• Plus de 700 millions de femmes dans le monde ont été mariées enfants. Ces unions forcées sont un fléau en Afrique et en Asie, notamment.

    L’enlèvement de jeunes filles aussitôt mariées à des combattants par Boko Haram au Nigeria ou par le groupe Etat islamique (Daech) en Irak et en Syrie a jeté, dans sa brutalité, un éclairage cru et spectaculaire sur une pratique courante dans de nombreux pays: les mariages contraints auxquelles sont soumises 14 millions de filles dans le monde chaque année. Aujourd’hui, elles seraient ainsi 700 millions de femmes dont l’enfance a été volée. Pour plus d’un tiers (250 millions) elles l’ont été avant l’âge de 15 ans, selon une étude publiée cet été par l’Unicef.

    Un tiers des cas en Inde

    Ce fléau ne laisse pas indifférent, les acteurs de terrain et la communauté internationale. Dans la région de Djazira au nord-est de la Syrie - une zone où l’Etat islamique pratique le mariage précoce et forcé - les autorités autonomes ont publié dimanche un décret interdisant le mariage des jeunes filles avant 18 ans, en réponse à Daech. Le prochain sommet de la francophonie qui se déroulera à Dakar les 28 et 29 novembre se consacrera à la question des «femmes et des enfants». L’éducation et la mise en place de normes sociales pour faire reculer la pratique des mariages précoces et valoriser la scolarisation des filles seront au cœur des débats. En Afrique, de plus en plus d’ONG et d’associations travaillent pour faire évoluer les choses, selon le magazine Jeune Afrique.

    L’été dernier, l’Unicef (Fonds de l’ONU pour l’enfance) a publié un rapport détaillé sur le sujet, à l’occasion du «Girl summit 2014» à Londres. Le constat est d’abord géographique: la plupart des enfants dont le mariage est arrangé par la famille vivent en Asie du Sud (42%) et un tiers en Inde; vient ensuite l’Afrique avec près d’une fillette sur deux mariée avant sa majorité au Niger, en Centrafrique et au Tchad. Mais on constate, plus près de nous, la persistance de ces unions précoces, en Moldavie, par exemple. L’Unicef note que «c’est moins la tradition que les conditions économiques qui poussent les parents à chercher très tôt un mari à leurs filles» dans des pays où une grande partie de la population est pauvre.

    Battues et rejetées

    Les conséquences de ces unions précoces sont «désastreuses», souligne l’Unicef dans son rapport. Les filles sont souvent enceintes dès les premiers mois de leur puberté. Ce qui augmente le risque de grossesses prématurées. Faute de soins, elles sont également plus exposées à la mortalité maternelle. Selon l’International Center for Research on Women, le taux de mortalité augmente de 30% quand la mère est mineure. En outre, faute de prévention et d’éducation, les cas de maladies sexuellement transmissibles et de sida sont nombreux. Et si les jeunes filles refusent le mariage arrangé, elles sont parfois battues et souvent rejetées par leurs familles. Socialement, elles quittent enfin l’école très tôt.

    Commerce de fillettes

    Dans ce contexte, les enlèvements et le commerce de fillettes pour les marier ou l’esclavage sexuel de mineures passe plus inaperçu. Si l’existence d’un réseau d’esclavage sexuel par le groupe Etat islamique dénoncé par l’ONU en septembre est mise en doute par certains experts, le commerce de filles avec les pays du Golfe est dénoncé comme avéré par l’Unicef. Selon l’organisation, «pour s’enrichir, des parents monnaient leurs filles (plus elles sont jeunes et plus elles se vendent cher dans les Emirats)». La seule note positive de ce tableau bien sombre est la baisse régulière du pourcentage de filles mariées avant l’âge de 15 ans. Ainsi au Nigeria -le pays où sévit Boko Haram - le pourcentage de femmes mariées avant 18 ans (l’âge légal retenu dans de nombreux pays), est passé de 56% à 43% en vingt-cinq ans. Mais par l’effet de la démographie, le nombre de ces femmes a cependant augmenté de 2 à 3 millions selon le rapport «Ending child mariage» de l’Unicef.


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  • Les Etats-Unis demandent aux pays d'Europe, à l'Amérique latine et à l'Asie de s'engager davantage dans les opérations de maintien de la paix de l'ONU, a déclaré vendredi 7 novembre l'ambassadrice des Etats-Unies aux Nations unies, Samantha Power.

