• Corruption: inquiétude sur les pays émergents

    Les puissances économiques émergentes inquiètent l'ONG Transparency International qui, dans son rapport annuel sur la corruption dans le monde, rendu public mercredi, pointe plus particulièrement du doigt le Brésil ou la Malaisie.

    «Tous les BRICS (acronyme des cinq puissances économiques émergentes que sont le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud), les pays prometteurs de l'économie mondiale, sont concernés et ont des scores en-dessous de 50 dans notre index», a expliqué à l'AFP Robin Hodess, directrice de recherche au sein de l'ONG basée à Berlin.

    Chaque année, Transparency International (TI), ONG basée à Berlin, établit un «Rapport sur la perception de la corruption», une évaluation (portant cette année sur 168 pays) sur une échelle de 0 à 100, qui classe les pays du plus corrompu au plus vertueux.

    Données collectées

    Ce travail s'appuie sur des données collectées par 12 organismes internationaux, parmi lesquels la Banque mondiale, la Banque africaine de développement ou encore le Forum économique mondial.

    Cette année, le Brésil «est le pays qui a enregistré la plus forte baisse dans le classement: il a chuté de 5 points et de 7 places et occupe à présent la 76e place», souligne le rapport.

    Le scandale Petrobas et la tempête politique qu'il a provoquée ont eu «un impact phénoménal», a souligné Robin Hodess.

    Pots-de-vin et pétrole

    La compagnie pétrolière publique aurait versé pendant des années des pots-de-vin à au moins 25 députés, six sénateurs et trois gouverneurs, principalement dans le camp du gouvernement, aux mains du Parti des travailleurs (PT, gauche).

    La Russie est le moins bien classé des BRICS (119e). Elle se classe derrière la Chine (83e), l'Inde (76e) et l'Afrique du Sud (61e).

    En Asie, les accusations de corruption à l'encontre du Premier ministre de Malaisie, Najib Razak, ont également retenu l'attention de l'ONG.

    En 2015, la Malaisie (54e, -4 places) «a de nouveau reculé (dans le classement) et cette affaire illustre le fait que si certaines mesures ont été prises, l'idée de s'attaquer aux racines de la corruption ne s'accompagne pas d'une volonté politique suffisante», a expliqué à l'AFP Samantha Grant, coordinatrice Asie pour TI.

    «Don personnel»

    Mardi, le procureur général de Malaisie a écarté les soupçons de corruption visant Najib Razak, estimant que le versement sur son compte personnel de 627 millions d'euros n'avait rien à avoir avec de la prévarication mais résultait d'un «don personnel» de la famille royale saoudienne.

    Globalement, «deux tiers des 168 pays évalués par l'indice 2015 obtiennent une note inférieure à 50», relève le rapport.

    Les plus mauvais élèves sont ex aequo la Corée du Nord et la Somalie (8 points), devancés par le Soudan (165e, 15 points) et l'Afghanistan (166e, 11) tandis que l'Irak (161e, 16) et la Syrie (154e, 18) ne sont pas loin.

    A contrario, la Scandinavie monopolise les premières places du classement: le Danemark est en tête (91 pts), devant la Finlande (90) et la Suède (89).

    Citoyens engagés

    En dépit du constat que la grande majorité des pays ont une note inférieure à la moyenne, Transparency relève avec satisfaction «que le nombre de pays ayant réussi à améliorer leur score a été plus élevé que celui des pays où il a baissé» en 2015.

    «2015 a également été une année où les citoyens sont encore une fois descendus dans la rue pour protester contre la corruption», a souligné, dans un communiqué le président l'ONG, le Péruvien José Ugaz, qui y voit un «signal fort».

    A cet égard, l'organisation cite en exemple le Guatemala. «Les gens ont manifesté, se sont exprimés avec force contre la corruption qui touchait le gouvernement dans son ensemble et le président est désormais en prison», a souligné Mme Hodess.

    Novice en politique, l'humoriste Jimmy Morales a été élu l'an passé après une mobilisation historique qui avait culminé avec la démission, quelques jours avant le premier tour le 6 septembre, du président Otto Perez, ex-général de 64 ans au pouvoir depuis 2012, puis son placement en détention provisoire. La mobilisation des gens «peut faire une grande différence», en conclut, optimiste, Robin Hodess.

     

    CLASSEMENT : 1. Danemark 91 points

    2. Finlande 90

    3. Suède 89

    4. Nouvelle-Zélande 88

    5. Pays-Bas 87

    = Norvège 87

    7. Suisse 86

    8. Singapour 85

    9. Canada 83

    10. Allemagne 81

    = Luxembourg 81

    = Grande-Bretagne 81

    16. Etats-Unis 76

    18. Japon 75

    22. Qatar 71

    23. France 70

    36. Espagne 58

    54. Malaisie 50

    58. Grèce 46

    61. Italie 44

    66. Turquie 42

    76. Brésil 38

    = Inde 38

    83. Chine 37

    119. Russie 29

    158. Haiti 17

    = Guinée-Bissau 17

    = Venezuela 17

    161. Irak 16

    = Libye 16

    163. Angola 15

    = Sud-Soudan 15

    165. Soudan 12

    166. Afghanistan 11

    167. Corée du Nord 8

    = Somalie 8.


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  • Bonne année 2016: Comment porter un toast au nouvel an dans 19 pays

    NOUVEL AN - Le réveillon est l’excuse parfaite pour boire un verre.

    Si vous vous trouvez dans l’un de ces pays, vous pourrez fêter le Nouvel An comme quelqu’un du coin!

    JAPON
    Les Japonais disent: "Akemashite omedetou gozaimasu!" ("Bonne année!") à minuit. Pour trinquer, ils s’exclament: "Kanpai!" ("A la vôtre!").

    ROYAUME-UNI
    Les Britanniques se souhaitent "Happy new year", forment un cercle, se donnent la main en croisant les bras et chantent Auld. Ils trinquent en disant: "Cheers !" (“A la vôtre!”)

    CANADA et ÉTATS-UNIS
    Les traditions sont assez similaires dans ces deux pays. On  compte à rebours et on crie 'Bonne année!' Et puis on embrasse la personne qui est le plus près de nous. Si elle est d’accord, bien sûr!"

    CORÉE DU SUD
    En Corée du Sud, on dit: "새해 복 많이 받으세요 (Saehae bok mani baduseyo)", ce qui signifie: "Plein de bonheur pour cette année!" Les Coréens lèvent leur verre en disant: "Gunbae!"

    BRÉSIL
    Au Brésil, on se souhaite une "Feliz ano novo" ("Bonne année") et "Saúde" ("Santé").

    Quand les Brésiliens fêtent le réveillon sur la plage, ils piquent une tête dans l’eau sept fois de suite parce que ça porte bonheur.

