• Le Parlement syrien a voté une loi qui exclut de facto une participation de l'opposition en exil à la prochaine présidentielle et ouvre la voie à une réélection du président Bachar al-Assad, à la veille du 3e anniversaire de la guerre en Syrie.

    Signe que le régime continue à reprendre du terrain, l'armée est entrée vendredi dans la ville de Yabroud, un des principaux bastions rebelles dans la province de Damas, a indiqué à l'AFP une source militaire.

    Le médiateur international Lakhdar Brahimi a jugé que l'organisation par le régime d'une présidentielle dans le pays ravagé par les combats torpillerait les négociations de paix, s'attirant les critiques du pouvoir qui l'a accusé d'avoir "outrepassé" son rôle.

    Confronté à une rébellion qui veut sa chute, M. Assad n'a pas encore officiellement annoncé son intention de briguer un troisième mandat mais il a affirmé en janvier à l'AFP qu'il y avait de "fortes chances" qu'il le fasse.

    Aucune date n'a été annoncée pour le scrutin, mais les électeurs doivent être convoqués entre 60 et 90 jours avant la fin du mandat de M. Assad le 17 juillet.

    L'élection se tiendra dans un pays saigné à blanc par la guerre et rongé par une crise humanitaire inouïe. Aucun des protagonistes ne semble avoir les moyens de l'emporter.

    Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a souhaité vendredi que Moscou et Téhéran, alliés du régime syrien, fassent pression sur Damas pour une reprise des négociations de paix, suspendues fin février sans avoir permis de dessiner une transition.

    Le chef de la délégation du régime à ces négociations, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem, 73 ans a été opéré du coeur vendredi à Beyrouth, "avec succès" selon la télévision syrienne.

    Jeudi, le Parlement a approuvé une loi électorale qui abolit la suprématie du parti Baas au pouvoir depuis un demi-siècle, et permet en théorie à plusieurs candidats de se présenter.

    Mais cette loi empêche de fait les figures de l'opposition en exil de se présenter, car chaque candidat doit "avoir vécu en Syrie pendant une période de 10 ans de manière continue au moment de présenter sa candidature".

    Or la Coalition de l'opposition, considérée comme l'interlocuteur privilégié par l'Occident et dont le départ de M. Assad est la principale revendication, est installée à Istanbul.

    - Assad en campagne -

    Le régime avait déjà organisé en mai 2012 des législatives boycottées par l'opposition.

    En attendant, à Homs (centre), reprise dans sa majorité par le régime, la campagne pour une réélection d'Assad a commencé.

    "Parce que vous êtes le symbole de notre victoire et de notre résistance, nous vous implorons de vous porter candidat à la présidence", pouvait-on lire sur un immense calicot avec le portrait de M. Assad.

    Depuis l'ascension du clan Assad en Syrie en 1970, la présidentielle est en réalité un plébiscite en faveur d'un candidat unique.

    Porté au pouvoir en 2000 après la mort de son père, Hafez, Bachar al-Assad, 48 ans, a été reconduit en 2007. Dans le sillage du Printemps arabe, une contestation pacifique a éclaté dans le pays le 15 mars 2011 puis s'est transformée en rébellion armée après la répression du pouvoir.

    En trois ans, plus de 146.000 personnes sont mortes selon une ONG et plus de neuf millions de personnes ont été contraintes à la fuite, soit la plus importante population de déplacés au monde selon l'ONU. De plus, au moins un million d'enfants sont privés d'aide humanitaire selon l'UNICEF.

    "Il est inacceptable qu'une catastrophe humanitaire de cette ampleur puisse avoir lieu sous nos yeux sans la moindre indication d'un quelconque progrès pour arrêter ce bain de sang", a estimé le patron du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, Antonio Guterres.

    L'ex-procureur de l'ONU, David Crane, a lui évoqué le camp de concentration d'Auschwitz en parlant de la Syrie où au moins "11.000 personnes ont été torturées, affamées jusqu'à la mort, puis exécutées dans des centres et des lieux de détention du régime".

    Le Liban a été de nouveau secoué par les retombées du conflit syien: quatre personnes ont été tuées ces dernières 24 heures dans une flambée de violences confessionnelles à Tripoli, ville minée par les tensions liées au conflit syrien.


    votre commentaire
  • Les Etats-Unis ont fait valoir vendredi 14 mars 2014 que leurs opérations de surveillance massive étaient sous contrôle, devant le Comité des Droits de l'homme de l'ONU, qui passait en revue la politique américaine en matière de droits civils et politiques.