    De plus en plus souvent, ce sont les pays développés qui fournissent les moyens, et ceux en développement les soldats.

    «Ce n'est pas tenable et pas équitable. Cela ne produira pas les forces de maintien de la paix que les conflits d'aujourd'hui et notre sécurité nationale exigent», a réagi Samantha Power.

    Concernant son propre pays, la diplomate a toutefois admis que les Etats-Unis ne s'engageraient que «s'il y a des lacunes qu'ils seraient seuls à pouvoir combler». Ils préfèrent investir 110 millions de dollars pour améliorer les capacités militaires de six pays africains.

    «Nous encourageons les armées européennes, dont beaucoup sont en train de se retirer d'Afghanistan, à revenir aux opérations de maintien de la paix de l'ONU où elles jouaient un rôle très actif dans les années 90», a déclaré l'ambassadrice.

    Aux pays d'Amérique latine, elle demande d'envoyer leurs armées en dehors du continent américain. Quant aux pays d'Asie de l'Est, ils doivent contribuer de façon plus importante au maintien de la paix.

    Début 2015, 700 Casques bleus chinois devraient rejoindre une mission de l'ONU au Soudan du Sud. C'est la première fois que la Chine fournira un bataillon d'infanterie à une opération de maintien de la paix.

    Des améliorations

    Par ailleurs, l'institution est confrontée à de nouveaux problèmes qui la remettent en question. «Quand les Nations unies ont créé les Casques bleus il y a 60 ans, il n'y avait pas de kamikazes ou d'engins explosifs improvisés», a-t-elle fait valoir lors d'un discours à l'American Enterprise Institute, un cercle de réflexion basé à Washington.

    Les forces de maintien de la paix doivent s'améliorer dans un certain nombre de domaines, a-t-elle énuméré en citant la lenteur du déploiement des troupes, leur «mobilité limitée» et leur «incapacité à affronter les agresseurs et à protéger les civils».

    Selon une étude interne à l'ONU datant du mois de mai, les militaires des opérations de maintien de la paix s'abstiennent régulièrement d'avoir recours à la force pour protéger les civils attaqués, et n'interviennent que dans 20% des cas, bien qu'ils aient l'autorisation du Conseil de sécurité.

    Récemment, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a nommé une commission indépendante d'experts pour réfléchir aux améliorations à apporter aux opérations de maintien de la paix.

    L'ONU a plus de 110'000 militaires et policiers déployés dans 16 opérations de maintien de la paix dans le monde en Afrique, au Proche-Orient, en Asie et à Haïti.


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  • Khartoum - Les présidents du Soudan et du Soudan du Sud sont convenus mardi à Khartoum de reprendre les discussions pour démarquer leur frontière contestée, une dispute qui avait dégénéré en conflit armé en 2012.

    Les présidents sud-soudanais Salva Kiir et soudanais Omar el-Béchir ont chargé un comité de renouer le dialogue en vue de la démarcation de la zone tampon à la frontière, avec le déploiement de troupes hors de cette zone.

    Dans un communiqué commun lu par le ministre des Affaires étrangères soudanais Ali Karti, les deux chefs d'Etat ont en outre répété qu'ils cesseraient de soutenir ou abriter les groupes rebelles sévissant chez l'un et l'autre, sans autre précision.

    M. Kiir devait achever sa visite mardi soir mais l'ambassadeur soudanais à Juba Mutrief Siddig a affirmé aux journalistes qu'il passerait une nuit supplémentaire à Khartoum car son avion avait eu des problèmes techniques.

    Le Soudan du Sud a acquis son indépendance du Soudan en 2011, après un accord de paix en 2005 qui avait mis fin à des décennies de guerre entre le Sud et le Nord.

    Mais de fortes tensions demeurent entre Khartoum et Juba. Outre la démarcation de frontière, la question du partage de la manne pétrolière et celle du statut de régions disputées comme Abyei, minent toujours leurs relations.

    Juba a hérité de la majorité des réserves pétrolières connues du Soudan d'avant la partition, mais reste tributaire des oléoducs du Nord pour exporter.

    En 2012, les troupes sud-soudanaises avaient brièvement occupé la zone frontalière de Heglig, la principale région de production de pétrole du Soudan revendiquée par les deux pays.

    Ce conflit avait abouti à la signature d'accords la même année pour déterminer la ligne de démarcation d'une zone-tampon démilitarisée le long de leur frontière. Mais les désaccords ont empêché une telle démarcation.