    CHINE
    Les Chinois fêtent généralement deux fois le nouvel an: l’occidental et le chinois. On dîne traditionnellement avec sa famille (Nian Ye Fan) pendant le réveillon du Nouvel An chinois, mais que la plupart des gens préfèrent sortir regarder les feux d’artifice ou assister à des spectacles pour le Nouvel An occidental. Les Chinois se souhaitent "Xin Nian Hao" ("Bonne année") sur les coups de minuit.

    GRÈCE

    En Grèce, on se dit "Χρόνια Πολλά" ("Bonne année"), qui se prononce à peu près "Ηronia Pola", on s’embrasse sur les deux joues et on serre tout le monde dans ses bras.

    Il est de coutume, sur les coups de minuit, de jeter une grenade (le fruit!), symbole de bonheur et de prospérité, sur la porte d’entrée de la maison. Plus il y a de pépins éparpillés, meilleure sera l’année.

    Elle ajoute qu’on trinque en disant "Yama mas" (γεια μας), l’équivalent de notre "Santé!", sans se regarder dans les yeux ni reposer le verre sur la table.

    AUSTRALIE
    En Australie, on fait à peu près la même chose qu’aux Etats-Unis, au Canada et au Royaume-Uni: on se souhaite une "Happy New Year"... ou si on a un peu trop bu: "Je vous aime. Tous. Vous êtes tous mes potes!"

    COLOMBIE
    Les Colombiens s’écrient: "Feliz año nuevo" et se serrent dans les bras les uns des autres. Ils mangent ensuite douze grains de raisin, pour chacun des mois de l’année à venir, en faisant un vœu par grain. Certains prennent une valise et font le tour du pâté de maison, dans l’espoir de voyager au cours de la nouvelle année! D’autres brûlent de grandes effigies pour marquer symboliquement la fin de l’année qui vient de s’écouler.

    Comme en France, on trinque en disant "Salud!" ("Santé!") ou "Chin chin".

    ITALIE
    Les Italiens disent "Buon anno!" et "Cin cin". Dans le sud du pays, les gens jettent parfois de la vaisselle et d’autres vieilleries par la fenêtre pour marquer la fin de l’année en cours.

    DANEMARK
    En danois, on trinque en disant: "Skål", ce qui signifie: "A la vôtre!" On peut aussi enchaîner avec une chanson, mais tout dépend des circonstances.

    ROUMANIE
    En Roumanie, les gens trinquent généralement en disant “Noroc!", qui se traduit littéralement par “Bonne chance!” ou “Sănătate” ("A votre santé").

    Pour souhaiter la nouvelle année, on dit: "Un an nou fericit!"

    ESPAGNE
    En Espagne, les gens disent "Salud!" ou “chin chin” quand ils trinquent. Pour le réveillon du Nouvel An, ils ajoutent "Feliz año" ou "Feliz año nuevo" ("Bonne année!"). La tradition veut que l’on pose le verre sur la table avant de boire.

    Il ne faut pas trinquer avec un verre d’eau, ni un verre en plastique. Certaines personnes mettent leur bague en or dans leur coupe de champagne et portent du rouge le 31 décembre pour avoir de l’argent et rencontrer l’amour l’année suivante.

    Les jeunes disent parfois aussi: “Arriba, abajo, al centro y pa’dentro” ("En haut, en bas, au centre et à l’intérieur.")

    A minuit, quand l’horloge sonne les douze coups, ils mangent douze grains de raisin avec leur famille ou leurs amis, avant d’embrasser tout le monde sur les deux joues.

    RÉPUBLIQUE TCHÈQUE
    Les Tchèques trinquent avec toutes sortes de boissons (de la bière, du vin, des shots) en disant “Na zdraví!” (“Santé!”). La plupart vous regardent dans les yeux, mais ce n’est pas systématique. Avec la bière, les verres doivent d’abord se toucher par le haut, puis par le bas, avant d’être posés sur la table. C’est seulement alors que l’on peut boire. Boire des shots est quelque chose de plus “intime”, surtout quand c’est la première fois avec une personne. Dans ce cas, on dit: “Ahoj!” (“Salut!”), pour signifier que l’on considère l’autre comme un-e bon ami-e. C’est souvent l’occasion de s’adresser à l’autre de manière moins formelle. Si vous êtes invité-e chez quelqu’un et que cette personne vous offre un shot fait maison, décliner signifie que vous refusez son amitié.

    "Bonne année" se dit "Šťastný nový rok!"

    ALLEMAGNE
    Ils comptent à rebours de dix à un avant de se souhaiter une "Frohes neues Jahr" ("Bonne année"). Ils se serrent dans les bras les uns des autres et beaucoup ont l’habitude de verser un peu de plomb en fusion dans de l’eau glacée pour prédire l’avenir, en fonction de la forme que le plomb prend dans l’eau.

    Quand ils trinquent, ils disent: "Prost!" ("A la vôtre!") ou, dans un registre un peu plus soutenu, "Zum Wohl!" ("A votre santé!").

    INDE
    Après le compte à rebours (parfois accompagné de la chanson The Final Countdown), on s’embrasse et on serre les autres dans ses bras.

    En hindi, bonne année se dit "Naya Saal Mubarak", mais on souhaite généralement la nouvelle année en anglais.

    LIBAN
    Dès qu’il est minuit, les jeunes appellent généralement leurs amis et leur famille, et le ou la premier-e à dire "Bonne année" reçoit une pièce de la personne à qui il ou elle l’a souhaitée.

    En arabe, on trinque à minuit en disant "فى صحتك" ou simplement "صحتك" (qui se prononce "Sahetak" et signifie "A ta santé").

     

     


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  • Patrimoine culturel immatériel : un comité de l'UNESCO inscrit de nouveaux éléments

    2 décembre 2015 – Le Comité pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a inscrit mercredi matin vingt nouveaux éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, a indiqué l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).

    Le Comité, réuni en Namibie jusqu'au 4 décembre, avait déjà inscrit mardi cinq éléments sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente ainsi que trois éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité

    L'examen des candidatures d'inscription sur la Liste représentative est désormais terminé pour cette année avec 23 éléments inscrits sur un total de 35 candidatures.

    La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité est composée des expressions qui démontrent la diversité du patrimoine immatériel et qui font prendre davantage conscience de son importance.

    Les éléments inscrits mercredi 2 décembre 2015 sont :

    Autriche – L'équitation classique et la Haute École de l'École d'équitation espagnole de Vienne

    L'équitation classique à l'École d'équitation espagnole de Vienne est l'art traditionnel et la pratique de la reproduction, de l'élevage, du dressage et de la monte des chevaux lipizzans. Ses pratiques sociales variées et ses cérémonies et rituels sont basés sur la relation ancienne entre les éleveurs, les palefreniers, les artisans, les cavaliers et les chevaux. Les connaissances en matière d'élevage de chevaux et d'utilisation des équipements sont transmises aux élèves par les palefreniers et les cavaliers expérimentés. La tradition procure aux communautés de l'École un sentiment d'identité et assure la sauvegarde des techniques d'élevage des chevaux.