    Le gouvernement américain fait face à une série de scandales concernant l'espionnage des téléphones et de l'internet dans le monde entier par l'agence de surveillance américaine NSA, depuis les révélations de son ancien employé Edward Snowden en 2013.

    Au cours d'une réunion du Comité des droits de l'homme de l'Onu à Genève, les experts de 18 pays ont mis la délégation américaine sur la sellette concernant l'étendue et l'objet des opérations d'espionnage

    Bruce Swartz, procureur général adjoint auprès de la section criminelle du Département américain de la justice a fait valoir que les programmes de renseignement visés étaient "légaux aux termes de la loi des Etats-Unis".

    "La collecte de renseignements en cause n'a que des objectifs valables dans le cadre du renseignement étranger à des fins de contre-espionnage", a-t-il dit.

    "Cette collecte ne vise pas ou n'a pas pour effet de modifier ou de remettre en cause la liberté d'expression. Elle ne vise pas non plus à discriminer les personnes en fonction de leurs origines ethniques, de leur race, de leur sexe ou de leur orientation sexuelle", a-t-il affirmé.

    Ces opérations font l'objet d'un "contrôle strict" de la part d'une série d'entités et de tribunaux, a encore fait valoir M. Swartz. Il a souligné que le gouvernement s'était livré au cours de l'année écoulée à un examen étendu de ses pratiques en matière d'espionnage.

    Le président Barack Obama a annoncé un ensemble de nouveaux garde-fous, a rappelé M. Swartz, afin de protéger les informations personnelles "des citoyens à travers le monde indépendamment de leur nationalité".

    Auparavant, Yuji Iwasawa, un juriste international japonais, avait évoqué les craintes soulevées par les opérations de surveillance américaines.

    "La surveillance exercée par la NSA permet-elle d'atteindre des objectifs légitimes ? Est-elle proportionnée pour atteindre ces buts?", s'était-il interrogé.

    "Est-il vraiment nécessaire de collecter une foule de données téléphoniques aux dépens de la vie privée des citoyens américains ?", a poursuivi M. Iwasawa, en allusion au "Patriots Act", loi adoptée sous l'administration du président George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001, qui accorde des pouvoirs étendus aux agences fédérales en matière de perquisitions et de mise sur écoutes de lignes téléphoniques.

    Mardi, le candidat choisi par Barack Obama pour diriger la NSA (agence nationale de sécurité), le vice-amiral Michael Rogers a déclaré vouloir plus de "transparence" dans les actions de l'agence de renseignement américaine tout en jugeant "vital" de poursuivre la collecte de métadonnées d'appels téléphoniques.

    Comme tous les membres de l'Onu, les Etats-Unis doivent périodiquement se soumettre à l'examen de la mise en oeuvre des dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Les conclusions du comité concernant les Etats-Unis seront rendues publiques le 27 mars.


    votre commentaire
  • Le Niger a remis à Tripoli le fils de l'ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, Saadi, a annoncé jeudi 6 mars 2014 le gouvernement libyen dans un communiqué. Saadi Kadhafi s'était réfugié au Niger peu avant le chute de son père.

    "Saadi Kadhafi a été remis au gouvernement libyen le 6 mars, il est arrivé en Libye et est aux mains de la police judiciaire", indique le texte en remerciant le Niger, qui l'accueillait depuis 2011. Le gouvernement libyen s'engage à traiter Saadi Kadhafi "conformément aux normes internationales sur le traitement des prisonniers", ajoute le communiqué.

    Sur sa page Facebook, la Brigade des révolutionnaires de Tripoli (ex-rebelles) a publié cinq photos de Saadi Kadhafi le montrant alors qu'un homme lui rase la tête et la barbe à l'aide d'un rasoir électrique. Sur ces clichés, il est également agenouillé en tenue bleue sur un matelas à même le sol entouré de plusieurs hommes.

    "Notice rouge"

    Saadi Kadhafi, 39 ans, s'était réfugié en septembre 2011 au Niger, peu avant la chute du régime de son père, le 20 octobre 2011. Niamey, qui lui a accordé l'asile, refusait de l'extrader malgré les demandes répétées des nouvelles autorités libyennes.

    Celles-ci l'accusent de "s'être emparé de biens par la force et l'intimidation quand il dirigeait la Fédération libyenne de football". Interpol avait émis une "notice rouge" pour demander à ses 188 pays membres son arrestation.

    Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait annoncé en novembre 2012 que son pays avait accordé l'asile à Saadi Kadhafi pour des "raisons humanitaires".

    Un autre fils de Kadhafi, Seif al-Islam, longtemps présenté comme successeur potentiel de son père, a lui été arrêté en novembre 2011 dans le sud de la Libye par des ex-rebelles de Zenten où il est détenu depuis.


    votre commentaire
  • NEW YORK - La justice américaine a donné raison mardi au groupe pétrolier Chevron qui estimait entaché d'irrégularités le jugement équatorien lui ayant infligé une amende record de 9,5 milliards de dollars pour pollution.

    A l'issue de six semaines d'audience, le juge de district new-yorkais Lewis Kaplan a en effet estimé que les avocats des plaignants avaient corrompu le juge équatorien chargé de l'affaire et avaient falsifié certaines preuves.

    Les quelque 30.000 plaignants, regroupés au sein du Front de défense de l'Amazonie et soutenus par leur gouvernement, ont annoncé dans un communiqué qu'ils faisaient appel immédiatement.

    Un de leurs avocats a qualifié d'illégitime la décision. C'est une sentence injuste et illégitime qui provient d'un juge incompétent, dans le cadre d'une procédure absurde, a dénoncé Me Juan Pablo Saenz auprès de l'AFP.

    En attendant, les plaignants ne pourront pas demander aux Etats-Unis de saisir les actifs de Chevron, qui s'est refusé jusqu'à présent à les indemniser et a porté l'affaire devant un tribunal d'arbitrage international de La Haye, dénonçant la corruption de la justice équatorienne.

    Les prochains rounds vont se jouer devant les tribunaux brésiliens, argentins et canadiens devant lesquels les plaignants cherchent à obtenir la saisie des actifs de la major, a confié à l'AFP leur porte-parole Han Shan. Ce qu'a confirmé celui de Chevron, Morgan Crinklaw, soulignant que le géant pétrolier n'avait pas d'actifs importants en Equateur.

    Mardi, tout en se réjouissant de cette victoire éclatante, le pétrolier a voulu accentuer dans la foulée son avantage, en expliquant qu'il allait faire traduire dans différentes langues le jugement new-yorkais.

    Une décision sur 500 pages parlant d'irrégularités devrait avoir des conséquences collatérales dans d'autres juridictions, ajoute M. Crinklaw.

    - Comme à Hollywood -

    Pour le juge Lewis Kaplan, qui dit s'appuyer sur plus de 37 témoignages et avoir examiné des milliers de preuves et documents, l'avocat new-yorkais des plaignants, Steven Donziger, a outrepassé la loi.

    Cette affaire est extraordinaire, écrit-il dans sa décision. Les faits sont nombreux et parfois complexes. Ils incluent des choses qui relèvent normalement d'Hollywood.

    Et de citer en vrac des courriels codés entre Me Donziger et ses collègues décrivant leurs tactiques d'approche des juges équatoriens, la désignation d'un pseudo expert neutre.

    Il s'en prend à la jeunesse du juge équatorien, qui était si inexpérimenté et mal à l'aise au civil qu'il a demandé à un autre juge (...) de rédiger un brouillon du jugement pour lui, s'étonne M. Kaplan.

    Me Donziger et ses clients ont soumis des preuves falsifiées. Ils ont exercé des pressions sur le juge pour faire nommer par le tribunal un supposé +grand expert+ impartial pour évaluer les dommages, fustige encore le juge new-yorkais.

    Pour lui, la question n'est pas de savoir si Chevron a pollué ou pas il y a plus de 20 ans, mais plutôt si le jugement a été obtenu par des moyens frauduleux.

    Même si Me Donziger et ses clients avaient une cause juste (...) mais pas le droit de vicier le processus pour atteindre leur but, conclut le juge Kaplan, qui explique n'avoir pas examiné le dossier sur le fond.

    Les plaignants n'ont pas caché leur amertume, déplorant une décision injuste.

    Si les Equatoriens respectent la loi dans tous les pays, ils ne reconnaissent pas cette juridiction (new-yorkaise) et moins encore son jugement, a affirmé Han Shan, dans un communiqué.

    Poursuivi à l'origine par 30.000 indigènes de la région amazonienne, Chevron a été condamné en 2011 par la cour de la province de Sucumbios à une amende de 9,5 milliards de dollars.

