• Décès de Tarek Aziz, le visage diplomatique de Saddam Hussein

    L’ancien chef de la diplomatie irakienne, seul chrétien de l’entourage de Saddam Hussein est décédé vendredi 5 juin à 79 ans.

    Tarek Aziz, condamné à mort en 2010, mais dont la peine n’avait pas été exécutée, était emprisonné en Irak depuis 2003.

    Tarek Aziz, ex-ministre irakien des Affaires étrangères de Saddam Hussein, est mort à l’hôpital, de Nassiriya en Irak, vendredi 5 juin, à 79 ans. L’ancien chef de la diplomatie irakienne, représentant la minorité chrétienne chaldéenne d’Irak dans l’entourage de Saddam Hussein était emprisonné depuis des années.

    Il avait demandé à être exécuté

    « Tarek Aziz est décédé à l’hôpital de la ville de Nassiriya où il avait été transporté lorsque sa santé s’est dégradée », a déclaré à l’AFP Adel Abdelhussein al-Dakhili, le vice-gouverneur de la province de Zi Qar, où l’ancien chef de la diplomatie était emprisonné. Il souffrait depuis longtemps de problèmes cardiaques et respiratoires, d’une tension artérielle élevée et de diabète.

    Condamné à mort en 2010 après avoir été jugé coupable de « meurtre délibéré et crimes contre l’humanité » pour la répression qui avait visé des partis religieux dans les années 1980, Tarek Aziz, a également été condamné à plusieurs peines de prison pour d’autres accusations. Il avait demandé en 2011 au premier ministre d'alors, Nouri Al-Maliki, de hâter son exécution à cause de sa mauvaise santé.

    Une figure internationale

    Tarek Aziz avait incarné la diplomatie du régime de Bagdad déboulonné par l’intervention américaine de 2003. Nommé ministre des Affaires étrangères en 1983, il avait été désigné vice-Premier ministre en 1991. Seul chrétien dans le premier cercle de Saddam Hussein, il était très connu à l’étranger, reconnaissable à ses épaisses lunettes. Toutefois, son influence politique auprès du dictateur irakien était limitée.

    Fidèle à Saddam Hussein jusqu’à sa chute en 2003, Tarek Aziz s'était rendu lui-même aux Américains après l'invasion de l'Irak en mars 2003. Après sa condamnation à mort, en 2010, le Saint-Siège avait demandé que Tarek Aziz soit épargné.

    L’intervention du Saint-Siège

    «La position de l’Église catholique sur la peine de mort est connue. Nous souhaitons donc vraiment que la sentence contre Tarek Aziz ne soit pas exécutée », avait déclaré le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, en réaction à l’annonce du verdict de condamnation à mort prononcé par la Haute Cour pénale irakienne.

    Le P. Lombardi avait ajouté que le Saint-Siège interviendrait « à travers les voies diplomatiques à sa disposition ». Le Saint-Siège était également intervenu en faveur de Saddam Hussein avant son exécution par pendaison en 2006.


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  • Les Etats-Unis veulent couper la route de la drogue au Kenya

    L'opération «Akasha», lancée au Kenya après huit mois d'enquête américaine sous couverture, est une première en Afrique de l'Est. Elle a pour but de bloquer la nouvelle route de la drogue.

    A première vue, la descente de policiers dans une villa de Mombasa, sur la côte de l'océan Indien au Kenya, n'avait rien d'extraordinaire.

    Menée en novembre par la brigade des stupéfiants du pays, elle a pourtant marqué un tournant dans la lutte contre le trafic de drogue en Afrique.

    L'opération «Akasha», lancée après huit mois d'enquête américaine sous couverture, a été une première en Afrique de l'Est. Quatre hommes ont été arrêtés: deux fils d'un ancien baron de la drogue kényan, un trafiquant indien déjà condamné et marié à une starlette de Bollywood, et un important transporteur de l'océan indien surnommé, «le vieux».

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    Le lendemain, une mise en examen était requise à New York, et une demande d'extradition émise. Sept mois plus tard, tout le travail accompli pourrait être anéanti. L'extradition des suspects vers les États-Unis est compromise.

    Elle remet en question les efforts internationaux pour bloquer une nouvelle «route du Sud» qui permet d'acheminer de l'héroïne depuis les champs de pavots afghans jusqu'aux rues européennes et américaines, en passant par les côtes d'Afrique de l'Est, peu surveillées.