    Azerbaïdjan - L'artisanat du cuivre de Lahidj

    L'artisanat du cuivre de Lahidj est la pratique traditionnelle de fabrication et d'utilisation des produits en cuivre concentrée dans la communauté Lahidj, dans le Caucase. Le maître chargé de la fonte prépare le cuivre avant que le forgeron-marteleur le batte en plaques fines. Un artisan grave les plaques dont les motifs, qui portent sur l'environnement, témoignent des connaissances et valeurs traditionnelles. Les Azerbaïdjanais achètent les objets en cuivre pour les utiliser au quotidien. Cette pratique est transmise de père en fils et est perçue comme une marque claire de l'identité Lahidj.

    Bulgarie - Le surova, festival populaire dans la région de Pernik

    Le surova est un festival populaire qui a lieu dans les villages de la région de Pernik les 13 et 14 janvier pour fêter le Nouvel An. La nuit, un groupe de mascarade, le survakari, joue dans le centre du village en endossant le rôle de personnages – jeunes mariés, prêtre, ours – qui se rendent dans les maisons le jour suivant pour marier les jeunes couples et présager une bonne santé aux habitants. Un repas est offert et des dons sont collectés pour les plus défavorisés. Toutes les générations participent au festival, particulièrement les jeunes, ce qui renforce leur estime d'eux-mêmes.

    Cambodge; Philippines; République de Corée; Viet Nam - Les rituels et jeux de tir à la corde

    Les rituels et jeux de tir à la corde dans les cultures rizicoles d'Asie de l'Est et du Sud-Est sont pratiqués au sein des communautés pour assurer récoltes abondantes et prospérité. Ils marquent le début du cycle agricole et commencent souvent par des rites commémoratifs en hommage aux divinités locales. Ils sont souvent organisés devant la maison communale ou le sanctuaire du village. Deux équipes à chaque extrémité d'une corde tentent de tirer celle-ci de leur côté. Cette pratique non compétitive renforce la solidarité et l'identité communautaires. Les aînés dirigent les jeunes gens et les rituels.

    Colombie; Équateur - Les musiques de marimba, les chants et les danses traditionnels de la région du Pacifique Sud colombien et de la province d'Esmeraldas d'Équateur

    Les musiques de marimba, les chants et les danses traditionnels sont des expressions musicales intégrantes du tissu de la communauté des afro-descendants dans la région du Pacifique Sud colombien et de la province d'Esmeraldas en Équateur. La musique est créée par un xylophone, des tambours et des maracas. Les histoires et poèmes chantés accompagnés de danses ont lieu lors d'événements rituels, religieux et festifs pour célébrer la vie, une forme de culte des saints ou un adieu au défunt. La communauté est détentrice et praticienne de ces expressions qui renforcent l'appartenance au groupe et son identité. Cet élément, inscrit en 2010 par la Colombie, est désormais élargi à l'Équateur et remplace celui inscrit précédemment.

    République populaire démocratique de Corée - La tradition de la préparation du kimchi dans la République populaire démocratique de Corée

    Le kimchi est un plat à base de légumes préparé en assaisonnant différents légumes ou plantes sauvages avec des épices, des fruits, de la viande, du poisson ou des fruits de mer fermentés avant qu'ils ne subissent une fermentation lactique. Il est servi comme plat d'accompagnement à chaque repas et lors d'occasions spéciales. Bien que les différentes conditions climatiques locales et les préférences entraînent des variations de recettes, la préparation du kimchi est une coutume dans tout le pays. Les détenteurs et praticiens de l'élément sont principalement des femmes. Toutefois, avec la préparation de grandes quantités pour l'hiver, les membres de la famille, les voisins et d'autres membres de la communauté contribuent au renforcement de la cohésion sociale.

    Éthiopie - Le Fichee-Chambalaalla, festival du Nouvel an des Sidamas

    Le Fichee-Chambalaalla est une fête du Nouvel An célébrée par les Sidamas. Il commémore une femme qui apportait à ses proches un plat qui était partagé avec les voisins. De nos jours, des enfants se rendent chez leurs voisins qui leur servent du ''buurisame'', un plat concocté avec de fausses bananes. Le festival inclut d'autres manifestations collectives qui se terminent par les conseils des chefs de clans à la communauté sur les vertus qu'il y a à travailler dur, par exemple. Transmis par les familles et la participation au festival, cette pratique encourage la coexistence pacifique et une bonne gouvernance.

    Grèce - Le savoir-faire artisanal tiniote du marbre

    L'art de la sculpture sur marbre est une expression de l'identité culturelle de Tinos. Les artisans du marbre possèdent des connaissances empiriques sur la structure et les propriétés des roches marbrières. La transmission suit des pratiques ancestrales : les savoir-faire sont transmis des maîtres aux apprentis, qui sont habituellement des membres de la famille. Les motifs traditionnels sont principalement de nature religieuse ou protectrice ; ils figurent souvent des cyprès, des fleurs, des oiseaux et des navires et sont installés sur les bâtiments, les églises et les cimetières. Les gravures réalisées sur divers récipients et impostes en marbre mettent l'accent sur la fertilité et la prospérité.

    Indonésie - Trois genres de danse traditionnelle à Bali

    Les danses traditionnelles balinaises, dansées par des hommes et des femmes, sont réparties en trois catégories – sacrée, semi-sacrée et destinée au divertissement des communautés en général. Symbolisant des traditions, coutumes et valeurs religieuses particulières, les danses sont constituées de divers mouvements et expressions faciales sur une musique produite par un gamelan. Les danseurs, vêtus de costumes aux couleurs vives et aux motifs floraux et animaux, doivent faire preuve de discipline, d'humilité, de charisme et doivent insuffler une énergie spirituelle à leurs performances. Les danses sont principalement transmises de manière informelle à des groupes d'enfants.

    Kazakhstan; Kirghizistan – L'aitysh/aitys, art de l'improvisation

    L'aitysh ou aitys est une compétition improvisée de poésie orale parlée ou chantée entre deux personnes au son d'instruments de musique traditionnels comme le dombra kazakh. Le public choisit les sujets et le gagnant est celui qui démontre la plus grande virtuosité musicale et rythmique, son originalité et son esprit. L'aitysh/aitys est une composante culturelle populaire des sociétés et une partie de l'identité des communautés de détenteurs multiethniques du Kirghizistan et du Kazakhstan qui est pratiqué lors de diverses occasions, des fêtes locales aux événements nationaux, souvent pour soulever des questions sociales importantes. La transmission est faite des générations les plus anciennes aux plus jeunes.

    Namibie - Le oshituthi shomagongo, festival des fruits du marula

    Le festival des fruits du marula, appelé Oshituthi shomagongo, est organisé sur deux à trois jours entre fin mars et début avril. Il réunit les huit communautés Aawambo du nord de la Namibie autour de la consommation de ''l'omagongo'', une boisson élaborée à partir des fruits du marula. Pour la préparer, les hommes sculptent des ustensiles ; les femmes fabriquent des paniers et des pots, et ramassent les fruits avec les enfants avant d'en extraire le jus pour fermentation. On chante des chants traditionnels, on récite des poèmes et on discute des choses de la vie. Transmis par l'observation et la participation, l'élément unit générations et communautés.