    De plus, depuis décembre le Sud-Soudan est ravagé par un conflit civil provoqué par des combats au sein de l'armée minée par des dissensions politico-ethniques, sur fond de rivalité entre les troupes fidèles à M. Kiir et celles de son ancien vice-président Riek Machar.

    Des combats ont en outre opposé fin octobre l'armée sud-soudanaise aux rebelles dans l'importante ville pétrolière de Bentiu (nord), après plusieurs mois de calme relatif.

    La dernière rencontre entre les deux chefs d'Etat à Khartoum remonte à avril.


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  • Ramallah (Territoires palestiniens) - Les Palestiniens soumettront bien courant novembre au Conseil de sécurité de l'ONU leur projet de résolution fixant un calendrier pour la fin de l'occupation israélienne, malgré l'opposition américaine, a indiqué mardi un dirigeant de l'OLP à l'AFP.

    Une rencontre entre le négociateur en chef Saëb Erakat et le secrétaire d'Etat américain John Kerry lundi aux Etats-Unis n'a pas infléchi la détermination palestinienne, a affirmé Wassel Abou Youssef, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine.

    Aucune autre solution ne nous a été proposée par l'administration américaine, a-t-il expliqué.

    L'administration américaine pousse à reprendre les négociations là où elles ont été laissées (en avril, ndlr), alors que ce mécanisme a fait la preuve de son échec au cours des années passées, a-t-il ajouté.

    Pour l'ambassadeur australien Gary Quinlan, dont le pays assure la présidence intérimaire du Conseil de sécurité de l'ONU, il n'est pas encore clairement établi qu'un projet de résolution, présenté par la Jordanie au nom des Palestiniens, soit soumis au vote en novembre.

    Pour l'heure, il n'y a aucune indication selon laquelle quelque chose sera présenté au Conseil ou quand la prochaine étape des négociations sur ce texte aura lieu, a-t-il expliqué.

    Le dernier round de négociations initiées en 2013 par M. Kerry a échoué en avril 2014 après neuf mois de navettes intensives.

    Frustrée de l'absence de perspective d'indépendance, la direction palestinienne a fait le choix d'en passer par la communauté internationale sans plus attendre une solution négociée avec Israël.

    Le département d'Etat avait indiqué avant même les entretiens de MM. Kerry et Erakat que le chef de la diplomatie américaine n'avait pas de projet de règlement du conflit israélo-palestinien à présenter à son hôte.

    La direction palestinienne envisage un plan en trois étapes: un vote au Conseil de sécurité, puis en cas de refus, l'adhésion à des organisations internationales dont la Cour pénale internationale et, enfin, la rupture des accords avec Israël, notamment en ce qui concerne la coopération sécuritaire.

    De nombreux responsables palestiniens ont fait état de pressions américaines pour les dissuader d'aller devant le Conseil de sécurité, où Washington peut en dernier recours utiliser son droit de veto.


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  • Prison ferme en Thaïlande pour crime de lèse-majesté sur Facebook

    Un étudiant thaïlandais a été condamné mardi à Bangkok à 30 mois de prison en vertu d'une loi punissant le crime de lèse-majesté. Celle-ci est appliquée de façon plus drastique depuis l'arrivée ce printemps d'une junte au pouvoir dans le royaume.

    "Le juge l'avait initialement condamné à cinq ans de prison, mais comme il a reconnu les faits, la peine a été réduite de moitié", a déclaré un responsable de la cour criminelle ayant condamné l'étudiant. Ce dernier, âgé de 24 ans, avait été interpellé en juin pour avoir posté en mars un message jugé antimonarchiste sur sa page Facebook.

    Il était en détention depuis, étant considéré comme une menace à la sécurité nationale. Les personnes accusées de crime de lèse-majesté se voient refuser le plus souvent toute liberté sous caution.

    Le roi Bhumibol Adulyadej, 86 ans, qui jouit auprès de certains de ses sujets d'un statut de demi-dieu, est protégé par une des législations les plus sévères au monde. Elle punit le crime de lèse-majesté par des peines pouvant aller jusqu'à 15 ans de prison.

    Depuis sa prise de pouvoir le 22 mai, la junte militaire fait la chasse à ses opposants. La lutte contre le crime de lèse-majesté est devenue une de ses priorités, dans un contexte d'incertitude liée à la succession du roi, lequel est hospitalisé.