    Découverte en 2010

    Baptisée «Smack Track», cette nouvelle route de la drogue, qui joint l'Afghanistan à l'Afrique de l'Est, en passant par la côte du Mékran en Iran et au Pakistan, a été découverte en 2010, quand la police a attrapé deux Tanzaniens et deux Iraniens avec 95 kilogrammes d'héroïne en leur possession dans le nord de la Tanzanie.

    Depuis, le nombre de prises a augmenté de façon exponentielle. L'année dernière, près de quatre tonnes d'héroïne ont été saisies par des navires en mission de surveillance antipirate, près du double de ce qui avait été découvert en 2013.

    Hamisi Massa, chef de l'unité anti-narcotique du Kenya, a expliqué que le pays était en passe de devenir une «destination émergente» et un «point de transit clé» du trafic d'héroïne.

    Quand une saisie a lieu en haute mer, la drogue est jetée par-dessus bord et les équipages peuvent poursuivre leur chemin, après une simple réprimande des policiers, impuissants. «Accord collaboratif»

    Mais l'agence américaine de contrôle des stupéfiants (DEA), l'agence nationale britannique contre le crime (NCA) et l'office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) souhaitent obtenir plus qu'une simple tape sur les doigts des trafiquants. Elles collaborent donc avec les forces de sécurité de la région afin d'arrêter les cargaisons de drogue dans les eaux territoriales et poursuivre les suspects en justice en vertu des lois nationales. Ou, comme pour l'opération «Akasha», les extrader.

    «Il s'agit d'un accord collaboratif», a expliqué M. Massa. Le DEA a mis en place en 2013, une unité d'élite de 16 hommes au sein du département kényan de lutte contre la drogue, chargés de débusquer les criminels les plus dangereux.

    C'est à eux que l'on doit les deux plus gros coups de filet de l'année dernière, la saisie d'Al Noor, un boutre transportant 341 kg d'héroïne, et la capture des Akasha.

    Infiltration de la DEA

    L'opération Akasha a commencé en mars 2014, avec un agent du DEA, qui s'est fait passer pour un membre d'un cartel colombien souhaitant obtenir de la drogue pour le marché américain. Ibrahim Akasha lui aurait personnellement livré 99 kg d'héroïne, selon l'acte d'accusation américain de 21 pages.

    L'acte décrit Ibrahim comme «le bras droit» de son grand frère Baktash Akasha, «leader d'une famille du crime organisé au Kenya», et Gulam Hussein, «le vieux», comme «la tête d'un réseau de transport distribuant des quantités colossales de drogues à travers le Moyen-Orient et l'Afrique». Vijaygiri Goswami, lui, «gère le commerce de la drogue de l'organisation Akasha».

    Des responsables américains sont convaincus que les frères Akasha ont repris l'affaire de leur défunt père, lui aussi, prénommé Ibrahim. Il a été tué à Amsterdam en 2000. Un cycliste lui a tiré dessus à quatre reprises alors qu'il se promenait avec sa femme sur Bloedstraat - littéralement la rue du Sang.

    Les quatre hommes sont accusés d'avoir voulu importer de l'héroïne pure aux États-Unis à 9100 euros le kilogramme, un prix défiant toute concurrence. La dernière audience d'extradition s'est tenue le 4 juin.


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  • A Sarajevo, le pape François appelle à la réconciliation

    Inquiet du «climat de guerre» qui règne dans le monde, le pape François a prêché samedi 6 juin 2015 la paix et la réconciliation à Sarajevo. Il a cité la ville en exemple face à la «barbarie».

    Devant 65'000 fidèles rassemblés dans le stade olympique de la ville, le pape argentin a dit ressentir «un climat de guerre» dans le monde, «attisé délibérément par ceux qui cherchent l'affrontement entre cultures et civilisations». Dans ce contexte, «Sarajevo et la Bosnie revêtent une signification particulière pour l'Europe et pour le monde entier», a souligné Jorge Bergoglio.

    La coexistence de trois communautés, les serbes orthodoxes, les musulmans bosniaques et les croates catholiques, «témoigne au monde entier que la collaboration entre diverses ethnies et religions en vue du bien commun est possible», a-t-il dit dans son premier discours de la journée.

    «Réduction des nationalismes»

    Mais il faut faire plus, particulièrement ici en Bosnie, a-t-il ajouté à l'adresse du président bosnien en exercice Mladen Ivanic. Ce dernier est le représentant serbe au sein de la présidence tripartite (serbe, croate, musulmane) du pays. L'égalité de tous les citoyens devant la loi et dans son application est «indispensable», a-t-il ainsi averti.