    Pérou - La danse Wititi de la vallée du Colca

    La danse du Wititi de la vallée du Colca est une danse populaire traditionnelle associée au passage à l'âge adulte. Elle est dansée par les jeunes pendant les fêtes religieuses de la saison des pluies. Des couples en costume traditionnel forment des rangées et dansent au son de la musique d'un groupe. La danse coïncide avec le début d'un nouveau cycle de production agricole et symbolise le renouveau de la nature et de la société. Les compétitions entre villages renouvellent cette pratique tout en renforçant les liens sociaux et l'identité culturelle. La transmission a lieu à l'école et lors des réunions familiales.

    Roumanie - Les danses des garçons en Roumanie

    Les danses des garçons sont un type de danse populaire masculine roumaine pratiquée lors d'événements festifs et de performances sur scène. Un chef de danse forme le groupe tandis qu'un autre mène la danse. Les participants peuvent être âgés de 5 à 70 ans et comprennent des danseurs hongrois, roms et roumains, contribuant au dialogue interculturel et à la cohésion sociale. Cette danse aide les jeunes hommes à renforcer leur statut au sein des communautés traditionnelles, particulièrement aux yeux des jeunes filles et de leur famille dans la perspective d'un mariage.

    Arabie saoudite - Alardah Alnajdiyah, danse, tambours et poésie d'Arabie saoudite

    L'Alardah est un spectacle traditionnel qui associe danses, percussions et poésie chantée et qui est considéré comme fondamental par les communautés qui le pratiquent. Un interprète chante des vers ensuite repris par d'autres interprètes qui portent des épées et qui se déplacent au rythme des tambours. Présenté lors d'événements familiaux, locaux et nationaux, il est exécuté par les hommes tandis que les femmes conçoivent les costumes. Ni l'âge ni la classe n'empêchent de participer, aidant ainsi à la cohésion sociale. Des individus, des écoles, des troupes, le voisinage et les provinces transmettent l'Alardah.

    Slovaquie - La culture de la cornemuse

    La culture de la cornemuse est présente dans toute la Slovaquie, comprenant la fabrication d'instruments, le répertoire musical, le style et l'ornementation, la danse, les expressions verbales particulières et les coutumes populaires. Nombre de ses caractéristiques symbolisent la culture populaire traditionnelle du pays et sont liées à son environnement, comme les matériaux utilisés pour la fabrication d'instruments. Une communauté s'enorgueillit de posséder un joueur de cornemuse lors d'évènements locaux, la musique générant un sentiment d'identité pour le public. Les savoir-faire sont transmis au sein des familles et des communautés par une formation formelle et informelle.

     

    Turkménistan - Le chant épique Görogly

    Le chant épique Görogly est une tradition de spectacle oral narrant les exploits du héros légendaire national Görogly et ses quarante cavaliers. Les praticiens sont des interprètes turkmènes spécialisées dans ce chant épique qui comprend narration, chant, poésie, improvisation vocale et musique. Il donne aux communautés détentrices un sentiment fort d'identité, reflète les aspirations des Turkmènes au bonheur, et promeut des valeurs telles que le courage, l'honnêteté, l'amitié, et l'équité. Les maîtres associent l'enseignement informel et la transmission des savoir-faire pendant les représentations publiques.

     

    Émirats arabes unis; Arabie saoudite; Oman; Qatar - Le Majlis, un espace culturel et social

    Les Majlis, « endroits pour s'asseoir », sont des lieux où les membres de la communauté se réunissent pour discuter des événements et des enjeux locaux, échanger des nouvelles et se divertir. Ils jouent un rôle important dans la transmission du patrimoine oral. Ce sont généralement de grands espaces confortables équipés pour préparer des boissons. Les aînés possédant de vastes connaissances locales sont considérés comme ses véritables détenteurs alors que les juges et les cheikhs arbitrent les conflits. Les femmes disposent de leurs propres Majlis, même si certaines femmes importantes fréquentent d'autres Majlis, à caractère plus intellectuel. Cette pratique est transmise par la présence d'enfants aux côtés des membres de la communauté plus âgés.

     

    Émirats arabes unis; Arabie saoudite; Oman; Qatar - Le café arabe, un symbole de générosité

    Servir du café arabe est un aspect important de l'hospitalité dans les sociétés arabes. Traditionnellement, le café est préparé devant les invités par des hommes et des femmes et est aussi servi par les cheikhs et les chefs de tribus. Les grains sont grillés, moulus dans un mortier avec un pilon et ensuite infusés dans une cafetière. L'invité le plus important ou le plus âgé est servi le premier. Cette pratique est transmise au sein des familles et comprend l'éducation des jeunes par les aînés pour choisir les grains au marché.

     

    Émirats arabes unis; Oman - L'Al-Razfa, un art traditionnel du spectacle

    Al-Razfa est un art du spectacle populaire aux Émirats arabes unis et Sultanat d'Oman qui était à l'origine pratiqué comme une célébration de la victoire. C'est maintenant une forme de divertissement communautaire lors d'événements festifs qui voient des groupes d'hommes tenir des répliques de fusils en bois en chantant des vers, souvent de poésie traditionnelle nabati, sur de la musique. De jeunes filles participent parfois en agitant leurs cheveux au son des instruments. Les instruments et la musique ont été adaptés pour plaire à un public plus jeune. Les savoir-faire sont transmis de manière informelle au sein des familles.

     

    Venezuela (République bolivarienne du) - Les connaissances et technologies traditionnelles liées à la culture et à la transformation de la curagua

    Les connaissances et technologies traditionnelles liées à la culture et à la transformation de la curagua jouent un rôle important dans le façonnage de l'identité des communautés vivant dans la municipalité d'Aguasay. Grâce à leur force, les hommes extraient et préparent les fibres de curagua qui sont utilisées par les femmes pour tisser des produits artisanaux comme le hamac, emblème traditionnel de la région. Promouvant la coopération et l'entraide pour dépasser les barrières ethniques, socioculturelles et de genre – les femmes générant des revenus importants –, la transmission est principalement effectuée au sein des familles par la tradition orale.


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  • La spirale des violences fait naître de nouvelles générations de tortionnaires qui n’ont cure du droit international.

    Le CICR n’est pas seulement sur le terrain pour porter secours aux populations civiles otages de conflits sanglants. Depuis sa création, l’organisation basée à Genève s’efforce de faire vivre le droit humanitaire international en jouant les vigies. L’une des missions historiques du CICR consiste, notamment, à rendre visite aux personnes privées de liberté pour détecter, prévenir et empêcher les atteintes à leur intégrité physique ou morale. Un combat de plus en plus difficile. Avec l’explosion du nombre de conflits et la spirale des violences, une nouvelle génération de tortionnaires, parfois plus violente que la précédente, opère à l’ombre des prisons ou des champs de bataille. «Plus que jamais la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants persistent», constate le CICR.