    Plusieurs inculpés
    Amnesty International dénonce un nombre "sans précédent" de poursuites pour lèse-majesté, avec au moins 14 personnes inculpées depuis le putsch, dont plusieurs placées en détention.

    Plusieurs autres ont été condamnées. Parmi elles, un musicien s'est vu infliger en août 15 ans de prison pour des propos jugés insultants envers la monarchie postés sur Facebook en 2010 et 2011.


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  • La Cour européenne interdit d'expulser la famille d'Afghans

    La Cour européenne a mis son veto mardi à l'expulsion sans conditions d'une famille de requérants d'asile afghans de Suisse en Italie, en application des accords de Dublin.

    Elle contraint la Confédération à obtenir préalablement des garanties concernant le sort des six enfants.

    Selon le verdict de la Grande Chambre de la Cour européenne, il y aurait violation de l'interdiction de traitements inhumains ou dégradants si les autorités suisses renvoyaient cette famille de huit personnes en Italie sans avoir au préalable obtenu certaines assurances.

    Celles-ci concernent la préservation de l'unité familiale et une prise en charge adaptée à l'âge des six enfants, dont le cadet est né en 2012. Partie d'Afghanistan, cette famille était arrivée par bateau sur les côtes de Calabre en juillet 2011.

    Les parents et les enfant avaient été placés dans une structure d'accueil et soumis à une procédure d'identification. Ils avaient ensuite quitté le centre de demandeurs d'asile de Bari puis étaient arrivés en novembre 2011 en Suisse où ils avaient déposé une demande d'asile.

    Avec le soutien de l'Entraide Protestante Suisse (EPER), la famille avait recouru contre le rejet de sa demande d'asile. La Cour européenne des droits de l'homme avait accordé l'effet suspensif, de sorte que la procédure de renvoi a été suspendue.

    Dans son arrêt, la Grande Chambre de la Cour européenne rappelle que la situation actuelle du système d'accueil en Italie comporte certains risques. «L'hypothèse qu'un nombre significatif de demandeurs d'asile renvoyés vers ce pays soient privés d'hébergement ou hébergés dans des structures surpeuplées, dans des conditions insalubres et un environnement de violence n'est pas dénuée de fondement», affirme la haute instance.

    Traitements inhumains ou dégradants

    Sans entrer dans le débat sur l'exactitude du nombre de demandeurs d'asile privés d'hébergement en Italie, la Cour constate la disproportion flagrante entre le nombre de demandes d'asile présentées en 2013, qui dépasse 14'000, et le nombre de places disponibles dans les structures du réseau d'accueil, au total 9630 places.

    En l'état, les autorités suisses ne disposent pas d'éléments suffisants pour être assurées qu'en cas de renvoi en Italie, les requérants seraient pris en charge d'une manière adaptée à l'âge des enfants.

    Par conséquent, si les autorités renvoyaient cette famille sans avoir obtenu au préalable une garantie concernant une prise en charge adaptée à l'âge des enfants, il y aurait violation de l'article 3 de la Convention européenne, qui interdit les traitements inhumains ou dégradants.

    Opinion dissidente

    Obtenant partiellement gain de cause, la famille de requérants afghans se voit allouer une indemnité de 7000 euros, qui devra lui être versée par la Confédération, selon le verdict de la Grande Chambre, approuvé par quatorze juges. Minoritaires, trois magistrats étaient opposés à ce verdict.

    Selon eux, il n'y aurait pas violation de la Convention européenne si cette famille était renvoyée en Italie, sans que la Suisse obtienne préalablement des garanties. Ils relèvent notamment que le HCR n'a demandé à aucun Etat «Dublin» de renoncer aux renvois vers l'Italie alors qu'il avait fait cette recommandation expresse concernant la Grèce.


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  • L'Egypte sur le banc des accusés à l'ONU

    De nombreuses associations de défense des droits de l'homme exhortent l'ONU à condamner les violations croissantes en Egypte.

    L'Egypte est mercredi sur le banc des accusés à l'ONU. Pour la première fois depuis le renversement du président islamiste Mohamed Morsi et le retour au pouvoir des militaires en juillet 2013, les autorités du Caire devront se justifier devant le Conseil des droits de l'homme.