    M. Ivanic a affirmé de son côté que les autorités bosniennes multiethniques étaient «prêtes à travailler pour la réduction des nationalismes». Il a demandé un «soutien entier» du Souverain pontife pour permettre à la Bosnie et aux autres pays des Balkans d'adhérer à l'Union européenne.

    Aider la Bosnie

    La Bosnie est «partie intégrante de l'Europe», a rétorqué le pape argentin, appelant la communauté internationale, et l'UE en particulier, à aider ce pays dans son parcours européen. Cette collaboration est «fondamentale», a-t-il souligné.

    Le pape François s'est ensuite rendu au stade olympique dans sa papamobile, découverte. Il salué la foule et embrassé les enfants qu'on lui tendait, comme il a l'habitude de le faire, lors de ses déplacements. Environ 5000 policiers ont été déployés samedi dans Sarajevo.


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  • À l’occasion du prochain G7 de Bonn (Allemagne), l’ONG Oxfam interpelle sur la situation d’une Afrique qui, malgré une croissance record, reste gangrenée par la pauvreté et les inégalités.

    Dans un rapport, l’association pointe la responsabilité des multinationales qui « escroquent » chaque année le continent de plusieurs milliards d’euros.

    Les impôts, les taxes et les enveloppes aux fonctionnaires locaux, Charles Ogbu, 46 ans, en a ras le bol. Ce patron d’une petite entreprise de fumage de poisson à Ossissa, dans l’État du Delta, au Nigeria, n’en peut plus de cette fiscalité qui l’étrangle et compromet son activité

    « Chaque fois que je me rends à Nkwor pour vendre mes produits, je dois payer. Aux autorités locales, à celles du marché. Il existe des taxes sur tout, même sur la moto que j’utilise pour transporter mon poisson. Je suis fatigué. Mais à qui s’adresser ? », se plaint-il.

    Le Nigeria, pays riche sur le papier

    Sans doute pas au nouveau gouvernement du président Buhari qui, confronté à la baisse des prix du pétrole (75 % des recettes de l’État) et aux faibles rentrées fiscales (15 % du budget) devrait continuer, comme ses prédécesseurs, à augmenter les impôts indirects qui pèsent d’abord sur la population, à commencer par les micro-entreprises et les PME du pays.

    « À l’image de ce qui se passe au Nigeria, pays riche sur le papier, le continent connaît une croissance qui ne bénéficie pas à la majeure partie de la population. Une des raisons tient à ce que l’Afrique subit une hémorragie de milliards de dollars à cause des tours de passe-passe fiscaux des multinationales. Dont bon nombre ont leur siège en France », explique Nicolas Vercken, directeur du plaidoyer Études à Oxfam France.

    Le rapport publié par l’ONG, mardi 2 juin, à l’occasion du sommet du G7 prévu en fin de semaine à Bonn (Allemagne), donne une idée de l’ampleur du phénomène. « Rien qu’en 2010, dernière année où les chiffres sont disponibles, les multinationales et les investisseurs basés dans ces pays du G7 ont escroqué l’Afrique de 5,5 milliards d’euros », affirme Nicolas Vercken.

    Des milliards d’euros de flux illicites

    Pour arriver à ce chiffre, Oxfam France s’est basée sur un récent rapport du Groupe de haut niveau, présidé par Thabo Mbeki, ex-président d’Afrique du Sud, chargé d’enquêter sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique.

    Le document évalue à 37 milliards d’euros les sommes non déclarées aux trésors publics africains. « Les entreprises du G7 sont, elles, responsables de près de la moitié, soit 18 milliards d’euros. Ce qui revient, sur la base d’un taux d’imposition moyen de 28 %, à un manque à gagner de 5 milliards d’euros. Et cela, du simple fait de la manipulation des prix de transfert », explique le responsable d’Oxfam.

    Pour échapper à l’impôt, éviter les droits de douane, voire blanchir de l’argent, les multinationales utilisent un système simple qui consiste à « mentir » sur les prix de vente des biens et de services échangés entre filiales dits prix de transfert. « Une filiale aura tendance à surévaluer les importations et sous-évaluer les exportations, ce qui revient à ne pas déclarer la valeur ajoutée là où elle est réellement produite », décrypte Nicolas Vercken.

    Les stratagèmes d’optimisation fiscale

    Encore n’est-ce là qu’une des nombreuses « astuces » utilisées pour réduire la facture fiscale. L’autre grand moyen est de faire jouer la concurrence entre États. « Soucieux d’attirer les investissements étrangers, des pays en développement offrent des avantages généreux ou acceptent les conditions inéquitables imposées par les puissantes compagnies par crainte que celles-ci n’aillent ailleurs », dénonce ainsi le rapport Oxfam.