    A chaque retour de mission, ses équipes essaient de faire avancer le débat et la réflexion pour mieux gérer ce phénomène. Cette semaine, l’organisation humanitaire se penche sur «la figure du tortionnaire et les processus qui peuvent pousser ce dernier à l’acte de torture».

    Action préventive

    Fouiller l’âme de ces bourreaux, démonter le mécanisme qui nourrit les postures criminogènes, c’est le travail de la psychologue psychothérapeute française Françoise Sironi qui va venir échanger ses connaissances et son expérience avec les experts et chefs d’équipe du CICR. Un travail de l’ombre rarement mis en lumière mais qui permet de mesurer l’efficacité des outils juridiques existants tout en fournissant des informations pratiques et concrètes aux équipes qui opèrent sur le terrain.

    «La lutte contre la torture est un défi qui ne peut être adressé dans son ensemble que dans une perspective à la fois préventive, curative et normative», résume Sophie Barbey, chargée des questions de détention au sein du CICR.

    Pour combattre plus efficacement toutes les formes de mauvais traitements, il est important de cerner qui sont les responsables de ces actes, et quelle est leur place dans le système auquel ils appartiennent. «Agir sur le comportement de ces personnes implique de déconstruire les mécanismes qui les ont forgés et de comprendre au mieux les raisons qui les ont poussés à l’acte», poursuit Sophie Barbey.

    Comment devient-on un bourreau et pourquoi? Quel rôle ont ces personnes dans la société? Voilà quelques-unes des questions qui seront soulevées. «Un même silence lie souvent tortionnaires et victimes de torture. Silence du déni pour les uns, silence de la peur intériorisée pour les autres. Ce silence qui cache la vérité renforce alors la culture d’impunité et érode l’interdiction de la torture et la sanction liée à de tels actes», constate le CICR.

    Séquelles irréparables

    Françoise Sironi considère que l’on ne peut comprendre «la fabrication des tortionnaires» par la seule perversité de certains individus. «Il existe un véritable travail d’initiation du bourreau […] qui rend possible la transgression des interdits et des tabous du monde ordinaire», explique-t-elle.

    Evidemment, la multiplication des conflits ces dernières années et les coups de sabre portés au droit humanitaire, expliquent que la question de la torture soit un véritable sujet de préoccupation. Mais pour les équipes du CICR, il est important de savoir se détacher de l’actualité pour nourrir une réflexion et un travail de fond. Aucun pays ou communauté n’est immunisé contre l’apparition et la persistance d’un tel phénomène, «souvent justifié ou toléré sur des bases politiques, sécuritaires, culturelles et/ou religieuses», relève l’organisation basée à Genève.

    Pour les humanitaires et les défenseurs des droits de l’homme, les actes de torture et autres formes de mauvais traitements constituent une «atteinte intolérable à la dignité de la personne humaine». Ils prétéritent aussi l’avenir. Les conséquences physiques et psychologiques pour les individus victimes de torture sont souvent graves, voire irréparables. Mais surtout, elles nourrissent le ressentiment et la haine qui perpétuent le cycle des violences.

    Lutter contre la torture CICR, jeudi 3 décembre, 18 h 30-20 h. Inscriptions


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  • Des organisations non-gouvernementales, comme le CICR à Genève, ont également été dans le viseur des services allemands.

    Les services secrets allemands ont «systématiquement espionné» des pays alliés ainsi que diverses organisations dans le monde entier, affirme samedi le magazine allemand Der Spiegel.

    «Le BND (les services de renseignement extérieurs allemands) a systématiquement espionné des ‹amis› dans le monde entier, dont les ministères de l'Intérieur des Etats-Unis, de la Pologne, de l'Autriche, du Danemark et de la Croatie», affirme l'hebdomadaire, sans donner de sources.

    Der Spiegel ainsi que d'autres médias allemands avaient déjà révélé ces derniers mois que le BND avait espionné des pays alliés pour le compte de son équivalent aux Etats-Unis, la NSA, ainsi que pour son propre compte. Ces dernières révélations vont encore plus loin et donnent des détails sur l'ampleur exacte de l'activité du BND.

    Espionnage tout azimut

    Selon Der Spiegel, les services allemands ont espionné, outre la délégation américaine auprès de l'Union européenne à Bruxelles et auprès des Nations unies à New York ou encore le ministère des Finances américain, de nombreuses ambassades étrangères en Allemagne, dont celle des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de la Suède, du Portugal, de la Grèce, de l'Espagne, de l'Italie, l'Autriche, de la Suisse, jusqu'à celle du Vatican.

    Le BND a utilisé des «sélecteurs» (mots clés, noms, numéros de téléphone ou de fax...) issus des délégations, explique le magazine, qui précise que les représentations diplomatiques ne sont pas concernées par l'article 10 de la Loi fondamentale allemande protégeant les citoyens allemands contre l'espionnage.

    Des organisations non-gouvernementales, comme Oxfam ou le Comité international de la Croix Rouge à Genève, ont également été dans le viseur des des services allemands, poursuit Der Spiegel.

    Berlin dans ses petits souliers

    Le BND avait déjà été accusé d'avoir écouté pour le compte de l'agence de renseignement américaine NSA des responsables du ministère français des Affaires étrangères, de la présidence française et de la Commission européenne.

    Ces révélations sont d'autant plus embarrassantes que Berlin ne s'est pas privé en son temps de protester lorsque les Etats-Unis ont été accusés d'espionner le gouvernement allemand.

    A l'automne 2013, des informations sur la mise sur écoute d'un téléphone portable de la chancelière Angela Merkel avaient notamment provoqué de fortes tensions entre Berlin et Washington. «L'espionnage entre amis, cela ne va pas du tout», avait alors déclaré Mme Merkel.

    La chancellerie en Allemagne est chargée de contrôler les activités des services secrets, ce qui la place dans une position particulièrement inconfortable.

    Le gouvernement allemand a promis fin octobre un contrôle renforcé de ses services de renseignement et de la coopération entre le BND et la NSA.


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  • L'Assemblée générale élit 18 États au Conseil des droits de l'homme

    28 octobre 2015 – L'Assemblée générale des Nations Unies a élu mercredi 18 États au Conseil des droits de l'homme des Nations Unies qui est basé à Genève.

    À la majorité simple des 192 votants, l'Allemagne, la Belgique, le Burundi, la Côte d'Ivoire, les Émirats arabes unis, l'Équateur, l'Éthiopie, la Géorgie, le Kenya, le Kirghizistan, la Mongolie, le Panama, les Philippines, la République de Corée, la Slovénie, la Suisse, le Togo et le Venezuela ont été élus au Conseil des droits de l'homme pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2016.

    Ont été recalés l'Ouganda avec 12 voix, le Cameroun avec 2 voix et le Bénin, le Kazakhstan, le Lesotho, le Luxembourg, la République populaire démocratique de Corée, la Roumanie, la Thaïlande, la Hongrie et la Suède, avec une voix chacun.