    Les dégâts dans la forêt amazonienne remontent à l'exploitation pétrolière par la compagnie américaine Texaco, qui a opéré en Equateur entre 1964 et 1990, avant d'être rachetée en 2001 par Chevron.

    L'amende de Chevron en Equateur représente l'une des plus fortes dans l'histoire du droit de l'environnement, dépassant celle de 4,5 milliards de dollars infligée à ExxonMobil pour la marée noire de l'Alaska en 1989.

    Le président Rafael Correa, un dirigeant socialiste aux relations conflictuelles avec les Etats-Unis, a récemment lancé une campagne internationale de boycottage contre les produits de Chevron, qu'il accuse d'être responsable d'un des pires désastres environnementaux de la planète.


    votre commentaire
  • ATHENES - Le président allemand Joachim Gauck a affirmé jeudi à Athènes qu'il n'existait plus aucune voie légale permettant à la Grèce de réclamer des réparations pour les crimes nazis comme l'a souhaité son homologue grec Carolos Papoulias, en appelant à de rapides discussions sur ce sujet.

    La Grèce n'a jamais renoncé (aux réparations, ndlr) et exige la résolution de cette question avec l'ouverture rapide de discussions, a déclaré le président de la République grecque qui reçoit M. Gauck pour une visite de deux jours en Grèce.

    La réponse courtoise de son homologue n'a pas dévié de la position de l'Allemagne sur ce vieux débat qui a resurgi avec la crise : Vous savez que je ne peux vous faire d'autre réponse que vous dire que la voie légale est fermée, a répondu, à ses côtés, M. Gauck.

    Le gouvernement allemand a toujours fait valoir que la question des réparations de guerre avait été réglée dans le cadre d'accords entre Etats à la Conférence de Paris en novembre 1945.

    Le président allemand a cependant affirmé son intention, au cours de cette visite en Grèce, de reconnaître la culpabilité de l'Allemagne pour les victimes de la guerre, un mot qui n'a pas qu'un sens pénal mais aussi un sens moral, c'est à lui que je me réfère.

    Lors d'une rencontre avec Alexis Tsipras, leader de l'opposition de la gauche radicale Syriza, qui a fait des réparations allemandes l'un de ses mots d'ordre, le président allemand a fait face aux mêmes revendications: (...) Nous, en tant que prochain gouvernement serons contraints -parce que le peuple se trouve en situation de crise humanitaire- de demander le remboursement de la dimension matérielle, et morale, de cette dette historique, a déclaré M. Tsipras dont le parti se dispute la première place des sondages avec les conservateurs du Premier ministre Antonis Samaras.

    M. Gauck se rend vendredi avec M. Papoulias à Liguiades, une localité située près de Ioannina en Épire, à 400 km au nord-ouest d'Athènes, où le 3 octobre 1943 les nazis avaient tué 90 personnes, dont des dizaines d'enfants, en représailles à des attaques des résistants grecs contre l'armée allemande.

    Originaire de Ioannina, M. Papoulias, 84 ans, a participé à la résistance antinazie de 1942 à 1944. Il a étudié en Allemagne et séjourné dans ce pays pendant la dictature des colonels.

    En septembre 2012, la Grèce avait créé, sous l'égide de la Cour des comptes, un groupe de travail en vue de chiffrer le montant des réparations qu'elle pourrait réclamer à Berlin. Selon des fuites dans la presse, ce rapport a abouti au montant de 162 milliards d'euros.

    Historiens et juristes jugeaient cette initiative peu susceptible d'aboutir, mais plutôt destinée à passer un message politique à l'opposition ainsi qu'à une Allemagne considérée comme responsable des difficultés de la Grèce.

    La semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères, Evangelos Venizelos, a demandé une nouvelle expertise sur ce rapport jugé insuffisant. Par la voie juridique, nous n'avons aucune chance d'aboutir, a-t-il tranché devant une commission parlementaire.

    Le président allemand a exprimé son profond respect pour les Grecs qui ont porté le fadeau des mesures d'austérité prises depuis 2010 pour juguler les risques de faillite du pays.

    Alors que les manifestations étaient interdites jeudi dans le centre d'Athènes à l'occasion de la visite de M. Gauck, des centaines d'ouvriers du bâtiment, dont une majorité de sympatisants du Parti communiste grec (KKE), se sont rassemblés pour protester contre le chômage qui frappe le secteur.