    Au total, tous stratagèmes d’optimisation confondus, les pays africains perdraient, chaque année, quelque 200 milliards d’euros ce qui correspond à 4 % du PIB du continent !

    Or, ce manque à gagner n’est pas sans conséquence sur le quotidien des populations subsaharienne dont 40 %, soit 400 millions, vit avec moins de 1,25 dollar par jour, une proportion quatre fois plus élevée que la moyenne mondiale.

    « Les pratiques illicites des multinationales restreignent encore la capacité des États à lutter contre la pauvreté et les inégalités alors que l’aide publique internationale reste insuffisante pour combler les besoins essentiels, en matière de santé ou d’éducation par exemple », souligne Nicolas Vercken.

    Réformer le système international

    La solution passe certainement par une refonte générale du système fiscal international. Le G20 l’a lui-même reconnu et a mandaté l’OCDE pour mettre au point un « Plan d’action pour lutter contre la base d’imposition et le transfert des bénéfices ». Désigné par son acronyme anglais BEPS, ce plan en 15 mesures devrait être adopté à la fin de l’année 2015. Mais les ONG doutent qu’il soit vraiment suffisant.

    Celles-ci font remarquer que les deux tiers des pays de la planète, dont nombre de pays africains, n’ont pas été associés aux négociations et que ce projet risque même d’avoir l’effet inverse du but recherché. « Le projet BEPS conduira sans doute à une augmentation des recettes fiscales dans les pays les plus riches, où les multinationales ont leur résidence fiscale, mais cela ne générera pas pour autant de nouvelles ressources dans les pays sources des bénéfices », s’inquiète Nicolas Vercken.

    Pour toutes les ONG impliquées dans ce dossier, la vraie solution passe d’abord par l’obligation, qui reste à imposer aux multinationales, de déclarer leurs activités et leurs bénéfices filiale par filiale, pays par pays, projet par projet. Un tel « reporting », l’Union européenne l’a déjà exigé des entreprises du secteur extractif (énergie, mines et forêts) qui devra s’y plier dès 2017. La France a d’ailleurs été le premier pays à transcrire la directive dans son droit national.

    « Il reste à étendre cette exigence à l’ensemble du monde et pour toutes les entreprises, quel que soit son domaine d’activité, plaide Nicolas Vercken. La transparence est le seul moyen de lutter efficacement contre la fraude. » Et de rendre aux Africains ce qui leur est dû.


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    À l’occasion du prochain G7 de Bonn (Allemagne), l’ONG Oxfam interpelle sur la situation d’une Afrique qui, malgré une croissance record, reste gangrenée par la pauvreté et les inégalités.

    Dans un rapport, l’association pointe la responsabilité des multinationales qui « escroquent » chaque année le continent de plusieurs milliards d’euros.

    Les impôts, les taxes et les enveloppes aux fonctionnaires locaux, Charles Ogbu, 46 ans, en a ras le bol. Ce patron d’une petite entreprise de fumage de poisson à Ossissa, dans l’État du Delta, au Nigeria, n’en peut plus de cette fiscalité qui l’étrangle et compromet son activité

    « Chaque fois que je me rends à Nkwor pour vendre mes produits, je dois payer. Aux autorités locales, à celles du marché. Il existe des taxes sur tout, même sur la moto que j’utilise pour transporter mon poisson. Je suis fatigué. Mais à qui s’adresser ? », se plaint-il.

    Le Nigeria, pays riche sur le papier

    Sans doute pas au nouveau gouvernement du président Buhari qui, confronté à la baisse des prix du pétrole (75 % des recettes de l’État) et aux faibles rentrées fiscales (15 % du budget) devrait continuer, comme ses prédécesseurs, à augmenter les impôts indirects qui pèsent d’abord sur la population, à commencer par les micro-entreprises et les PME du pays.

    « À l’image de ce qui se passe au Nigeria, pays riche sur le papier, le continent connaît une croissance qui ne bénéficie pas à la majeure partie de la population. Une des raisons tient à ce que l’Afrique subit une hémorragie de milliards de dollars à cause des tours de passe-passe fiscaux des multinationales. Dont bon nombre ont leur siège en France », explique Nicolas Vercken, directeur du plaidoyer Études à Oxfam France.

    Le rapport publié par l’ONG, mardi 2 juin, à l’occasion du sommet du G7 prévu en fin de semaine à Bonn (Allemagne), donne une idée de l’ampleur du phénomène. « Rien qu’en 2010, dernière année où les chiffres sont disponibles, les multinationales et les investisseurs basés dans ces pays du G7 ont escroqué l’Afrique de 5,5 milliards d’euros », affirme Nicolas Vercken.