    Le Conseil des droits de l'homme est composé de 47 États Membres : 13 sièges pour le Groupe des États d'Afrique et 13 pour le Groupe des États d'Asie.

    C'est la raison pour laquelle, avec 105 voix, le Pakistan et la République démocratique populaire lao n'ont pu accéder à un des cinq sièges que l'Assemblée générale renouvelait aujourd'hui. La même situation s'est présentée aux Bahamas qui, avec leur 113 voix, n'ont pu prétendre à un des trois sièges vacants sur les huit qui reviennent au Groupe des États d'Amérique latine et des Caraïbes. Quant au Groupe des États d'Europe occidentale et autres États, sept sièges lui sont réservés, et six au Groupe des États d'Europe orientale.

    Les nouveaux élus rejoignent l'Afrique du Sud, l'Albanie, l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Bangladesh, la Bolivie, le Botswana, la Chine, Cuba, El Salvador, l'ex-République yougoslave de Macédoine, la Fédération de Russie, la France, le Ghana, l'Inde, l'Indonésie, la Lettonie, les Maldives, le Maroc, le Mexique, la Namibie, le Nigéria, le Paraguay, les Pays-Bas, le Portugal, le Qatar, la République du Congo, le Royaume-Uni et le Viet Nam.


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  • Certains minerais, utilisés par exemple dans les téléphones portables, proviennent de zones de conflit et leur commerce sert à alimenter des forces armées.

    Les États membres de l’UE doivent proposer, mardi 27 octobre, des pistes concrètes pour garantir l’origine des minerais.

    89 % des Français se disent favorables à ce que la France mette en place une législation stricte.

    Mardi 27 octobre, les États membres de l’Union européenne doivent faire connaître leurs propositions concrètes pour mieux encadrer le commerce de quatre minerais : l’étain, le tantale, le tungstène et l’or. Ces minerais entrent dans la composition d’objets technologiques, des téléphones mobiles aux ordinateurs, des automobiles à l’aéronautique…

    Depuis des années, des ONG alertent sur le lien étroit entre des minerais venus de pays en proie à des conflits ou à des rébellions et des groupes armés qui se financent grâce à leur commerce et à leur main mise sur les mines.

    D’où ce nom de « minerais de conflit », parfois même de « minerais du sang ». « Esclavage, disparations forcées, meurtres, torture, viol, sont autant d’exemples de crimes générés autour de ce commerce », dit Amnesty International sur son site Internet.

    Une notion peu connue

    À l’occasion de ce Conseil européen, des associations ont commandé un sondage sur les « Français et les minerais du sang » (1) qui se focalise sur un produit grand public : les téléphones portables. Chaque portable standard contiendrait en effet 6,6 g d’étain, 0,83 g de tungstène, 0,04 g de tantale et 0,63 g d’or.

    Cette notion de « minerai de conflit » est peu connue : seules 14 % des personnes interrogées déclarent en avoir déjà entendu parler contre 86 % qui disent ne jamais en avoir eu connaissance.

    Une demande de législation stricte

    Pour autant, près d’un Français sur deux indique savoir que « les téléphones portables contiennent des minerais qui peuvent être à l’origine de conflits ou d’atteintes aux droits de l’homme dans les pays où ils sont extraits ».

    Et 89 % des sondés se disent favorables à une législation stricte en France pour les fabricants de téléphones portables concernant l’utilisation de ces minerais. De même, 83 % demandent au gouvernement de faire pression pour que l’Europe adopte un règlement contraignant.

    Une première tentative de règlement en 2015

    « En mars 2014, la Commission européenne s’est enfin prononcée en faveur d’un règlement, c’est-à-dire le niveau le plus contraignant pour les États, sur la traçabilité de ces minerais par leurs utilisateurs », explique Morgane Laurent, chargé d’études « plaidoyer » au CCFD-Terre Solidaire.

    Selon les ONG, la proposition était cependant « peu ambitieuse » car basée sur une démarche volontaire des entreprises de garantir l’origine vertueuse des minerais. « En outre, le projet ne concernait que quelques centaines d’entreprises en début de la chaîne d’utilisation comme les fonderies ou les raffineries », précise Morgane Laurent.

    Une étape importante

    Les ONG se sont donc félicitées du vote par le Parlement européen d’un texte plus sévère en mai 2015. « Le Parlement demande une obligation de transparence sur l’origine de ces minerais et cela dans toute la chaîne de production, se félicite Morgane Laurent. Y compris par exemple pour des entreprises qui importeraient des puces de Chine fabriquées avec ces minerais. » Dans l’esprit de ces associations, il s’agit aussi de pousser les autorités des pays concernés à mieux contrôler, mines par mines, l’exploitation de ces matières premières.

    Le 27 octobre, les États membres doivent présenter des propositions concrètes. Une étape importante selon la chargée de mission du CCFD-Terre solidaire. « La présidence luxembourgeoise veut aboutir vite, dit-elle. Dès décembre ou janvier, il devrait y avoir une concertation entre la Commission, le Parlement et le Conseil européen avant qu’un texte revienne vers le Parlement. »

    L’UE, un débouché majeur

    Les ONG rappellent que d’après les chiffres de Global Witness, l’Union européenne est un « débouché majeur » pour les produits qui contiennent des minerais de conflit. En 2013, elle était le deuxième importateur mondial de téléphones mobiles et d’ordinateurs.

    Et si l’Union européenne a importé près de 240 millions de portables pour la seule année 2013, cela signifie que près de 1 600 tonnes d’étain et 151 tonnes d’or sont entrées dans l’Union à travers les seuls téléphones.


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  • L’épopée des Bangladais pris dans la guerre en Libye

    Au début de l’année 2011, la Libye s’enflamme. Des centaines de milliers de travailleurs immigrés se retrouvent pris au piège. Parmi eux, des Bangladais, aujourd’hui de retour à Dacca. Ils racontent leur aventure.

    Dulu arrête un instant son récit. Juste un instant, en évitant le regard de son interlocuteur. La pièce de Caritas est dans la pénombre. La chaleur est toujours moite. Autour, des rizières et des pièces d’eau. Dans l’air, le tintement de centaines de sonnettes de bicyclettes. Dulu laisse passer son émotion, en effleurant son sourcil avec la main, pour prévenir une éventuelle larme. Elle ne viendra pas.

    Dulu peut continuer le récit de sa fuite en Libye, depuis Misrata, en guerre, vers la frontière tunisienne. Ce jeune Bangladais, à la fine moustache et en polo rouge, était arrivé un an avant la révolution de 2011 dans le pays du Colonel Kadhafi. La guerre l’en a chassé.

    Tout comme Mitun, Dulal, Jahangin ou Nour, revenus à Dacca et prêts à repartir quand les dettes de leurs emprunts pour payer les brokers (les intermédiaires) qui leur ont organisé ces emplois au loin seront remboursées. Tous racontent leur périple avec précision, en bengali, sans hésitation ni ressentiment. En professionnels.