    Ils ont été repoussés par les forces antiémeute quand ils se sont approchés de la place Syntagma, quartier du Parlement et du palais présidentiel où était reçu le président allemand. De brefs affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers qui ont eu recours au gaz lacrymogène pour les disperser, a constaté un photographe de l'AFP.


    votre commentaire
  • La pression est forte sur la Suisse pour qu'elle fasse recours contre le verdict de Strasbourg dans l'affaire Perinçek. Selon la Cour européenne des droits de l'homme, elle a violé le droit à la liberté d'expression du nationaliste turc en le condamnant pour discrimination raciale. Il avait qualifié le génocide arménien de "mensonge international".

    Une pétition munie de plus de 10'000 signatures a été adressée à la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga et de nombreuses personnalités d'horizons divers se sont exprimées pour enjoindre la Suisse de faire appel devant la Grande Chambre de la CEDH. Le délai échoit le 17 mars.

    Devoir moral

    Pour tous ces intervenants, la Suisse doit poursuivre son combat. The International Institute for Genocide and Human Rights Studies a même acheté une pleine page dans la "NZZ" de jeudi pour défendre son point de vue, appuyé par la signature d'une quarantaine d'universitaires. "Le gouvernement suisse a le devoir moral de recourir contre la décision de la Cour et de défendre ses lois contre le racisme", affirme le texte.

    Président du Parti des travailleurs de Turquie, Dogu Perinçek a été condamné en mars 2007 par le Tribunal de police de Lausanne à 90 jours-amendes avec sursis pour discrimination raciale et 3000 francs d'amende. Le verdict a été confirmé ensuite par le Tribunal fédéral, mais un recours a été déposé à Strasbourg.

    Graves déficiences

    En Suisse, l'Association Suisse-Arménie a envoyé une prise de position à la cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) qui doit trancher. Selon l'ASA, la décision de la Cour "comporte de graves déficiences à la fois sur la procédure et sur le fond".

    Strasbourg aurait commis "des inexactitudes historiques et conceptuelles". Les preuves du génocide des Arméniens sont "irréfutables" et "la hiérarchisation" des génocides" n'a pas lieu d'être, remarque l'ASA en se référant aux commentaires d'experts.

    Régression dénoncée

    Ne pas recourir aurait aussi un impact sur la Suisse elle-même, poursuit l'ASA. Admettre le jugement de décembre contribuerait à "faire régresser" le dispositif juridique helvétique. Berne reviendrait sur ses engagements internationaux visant l'élimination de toute discrimination raciale.

    L'ASA craint que le dossier ne fasse les frais des grands enjeux géopolitiques, en particulier des relations entre la Suisse et la Turquie. En recevant en octobre dernier son homologue turc Ahmed Davutoglu, le conseiller fédéral Didier Burkhalter avait souligné la volonté de faire de la Turquie "un partenaire stratégique", rappelant qu'Ankara présiderait le G20 en 2015.


    votre commentaire
  • MOSCOU - Le Parlement russe respectera le choix historique de la Crimée au référendum qui proposera aux électeurs un rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie, a déclaré vendredi le président de la Douma (chambre basse).

    Nous respecterons le choix historique de la population de Crimée, a déclaré Sergueï Narychkine, cité par les agences russes, laissant entendre que les parlementaires russes voteraient en faveur du rattachement de la Crimée à la Russie.

    Nous soutiendrons le choix libre et démocratique de la population de Crimée, a-t-il ajouté.

    Il s'exprimait lors d'une rencontre à Moscou avec une délégation du Parlement local de Crimée.

    Dominé par des pro-russes, le Parlement local de Crimée a demandé jeudi à Vladimir Poutine le rattachement de la péninsule ukrainienne à la Russie et a annoncé l'organisation d'un référendum le 16 mars pour le valider. Les électeurs auront le choix entre un rattachement à la Russie ou une autonomie nettement renforcée.

    Le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov a dénoncé un crime contre l'Ukraine commis par les militaires russes et annoncé le lancement d'une procédure de dissolution du Parlement de la péninsule.

    Européens et Américains ont aussi condamné cette décision et annoncé de nouvelles sanctions diplomatiques et économiques contre Moscou.

    Vladimir Poutine a pour sa part examiné jeudi la demande de la Crimée au cours d'une réunion du Conseil de sécurité russe, a annoncé le Kremlin, sans donner plus de détails.