    Des milliards d’euros de flux illicites

    Pour arriver à ce chiffre, Oxfam France s’est basée sur un récent rapport du Groupe de haut niveau, présidé par Thabo Mbeki, ex-président d’Afrique du Sud, chargé d’enquêter sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique.

    Le document évalue à 37 milliards d’euros les sommes non déclarées aux trésors publics africains. « Les entreprises du G7 sont, elles, responsables de près de la moitié, soit 18 milliards d’euros. Ce qui revient, sur la base d’un taux d’imposition moyen de 28 %, à un manque à gagner de 5 milliards d’euros. Et cela, du simple fait de la manipulation des prix de transfert », explique le responsable d’Oxfam.

    Pour échapper à l’impôt, éviter les droits de douane, voire blanchir de l’argent, les multinationales utilisent un système simple qui consiste à « mentir » sur les prix de vente des biens et de services échangés entre filiales dits prix de transfert. « Une filiale aura tendance à surévaluer les importations et sous-évaluer les exportations, ce qui revient à ne pas déclarer la valeur ajoutée là où elle est réellement produite », décrypte Nicolas Vercken.

    Les stratagèmes d’optimisation fiscale

    Encore n’est-ce là qu’une des nombreuses « astuces » utilisées pour réduire la facture fiscale. L’autre grand moyen est de faire jouer la concurrence entre États. « Soucieux d’attirer les investissements étrangers, des pays en développement offrent des avantages généreux ou acceptent les conditions inéquitables imposées par les puissantes compagnies par crainte que celles-ci n’aillent ailleurs », dénonce ainsi le rapport Oxfam.

    Au total, tous stratagèmes d’optimisation confondus, les pays africains perdraient, chaque année, quelque 200 milliards d’euros ce qui correspond à 4 % du PIB du continent !

    Or, ce manque à gagner n’est pas sans conséquence sur le quotidien des populations subsaharienne dont 40 %, soit 400 millions, vit avec moins de 1,25 dollar par jour, une proportion quatre fois plus élevée que la moyenne mondiale.

    « Les pratiques illicites des multinationales restreignent encore la capacité des États à lutter contre la pauvreté et les inégalités alors que l’aide publique internationale reste insuffisante pour combler les besoins essentiels, en matière de santé ou d’éducation par exemple », souligne Nicolas Vercken.

    Réformer le système international

    La solution passe certainement par une refonte générale du système fiscal international. Le G20 l’a lui-même reconnu et a mandaté l’OCDE pour mettre au point un « Plan d’action pour lutter contre la base d’imposition et le transfert des bénéfices ». Désigné par son acronyme anglais BEPS, ce plan en 15 mesures devrait être adopté à la fin de l’année 2015. Mais les ONG doutent qu’il soit vraiment suffisant.

    Celles-ci font remarquer que les deux tiers des pays de la planète, dont nombre de pays africains, n’ont pas été associés aux négociations et que ce projet risque même d’avoir l’effet inverse du but recherché. « Le projet BEPS conduira sans doute à une augmentation des recettes fiscales dans les pays les plus riches, où les multinationales ont leur résidence fiscale, mais cela ne générera pas pour autant de nouvelles ressources dans les pays sources des bénéfices », s’inquiète Nicolas Vercken.

    Pour toutes les ONG impliquées dans ce dossier, la vraie solution passe d’abord par l’obligation, qui reste à imposer aux multinationales, de déclarer leurs activités et leurs bénéfices filiale par filiale, pays par pays, projet par projet. Un tel « reporting », l’Union européenne l’a déjà exigé des entreprises du secteur extractif (énergie, mines et forêts) qui devra s’y plier dès 2017. La France a d’ailleurs été le premier pays à transcrire la directive dans son droit national.

    « Il reste à étendre cette exigence à l’ensemble du monde et pour toutes les entreprises, quel que soit son domaine d’activité, plaide Nicolas Vercken. La transparence est le seul moyen de lutter efficacement contre la fraude. » Et de rendre aux Africains ce qui leur est dû.


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  • L'ONU prône un modèle de partenariat pour répondre à la complexité des crises modernes

    28 mai 2015 – A l'occasion d'une réunion du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) sur le rôle des partenariats dans la réalisation du programme de développement pour l'après-2015, plusieurs hauts responsables de l'Organisation et des Etats membres ont mis l'accent jeudi sur la récente réponse à la crise d'Ebola en Afrique de l'Ouest, soulignant le rôle des partenariats pour renforcer la capacité des systèmes de santé locaux.