    Dulu aimait son travail

    Dulu a payé 2 500 € pour son voyage ­aller Dacca-Tripoli et deux coups de fil, l’un depuis l’aéroport de Dacca entre le broker et le policier à la frontière, l’autre depuis l’aéroport de Tripoli entre un policier libyen et le nouvel employeur de Dulu, un entrepreneur de travaux publics chinois.

    « J’ai d’abord passé sept jours dans une maison où nous étions une cinquantaine d’étrangers. Et puis, on m’a informé qu’il y avait un emploi pour moi pas loin de Misrata. Quelqu’un m’a conduit jusque-là. »

    Il aimait son travail, à poser des pipelines, malgré le froid de l’hiver et de la nuit, la sécheresse de l’air et le vent brûlant. Jusqu’à ce que le contremaître bangladais arrête le chantier en février 2011 devant les progrès de la guerre.

    « Nous étions 150 employés étrangers dans notre campement. Au bout de sept jours, nous n’avions plus de nourriture. Nous avons fait pression sur le contremaître. Il a loué un camion avec l’argent qu’il nous devait depuis deux mois et nous sommes tous partis, la nuit, dans la remorque pour la frontière tunisienne. Treize heures de route. »

    Mitun a été trompé

    Mitun était coincé dans la même souricière. Il a pris la même direction, sur les conseils de l’ambassade du Bangladesh à Tripoli. « Ils m’ont dit : allez en Tunisie et vous trouverez de l’autre côté de la frontière les humanitaires. Les Vietnamiens avaient plus de chance. Visiblement, leur gouvernement organisait leur retour par avion depuis Tripoli », raconte ce trentenaire, père d’une petite fille.

    Il était arrivé deux ans avant en Libye, avec un visa pour travailler dans les travaux publics. « Je me suis retrouvé à faire le ménage dans un hôpital. Je n’avais rien à dire, car mon employeur avait mon passeport. » Aux premiers coups de feu, son employeur a détalé et Mitun a trouvé un bus pour la frontière : « Il avait multiplié les prix par dix, mais je n’avais pas le choix ».

    Dula « continue à aimer la Libye »

    Dulal a eu plus de chance. « Je continue à aimer la Libye. Le président Kadhafi reste très populaire au Bangladesh, car il proposait beaucoup d’emplois. Pourtant, mon premier choix était l’Arabie saoudite. J’ai passé un entretien, mais je n’ai pas été pris. Ils avaient arrêté de prendre des Bangladais, paraît-il. »

    Ce sera donc le royaume du Colonel Kadhafi, puis la guerre. Son entrepreneur turc, qui employait des Vietnamiens et des Bangladais, a organisé leur départ. Les Vietnamiens ont pris la direction de l’aéroport de Tripoli. Le Turc a réussi à trouver des voitures pour faire passer Dulal et les autres Bangladais vers la Tunisie.

    « J’aurais pu rester en Libye. Certains l’ont fait, mais le problème est que les transactions bancaires se sont arrêtées avec la guerre. Il n’est plus devenu possible d’envoyer de l’argent au pays. »

    Jahangin garde un bon souvenir du désert libyen

    Jahangin est un autre de ces travailleurs bangladais revenus de Libye. Il y travaillait dans le secteur pétrolier. « La société ne nous a pas payés les cinq derniers mois, mais elle nous a trouvé une voiture pour nous amener à la frontière. »

    Il estime avoir pris la bonne décision en partant. « J’ai une femme et deux enfants. Ma femme pleurait au téléphone et voulait que je rentre. » Lui aussi garde un bon souvenir du désert libyen.

    « La police libyenne nous respectait. Ils savent que nous ne sommes pas paresseux et que nous travaillons sincèrement. Mon boss était un Coréen qui a pris soin de moi à plusieurs reprises. Il m’a même emmené dans sa voiture certains jours de congé. Il a fui le pays pendant la guerre. »

    Nour, lui, a « fermé sa bouche et subi »

    Nour, aussi, a dû se sauver de la terre qu’il avait mis tant de temps à conquérir. Ce père de trois enfants porte une longue barbe et une superbe chemise fleurie. « Treize mois se sont passés entre le premier versement à mon broker à Dacca et la réception de la photocopie de mon visa pour aller en Libye. Il a fallu que je le relance plusieurs fois, que je le menace. »

    On avait promis à Nour de travailler sur un chantier. Quatre années plus tard, il se souvient très bien du nombre de toilettes du camp de travailleurs qu’il avait à laver chaque jour : « 22 toilettes ! »

    Il a continué à lutter. « Au début, on ne m’a pas payé, mais seulement nourri. Je l’ai dit à mes parents au Bangladesh qui ont été se plaindre au broker. Le contremaître m’a convoqué : ‘‘Tu t’es plaint ? Eh bien maintenant, tu dépendras directement de moi. Si tu dis quoique ce soit, tu entendras parler de moi.’’ Pendant deux ans, j’ai fermé ma bouche et j’ai subi. »

    Parqués dans des camps de tentes en Tunisie

    Retour à la guerre libyenne. Arrivés de l’autre côté de la frontière, en Tunisie, généralement sans argent ni passeport, ces jeunes Bangladais sont parqués dans des camps de tentes. « Les deux ou trois premiers jours, nous avons eu à manger. Les gens ne faisaient pas la queue. On nous lançait la nourriture. Ensuite, il y a eu une pénurie de ravitaillement », explique Jahangin.

    De son arrivée en Tunisie, Nour se souvient surtout d’un humanitaire d’une ONG italienne qui lui a permis d’appeler sa famille au Bangladesh moyennant l’équivalent d’un euro.

    Le rapatriement des Bangladais s’est fait, peu à peu, vers l’aéroport de Tunis. Les organisations internationales ont assuré le transport des travailleurs vers leurs patries d’origine. Pas un de ces jeunes Bangladais ne s’est posé la question de continuer le périple vers l’Europe. Il fallait rentrer pour sa famille et rembourser les prêts contractés pour l’investissement de cette aventure.

    Des aides à la réinstallation

    Arrivés au Bangladesh, ces travailleurs ont chacun perçu du gouvernement une aide à la réinstallation de 50 000 takas, soit 625 €. Pour ceux rencontrés, ils ont également reçu un appui de 15 000 takas soit 190 € de Caritas Bangladesh.

    Quatre années plus tard, Dulu, Nour, Jahangin, Mitun et Dulal ont à peu près les mêmes problèmes à résoudre : rembourser leurs prêts, avant, pour certains, de repartir à l’étranger. Mitun, par exemple, avait vendu le champ de ses parents pour contribuer à payer son broker. « Aujourd’hui j’ai tout perdu. Si j’ai une opportunité, je repars. »

    Nour fait ses comptes. Avec l’argent de Caritas, il a acheté une machine à coudre et il fait des chemises pour les enfants. Il lui reste à rembourser l’équivalent de 2 000 € à sa famille qui lui avait financé le broker. Son problème ensuite sera de faire face à l’érosion de la rivière qui grignote son lopin de terre.