    Le député russe Sergueï Mironov, président du parti Russie Juste, a indiqué avoir déjà déposé une proposition de loi à la Douma visant à faciliter le rattachement à la Russie d'un territoire d'un pays étranger.

    La Crimée avait été donnée en 1954 à l'Ukraine soviétique par Nikita Khrouchtchev, lui-même originaire d'Ukraine. Pour prévenir les tentations séparatistes, l'Ukraine, indépendante après la dislocation de l'URSS, lui avait accordé en 1992 le statut de république autonome.


    votre commentaire
  • ISTANBUL - Un tribunal d'Istanbul a ordonné vendredi la remise en liberté de l'ancien chef d'état-major de l'armée turque, le général Ilker Basbug, condamné en 2013 à la prison à vie pour complot contre le gouvernement islamo-conservateur.

    Dans un jugement rendu jeudi, la Cour constitutionnelle turque avait jugé que les droits du général Basbug avaient été bafoués car ses précédentes demandes de remise en liberté et d'appel de son procès n'avaient pas été effectivement examinées.

    Cette remise en liberté, symbolique, intervient alors que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, empêtré dans un scandale de corruption sans précédent, s'est déclaré favorable à un nouveau procès des militaires condamnés pour avoir tenté de renverser son gouvernement, au pouvoir depuis 2002.

    Cette décision est importante, s'est immédiatement félicité son avocat, Ilkay Sezer, devant la presse, précisant que son client sortirait de la prison de Silivri, dans la lointaine banlieue d'Istanbul, dans les trois heures.

    A l'issue de deux procès retentissants en 2012 et 2013, plusieurs centaines d'officiers, dont le général Basbug et de nombreux officiers de très haut rang, avaient été condamnés à de lourdes peines de prison pour complot contre le gouvernement.

    Les militaires condamnés ont toujours dénoncé ces jugements, faisant valoir que les preuves utilisées par le tribunal avaient été manipulées.

    M. Erdogan, qui avait jusque-là multiplié les purges et les procès contre l'armée considérée comme hostile à son régime, avait opéré un retournement spectaculaire en se déclarant en décembre prêt à de nouveaux procès, deux semaines après le début d'un scandale de corruption sans précédent visant des dizaines de ses proches.

    Dans la foulée de ses déclarations, l'état-major de l'armée turque a déposé fin décembre deux requêtes en révision des deux procès.

    En réaction aux accusations de corruption qui le visent, M. Erdogan a engagé des purges sans précédent dans la police et la justice, accusées d'abriter le coeur d'un complot politique ourdi contre lui par ses ex-alliés de la confrérie du prédicateur musulman Fethullah Gülen.

    Quelques uns des procureurs à l'origine des enquêtes qui menacent le gouvernement ont également instruits les dossiers des militaires condamnés.


    votre commentaire
  • Ban Ki moon, le secrétaire général de l’ONU, recommande d’envoyer des soldats de la paix en RCA. Une intervention très attendue par de nombreuses personnalités centrafricaines et par la France.

    Dans un rapport transmis aux 15 pays membres du Conseil de Sécurité lundi 3 mars, Ban Ki moon, le secrétaire général de l’ONU, recommande de déployer en République centrafricaine (RCA) 11 820 Casques bleus (10 000 soldats et 1 820 policiers). Leur déploiement viserait à protéger les civils de la violence et de l’anarchie qui frappent ce pays depuis un an, depuis le coup d’État de la Séléka, cette rébellion issue du nord du pays.

    La mission onusienne sera aussi chargée de soutenir le processus politique de transition, d’accompagner la préparation et la tenue d’élections démocratiques (prévues au premier semestre 2015) et d’assurer le retour des déplacés. Au côté des soldats et des policiers, Ban ki moon propose aussi d’envoyer des civils – administrateurs, ingénieurs, observateurs des droits de l’homme, juristes – afin d’aider le gouvernement centrafricain à se doter d’une administration en état de fonctionner.

    « Pas d’autre solution qu’une intervention massive »

    Cette annonce répond aux attentes de plusieurs personnalités centrafricaines, à commencer par Catherine Samba-Panza, la présidente de la transition. Lors de son discours à l’ouverture du deuxième Forum mondial des femmes francophones à Kinshasa, la présidente centrafricaine déclarait lundi après-midi que « sans un soutien massif et un accompagnement de la communauté internationale (…), l’objectif de la stabilisation du pays et du retour à un ordre constitutionnel dans les délais requis ne pourra être atteint ».