    Dans son discours d'ouverture, le Président de l'ECOSOC, Martin Sajdik, a rappelé que 2015 était une année charnière, à mi-chemin entre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le futur programme de développement pour l'après-2015.

    Pour mettre en œuvre ce futur programme, a-t-il estimé, les partenariats entre acteurs multiples, y compris le monde des affaires, les fondations, la société civile et le milieu universitaire, ont un rôle essentiel à jouer.

    Prenant la parole à la suite de M. Sajdik, l'ancien Président des États-Unis Bill Clinton a centré son discours sur les partenariats en matière de santé, en particulier pour le renforcement des systèmes de santé.

    M. Clinton, dont la fondation « Clinton Fondation » travaille depuis plusieurs années avec le Libéria, où les infrastructures de santé étaient déjà fragiles avant le déclenchement de l'épidémie d'Ebola, a déclaré que la situation actuelle était désormais pire que précédemment en matière de solidité des secteurs de santé.

    Il convient désormais pour le Libéria et les pays touchés par l'épidémie d'Ebola de passer de la réaction d'urgence à la mise en place de structures de santé prêtes à faire face à ce genre de situation sur le long terme, a poursuivi M. Clinton, ajoutant que tous les autres pays en développement du continent africain devaient également emprunter cette voie.

    Pour ce faire, parallèlement à l'obtention de fonds spécifiques et de l'aide publique au développement, le Président Clinton a insisté sur l'importance des partenariats, comme dans le cadre de sa Fondation, afin de réduire la dépendance de ces pays à l'aide sur le long terme et renforcer les systèmes de santé existant.

     

     

    L'ancien Président a notamment pris l'exemple d'un vaste programme de construction de centres de santé et de formation du personnel médical que mène actuellement la « Clinton Health Acces Initiative » au Rwanda, avec le soutien de donateurs.

    Dans le cadre de ce programme de partenariat sous l'égide de sa Fondation, a-t-il salué, le seul centre régional de prise en charge des patients atteints de cancer en Afrique australe a pu être construit.

    Egalement présent à la réunion, le Vice-Secrétaire général de l'ONU, Jan Eliasson, a souligné que la complexité des crises modernes, telles que l'épidémie d'Ebola, rend nécessaire les initiatives sous forme de partenariat impliquant divers acteurs.

    « Une chose est claire : aucune entité unique – aucune nation ou organisation – ne peut résoudre ces problèmes à elle toute seule », a-t-il déclaré.

    « Je crois qu'un nouveau modèle pour la résolution des problèmes est nécessaire dans le monde d'aujourd'hui. Nous devons placer les problèmes au centre de la scène et mobiliser tous les acteurs pour parvenir à un changement efficace. Nous devons passer de l'approche verticale et compartimentée, à l'approche horizontale et transversale », a poursuivi le Vice-Secrétaire général.

    En cette année 2015, marquée par la Conférence internationale pour le financement du développement à Addis-Abeba en juillet, l'adoption du futur programme de développement pour l'après-2015 à New York en septembre et la conclusion d'un futur accord sur le climat à Paris en décembre, les partenariats sont une ressource vitale, a insisté M. Eliasson, tout en précisant qu'ils ne peuvent fonctionner efficacement que s'ils sont « transparents, inclusifs et responsables de leurs actes ».


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  • Le Comité mondial d'éthique du tourisme propose une convention internationale

    29 mai 2015 – La transformation du Code mondial d'éthique en une convention internationale intégrale comme moyen d'accroître la responsabilité des gouvernements dans ce domaine a été au cœur des débats de la quinzième réunion du Comité mondial d'éthique du tourisme, a déclaré vendredi 29 mai 2015 l'Organisation mondiale du tourisme (OMT).

    Le Comité, a indiqué l'OMT dans un communiqué de presse, s'est par ailleurs intéressé au niveau d'application du Code dans le public et dans le privé ainsi qu'aux progrès réalisés dans les domaines prioritaires de celui-ci : la lutte contre l'exploitation des enfants, l'accessibilité, les vacances tout compris et leurs répercussions sur les communautés locales, et le problème des évaluations non fondées sur les portails Internet.

    Le Président du Comité mondial d'éthique du tourisme et ancien Directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a mis à cette occasion en lumière « l'importance de l'application des principes du Code d'éthique par les États membres de l'OMT mais aussi par le secteur privé pour promouvoir un développement touristique éthique et responsable ».

    « Pendant plus de dix ans, le Comité mondial d'éthique du tourisme a réalisé un travail précieux de sensibilisation et de promotion des politiques et des pratiques responsables dans le secteur du tourisme », a de son côté affirmé le Secrétaire général de l'OMT, Taleb Rifai, à l'ouverture de la réunion.

    « Le tourisme a un immense potentiel comme force du bien, mais il exige des actions concrètes de la part de toutes les parties prenantes. Je soutiens donc pleinement la proposition du Comité de transformer le Code en une convention internationale » a-t-il ajouté.

    Dans le domaine des droits de l'enfance, la Présidente du Réseau mondial sur la protection des enfants dans le tourisme, Carol Bellamy, a présenté un rapport sur la protection des enfants dans le tourisme. Elle a estimé que la transformation du Code d'éthique en une convention contribuerait au respect des principes de la protection de l'enfance dans le monde entier.

    Le Comité a approuvé un ensemble de recommandations spécifiques sur les informations touristiques accessibles qui seront présentées pour adoption à la vingt-et-unième session de l'Assemblée générale de l'OMT, du 12 au 17 septembre 2015 à Medellin, en Colombie.

    Le Comité a également noté le vif intérêt des gouvernements et des administrations nationales du tourisme pour le Code et le nombre croissant d'entreprises et d'associations qui ont adhéré à l'Engagement du secteur privé envers le Code.

    Le Comité mondial d'éthique du tourisme est l'organisme indépendant chargé de promouvoir et de superviser l'application du Code mondial d'éthique du tourisme de l'OMT, un ensemble de principes devant régir le développement du tourisme pour étendre au maximum les avantages socioéconomiques du secteur tout en réduisant au minimum ses retombées négatives.

     



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  • L'insécurité se généralise sur le marché du travail mondial, selon l'OIT

    19 mai 2015 – L'insécurité se généralise sur le marché du travail mondial où seul un quart des travailleurs disposerait d'une relation d'emploi stable, selon un nouveau rapport publié mardi par l'Organisation internationale du travail (OIT).

    Le rapport intitulé « Emploi et questions sociales dans le monde en 2015 » indique que, dans les pays pour lesquels des données sont disponibles (couvrant 84% de la main-d'œuvre mondiale), trois quarts des travailleurs sont employés à titre temporaire ou avec des contrats à durée déterminée, dans des emplois informels souvent sans aucun contrat, comme travailleurs indépendants ou dans des emplois familiaux non rémunérés.

    Plus de 60% des travailleurs sont privés de tout contrat de travail, la plupart d'entre eux étant établis à leur compte ou contribuant au travail familial dans les pays en développement. Toutefois, même parmi les travailleurs salariés, moins de la moitié (42%) travaillent dans le cadre d'un contrat à durée indéterminée.

    Le rapport montre qu'en dépit de son essor à l'échelle mondiale, l'emploi salarié ne représente encore que la moitié de l'emploi global, avec de fortes disparités entre les régions. Par exemple, dans les économies développées et en Europe centrale et du Sud-Est, environ huit travailleurs sur dix sont des employés alors qu'en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne le chiffre est plutôt de deux sur dix.

    Une autre tendance actuelle est la hausse de l'emploi à temps partiel, surtout parmi les femmes. Dans la majorité des pays pour lesquels nous disposons d'informations, les emplois à temps partiel ont connu un développement plus important que les emplois à plein temps entre 2009 et 2013.

    « Ces nouveaux chiffres révèlent un monde du travail de plus en plus diversifié. Dans certains cas, les formes atypiques de travail peuvent aider les gens à prendre pied sur le marché du travail. Mais ces tendances émergentes sont aussi le reflet de l'insécurité généralisée qui touche aujourd'hui beaucoup de travailleurs dans le monde », affirme le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder.

    « Le tournant que nous observons de la relation d'emploi traditionnelle vers des formes d'emploi plus atypiques s'accompagne souvent d'une hausse des inégalités et du taux de pauvreté dans de nombreux pays », a-t-il ajouté. « Qui plus est, ces tendances risquent de perpétuer le cercle vicieux d'une demande globale faible et d'une création d'emplois lente qui caractérisent l'économie mondiale et de nombreux marchés du travail tout au long de la période de l'après-crise ».

    Selon l'OIT, la voie à suivre est de veiller à ce que les politiques prennent en considération l'évolution de notre façon de travailler aujourd'hui. Ce qui veut dire qu'il faut stimuler les possibilités d'investissement pour relancer la création d'emplois et la productivité, tout en garantissant la sécurité d'un revenu adéquat pour toutes les catégories de travailleurs, pas seulement pour ceux qui ont des contrats stables.