    A la veille de la réunion, de nombreuses ONG ont battu à Genève le rappel des pays démocratiques pour qu'ils demandent à l'ex-général Abdel Fattah al-Sissi de respecter les libertés fondamentales. Human Rights Watch (HRW) a exhorté l'ONU à condamner les violations croissantes en Egypte.

    «Combien de défenseurs des droits de l'homme devront quitter le pays ou être réduits au silence avant que le Conseil des droits de l'homme ne demande à l'Egypte de mettre un terme à la répression», s'est interrogé Philippe Dam, directeur du bureau de HRW à Genève.

    «Washington, Londres, Paris et les autres capitales ont jusqu'ici évité de dénoncer le retour en arrière dramatique en Egypte», a-t-il ajouté. «Ils doivent clairement affirmer que de réduire au silence les ONG indépendantes aura des conséquences sur leurs relations avec Le Caire», a affirmé Philippe Dam.

    Ibrahim El-Heneidy, ministre de la justice de transition et des affaires parlementaires, conduira la délégation de l'Egypte lors de l'examen de son rapport global mercredi par le Conseil des droits de l'homme.

    L'ONU doit enquêter

    Des membres du Conseil révolutionnaire égyptien (ERC), un organe qui chapeaute les organisations hostiles au coup d'Etat militaire, ont demandé, lors d'une conférence de presse au Club suisse de la presse, que l'ONU lance une enquête sur les crimes commis lors du coup d'Etat de l'an dernier, au cours duquel un millier de manifestants ont été tués.

    La présidente de l'ERC Maha Azzam a critiqué l'effondrement de l'Etat de droit et dressé «un long catalogue d'abus systématiques» commis par le régime militaire: assassinats de manifestants, disparitions forcées, tortures en prison.

    «L'Egypte a une longue expérience des régimes militaires. Mais ce que nous avons vu au cours de l'année écoulée dépasse tout ce que nous avons connu comme pires excès au cours des décennies précédentes en Egypte», a affirmé Maha Azzam.

    Le Dr Amr Darrag, ancien ministre de la planification et de la coopération internationale dans le gouvernement Morsi, a de son côté dénoncé «l'abolition de tous les droits de l'homme» en Egypte.

    Menaces sur les ONG

    Plusieurs ONG ont demandé aux membres de l'ONU de faire pression sur l'Egypte pour qu'elle annule un projet de loi interdisant les manifestations pacifiques et libère des milliers de personnes détenues seulement pour leur opinion politique, dont des journalistes.

    Selon HRW et d'autres ONG, le gouvernement a donné un délai jusqu'au 10 novembre à toutes les ONG égyptiennes pour qu'elles s'enregistrent. Le président al-Sissi a modifié le code pénal par décret le 21 septembre et renforcé les sanctions pour «l'utilisation de fonds étrangers dans le but de nuire à l'intérêt national», punie par une condamnation à vie et une amende de 70'000 dollars.

    Les militants égyptiens, dont certains étaient actifs sous l'ex-président Hosni Moubarak, redoutent que les autorités utilisent cette formulation vague pour les poursuivre et fermer leurs organisations, dont beaucoup reçoivent un financement de l'étranger, selon HRW.

    Mandats d'arrêt prêts

    Des militants ont témoigné que les autorités leur ont dit avoir des mandats d'arrêt prêts à leur encontre, d'autres ont reçu des menaces par téléphone, d'autres se sont déjà exilés.

    Selon des déclarations des autorités égyptiennes citées par HRW, au moins 22'000 personnes ont été emprisonnées depuis le coup d'Etat de juillet 2013. Selon le Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux, leur nombre atteint 41'000, souvent arrêtés pour des sympathies supposées avec les Frères musulmans.

     


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  • Le président du Congrès juif mondial met en garde le Musée des Beaux-Arts de Berne, désigné pour récupérer l'héritage de la collection Gurlitt. Si le musée l'accepte, Ronald Lauder évoque «une avalanche de procès» en perspective.

    Il y a trois semaines, le Musée des Beaux-Arts de Berne a fait savoir que son conseil de fondation décidera le 26 novembre s'il accepte ou non l'héritage de la collection Gurlitt, qui compterait quelque 1400 toiles estimées à plusieurs millions de francs. Mort le 6 mai dernier à Munich, Cornelius Gurlitt, fils du marchand d'art d'Hitler, Hildebrand Gurlitt, a choisi le musée bernois comme légataire universel.