     « Je ne vois pas d’autre solution qu’une intervention massive de l’ONU en Centrafrique sur le modèle du Timor oriental : sa mise sous tutelle », avait confié à La Croix, en décembre 2013, l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga.

    Les préconisations de Ban Ki moon répondent aux attentes de la diplomatie française qui ne cesse, depuis cet été, d’appeler l’ONU à se mobiliser en faveur de la RCA. Elles interviennent alors que l’opération Sangaris, engagée depuis le 5 décembre, s’avère sous-dotée en moyens et en hommes (2 000 soldats à ce jour) pour sécuriser un territoire aussi vaste que la France et la Belgique réunies.


    votre commentaire
  • Jérusalem a été assiégée, dimanche 2 mars, par un demi-million d’« hommes en noir » qui ont protesté contre un projet de loi les contraignant à être appelés sous les drapeaux.

    Pas moins de 2 000 autobus ont été affrétés pour l’occasion, et 3 500 policiers mobilisés. Hommes, femmes et enfants âgés de plus de 9 ans ont répondu à un appel unitaire historique lancé par les chefs de tous les courants religieux juifs ultraorthodoxes, ashkénazes et séfarades confondus, afin de prier, réciter des psaumes et sonner du shofar (l’antique corne de bélier). 

    Ils veulent maintenir l’exemption des obligations militaires dont bénéficiaient jusqu’ici leurs jeunes, en vertu d’un arrangement conclu il y a soixante-cinq ans, à condition d’être inscrits dans des « Yéchivot » (séminaires talmudiques), subventionnées par l’État.

    Les « Haridim » (littéralement : les Craignant Dieu) ont été particulièrement révulsés par le fait que les jeunes talmudistes insoumis pourraient faire l’objet de poursuites criminelles, à l’instar de trafiquants de drogue. 

    « Une nouvelle page a été écrite dans l’histoire des persécutions : l’État d’Israël est le seul pays au monde où des élèves s’initiant à la Torah sont victimes de sanctions pénales », s’insurge le rabbin Eliezer Moses, député du Judaïsme Unifié de la Torah. Son parti et toutes les autres formations ultraorthodoxes ont été écartés du pouvoir après les dernières législatives de janvier 2013.

    « Cette révolution met fin à l’iniquité ! »

    Cette configuration politique sans précédent depuis la création d’Israël en 1948 a permis aux ténors de la coalition gouvernementale de Benyamin Netanyahou de tenir leurs promesses électorales et d’œuvrer à un service militaire ou civil universel obligatoire. 

    « Cette révolution met fin à l’iniquité ! », se félicite Yaïr Lapid, ministre des finances et chef du parti centriste « Yesh Atid ». Principal promoteur de l’initiative, il s’est appuyé sur un arrêt de la Cour suprême d’Israël rendu en 2012, qui considère l’exemption octroyée aux « Haridim » comme « contraire au principe d’égalité ». En Israël, le service militaire dure trois ans.

    Des sanctions prévues pour les insoumis

    Selon le projet de loi qui doit encore être remanié et voté en trois lectures à la Knesset d’ici à fin mars, les « Haridim » seront systématiquement appelés à l’âge de 18 ans à partir de juillet 2017. Entre-temps, 3 800 seront recrutés pour un service militaire ou civil en 2014, puis 4 500 l’année suivante, et 5 200 en 2016. 

    Des sanctions frapperont les réfractaires, si ces quotas ne sont pas atteints. Actuellement, moins de 3 500 « Haridim » servent dans Tsahal, sur 140 000 hommes de l’armée régulière. Mais, dans quatre ans, seuls 1 800 élèves « prodiges » des instituts talmudiques pourront encore étudier la Torah jusqu’à l’âge de 26 ans aux frais de l’État, sur quelque 8 000 à 10 000 de leurs camarades mobilisables chaque année.

    Un changement sans précédent

    Dans l’immédiat, quelque 28 000 « Haridim » âgés de plus de 22 ans sont d’ores et déjà d’emblée considérés comme dégagés des obligations militaires et peuvent donc accéder au marché du travail. C’est un changement énorme. Selon un rapport de la Banque d’Israël, les « hommes en noir » représenteront 27 % de la population en 2059. Or, seuls 40 à 45 % d’entre eux travaillent, contre 80 % chez leurs compatriotes laïcs.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique