'accusation ne lui reproche d'ailleurs aucune violence directe, mais le dépeint en «rouage» de l'extermination.

    On lui reproche d'avoir trié les devises des déportés pour les envoyer à Berlin et d'avoir assisté au moins une fois à la «sélection» séparant, à l'entrée du camp, les déportés jugés aptes au travail de ceux qui étaient immédiatement tués.

    «Jusqu'au dernier souffle»

    En «gardant les bagages» du précédent convoi pour les soustraire aux yeux des nouveaux arrivants, le jeune sergent a évité un mouvement de panique et sciemment favorisé une mise à mort sans heurts, affirme le parquet.

    La tenue du procès Gröning, qui durera au moins jusqu'à fin juillet et attire des médias du monde entier, du «New York Times» aux télévisions russes, illustre la sévérité accrue de la justice allemande à l'égard des derniers nazis.

    «L'aspect positif, c'est la volonté de juger les criminels nazis jusqu'au dernier souffle. Mais puisqu'il est trop tard pour les décisionnaires, on étend la notion de culpabilité à un point qui ne me plaît pas», déplore l'avocat et «chasseur de nazis» Serge Klarsfeld.

    Le tournant remonte à 2011, avec la condamnation à cinq ans de prison pour «complicité de 27'900 meurtres aggravés» de John Demjanjuk, ancien gardien de Sobibor. Une condamnation basée sur sa seule fonction au sein du camp, sans preuve d'actes criminels précis.

    Prononcé à Munich (sud), ce verdict a relancé une cinquantaine de procédures contre des gardiens qui n'avaient jamais été inquiétés. Gröning, témoin dans trois procès, a lui-même bénéficié d'un non-lieu en 1985.

    6656 condamnations

    Sa mise en cause tardive confirme la rupture avec la ligne des tribunaux allemands pendant des décennies, souvent jugée trop indulgente. L'écrivain et journaliste Ralph Giordano y avait même vu une «deuxième faute» historique de l'Allemagne.

    Faute d'introduction dans la loi des «crimes contre l'humanité», les juges exigeaient la preuve d'une participation directe à un crime. Ils ne condamnaient pour «meurtre aggravé» que les accusés ayant tué de leur propre chef ou avec une cruauté particulière. Les autres étaient jugés pour «complicité».

    En 1966, le chef du département administratif d'Auschwitz, qui avait fourni le Zyklon B utilisé dans les chambres à gaz, avait par exemple été condamné à huit ans de prison. Un kapo, qui avait battu à mort un autre déporté, s'était vu infliger l'année suivante la perpétuité.

    Si la justice avait appliqué les critères actuels, «des dizaines de milliers de citoyens allemands» auraient dû comparaître, calculait Cornelius Nestler lors du procès Demjanjuk. Or seules 6656 condamnations ont été prononcées depuis 1945, sur des fondements allant de la dénonciation mensongère au meurtre, avec 91% de peines inférieures à 5 ans de prison, selon l'historien Andreas Sander.

    «Un visage et un corps»

    Avec une cinquantaine de parties civiles à Lunebourg, le procès permettra aussi aux survivants et proches des victimes de la Shoah de rendre à leurs défunts «une voix», expliquait Thomas Walther, l'un de leurs avocats, à l'agence de presse allemande dpa.

    «Chaque victime a un visage et un corps, ce n'est pas seulement l'une des 100, 3000 ou même 1,5 million de personnes assassinées, chacune est un être humain», insistait en 2011 Cornelius Nestler, qui représentera les parties civiles lors du procès Gröning.

    Quelque 1,1 million de personnes, dont environ un million de juifs d'Europe, ont péri entre 1940 et 1945 dans le camp d'Auschwitz-Birkenau. Le 27 janvier, les dirigeants du monde entier ont marqué avec quelque 300 derniers survivants le 70e anniversaire de sa libération par l'Armée soviétique.


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  • Bangladesh: pendaison d'un dirigeant islamiste pour des crimes de guerre en 1971

    Dacca - Un dirigeant islamiste a été pendu samedi 11 avril 2015 au Bangladesh pour des massacres commis pendant la guerre d'indépendance en 1971, ont annoncé les autorités, qui redoutent des tensions après cette exécution.

    Mohammad Kamaruzzaman a été exécuté à 10h30 (16H30 GMT), a indiqué à l'AFP le ministre de la Justice Anisul Huq.

    Mohammad Kamaruzzaman, 62 ans, était le troisième plus haut dirigeant du Jamaat-e-Islami, principal parti islamiste et allié du premier parti d'opposition, le Bangladesh Nationalist Party (BNP) qui cherche à faire tomber le gouvernement de Sheikh Hasina.

    Il avait été condamné à mort en mai 2013 pour meurtres de masse, torture et enlèvement par un tribunal spécial pour les crimes de guerre.

    Selon l'accusation, le dirigeant islamiste était un chef de la milice pro-pakistanaise Al Badr.

    Les procureurs estiment que Kamaruzzaman a supervisé le massacre d'au moins 120 fermiers désarmés, alignés et exécutés par balles dans le village de Sohagpur pendant la guerre de 1971.

    Sa défense avait plaidé en vain que les témoignages de l'accusation étaient empreints de contradictions.

    Les islamistes accusent le gouvernement d'utiliser le tribunal international des crimes du Bangladesh (ICT), juridiction mise en place en 2010 par l'exécutif, pour museler l'opposition.

    Le Jamaat a lancé un appel à une grève nationale lundi, protestant contre le meurtre planifié par le gouvernement de l'écrivain, journaliste et professeur islamique Kamaruzzaman.

    A l'inverse, des centaines de manifestants laïques se sont réunis dans le centre de Dacca pour saluer l'exécution du boucher de guerre.

    Nous sommes en alerte pour prévenir toute violence ou tout acte subversif, a indiqué un porte-parole de la police de Dacca.

    Les Nations unies, l'Union européenne et les organisations de défense des droits de l'homme avaient demandé aux autorités du Bangladesh de ne pas mettre la sentence à exécution. L'ONU avait estimé que le procès ne respectait pas les critères internationaux.

    Kamaruzzaman est devenu le second islamiste pendu pour des atrocités pendant la guerre de 1971, après l'exécution en décembre 2013 d'Abdul Quader Molla, numéro 4 du Jamaat.

    La guerre de 1971 avait débouché sur la naissance du Bangladesh, qui était depuis 1947 une province du Pakistan appelée Bengale oriental, puis Pakistan oriental. Le conflit avait fait trois millions de morts selon le gouvernement, bien moins d'après des estimations récentes.


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