    Les inégalités de revenu s'aggravent ou demeurent élevées dans la majorité des pays – une tendance qu'amplifie la multiplication des formes atypiques d'emploi, l'accroissement du chômage et l'inactivité. Les écarts de revenus entre travailleurs permanents et travailleurs intérimaires se sont creusés au cours des dix dernières années.

    Le rapport indique qu'en dépit des mesures positives prises pour améliorer la couverture des régimes de retraite, la protection sociale – et notamment les allocations chômage –, n'est principalement accessible qu'aux employés permanents. Pour les travailleurs indépendants, même les retraites sont rares: en 2013, seuls 16% d'entre eux cotisaient à un régime de retraite.

     


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  • Le Canada adopte une loi qui étend les pouvoirs de ses services secrets

    Ottawa - La chambre basse du Parlement canadien a adopté mercredi 6 mai 2015 une loi antiterroriste étendant considérablement les pouvoirs de ses services de renseignement, qui pourront exercer un contrôle inédit d'internet et se livrer pour la première fois à de l'espionnage à l'étranger.

    Décidée après deux attaques islamistes à l'automne, où deux militaires avaient perdu la vie au Québec et au Parlement d'Ottawa, le texte a été adopté en dépit d'une vaste opposition qui craint une surveillance de masse.

    Le Sénat, contrôlé par les conservateurs, devrait également le valider.

    La loi C-51 pénalise aussi la promotion du terrorisme, rend plus facile l'arrestation et la détention préventive d'individus et permet au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) de perturber les actions de présumés terroristes et de mener des activités d'espionnage à l'étranger.

    L'adoption de la loi aux Communes ne faisait aucun doute, compte tenu de la majorité dont disposent les conservateurs du Premier ministre Stephen Harper, qui étaient aussi soutenus par un parti de l'opposition.

    La loi a finalement été adoptée par 183 députés contre 96.


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  • La collecte de données téléphoniques par la NSA est illégale

    La Cour d'appel américaine a jugé jeudi 7 mai 2015 cette pratique illégale.

    La collecte massive de données téléphoniques opérée par l'Agence de sécurité nationale américaine (NSA) est illégale, a jugé jeudi 7 mai une Cour d'appel américaine, estimant qu'elle outrepassait le cadre fixé par le Congrès. Les lois sur lesquelles s'est appuyée la NSA pour mettre en place cette collecte «n'ont jamais été interprétées pour autoriser quelque chose qui s'approche de l'ampleur de la surveillance généralisée en question ici», a estimé un tribunal de New York dans un document de 97 pages.

    La plainte avait été déposée par la puissante association de défense des libertés Aclu (American Civil Liberties Union) contre la NSA, agence de renseignement chargée de l'interception des communications, et le FBI, la police fédérale, après les révélations faites en juin 2013 par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden.

    Les millions de «métadonnées» téléphoniques collectées par la NSA comprennent des numéros de téléphone, la durée des conversations téléphoniques ou leur localisation mais pas leur contenu.

    L'Aclu estime en outre que ce programme constitue une violation massive de la vie privée sans aider outre mesure à contrer le terrorisme.

    Mauvaise interprétation

    Sans aller jusqu'à juger de la constitutionnalité du programme, le tribunal estime que le gouvernement a outrepassé le cadre fixé par le Congrès dans le fameux «article 215» de la loi antiterroriste Patriot Act, votée après les attentats du 11-Septembre.

    «Il n'y a aucune preuve que le Congrès ait l'intention d'autoriser une collecte massive des factures des Américains ou de leurs bulletins scolaires pour les agréger dans une base de données», a noté le tribunal.

    «L'interprétation que le gouvernement nous demande d'adopter défie tout principe de limitation. Si le gouvernement a raison, il pourrait utiliser (l'article) 215 pour collecter et conserver massivement toutes les autres métadonnées du secteur privé, y compris celles des bilans financiers, des bilans de santé, et des communications électroniques (y compris les emails et les informations des réseaux sociaux) de tous les Américains.»

    Sécurité nationale

    Le tribunal a cependant refusé d'émettre une injonction pour arrêter le programme, arguant que cela n'aurait pas de sens puisque la loi doit expirer le 1er juin.

    Les élus américains débattent actuellement de la réforme ou de l'extension de cette loi.

    «Etant donné les questions de sécurité nationale en jeu, nous jugeons prudent de faire une pause pour permettre au Congrès de débattre de ce qui pourrait (ou non) altérer profondément le paysage juridique», conclut le tribunal.


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