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  • une résolution sur la levée de l'embargo des Etats-Unis contre Cuba

    27 octobre 2015 – L'Assemblée générale de l'ONU a adopté mardi 27 octobre une résolution à la quasi-unanimité, appelant à la levée de l'embargo américain contre Cuba, alors que l'année 2015 a été marquée par le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays après une rupture de plus de 50 ans.

    Adoptée à 191 voix pour et deux voix contre (Etats-Unis et Israël), cette résolution salue le rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba, annoncé en juillet dernier, ainsi que la volonté affichée par le Président américain Barack Obama d'œuvrer en faveur de la levée du blocus économique, financier et commercial contre Cuba.

    Toutefois, l'Assemblée générale a déclaré rester préoccupée par les conséquences dommageables du blocus en vigueur depuis 1962 pour la population cubaine, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays.

    Le 28 septembre dernier, tout en saluant le rétablissement des relations diplomatiques entre son pays et les Etats-Unis, le Président cubain Raúl Castro avait appelé dans son discours au débat général de la 70ème Assemblée à ce que soit mis un terme au blocus américain imposé à son pays.

    « C'est parce que le peuple cubain a su résister avec héroïsme et dans le sacrifice pendant 56 ans aux Etats-Unis que les relations diplomatiques ont pu être renouées et les ambassades rouvertes dans les capitales respectives », avait alors déclaré le Président cubain.

    Plus tôt cette année, M. Castro et M. Obama avaient consenti à mettre un terme à plusieurs décennies d'hostilité entre les deux pays, suite à une conversation téléphonique entre les deux dirigeants en décembre 2014.

    Selon la presse, au terme de 18 mois de négociations, les Etats-Unis avaient alors accepté de rétablir des relations diplomatiques avec Cuba et d'ouvrir une ambassade américaine à La Havane, suite à la libération d'un entrepreneur américain emprisonné pendant cinq ans par les autorités cubaines.

    « Commence désormais une évolution longue et complexe vers la normalisation de nos relations, laquelle ne sera effective que lorsque le blocus économique, commercial et financier imposé à notre pays sera levé », avait déclaré M. Castro lors du débat général, avant d'ajouter qu'il continuerait chaque année à présenter à l'Assemblée son projet de résolution pour la levée de l'embargo.


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  • Frappes russes en Syrie, où Moscou a choisi de défendre Bachar Al Assad qu’Arabes et Occidentaux veulent renverser, attentats sanglants en Turquie, qui semble être au bord de la guerre civile, reprise des violences israélo-palestiniennes, montée du clivage chiite-sunnite, consolidation du groupe État islamique, aggravation généralisée de la menace terroriste…

    On a l’impression d’un déchaînement multipolarisé de la violence. Les talibans regagnent du terrain en Afghanistan, le Yémen est à feu et à sang, le Soudan du Sud également, la RDC n’est toujours pas stabilisée, le chaos règne en Irak et en Libye, le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest (ex-Boko Haram) sévit toujours au Nigéria, la violence n’est pas maîtrisée en Égypte, la paix n’est pas signée entre l’Ukraine et la Russie. Les opinions sont légitimement inquiètes face à la place croissante qu’occupent les conflits dans les médias. La guerre fait partie du paysage quotidien. La Troisième Guerre mondiale est de plus en plus souvent évoquée.

    Une analyse difficile

    Il est pourtant tout à fait exagéré de parler d’une telle perspective. Cela démontre plus notre tendance à analyser le présent avec les critères du passé, les difficultés de trouver de nouvelles grilles d’analyses face à des évolutions stratégiques aussi importantes que rapides, qu’un diagnostic pertinent de la réalité. N’a-t-on pas parlé auparavant de « nouvelle guerre froide », depuis peu de « troisième Intifada » et depuis des lustres de « nouveaux Munich »  ? Ces catégories connues sont confortables car elles nous permettent de nous adapter plus facilement à des situations nouvelles. Mais elles ne sont pas exactes d’un point de vue stratégique, et il est dangereux de plaquer des grilles de lecture obsolètes à des situations déjà suffisamment dangereuses. Pas la peine d’aggraver la situation par des diagnostics erronés.

    Des conflits pas tous liés

    Les conflits se multiplient dans un monde globalisé (ou l’information circule plus que jamais), mais cela ne crée pas un conflit mondial et global. S’il y a des conflits sur une grande partie de la surface de la planète, s’il y a des interactions évidentes entre certains d’entre eux, des liens plus diffus mais réels parmi d’autres, il n’y a pas pour autant de critères clivants qui les uniraient. Ils n’opposent pas tous les mêmes protagonistes.

    Il n’y a pas un système d’alliances globales et antagonistes qui a débouché par leur rigidité sur la Première Guerre mondiale. Il n’y a pas une puissance totalitaire agressive dotée d’une volonté hégémonique globale d’extension territoriale qui a débouché sur la seconde. L’État islamique commet des horreurs mais n’a pas la puissance du Troisième Reich.

    Il n’y a pas un clivage idéologique binaire basé sur une logique des blocs divisant le monde en deux, où tous les conflits opposent indirectement les deux superpuissances comme pendant la guerre froide, qualifiée par certains déjà de Troisième Guerre mondiale. Oublie-t-on que les néoconservateurs parlaient de la Quatrième Guerre mondiale après le 11-Septembre ?

    L’absence de contrôle des grandes puissances

    Ce qui a également changé avec l’époque des deux guerres mondiales, c’est la dissuasion nucléaire. La Russie n’a ni la volonté ni les moyens de s’attaquer aux États-Unis. Ces derniers savent qu’affronter Moscou constituerait un prix à payer trop élevé. Des conflits locaux peuvent créer des métastases en dehors de l’endroit où ils sont nés sans déboucher sur un affrontement généralisé. Il n’y a pas un clivage unique et global à l’échelle de la planète, mais de multiples clivages parfois superposés, parfois divergents.

    Ce qui est manifeste, c’est l’absence de contrôle des grandes puissances sur la situation. On déplorait jadis un condominium étouffant ; on regrette aujourd’hui l’absence de gendarmes mondiaux ou régionaux efficaces.

    L’absence de sécurité collective

    Mais, là encore, il convient de ne pas idéaliser le passé, ni de regretter à tort une guerre froide faite d’injustice mais basée sur l’ordre. Guerres de décolonisations, du Vietnam, coups d’État militaires à profusion (dont celui en Indonésie en 1965 qui a fait 500 000 morts !), la guerre froide ne fut pas paisible. Mais elle a principalement fait des victimes au Sud, comme les conflits d’aujourd’hui.

    Ce dont nous sommes victimes, ce n’est pas du risque d’une Troisième Guerre mondiale, mais de l’absence d’un véritable système de sécurité collective. Les espoirs d’un nouvel ordre mondial après la fin du monde bipolaire n’ont pas été confirmés et nous en payons le prix.

    Pascal Boniface,directeur de l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques)

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