    Pour le président du Congrès juif mondial (CJM) Ronald Lauder, accepter cet héritage équivaut à «ouvrir la boîte de Pandore et à déclencher une avalanche de procès» de la part des héritiers potentiels des propriétaires spoliés. Selon l'AFP, M. Lauder a fait cette mise en garde dans un entretien accordé conjointement avec la ministre de la culture allemande, Monika Grütters, à l'hebdomadaire allemand «Der Spiegel», à paraître lundi.

    Dans cette interview, Mme Grütters indique que le gouvernement allemand est en pourparlers avec le musée bernois. «Je suis convaincue que nous parviendrons à une solution bonne et raisonnable», affirme la ministre.

    Le musée bernois avait six mois, à dater de l'ouverture du testament, pour décider d'accepter ou non ce trésor. En juillet dernier, sa direction a fait savoir qu'elle aurait vraisemblablement besoin de ce délai pour examiner toutes les questions ouvertes avant de prendre une décision.


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  • Isaac Zida est le nouvel homme fort au Burkina Faso

    Numéro deux de la garde personnelle du président burkinabé déchu, le lieutenant-colonel Isaac Zida a été désigné samedi par l'armée pour conduire le régime de transition au Burkina Faso.

    Militaire de carrière, jusqu'ici resté dans l'ombre, le lieutenant-colonel Isaac Zida a été désigné samedi 1er novembre par l'armée pour conduire la transition au Burkina Faso.

    Les hauts gradés de l'armée burkinabé ont préféré cet officier protestant de 49 ans au chef d'état-major des armées, le général Nabéré Honoré Traoré. Ce dernier était considéré comme trop proche de l'ancien président, pour conduire la transition institutionnelle et politique.

    Commandant en second du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), une unité d'élite de l'armée qui assurait la sécurité de Blaise Compaoré, Zida est aussi un proche du général Gilbert Diendéré, le chef d'état-major particulier de l'ex-chef de l'Etat, dont on est sans nouvelles. «Il fait partie des mêmes réseaux que Diendéré. Certains se méfient de lui», observe une source sécuritaire.

    Solide gaillard à la fine moustache et aux lunettes sans montures, Zida a, selon l'un de ses frères d'armes, été formé au Centre d'entraînement commando de Pô (sud du Burkina), un lieu stratégique pour le pouvoir. Après avoir démissionné vendredi, Blaise Compaoré s'est ainsi dirigé vers Pô, qu'il a finalement contourné pour se rendre à Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire.

    François Compaoré, le frère de l'ancien président, ancien conseiller à la présidence et homme d'influence, ainsi que son épouse se sont eux réfugiés au Bénin, d'où ils devraient gagner la France, d'après une source diplomatique.

    Déjà contesté

    Le lieutenant-colonel Zida semblait être soutenu par une partie de la société civile avant que celle-ci n'exige samedi une transition «démocratique et civile», refusant la «confiscation» de la «victoire» du peuple par l'armée.

    Après la mise au point de l'armée, l'Union pour le progrès et le changement (UPC), principal parti d'opposition, a réclamé l'ouverture immédiate de consultations pour déterminer le calendrier de prochaines élections. Et les «forces vives» du petit pays sahélien ont appelé à un rassemblement dimanche à 08h00 sur la place de la Nation, à Ouagadougou.

    Le lieutenant-colonel Zida est toutefois apprécié de ses hommes. Quand a éclaté en 2011 une mutinerie qui a failli emporter le régime de Compaoré, il a été l'un des rares au sein de la garde présidentielle à avoir été épargné par les mutins, quand d'autres gradés subissaient la furie des soldats, ont assuré un militant des droits de l'Homme et une source militaire.

    Originaire de Yako, dans la province du Passore, au centre-nord du Burkina Faso, Isaac Zida a suivi des cours de perfectionnement militaire au Maroc et des cours d'état-major au Cameroun, d'après un militaire ayant évolué à ses côtés.

    Il a aussi un temps été Casque bleu au sein de la Mission onusienne en République démocratique du Congo (RDC), a indiqué l'un de ses membres. Et durant la crise ivoirienne (2002-2011) ayant entraîné la chute de l'ex-président Laurent Gbagbo, il fut un officier de liaison dans le cadre de la médiation que menait Blaise Compaoré, selon une source onusienne.


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  • Les femmes et jeunes filles enlevées par Boko Haram utilisées "sur la ligne de front

    Les femmes et les jeunes filles enlevées par Boko Haram au Nigeria sont utilisées "en première ligne" lors des combats menés par le groupe islamiste, dénonce Human Rights Watch (HRW) lundi dans un nouveau rapport.

    L'organisation de défense des droits de l'homme, qui compile plusieurs dizaines de témoignages d'ex-otages, fait état des nombreuses séquelles physiques et psychologiques dont souffrent celles qui sont libérées.

    Ce rapport intervient au moment où trente adolescents, garçons et filles, dont les plus jeunes ont 11 ans, ont été enlevés, ce weekend, dans l'Etat de Borno, épicentre de l'insurrection islamiste, dans le Nord-Est. La semaine précédente, soixante autres filles et jeunes femmes ont été enlevées à Wagga et Gwarta, deux autres villes du sud de cet Etat.

    Ces deux enlèvements ont jeté de nouveaux doutes sur l'accord de cessez-le-feu que les autorités nigérianes ont annoncé avoir conclu, mi-octobre, avec Boko Haram, et qui prévoyait notamment la libération des 219 lycéennes enlevées à Chibok en avril et toujours aux mains des islamistes.

    Dans le rapport de HRW, une jeune fille de 19 ans retenue trois mois en otage par Boko Haram l'année dernière dit avoir été forcée de participer à des attaques islamistes.

    "On m'a demandé de porter les munitions et de m'allonger dans l'herbe pendant qu'ils se battaient. Ils venaient s'approvisionner en munitions, au cours de la journée, alors que les combats se poursuivaient" a-t-elle raconté.

    "Quand les forces de sécurité sont arrivées sur place et qu'elles se sont mises à nous tirer dessus, je suis tombée par terre, de peur. Les insurgés m'ont alors trainée sur le sol, en s'enfuyant vers le camp".

    L'ex-otage raconte avoir aussi reçu l'ordre d'égorger un des membres d'une milice privée capturé par Boko Haram, à l'aide d'un couteau.

    "Je tremblais, horrifiée, et je n'ai pas pu le faire. La femme du chef du camp a alors pris le couteau et elle l'a tué", poursuit-elle.

    Une série d'attentats-suicides ont été menés par des femmes, parfois très jeunes, plus tôt cette année, et certains s'étaient demandé si ces femmes pouvaient être des otages de Boko Haram.

    Rien ne permet cependant de prouver, pour l'instant, que les femmes-martyrs étaient des otages et non des combattantes volontaires.

    En juillet, une petite fille de 10 ans avait aussi été arrêtée dans l'Etat de Katsina, dans le nord-ouest du Nigeria, avec une ceinture d'explosifs autour de la taille.

    - Mariages forcés et conversion à l'islam -

    Au total, 30 femmes et jeunes filles ont été entendues par HRW entre avril 2013 et avril 2014, dont 12 des 57 lycéennes de Chibok ayant réussi à échapper à leurs ravisseurs.

    Les ex-otages, qui ont passé entre deux jours et trois mois aux mains de leurs ravisseurs, ont dit avoir été emmenées dans huit camps différents, dans l'épaisse forêt de Sambisa, dans l'Etat de Borno, et dans les montagnes de Gwoza --frontière naturelle entre le Nigeria et le Cameroun.

    Selon HRW, plus de 500 femmes et jeunes filles ont été enlevées depuis le début de l'insurrection en 2009 --une estimation basse par rapport à d'autres chiffres publiés.

    Elles disent avoir cohabité avec de nombreuses autres personnes de sexe féminin âgées de zéro à 65 ans, mais ignorer si elles étaient toutes otages.

    Une des ex-otages de Chibok dit avoir été forcée à cuisiner et à nettoyer pour d'autres femmes qui avaient droit à un traitement de faveur "à cause de leur beauté".

    D'autres témoignages, plus durs, évoquent des viols et des violences physiques. Une femme raconte avoir été menacée de mort, une corde autour du cou, jusqu'à ce qu'elle accepte de se convertir à l'islam.

    Une autre jeune fille, âgée de 15 ans, raconte que quand elle s'est plaint d'être trop jeune pour se marier, un des commandants lui a rétorqué que sa fille de cinq ans avait été mariée l'année précédente.

    Les ex-otages sont livrées à elles-mêmes avec de graves traumatismes psychologiques, sans soutien ni protection de la part des autorités nigérianes, et vivent dans la peur d'être à nouveau kidnappées, dans une région en proie à des attaques islamistes quotidiennes, déplore le rapport.


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